J'ai trouvé cette interview de Rachid Raha qui date de quelques années...
NOUS NE SOMMES PAS DES EXTRÉMISTES”
Rachid Raha, président du Congrès mondial amazigh, se dit porteur d’un projet de tous les Imazighens pour les regrouper dans un parti politique. Or, ce même programme n’est pas clair. Son promoteur n’arrive pas à “le vendre’’. Un parti pour les Berbères, qui ne peuvent épouser le même discours politique ou défendre la même idée. Sauf lorsqu’il s’agit de considérations culturelles, et encore. Dans cet entretien, on découvre que le jeune président véhicule trop d’idées, sans lien entre elles. Les revendications culturelles berbères, c’est bon, les politiser, cela devient un ramassis de chimères.
Propos recueillis par Taïeb CHADI
• Rachid Raha.
• Maroc Hebdo International: Pourquoi revendiquer la création d’un parti politique amazigh aujourd’hui ?
- Rachid Raha: Je ne sais pas, et je ne comprends pas d’ailleurs, pourquoi certains voient dans notre souhait de créer un parti politique amazigh un danger pour l’unité du Maroc et une tentative de le déstabiliser. Ce ne sont là que des lectures régressives, chauvines, voire mongoliennes. Et les gens qui soutiennent ces thèses n’ont pas peur pour l’intégrité du Maroc, mais à vrai dire pour leurs intérêts personnels.
J’estime qu’il est de notre droit d’avoir, comme tout le monde, un parti politique constitué dans la légalité, nous permettant d’émettre et de défendre nos idées, nos projets et nos revendications. C’est un droit constitutionnel.
• Mais pourquoi aujourd’hui et pas avant ?
- Parce que c’est un processus naturel. C’est la loi de l’évolution. Notre prise de conscience identitaire amazighe ne date pas d’aujourd’hui. Je ne vais tout de même pas vous faire un cours d’histoire et vous parler du mouvement amazigh avant et après l’indépendance, des tendances qui ont marqué l’Armée de libération et de toutes les formes de répression dont a été victime notre mouvement. Si hier, notre voix contestataire ne parvenait pas aux gens, c’est parce qu’elle était tout simplement réduite au silence par tous les moyens. Beaucoup de gens avaient peur même d’en parler.
Alors qu’aujourd’hui, nous estimons qu’avec tout le chantier des droits de l’Homme et de la liberté d’expression que le Maroc a entamé, les conditions sont plus favorables pour mettre sur la scène publique nos idées et nos projets sans crainte de répercussions. C’est légitime, non?
• Mais il y a une question de bon sens. Quel est ce parti qui sera capable de rassembler tous les Berbères avec toutes leurs divergences ?
- Tous les partis marocains ont des bases amazighes. Je vous cite l’exemple de l’USFP (Union socialiste des forces populaires) et du RNI (Rassemblement national des indépendants). Ces deux partis marocains, qui ont un grand succès respectivement au Sud et à l’Est du Maroc, n’ont rien fait pour la cause amazighe. Pratiquement rien.
C’est pourquoi nous voyons dans la création, dans un premier temps, d’un grand parti amazigh le salut de tous les Berbères, sans exception. Il sera également le creuset de tous leurs points de vue et leurs expressions. Par la suite, on verra. Forcément, il y aurait des partis amzighs de gauche, de droite, de centre, voire carrément des partis régionalistes.
Là où certains voient des divergences qui menacent d’implosion le projet de notre parti, nous, on y voit des différences et une richesse qui renforceront et conforteront notre cause.
• Mais beaucoup se reconnaissent et votent pour un parti comme le MNP ?
- Mahjoub Aherdane et son parti, le MNP (Mouvement national populaire), sont une pure invention du Makhzen. Au comble du mouvement contestataire berbère, dans les années soixante, M. Aherdane a été investi et payé par le régime pour contrecarrer et récupérer toute l’élite amazighe.
Et il faut le féliciter. Parce qu’il a bien accompli sa mission. Maintenant, avec les nouvelles données, je vois mal où est sa raison d’être. Son projet a montré ses limites. C’est un homme fini. La place est maintenant aux gens qui veulent servir honnêtement leurs origines et leur pays.
• La création d’un parti amazigh est pour bientôt alors ?
- Je dois lever toute ambiguïté. Nous ne sommes pas en train de nous préparer ou nous positionner pour les échéances électorales de 2002. Ce n’est pas notre but, ni notre ambition. Loin s’en faut !
Nous n’allons pas tout de même rentrer dans des considérations politiciennes. Nous mettons notre objectif au dessus de ces petits calculs. Il est plus sérieux que cela. Plus noble.
• Mais vous faites de la politique. Que je sache, il y a peu d’enfants de chœur ?
