Tamaynut France
Paris, le 06/06/2004.
A Mr. M. Mustapha Sahil, Ministre de l’Intérieur
et M’hamed Heddan, Gouverneur de la Province de Tiznit.
1– Au sujet de la corruption notoire au sein de la municipalité de Lakhssas, notamment les évènements du 20 avril 2004.
2 – Au sujet de la décision irresponsable de cette même municipalité relative à l’interdiction faite à l’association Tamaynut – Lakhssas de pouvoir rendre hommage aux victimes des attentats de 16 mai 2003 par une célébration digne et respectueuse en mémoire des disparus.
Vos excellences,
Cela fait des décennies que la région de Lakhssas, dépendant de la province de Tiznit, se débat dans la gabegie et la mauvaise gestion de ses « élus » ; situation qui n’a cessé de s’aggraver jusqu’à aujourd’hui à un point tel que nous ne pouvons plus rester silencieux.
Ce que nous vous décrivons ici est basé sur un socle de preuves et de témoignages récoltés auprès des habitants et des associations de Lakhssas, et sur lesquels nous nous appuyons pour dire qu’il est temps d’agir et de sanctionner les différents responsables de cette municipalité afin de mettre un terme définitif à l’impunité.
Le 20 avril derniers, la municipalité de Lakhssas a procédé, dans le secret et sans aucune annonce préalable, à une opération visant à embaucher quelques personnes dans ses services. En agissant ainsi il est bien évident qu’elle a agit contre les nombreux jeunes diplômés de la région qui ont déposé depuis longtemps des dossiers de candidatures aux postes de fonctionnaires municipaux « vendus ». Ce scandale de la corruption triomphante a été dénoncé immédiatement par l’ensemble de la société civile, notamment par Tamaynut – Lakhssas. Pour calmer la colère légitime des habitants les responsables municipaux ont immédiatement fait machine arrière en annulant l’octroi des dit postes et en renvoyant les « recrutés » mais aucune déclaration n’a été faite pour expliquer, éclairer ces mouvements ou pour se justifier. Le mépris de la société civile est total mais il n’a pas encore atteint son maximum.
Près d’un mois plus tard, le 16 mai 2004, à l’occasion des préparations de la commémoration dans le recueillement du premier anniversaire des attentats terroristes de Casablanca que l’association Tamaynut – Lakhssas s’apprêtait à organiser, le vice-président de la municipalité prend la décision unilatérale de fermer la Maison des Jeunes. Cette salle devait accueillir les célébrations du 16 mai organisées par la dite association qui a pourtant scrupuleusement respecté les démarches administratives pour toutes les autorisations, notamment l’envoi par courrier recommandé d’une demande en bonne et due forme adressé à la municipalité. Cet acte, guidé par le seul but puéril de la vengeance de petits responsables humiliés par la dénonciation au grand jour de leurs pratiques de petits capots corrompus.
Aujourd’hui, le Président de la municipalité, M. Binnij Lahcen, et son vice-président, M. Ouâarabi Mohamed, par leurs refus fait à l’association Tamaynut –Lakhssas de commémorer le 16 mai, affichent insolemment et publiquement une attitude :
1 – qui porte un signe de dédain aux centaines de victimes des attentats terroristes qui ont eu lieu le 16 mai 2003 à Casablanca et que l’Association Tamaynut Lakhssas voulait commémorer avec d’autres cadres associatifs locaux.
2 – qui va à l’encontre de la politique officielle de notre pays, qui vise dans sa substance de lutter sans merci contre le terrorisme et de mobiliser la jeunesse contre le fléau obscurantiste.
3 – qui démontre l’illettrisme et l’ignorance des responsables de la municipalité dont le président lui-même est l’exemple le plus probant.
Quoi qu’il en soit, l’infâme décision de ces « élus » nous semble être un acte irresponsable, sinon illégale, car dénier à une association, représentant la société civile, de commémorer ce triste événement, est impardonnable et entre en contradiction totale avec les directives de l’Etat. On peut déplorer par la même occasion ces manœuvres qui portent un coup dur aux efforts de la société civile de Lakhssas dans son combat contre l’obscurantisme.
Ce qui s’est passé à Lakhssas, au moment où tous les Marocaines et les Marocains, aussi bien au Maroc que dans la diaspora, s’apprêtaient à commémorer, chacun de leur côté, un événement qui tient tout le monde à cœur. Il s’agissait de la première commémoration des attentas du 16 mais 2003 qui ont eu lieu à Casablanca.
À Lakhssas tout était normal ; les associations locales, elles aussi, se préparaient et s’organisaient pour commémorer l’événement et rendre hommage aux victimes du terrorisme aveugle. Des courriers ont été envoyés, à la municipalité et aux autorités locales pour les aviser des activités prévues pour cette journée qui se voulait solennelle, et une forte mobilisation de la jeunesse pour les préparatifs avaient eu lieu. Hélas, au moment où les organisateurs convergeaient vers le lieu d’activité, le responsable de la Maison des Jeunes avait déserté les lieux, le portail donnant accès aux locaux dépendants de la mairie avait été condamné. « Monsieur Mohamed Ouâarabi m’a demandé hier de lui rendre les clés de la Maison des Jeunes » annonce le gardien aux organisateurs associatifs.
Aujourd’hui, la jeunesse de Lakhssas est choquée sinon sidérée, car elle s’est rendue compte que le sabotage de leur activité avait été prémédité. L’attitude irresponsable du vice-président et le cynisme des autorités locales soulève beaucoup de questions auxquelles les habitants et les associations cherchent des réponses.
Vous êtes les supérieurs hiérarchiques et donc êtes les seuls qui puissiez demander des comptes non seulement à la municipalité mais aussi aux autorités locales. Aujourd’hui, à Lakhssas, l’arrogance, la corruption et l’incompétence des élus l’emporte sur l’humilité, la transparence et la compétence. Les habitants se sentent berner par leurs élus, abandonnés par les autorités locales. Le mécontentement des associations reprend de plus belle en s’amplifiant. Tout le monde s’accroche à un fol espoir ; la constitution d’une commission d’enquête du Ministère de l’Intérieure pour rétablir une équité mise à mal par certains serviteurs de l’Etat dans cette région.
Nous pensons que tous les éléments nécessaires sont réunis aujourd’hui pour entamer une enquête de haut niveau afin de déterminer la responsabilité des uns et des autres. C’est dans ce contexte que nous vous serons très reconnaissant de bien vouloir ouvrir une enquête sur l’ensemble des dérives et des agissements illégaux dont M. Binnij Lahcen et M. Ouâarabi Mohamed sont responsables.
Signé : Tamaynut France.
www.tamaynutfrance.org
[ Edité par Souss le 18/6/2004 10:24 ]
[ Edité par imal le 24/6/2004 18:23 ]