specificité cuturelle arrachée au pouvoir

agoram

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Spécificités culturelles arrachées au Pouvoir


L'avénèment de Mohammed VI s'est accompagné d'une reconnaissance identitaire du mouvement amazigh.
« Maroc aux identités multiples », « Royaume au centre des confluences culturelles », la littérature officielle regorge de slogans « rassembleurs ». Mais les différentes identités culturelles ont depuis l'indépendance été mises sous l'éteignoir. Très peu de références au patrimoine amazigh ou juif émaillent les livres d'histoire au niveau de l'éducation nationale. Il aura fallu les dix dernières années du règne du défunt Roi Hassan II pour que des velléités de reconnaissance soient entendues par le Pouvoir, qui craignait une kabylisation du Maroc Le 5 août 1991, en effet, six associations signaient la Charte d'Agadir « relative à la langue et à la culture amazighes au Maroc ». Elles y déploraient « la marginalisation systématique de la langue et de la culture amazighes » et se mettaient d'accord sur sept « objectifs à atteindre », dont « la stipulation dans la Constitution du caractère national de la langue amazigh à côté de la langue arabe ». Elles demandaient aussi « l'intégration de la langue et de la culture amazighes dans divers domaines d'activités culturelles et éducatives, et leur insertion dans les programmes d'enseignement » ; et encore « le droit de cité dans les mass media écrits et audiovisuels ». C'est dans ce contexte que devait survenir, le 1er mai 1994, la manifestation berbériste d'Errachidia. Conséquence : le 3 mai de la même année, sept enseignants de Goulmima et d'Errachidia, membres ou sympathisants d'une association, étaient interpellés.

Reconnaître la dimension berbère au Maroc
Quelques semaines plus tard, les condamnés faisaient partie des 424 personnes amnistiées par Hassan II, leur peine étant ainsi effacée. Quelques mois plus tard, la TVM incluait dans ses programmes d'information des journaux dans les différents dialectes amazighs. Dans sa dynamique d'ouverture le Roi défunt tentait de contenir un mouvement dont la « subversivité » était confinée dans la théorie laïcisante qui traversait le mouvement. Avec le nouveau règne, cette reconnaissance identitaire se voit accompagnée par la création d'un institut amazigh, certes consensuel mais qui avait le mérite de travailler sur les vecteurs et la reconnaissance officielle de la dimension berbère du Maroc. L'adoption du tifinagh comme alphabet officiel vertement contesté par une frange du mouvement consacrera l'entrée de plain-pied de la berbérité comme composante officielle de l'identité... du nouveau Makhzen. Quant à la communauté juive, il faudra attendre le 25 mai 2003, à l'occasion de la manifestation condamnant les attentats de Casablanca, pour la voir manifester en tant qu'entité culturelle. Et si l'on excepte l'excellent « musée du judaïsme », rares sont les occasions et les entités qui permettent au Marocain de comprendre qu'une partie de son patrimoine linguistique et identitaire est juive.

Lejournalhebdomadaire
 
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