- Notre entreprise est identitaire et culturelle avant d’être politique. Mais il faut bien faire de la politique pour concrétiser toute entreprise culturelle.
• Évidemment, mais pas de la politique de l’extrémisme ?
- Nous ne sommes pas des extrémistes. Nous avons toujours choisi le dialogue comme mode de communication. Nous n’avons posé ni bombes ni monté des attentats ou squatté des lieux publics. La violence est bannie de notre registre lexical.
• Vous adoptez alors la tactique de la modération à l’instar des islamistes ?
- Ce n’est pas une tactique. Ce sont là nos convictions. Et puis je refuse de nous comparer aux islamistes qui ont exploité l’Islam pour des fins politiques. Nous ne faisons pas de la démagogie, comme eux, nous ne promettons pas le paradis aux nôtres, comme eux. Nous revendiquons tout simplement les droits d’une grande entité de la population du Maroc, et de la manière la plus sage. Ce n’est pas un crime.
• Mais vous développez souvent un discours qui exclut l’autre, l’Arabe?
- On ne va tout de même pas faire une analyse psycho ou sociolinguistique. Nous nous adressons à tous nos interlocuteurs de la manière la plus rationnelle et la moins émotive qui soit.
J’estime que nous produisons des discours responsables, loin de toute exclusion ou élimination de l’autre. L’autre qui est d’ailleurs mon concitoyen et un Marocain, au même titre que moi.
• Mais vous, vous avez quelle légitimité populaire pour parler au nom de tous les Amazighs ?
- Mais Monsieur, je vous parle en tant que président du Congrès mondial amazigh…..
• Soit, mais de quelle légitimité dispose ce même congrès, aussi mondial soit-il ?
- Je n’ai pas besoin de vous rappeler que son conseil a été élu par 100 associations représentant tous les Amazighs du Maghreb.
• Mais plus des trois quarts de ces associations ne représentent qu'elles-mêmes. Et puis on accuse votre congrès d’être un instrument au service des sionistes ?
- Les gens sont libres de raconter ce qu’ils veulent. C’est de la rumeur. D’ailleurs, nos moyens sont très limités et dérisoires.
Nous n’avons jamais eu le moindre rond de personne. Ni de la France, ni des Etats-Unis, encore moins des sionistes. Nos comptes bancaires en attestent.
Et il est facile de les vérifier. Nos seules ressources sont les cotisations des associations adhérentes.
NOUS NE SOMMES PAS DES EXTRÉMISTES”
Rachid Raha, président du Congrès mondial amazigh, se dit porteur d’un projet de tous les Imazighens pour les regrouper dans un parti politique. Or, ce même programme n’est pas clair. Son promoteur n’arrive pas à “le vendre’’. Un parti pour les Berbères, qui ne peuvent épouser le même discours politique ou défendre la même idée. Sauf lorsqu’il s’agit de considérations culturelles, et encore. Dans cet entretien, on découvre que le jeune président véhicule trop d’idées, sans lien entre elles. Les revendications culturelles berbères, c’est bon, les politiser, cela devient un ramassis de chimères.
Propos recueillis par Taïeb CHADI
• Rachid Raha.
• Maroc Hebdo International: Pourquoi revendiquer la création d’un parti politique amazigh aujourd’hui ?
- Rachid Raha: Je ne sais pas, et je ne comprends pas d’ailleurs, pourquoi certains voient dans notre souhait de créer un parti politique amazigh un danger pour l’unité du Maroc et une tentative de le déstabiliser. Ce ne sont là que des lectures régressives, chauvines, voire mongoliennes. Et les gens qui soutiennent ces thèses n’ont pas peur pour l’intégrité du Maroc, mais à vrai dire pour leurs intérêts personnels.
J’estime qu’il est de notre droit d’avoir, comme tout le monde, un parti politique constitué dans la légalité, nous permettant d’émettre et de défendre nos idées, nos projets et nos revendications. C’est un droit constitutionnel.
• Mais pourquoi aujourd’hui et pas avant ?
- Parce que c’est un processus naturel. C’est la loi de l’évolution. Notre prise de conscience identitaire amazighe ne date pas d’aujourd’hui. Je ne vais tout de même pas vous faire un cours d’histoire et vous parler du mouvement amazigh avant et après l’indépendance, des tendances qui ont marqué l’Armée de libération et de toutes les formes de répression dont a été victime notre mouvement. Si hier, notre voix contestataire ne parvenait pas aux gens, c’est parce qu’elle était tout simplement réduite au silence par tous les moyens. Beaucoup de gens avaient peur même d’en parler.
Alors qu’aujourd’hui, nous estimons qu’avec tout le chantier des droits de l’Homme et de la liberté d’expression que le Maroc a entamé, les conditions sont plus favorables pour mettre sur la scène publique nos idées et nos projets sans crainte de répercussions. C’est légitime, non?
