Niger : Le problème touarègue demeure
En dépit des attaques dans le nord du Niger, dont celle d'un escadron de son armée au cours de laquelle 15 soldats auraient été tués et 70 capturés, le président Mamadou Tandja s'obstine à nier toute résurgence d'une rébellion touarègue, sujet quasi tabou à Niamey. "Pourquoi voulez-vous qu'on vous dise qu'il y a une rébellion?", demandait récemment le porte-parole du gouvernement Mohamed Ben Omar à des journalistes. Et le 20 juin, le président Tandja avait martelé: "ce sont des actes de banditisme qui couvrent d'autres activités illégales, menées par un groupe de trafiquants d'armes et de stupéfiants que nous combattons avec fermeté".
Deux jours plus tard, un groupe baptisé "Mouvement Nigérien pour la Justice" (MNJ) affirmait avoir tué 15 militaires et en avoir capturé 72 près d'Agadez dans l'attaque d'un poste avancé de l'armée. "Une réponse directe au Président!", avait déclaré le chef du MNJ Agaly Alambo.
Selon le Comité international de la Croix rouge (CICR) à Genève, gouvernement et rebelles du MNJ l'ont contacté pour soigner des blessés, une reconnaissance de facto de l'incident par les autorités.
L'attaque avait été confirmée par M. Mohamed Anako, Haut commissaire chargé de la restauration de la paix, l'organisme en charge de l'application des accords de 1995 qui avaient mis fin à une rébellion touareg dans le nord au cours des années 1990.
Le discours officiel ne faisant état que de "bandits", il est "difficile pour le président d'admettre l'existence" d'un mouvement rebelle, explique une source gouvernementale.
Il semble qu'il y ait un contentieux personnel entre le président Tandja, un ancien militaire, et les activistes touareg: depuis son passage au ministère de l'Intérieur de mars 1990 à mars 1991, son nom a été associé à la répression en mai 1990 d'une manifestation de Touareg à Tchintabaraden qui avait fait 63 morts et précipité le déclenchement de la rébellion touarègue en 1991.
Le "problème Touareg au Niger n'a jamais été réglé", commente un spécialiste de cette communauté répartie sur 5 pays: Burkina Faso, Libye, Algérie, Mali et Niger.
Lorsque les Touaregs, à la suite des sécheresses de 1973 et 1985 sont arrivés massivement en ville, ils ont été marginalisés économiquement et politiquement, ce qui les avait conduits à prendre les armes dans les années 1990", tout comme leurs frères du Mali, selon ce spécialiste.
Au Niger, la révolte a pris fin grâce en 1995 avec des accords de paix qui prévoyaient notamment une meilleure intégration socio-économique des touaregs.
A le suite de l'attaque, en avril, du plus gros projet d'exploration d'uranium du groupe nucléaire français Areva, le MNJ a réclamé à nouveau une meilleure application des volets économiques des accords, dont la priorité d'embauches des autochtones par les sociétés minières locales.
Dans les textes du MNJ "les revendications socio-économiques prennent le pas sur les revendications identitaires", estimait récemment Albert Bourgi, professeur de relations internationales et connaisseur de l'Afrique.
"Si la situation venait à dégénérer, les "hommes bleus" du Mali, d'Algérie et de Libye pourraient s'en mêler", redoute un professeur de l'Université de Niamey qui a requis l'anonymat.
"La seule solution c'est une négociation. Le gouvernement doit reconnaître le fait touareg, l'existence du MNJ et l'armée nigérienne doit maîtriser tout le territoire", affirme une source gouvernementale à Niamey.
Publié le 25 juin 2007. par http://www.afriqueouest.info/central.php?o=1&s=296&d=3&i=546
Source : Afrique de l'ouest
Date : 2007-06-25
En dépit des attaques dans le nord du Niger, dont celle d'un escadron de son armée au cours de laquelle 15 soldats auraient été tués et 70 capturés, le président Mamadou Tandja s'obstine à nier toute résurgence d'une rébellion touarègue, sujet quasi tabou à Niamey. "Pourquoi voulez-vous qu'on vous dise qu'il y a une rébellion?", demandait récemment le porte-parole du gouvernement Mohamed Ben Omar à des journalistes. Et le 20 juin, le président Tandja avait martelé: "ce sont des actes de banditisme qui couvrent d'autres activités illégales, menées par un groupe de trafiquants d'armes et de stupéfiants que nous combattons avec fermeté".
Deux jours plus tard, un groupe baptisé "Mouvement Nigérien pour la Justice" (MNJ) affirmait avoir tué 15 militaires et en avoir capturé 72 près d'Agadez dans l'attaque d'un poste avancé de l'armée. "Une réponse directe au Président!", avait déclaré le chef du MNJ Agaly Alambo.
Selon le Comité international de la Croix rouge (CICR) à Genève, gouvernement et rebelles du MNJ l'ont contacté pour soigner des blessés, une reconnaissance de facto de l'incident par les autorités.
L'attaque avait été confirmée par M. Mohamed Anako, Haut commissaire chargé de la restauration de la paix, l'organisme en charge de l'application des accords de 1995 qui avaient mis fin à une rébellion touareg dans le nord au cours des années 1990.
Le discours officiel ne faisant état que de "bandits", il est "difficile pour le président d'admettre l'existence" d'un mouvement rebelle, explique une source gouvernementale.
Il semble qu'il y ait un contentieux personnel entre le président Tandja, un ancien militaire, et les activistes touareg: depuis son passage au ministère de l'Intérieur de mars 1990 à mars 1991, son nom a été associé à la répression en mai 1990 d'une manifestation de Touareg à Tchintabaraden qui avait fait 63 morts et précipité le déclenchement de la rébellion touarègue en 1991.
Le "problème Touareg au Niger n'a jamais été réglé", commente un spécialiste de cette communauté répartie sur 5 pays: Burkina Faso, Libye, Algérie, Mali et Niger.
Lorsque les Touaregs, à la suite des sécheresses de 1973 et 1985 sont arrivés massivement en ville, ils ont été marginalisés économiquement et politiquement, ce qui les avait conduits à prendre les armes dans les années 1990", tout comme leurs frères du Mali, selon ce spécialiste.
Au Niger, la révolte a pris fin grâce en 1995 avec des accords de paix qui prévoyaient notamment une meilleure intégration socio-économique des touaregs.
A le suite de l'attaque, en avril, du plus gros projet d'exploration d'uranium du groupe nucléaire français Areva, le MNJ a réclamé à nouveau une meilleure application des volets économiques des accords, dont la priorité d'embauches des autochtones par les sociétés minières locales.
Dans les textes du MNJ "les revendications socio-économiques prennent le pas sur les revendications identitaires", estimait récemment Albert Bourgi, professeur de relations internationales et connaisseur de l'Afrique.
"Si la situation venait à dégénérer, les "hommes bleus" du Mali, d'Algérie et de Libye pourraient s'en mêler", redoute un professeur de l'Université de Niamey qui a requis l'anonymat.
"La seule solution c'est une négociation. Le gouvernement doit reconnaître le fait touareg, l'existence du MNJ et l'armée nigérienne doit maîtriser tout le territoire", affirme une source gouvernementale à Niamey.
Publié le 25 juin 2007. par http://www.afriqueouest.info/central.php?o=1&s=296&d=3&i=546
Source : Afrique de l'ouest
Date : 2007-06-25