PPS:"il est temps de constitutionaliser la langue amazigh"

Mazigh

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La Constitution et la loi sur les partis déchirent, pour des raisons différentes, les principaux acteurs du champ politique : USFP, Istiqlal, PPS et PJD.


"La Constitution est un chantier ouvert, mais non prioritaire". La phrase est de Lahcen Daoudi, dirigeant du PJD. Elle résume parfaitement l’état d’esprit de la classe politique vis-à-vis d’une question récurrente, qui revient comme un serpent de mer, un
non-événement qui en dit long, cependant, sur la mentalité des uns et des autres. écoutons le dirigeant du PJD qui nous donne le point de vue de son parti sur la question : "Bien sûr que l’on aimerait voir élargir les prérogatives du Premier ministre par rapport à la monarchie, c’est cela, techniquement, l’essence de toute révision constitutionnelle véritable. Mais comment et pourquoi le faire tant que ce Premier ministre n’est pas issu des urnes? Qui sait, d’ailleurs, qui sera demain Premier ministre et au nom de quoi… On en est encore à l’abécédaire de la pratique politique, là où il va s’agir d’abord de nettoyer et d’assainir avant de se montrer plus ambitieux. Parler de la révision de la constitution, dans ces conditions, relève plus du sensationnalisme que d’autre chose". Les premiers visés sont évidemment les socialistes : ceux de la GSU et de ses amis du RGD (Annahj, PADS, CNI et Fidélité à la démocratie) et, plus encore, de l’USFP. Pour le noyau rassemblé autour de la GSU, la réforme constitutionnelle a toujours constitué une priorité absolue. "Notre raison d’être vient de là, résume ce dirigeant du parti, l’avenir du Maroc, son entrée dans une véritable ère de démocratie a un passage obligé : amener la monarchie à moins gouverner". à l’USFP, la question se pose en des termes plus embarrassants. Depuis l’expérience de l’Alternance, rares sont les dirigeants qui revendiquent haut et fort la refonte de la Constitution. "Ce qui a changé, relève-t-on dans l’entourage du premier secrétaire Mohamed Elyazghi, c’est que le 7ème Congrès approche. Il s’agira de fédérer et de rassurer les militants, surtout à la base, pour leur rappeler que le parti n’a pas vendu son âme au diable". Pour le principe donc. Mais pas seulement. L’USFP d’Elyazghi est actuellement prise entre deux feux, elle ne sait plus si son avenir se fera à l’intérieur du gouvernement ou, plutôt, à l’extérieur. Le pouvoir ou l’opposition. Le débat sur la Constitution basculerait, en fonction de ce positionnement, de l’anecdotique au prioritaire. Ce débat se réduit pour le moment à des murmures et autres chuchotements. Mais il est clair que la réforme de la Constitution constitue, lus que jamais, une affaire interne pour le parti fondé par Abderrahim Bouabid.
Entre les amis de la GSU et l’USFP, on retrouve, dans un habituel rôle d’arbitre, le sifflet à la bouche et le pied en permanence sur le frein et l’accélérateur, le PPS. Le parti d'Ismaïl Alaoui n’en finit pas de traverser, à l’instar d’autres pôles de la gauche marocaine, une crise d’identité. Même si son autorité n’est pas contestée, Ismaïl Alaoui sent désormais le souffle chaud d’un Nabil Benabdellah, plus ambitieux que jamais, dans sa nuque. En se retirant du gouvernement, le SG du PPS a perdu en influence ce qu’il a récupéré en lucidité. Le débat récurrent sur la constitution est une aubaine qu’il sait exploiter comme à sa manière. Finement. "Quand ce n’est pas la Constitution, c’est le remaniement ministériel, renchérit Ismaïl Alaoui. C’est notre pain quotidien. Même s’il n’y a pas urgence en la matière, il est clair que, pour nous, deux questions font actuellement tache et il va falloir les réviser pour aller de l’avant". Les deux questions s’appellent, dans l’ordre, l’amazighité et le bicaméralisme (principe de deux chambres au Parlement). "Il est temps, explique le S.G du PPS, de constitutionaliser la langue amazigh pour la mettre sur un pied d’égalité avec l’arabe. C’est une forme de reconnaissance. Il importe aussi de réviser le statut de la deuxième chambre au Parlement, qui fait plus de mal que de bien, pour la transformer, conformément au souhait initial, en une sorte de chambre de sages, un Sénat…". Critique à demi-mot ("La Constitution est le résultat d’un effort humain, il est normal qu’on cherche constamment à la perfectionner"), l’héritier de Ali Yata ne cherche surtout pas à s’attirer le regard des autres. "Le PPS, indique-t-on dans l’entourage du dirigeant socialiste, a d’autres chats à fouetter que de revendiquer une réforme qui ne pourra venir que du roi". Le parti lorgne de nouveau vers la Koutla, au moment même où il semblait le plus s’en éloigner. L’USFP et l’Istiqlal ont signé, en effet, des amendements communs au projet de loi sur les partis (encadré). La GSU, et surtout le PPS, ne se sont pas joints à leurs alliés "historiques". Abbes El Fassi, au nom de l’Istiqlal, en a même profité pour taper sur les doigts du PPS, invité à "se positionner clairement par rapport à son alliance avec les partis du PSD et du âahd". On se croirait revenus au milieu des années 90, quand le parti d’Ali Yata multipliait les allers et retours à la Koutla. "On nous a déjà fait le coup en effet, confirme Ismaïl Alaoui. Je ne veux pas polémiquer avec Abbes El Fassi, mais je lui rappelle que lui aussi s’est allié à la mouvance populaire, au RNI et à d’autres, pour figurer dans le gouvernement". En fait, l’Istiqlal reproche au PPS de faire cavalier seul, pour les amendements sur la loi des partis comme pour le reste. "On ne vient pas quand on ne nous invite pas", réplique cette source interne au PPS. Les amis d’Ismaïl enfoncent carrément le clou en affirmant que "l’union avec le PSD et le âahd est désormais envisagée sous l’angle fusionnel et, en attendant, ces partis ont le droit d’intégrer la Koutla". Ce que ni l’Istiqlal, ni l’USFP, n’envisagent pour le moment…
 
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