• Mais il y a une question de bon sens. Quel est ce parti qui sera capable de rassembler tous les Berbères avec toutes leurs divergences ?
- Tous les partis marocains ont des bases amazighes. Je vous cite l’exemple de l’USFP (Union socialiste des forces populaires) et du RNI (Rassemblement national des indépendants). Ces deux partis marocains, qui ont un grand succès respectivement au Sud et à l’Est du Maroc, n’ont rien fait pour la cause amazighe. Pratiquement rien.
C’est pourquoi nous voyons dans la création, dans un premier temps, d’un grand parti amazigh le salut de tous les Berbères, sans exception. Il sera également le creuset de tous leurs points de vue et leurs expressions. Par la suite, on verra. Forcément, il y aurait des partis amzighs de gauche, de droite, de centre, voire carrément des partis régionalistes.
Là où certains voient des divergences qui menacent d’implosion le projet de notre parti, nous, on y voit des différences et une richesse qui renforceront et conforteront notre cause.
• Mais beaucoup se reconnaissent et votent pour un parti comme le MNP ?
- Mahjoub Aherdane et son parti, le MNP (Mouvement national populaire), sont une pure invention du Makhzen. Au comble du mouvement contestataire berbère, dans les années soixante, M. Aherdane a été investi et payé par le régime pour contrecarrer et récupérer toute l’élite amazighe.
Et il faut le féliciter. Parce qu’il a bien accompli sa mission. Maintenant, avec les nouvelles données, je vois mal où est sa raison d’être. Son projet a montré ses limites. C’est un homme fini. La place est maintenant aux gens qui veulent servir honnêtement leurs origines et leur pays.
• La création d’un parti amazigh est pour bientôt alors ?
- Je dois lever toute ambiguïté. Nous ne sommes pas en train de nous préparer ou nous positionner pour les échéances électorales de 2002. Ce n’est pas notre but, ni notre ambition. Loin s’en faut !
Nous n’allons pas tout de même rentrer dans des considérations politiciennes. Nous mettons notre objectif au dessus de ces petits calculs. Il est plus sérieux que cela. Plus noble.
• Mais vous faites de la politique. Que je sache, il y a peu d’enfants de chœur ?
- Notre entreprise est identitaire et culturelle avant d’être politique. Mais il faut bien faire de la politique pour concrétiser toute entreprise culturelle.
• Évidemment, mais pas de la politique de l’extrémisme ?
- Nous ne sommes pas des extrémistes. Nous avons toujours choisi le dialogue comme mode de communication. Nous n’avons posé ni bombes ni monté des attentats ou squatté des lieux publics. La violence est bannie de notre registre lexical.
• Vous adoptez alors la tactique de la modération à l’instar des islamistes ?
- Ce n’est pas une tactique. Ce sont là nos convictions. Et puis je refuse de nous comparer aux islamistes qui ont exploité l’Islam pour des fins politiques. Nous ne faisons pas de la démagogie, comme eux, nous ne promettons pas le paradis aux nôtres, comme eux. Nous revendiquons tout simplement les droits d’une grande entité de la population du Maroc, et de la manière la plus sage. Ce n’est pas un crime.
• Mais vous développez souvent un discours qui exclut l’autre, l’Arabe?
- On ne va tout de même pas faire une analyse psycho ou sociolinguistique. Nous nous adressons à tous nos interlocuteurs de la manière la plus rationnelle et la moins émotive qui soit.
J’estime que nous produisons des discours responsables, loin de toute exclusion ou élimination de l’autre. L’autre qui est d’ailleurs mon concitoyen et un Marocain, au même titre que moi.
• Mais vous, vous avez quelle légitimité populaire pour parler au nom de tous les Amazighs ?
- Mais Monsieur, je vous parle en tant que président du Congrès mondial amazigh…..
• Soit, mais de quelle légitimité dispose ce même congrès, aussi mondial soit-il ?
- Je n’ai pas besoin de vous rappeler que son conseil a été élu par 100 associations représentant tous les Amazighs du Maghreb.
• Mais plus des trois quarts de ces associations ne représentent qu'elles-mêmes. Et puis on accuse votre congrès d’être un instrument au service des sionistes ?
- Les gens sont libres de raconter ce qu’ils veulent. C’est de la rumeur. D’ailleurs, nos moyens sont très limités et dérisoires.
Nous n’avons jamais eu le moindre rond de personne. Ni de la France, ni des Etats-Unis, encore moins des sionistes. Nos comptes bancaires en attestent.
Et il est facile de les vérifier. Nos seules ressources sont les cotisations des associations adhérentes.