dahmad
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Sécheresse : La catastrophe imminente
Ils son terribles les échos qui montent du pays profond: la sécheresse s'installe. La terre comme les gens ont soif. Dans des régions entières, l'eau est devenue une denrée si rare qu'elle engendre des mouvements de population: déplacement, exode... La région du Souss est déjà installée dans la crise; elle a été officiellement décrétée région sinistrée.
Des villages reculent des décennies en arrière et voient les efforts fournis pour se doter d'eau courante potable anéantis par la canicule et le climat sec. Des robinets qui avaient fait leur apparition comme des objets insolites dans des douars éloignés du monde grâce aux efforts des populations et des ONG, sont pratiquement inusités et les vieux ustensiles ont été ressortis pour aller chercher l'eau parfois à une dizaine de kilomètres.
Cette image n'est pas l'apanage du sud ou de l'extrême nord, il suffit de bien regarder partout y compris quand on est dans son train, entre deux grandes villes, pour voir la détresse se dessiner sur les visages et les paysages.
Chaque matin, hélas, ce que des médias stupides, dans des émissions de météo incolore et ennuyeuse, appellent "le beau temps", en fait la stagnation d'un climat sec, enfonce davantage le pays.
Que faire? Certes, un conseil de gouvernement a été consacré spécialement à la question. Un train de mesures a été annoncé. Le nouveau ministre de l'Agriculture a annoncé quelques chiffres. Il est lui-même président de l'une des régions les plus dramatiquement touchées. Mais, force est de constater, que ce l'on a entendu comme ce que l'on nous rapporte du terrain n'est pas à la hauteur du drame. Face à la situation actuelle, il faut bien sûr enclencher une série de mesures classiques en la circonstance mais il s'agit pour une fois d'arrêter de se voiler la face et de prendre le problème à bras le corps; c'est-à-dire, reconnaître tout simplement l'évidence, à savoir que nous sommes un pays sans eau; un pays de sécheresse chronique.
Une donne structurelle. Il faut alors s'installer dans un nouveau paradigme. Toutes nos politiques doivent en découler. Que dis-je, tous nos comportements, notre mode de vie.
Face à l'état de sécheresse, il faut décréter une révolution culturelle qui change notre rapport à l'eau. Notre histoire est traversée d'épisodes tragiques, ils sont nourris de l'état de nos campagnes. Nos récits fondateurs hantés de disette et de massacres, de siba et autres mouvements de foules, sont issus des ruptures instaurées par des années de stagnation de la campagne.
Aujourd'hui, ce background historique et culturel doit être réinvesti dans toute approche du sujet. Nous ne sommes pas en situation de résolution de problème qui suppose un management classique.
Il s'agit de bien saisir les enjeux politiques profonds inhérents à l'état de sécheresse. Des signaux ont déjà été envoyés. Les décideurs sont invités à les décrypter à temps. La catastrophe est imminente. Comment la conjurer?
Par Mehdi Benomar (http://www.liberation.press.ma/)
Ils son terribles les échos qui montent du pays profond: la sécheresse s'installe. La terre comme les gens ont soif. Dans des régions entières, l'eau est devenue une denrée si rare qu'elle engendre des mouvements de population: déplacement, exode... La région du Souss est déjà installée dans la crise; elle a été officiellement décrétée région sinistrée.
Des villages reculent des décennies en arrière et voient les efforts fournis pour se doter d'eau courante potable anéantis par la canicule et le climat sec. Des robinets qui avaient fait leur apparition comme des objets insolites dans des douars éloignés du monde grâce aux efforts des populations et des ONG, sont pratiquement inusités et les vieux ustensiles ont été ressortis pour aller chercher l'eau parfois à une dizaine de kilomètres.
Cette image n'est pas l'apanage du sud ou de l'extrême nord, il suffit de bien regarder partout y compris quand on est dans son train, entre deux grandes villes, pour voir la détresse se dessiner sur les visages et les paysages.
Chaque matin, hélas, ce que des médias stupides, dans des émissions de météo incolore et ennuyeuse, appellent "le beau temps", en fait la stagnation d'un climat sec, enfonce davantage le pays.
Que faire? Certes, un conseil de gouvernement a été consacré spécialement à la question. Un train de mesures a été annoncé. Le nouveau ministre de l'Agriculture a annoncé quelques chiffres. Il est lui-même président de l'une des régions les plus dramatiquement touchées. Mais, force est de constater, que ce l'on a entendu comme ce que l'on nous rapporte du terrain n'est pas à la hauteur du drame. Face à la situation actuelle, il faut bien sûr enclencher une série de mesures classiques en la circonstance mais il s'agit pour une fois d'arrêter de se voiler la face et de prendre le problème à bras le corps; c'est-à-dire, reconnaître tout simplement l'évidence, à savoir que nous sommes un pays sans eau; un pays de sécheresse chronique.
Une donne structurelle. Il faut alors s'installer dans un nouveau paradigme. Toutes nos politiques doivent en découler. Que dis-je, tous nos comportements, notre mode de vie.
Face à l'état de sécheresse, il faut décréter une révolution culturelle qui change notre rapport à l'eau. Notre histoire est traversée d'épisodes tragiques, ils sont nourris de l'état de nos campagnes. Nos récits fondateurs hantés de disette et de massacres, de siba et autres mouvements de foules, sont issus des ruptures instaurées par des années de stagnation de la campagne.
Aujourd'hui, ce background historique et culturel doit être réinvesti dans toute approche du sujet. Nous ne sommes pas en situation de résolution de problème qui suppose un management classique.
Il s'agit de bien saisir les enjeux politiques profonds inhérents à l'état de sécheresse. Des signaux ont déjà été envoyés. Les décideurs sont invités à les décrypter à temps. La catastrophe est imminente. Comment la conjurer?
Par Mehdi Benomar (http://www.liberation.press.ma/)