Tafraout: Des douars sans une goutte d’eau!

agerzam

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Tafraout manque d’eau. Des dizaines de douars sont à sec. Des femmes parcourent des kilomètres chaque jour dans l’espoir de trouver un peu de ce précieux liquide dans les rares sources de la région. Il faut dire que, cette année, la sécheresse est particulièrement sévère. Presque tous les puits creusés par l’Office national de l’eau potable (ONEP) dans les différents douars sont quasiment à sec.
En ce qui concerne les puits des particuliers, la situation est loin d’être rose. La baisse de la nappe phréatique pousse à explorer encore plus en profondeur le sous-sol. Et cela demande de gros moyens.
Actuellement, selon des responsables locaux, 18 puits appartenant à des particuliers sont à sec dans les douars de Tazoult, Tasgantoudame et Asggawre. Les habitants pointent du doigt les forages effectués par l’ONEP pour alimenter la commune de Tafraout. Des forages menés depuis deux ans et qui visent aussi à alimenter une trentaine d’autres douars. Le projet est financé par un don japonais de 52 millions de DH. A souligner que l’eau est extraite de la vallée d’Ammelen, considérée comme l’un des principaux réservoirs de la région.
Les douars qui ne sont pas fournis par l’ONEP, sont contraints de s’approvisionner auprès du «marchand d’eau», en quelque sorte un adjudicataire privé qui a en charge ce marché. Un marché d’ailleurs très juteux, surtout en cette saison. Ce dernier achemine l’eau dans de grosses citernes vers les douars les plus reculés.
Seulement, le marchand d’eau ne respecte pas ses engagements et n’assure pas un approvisionnement régulier. En clair, il s’acquitte comme bon lui semble de ses obligations sans suivi ni contrôle de la part des autorités ou des élus de la commune. A titre d’exemple, le contrat l’oblige à fournir des douars comme Azerouadou, Idikel et Aït Oumzil qui doivent normalement être approvisionnés en eau régulièrement par des citernes dont le prix est fixé à 500 DH l’unité. Un montant pris en charge par l’Etat dans le cadre de la solidarité avec le monde rural. Seulement, cette belle initiative est mise à mal par le laxisme des autorités locales. Et les perdants sont les habitants qui ne savent plus à quel saint se vouer. La situation est encore plus grave aujourd’hui. En effet, les élus en pleine campagne électorale n’ont pas le temps de se pencher sur la question.
Aussi, l’association du douar Azerouadou a décidé de se mobiliser pour que les populations ne meurent pas de soif. «L’affaire a été présentée au caïd de la commune d’Ammelen. Mais ce dernier, au lieu de rappeler à l’ordre l’adjudicataire, fait la politique de l’autruche», accuse un membre de l’association. Cette dernière, qui n’entend pas se laisser faire, envisage de porter l’affaire en haut lieu, à Rabat.
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<center>Réaction</center>

A l’heure où nous mettons sous presse, des instructions avaient été données par le chef du cercle de Tafraout pour que les habitants du douar d’Azeroudou soient fournis en eau. Ainsi, plusieurs citernes ont été acheminées vers le douar.
Mais qu’en est-il des autres hameaux qui sont aussi dans la même situation ? En attendant une issue au problème, des femmes et des enfants continuent à parcourir montagnes et collines à la recherche du liquide vital...


L'Economiste
Ali JAFRY
 
Re : Tafraout: Des douars sans une goutte d’eau!

Quelle misère!,)

Etre obligé d'accepter les dons du Japon, comme si c'était normal, pour assurer à nos villages l'approvisonnement vital en eau! Et on nous chante que le Souss est une région riche et dynamique, festival Timitar et alay da la lay, alors que nos populations crèvent de soif!
Bande de vautours!

Bien sûr pour arroser les pelouses des hôtels, des golfs, des palais du roi ett des emirs, pas de problèmes il y a toujours de l'eau, pour assurer la production des grosses fermes agroalimentaires on trouve des puits, on vide les nappes phréatiques mais quand il s'agit des citoyens ils n'ont qu'à prendre le seau et aller chercher l'eau ailleurs!

Voir un gosse se tordre le dos et tirer l'eau du puits et ou une fillette renoncer à l'école pour la corvée de l'eau, une vieille femme porter une cruche sur sa tête pendant des kilomètres à pied, vous trouvez ça peut- être folklorique et la condition normale des Chleuhs. C'est indigne, honteux et révoltant.

