Tafraout: De l’eau courante dans les douars

agerzam

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· Un investissement de 50 millions de DH financé par la coopération maroco-japonaise

· Les frais de branchement fixés à 2.500 DH


LA jeune fille de la vallée de Ammelen à Tafraout se consacrera plus à l’école qu’à la corvée de l’eau. Et c’est une première au Maroc: de l’eau potable pour les douars de la vallée, non par bornes-fontaines mais par branchement individuel. Cela fait une dizaine de mois que l’ONEP (Office nationale de l’eau potable) y travaille d’arrache-pied. La population est partagée quant à l’opportunité de ce projet. Pour certains, «nous avons nos propres ressources en eau et nous n’avons pas besoin de ronger un pouvoir d’achat déjà faible». Pour d’autres, «il faut que la direction de l’ONEP se rende à l’évidence qu’elle exploite les sources en eau de nos douars pour nous la revendre ainsi qu’aux autres localités et villages. Quand l’Onep fait des bénéfices, ce sont nos puits qui vont se tarir».
En fait, toute l’eau potable que l’Office sert aux populations de Tafraout vient de la vallée d’Ammelen. Du coup, les puits des familles locales se trouvent en pénurie. Et pour cause, les puits de l’Office sont d’une profondeur telle qu’ils absorbent toute l’eau souterraine. Les associations locales ont bataillé pour mettre fin à cette situation. La commune rurale d’Ammelen qui a conclu une convention avec l’Onep pour l’adduction de l’eau potable a dû batailler longuement pour obtenir quelques avantages: un prix de vente qui tienne compte de l’exploitation des eaux de la vallée ou au moins affranchir les populations pauvres des frais de branchement. Des frais qui ont été évalués dans un premier temps à 3.000 DH avant d’être revus à la baisse pour être fixés à 2.500 DH. Une somme que l’abonné doit payer en deux tranches. Pour les plus démunis le règlement peut s’étaler sur 12 mois.
Les travaux sont bien avancés. Selon un responsable de l’Onep, «les travaux de mise en place des conduites, des réservoirs, et des stations de prise sont à 99% de taux de réalisation». Et d’ajouter «au plus tard, à la fin de l’année 2006, tout le monde aura de l’eau chez lui». Pour les familles aisées de la vallée, l’eau potable ne pose pas de problème. Elles en ont toutes car elles disposent de leurs propres puits et alimentent par pompage électrique leurs réservoirs. Dans ces douars, il y avait aussi, depuis longtemps, le souci de servir la collectivité: la jmaâ creusait des puits et distribue de l’eau aux ménages.
Mais parfois les réparations des canalisations posent problème et à la longue il y a abandon. Et ce sont les filles des pauvres qui en payent le prix: elles délaissent leurs écoles pour se mettre à la besogne de l’eau. Des enfants acculés au travail dès leurs bas âges. Brancher ces familles à l’eau est donc salutaire pour les filles. Salutaire aussi pour les personnes âgées qui ne supportent pas la corvée de l’eau. Mais elles ne pourront pas, non plus, supporter des prix exorbitants. Pour se prémunir contre des factures salées, certaines associations locales réfléchissent à doter leurs douars d’eau gratuite via le creusement de puits et le pompage électrique et n’utiliser l’eau payante que dans de strictes limites.
Pour les populations de ces régions, c’est une heureuse prestation. A en croire les responsables de l’Onep sur place, «il y a 38 douars de la ville de Tafraout qui seront desservis. Ceux de la commune rurale de Ammelen et d’autres relevant de la commune urbaine de Tafraout». En tout, la population desservie est estimée à 2.450 familles. Le coût de l’opération est évalué à 50 millions de DH dont le financement est assuré par la coopération maroco-japonaise. L’apport des communes est limité à 25% et celui des bénéficiaires à 5%. Cet argent servira au creusement des puits, à la mise en place des conduites d’adduction et de refoulement, à la construction de réservoirs, des stations de reprise et une autre pour la déférisation.
Il faut noter aussi que Tafraout-centre était alimenté en eau potable depuis une quinzaine d’années à partir de la vallée d’Ammelen. Les trois puits qui l’alimentaient se trouvaient aux douars de Assegaoure, Oumassnate et tirguette. Ces puits sont dotés de stations de pompage. Pour les zones qui font l’objet du projet d’adduction actuel, ce sont trois nouveaux puits qui vont être mis à exploitation. Ils sont également localisés à la vallée de Ammelen et plus précisément aux Douars Tazolt, Dimalalne et Tandilte.

Assainissement

LA prestation de l’eau potable ne va pas sans celle de l’assainissement. Il faut donc réfléchir à doter les douars desservis en eau du service de l’assainissement. Chaque jour de retard se traduira par des coûts cumulés contre l’environnement réputé, jadis, très sain dans cette région. Heureusement que pour Tafraout, le projet d’assainissement est en cours d’achèvement. Il consiste en la mise en place d’un collecteur et d’une station d’épuration des eaux usées. Ce qui soulagera les habitants de la vallée d’Ammelen, endroit où Tafraout-centre déversait ses saletés. Pour les douars environnants (Aoussift, Agard Oudad, Imiyane, …), une étude est en cours pour les doter d’un réseau d’assainissement.


Retard dans la mise en service

UNE station de déférisation devrait normalement être prête, au plus tard, à la fin de ce mois d’août, selon un responsable local de l’Onep. «La société Zinelec, basée à Fès, qui est en charge de la mise en place de cette infrastructure n’a pas respecté le cahier des charges. Le bureau de contrôle qui suit les travaux a constaté, en effet, que la construction n’a pas été réalisée comme il se doit. Alors, le maître d’ouvrage a demandé de refaire les parties mises en cause», confie un cadre de l’Onep.

Ali JAFRY




L'Economiste
 
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