Tadighoust : On achève bien les militants berbères !
"Les fleuves courent se mêler dans la mer, les monarchies vont se perdre dans le despotisme" [1]
A Tadighoust, un village situé à 20 kilomètre de Tizi N Imnayen (Goulmima), le représentant des "autorités locales" a kidnappé en plein jour, insulté, torturé et essayé d’abuser sexuellement d’un jeune militant et artiste amazigh.
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Les faits remontent au 6 avril dernier vers 17 heures. Mohamed Ajandak, élève au lycée de Tadighoust, a été agressé physiquement par le "khalifa" (représentant de l’autorité locale) au quartier Awrir.
Fort de son arrogance et de son impunité, le « khalifa » agit comme en territoire conquis au mépris des droits de la population locale déjà meurtrie par des décennies de marginalisation et de répression. Après l’agression, Il a ensuite kidnappé le lycéen pour le conduire de force au siège de la commune de Tadighoust à bord de sa voiture, Renault 4. L’agent de l’autorité locale l’a ensuite torturé, en présence de témoins oculaires, en le rouant de coups de pied et de coups de poing. Il a même tenté de le violer.
Le siège de la Commune de Tadighoust a été transformé en l’espace d’une soirée en un "cachot" où le Khalifa voulait assouvir ses instincts maladifs d’autorité. Ce comportement gratuit d’un agent des autorités n’est, malheureusement, pas le premier de son genre et ne sera, sans doute, pas le dernier dans cette région. Il n’est qu’un épisode parmi tant d’autres qui avaient secoué le le Grand Tafilalt.
Cette humiliation n’est pas passée inaperçue. Elle a mobilisé la population du village, notamment les jeunes. Une grève a paralysé le lycée pendant plusieurs jours en solidarité avec Ajandak. D’autres actions sont sont en vue. le jeune militant compte d’ailleurs porter plainte contre le "khalifa".
La mise à mort de Tadighoust, de Tizi-n-Imnayen et de toute la région ne date pas d’hier. La région s’est toujours opposée au pouvoir. Elle a payé cher sa propension à l’insoumission. Le torchon ne cesse de brûler entre un pouvoir tyrannique et une région pauvre et meurtrie par des années de résistance. Elle n’a d’arme que l’intelligence et la détermination de ses populations.
C’est à Tadighoust même, dont le chef était Ali U-Ben Ihya à la seconde moitié du 19ème siècle que tout a commencé. Le chef berbère avait tenu tête au sultan alaouite Hassan I.
Ali U-Ben Ihya, établi à Tadighoust, était le chef de tout le versant sud du Haut Atlas, "Seg tefruxt ar tasaft" (du palmier dattier au chêne liège), comme le dit bien la tradition orale. Son opposition au Makhzen de Hassan premier lui a valu l’emprisonnement en 1893. Il avait été enchaîné et emprisonné à Marrakech. Une humiliation et un avertissement pour tous les Berbères qui aspirent à la liberté.
Les Aït Hdiddou avaient emboîté le pas à leur chef. Ils avaient refusé de payer l’impôt exigé par le Makhzen. Deux cent notables de cette tribu avaient été également emprisonnés à Marrakech.
Plus de dix événements politiques majeurs marqueront la région à travers tout le siècle dernier. Elle a trop souffert des exactions, du mépris et de la sauvagerie des colons français et du pouvoir qu’ils ont, par la suite, installé à Rabat.
Quelle est la différence entre ce qui s’est passé en 1893 à Tadighoust et ce qui s’y passe aujourd’hui ? Y’a-t-il une différence entre Addi U-Ben Ihya, chef de tribu traditionnel et Ajandak, militant amazigh moderne ?
Le mépris et l’arrogance du Makhzen et de ses représentants sont les mêmes malgré la différence des époques et des raisons. La gangrène nous ronge toujours. Le peuple amazigh doit s’en débarrasser pour de bon s’il aspire toujours à exister.