Honteux comme le drame d'Anfgou qui révèle notre vulnérabilité et sous développement tragique.
Révoltant comme le drame de la déforestation de l'arganerie notre bouclier végétal, qui condamne le Souss à la mort à brève échéance.
Tragique comme la desertification exponentielle qui menace nos campagnes, agravée par le réchauffement climatique qui se confirme et s'accélère;
Révoltant et comme le saccage mafieux et le bétonnage du littoral de Mogador jusqu'à Ifni, le mercantilisme touristique gigantesque et anarchique dont est victime notre région,
Stupide comme le massacre de nos ressources halieutiques par les pillards des fonds marins espagnols et japonais ( de là vient l'origine des " dons" )
Inique comme les expropriations des terres par les voyoucrates spéculateurs immobiliers, mafia internationale de banquiers, d'investisseurs et de commis de l'Etat...

La "politique" colonialiste, clientéliste et féodale qui profite toujours aux mêmes trafiquants et corrompus va mener le Souss à la ruine, et compromet son développement durable et notre survie.

Les Soussis doivent se réapproprier leur destin sans attendre l'intervention du makhzen ni de ses représentats locaux qui ont le voit bien font preuve d'amateurisme et d'avidité inconsciente. Quitte à dépécher une délégation auprès du palais et obtenir un engagement clair et honnête du roi en personne, garant de la justice et du droit.
Il faut que les gouverneurs soient connus, les responsables doivent rendre des comptes transparents à la population des prévisions et des résultats concrets et non des comptes occultes à leurs banques!

Quelles sont les ressources en eau dans le Souss et à qui appartiennent- elles? Qui profite des ressources hydrauliques et de ce marché de souk? Qui devrait en bénéficier en priorité?

On assiste impuissants et amers au bouleversement de notre patrimoine écologique et notre modèle culturel dépecés et mis aux enchères. On assiste depuis des décennies à des atteintes intolérables des Droits de l'Homme et de la Terre qui doivent nous interpeller tous. Quel avenir pour le Souss à brève échéance? Quelle mutation monstrueuse nous attend si on gaspille l'avenir des futures générations?

Ce sont là des réalités trop graves dont il faut discuter en urgence entre des élus régionaux soussis, issus du terrain rural, du milieu scientifique ( agronomes, ingénieurs en hydraulique ) et juridique, des représentants des consommateurs, qui connaissent le dossier et défendent sérieusement les citoyens et la région face à l'Etat et ses serviteurs- profiteurs.


Il faut acclélerer le processus de la régionalisation, qui est pour nous une priorité électorale et un choix vital; ce qui permettra sans doute, si ce n'est pas déjà trop tard, plus d'efficacité sur le terrain, moins de lourdeurs administratives, plus de transparence et un droit de regard et de décision sur nos affaires vitales, quitte à provoquer dans ce but des états généraux, organisés par des comités de douars, de provinces, de représentants régionaux car le problème de l'eau va se poser avec encore plus d'acuité et d'urgence; la gestion de l'eau ne peut être réussie qu'à une échelle régionale, sous la responsabilité d'élus régionaux, d'un parlement régional qui a la charge prioritaire de l'environnement et la gestion rationnnelle et juste des ressources, selon le code juridique et coutumier.

On doit sortir de cet amateurisme et " je m'en foutisme" qui nous font honte quand il s'agit de la survie et de la dignité de l'Homme amazigh et du Souss en particulier, devenu malgré lui la vache à lait des rapaces intérieurs et des investisseurs internationaux. On le voit bien le développement du Souss ne profite pas à ses enfants, condamnés dans leur majorité à la pauvreté, à l'immigration, à êtres victimes des esclavagistes modernes .

Au delà de la question identitaire amazighe ou autres considérations partisanes il est temps aussi de penser de façon globale et pragmatique l'avenir de la région et de sa population. La condition dramatique que vivent les notres est dans un état critique pour qu'on puisse encore continuer cette économie de bazar et de marchandage d'eau.

Les responsables politiques sont ils pourris et incompétents à ce point là pour laisser les populations à l'abandon, sous la menace des catastophes naturelles et humanitaires prévisibles? Les Soussis manquent- ils de conscience humaine, de volonté politique et de représentation juridique à ce degré effroyable pour que les Ayt Souss restent d'éternels sous- assistés et exploités?
 
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