Lhoussain Azergui
source : www.kabyle.com
"Les fleuves courent se mêler dans la mer, les monarchies vont se perdre dans le despotisme" [1]
A Tadighoust, un village situé à 20 kilomètre de Tizi N Imnayen (Goulmima), le représentant des "autorités locales" a kidnappé en plein jour, insulté, torturé et essayé d’abuser sexuellement d’un jeune militant et artiste amazigh.
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Les faits remontent au 6 avril dernier vers 17 heures. Mohamed Ajandak, élève au lycée de Tadighoust, a été agressé physiquement par le "khalifa" (représentant de l’autorité locale) au quartier Awrir.
Fort de son arrogance et de son impunité, le « khalifa » agit comme en territoire conquis au mépris des droits de la population locale déjà meurtrie par des décennies de marginalisation et de répression. Après l’agression, Il a ensuite kidnappé le lycéen pour le conduire de force au siège de la commune de Tadighoust à bord de sa voiture, Renault 4. L’agent de l’autorité locale l’a ensuite torturé, en présence de témoins oculaires, en le rouant de coups de pied et de coups de poing. Il a même tenté de le violer.
Le siège de la Commune de Tadighoust a été transformé en l’espace d’une soirée en un "cachot" où le Khalifa voulait assouvir ses instincts maladifs d’autorité. Ce comportement gratuit d’un agent des autorités n’est, malheureusement, pas le premier de son genre et ne sera, sans doute, pas le dernier dans cette région. Il n’est qu’un épisode parmi tant d’autres qui avaient secoué le le Grand Tafilalt.
Cette humiliation n’est pas passée inaperçue. Elle a mobilisé la population du village, notamment les jeunes. Une grève a paralysé le lycée pendant plusieurs jours en solidarité avec Ajandak. D’autres actions sont sont en vue. le jeune militant compte d’ailleurs porter plainte contre le "khalifa".
La mise à mort de Tadighoust, de Tizi-n-Imnayen et de toute la région ne date pas d’hier. La région s’est toujours opposée au pouvoir. Elle a payé cher sa propension à l’insoumission. Le torchon ne cesse de brûler entre un pouvoir tyrannique et une région pauvre et meurtrie par des années de résistance. Elle n’a d’arme que l’intelligence et la détermination de ses populations.
C’est à Tadighoust même, dont le chef était Ali U-Ben Ihya à la seconde moitié du 19ème siècle que tout a commencé. Le chef berbère avait tenu tête au sultan alaouite Hassan I.
Ali U-Ben Ihya, établi à Tadighoust, était le chef de tout le versant sud du Haut Atlas, "Seg tefruxt ar tasaft" (du palmier dattier au chêne liège), comme le dit bien la tradition orale. Son opposition au Makhzen de Hassan premier lui a valu l’emprisonnement en 1893. Il avait été enchaîné et emprisonné à Marrakech. Une humiliation et un avertissement pour tous les Berbères qui aspirent à la liberté.
Les Aït Hdiddou avaient emboîté le pas à leur chef. Ils avaient refusé de payer l’impôt exigé par le Makhzen. Deux cent notables de cette tribu avaient été également emprisonnés à Marrakech.
Plus de dix événements politiques majeurs marqueront la région à travers tout le siècle dernier. Elle a trop souffert des exactions, du mépris et de la sauvagerie des colons français et du pouvoir qu’ils ont, par la suite, installé à Rabat.
Quelle est la différence entre ce qui s’est passé en 1893 à Tadighoust et ce qui s’y passe aujourd’hui ? Y’a-t-il une différence entre Addi U-Ben Ihya, chef de tribu traditionnel et Ajandak, militant amazigh moderne ?
Le mépris et l’arrogance du Makhzen et de ses représentants sont les mêmes malgré la différence des époques et des raisons. La gangrène nous ronge toujours. Le peuple amazigh doit s’en débarrasser pour de bon s’il aspire toujours à exister.
Lhoussain Azergui
source : www.kabyle.com