Mririda n'Aït Attik

idaoutanane

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Mririda...
L'histoire de ses poèmes et la manière dont ils sont parvenus jusqu'à nous est extraordinaire. En 1927, l'écrivain René Euloge, envoyé comme instituteur dans le grand Atlas marocain, découvre la Haute Tassaout, vallée du bout du monde, l'une des plus sauvages, des plus grandioses et des plus belles de cette région. Là, il fait la connaissance d'une jeune berbère dont le charme et l'inspiration vont le fasciner. Mririda n'Aït Attik est une jeune hétaîre du souk d'Azilal clos de hautes murailles de pisé flanquées de tours à meurtrières, ou elle était tolérée en compagnie de quelques jeunes filles de la sorte. René Euloge décrira cette étrange relation : … Je me trouvais en communion spirituelle avec cette fille sauvage en qui je découvrais à ma stupéfaction sans cesse accrue, une âme enthousiaste et généreuse combien exceptionnelle et inattendue au cœur du grand Atlas. Il me fallait attendre la tombée de la nuit pour la retrouver vêtue de somptueux brocarts : une Mririda fleurant le jasmin, une Mririda prête à se laisser emporter par son lyrisme enflammé ou sa mélancolie funèbre…

Les chants de la Tassaout…
Elle chantait comme si elle eut vocalisé les neumes d'un étrange plein chant. Qui pouvait prêter une attention véritable à son talent ? Peu familiarisés avec le dialecte tachelhaït, les sous-officiers français du Goum ne se souciaient guère de poèmes et de chants pour eux inintelligibles.

Hayet Hayad a mis en scène et interpréte les chants et poèmes retranscrits par René Euloge ; Simples et émouvants, ils s'apparentent aux ballades, lais et rondeaux de notre Moyen-Age.

vitaculture.com

Spectacle. Longue Hayet à Mririda

René Eulope, instituteur qui a parcouru les régions reculées du Grand Atlas dans les années 20, y rencontre Mririda N’Aït Attik, une femme berbère courtisane et poétesse. Fasciné par Mririda, René Eulope retranscrit et traduit les poèmes de cette dernière. Plus d’un demi-siècle plus tard, Hayet Ayad retrace avec “Les chants de Tassaout”, l’histoire de “Mririda fleurant le jasmin, une Mririda prête à se laisser emporter par son lyrisme enflammé ou sa mélancolie funèbre” écrivait René Eulope. Designée meilleure voix en 1997 dans le registre des musiques du monde, Hayet Ayad chantera et lira les poèmes de Mririda, a capella ou accompagnée de percussions, le 22 octobre à 21h00 au Théâtre 121 de l’institut français de Casablanca.

telquel

 
Voici quelques textes

Mririda

On m'a surnommée Mririda, Mririda,
Mririda, l'agile rainette des prés...
Je n'ai pas, je n'ai pas ses yeux d'or
Je n'ai pas, je n'ai pas sa blanche gorge,
Je n'ai pas, je n'ai pas sa verte tunique.

Mais ce que j'ai comme elle, Mririda,
Ce sont mes zerarit, mes zerarit
Qui volent jusqu'aux bergeries,
Ce sont mes zerarit, mes zerarit
Dont on parle dans toute la vallée
Et de l'autre côté des montagnes,
Mes zerarit qui émerveillent et font envie...

Car dès mes premiers pas parmi les champs,
J'ai pris doucement les rainettes agiles,
Craintives et frissonnantes dans mes mains,
Et j'ai pressé longtemps leur gorge blanche
Sur mes lèvres d'enfant et puis de jeune fille.

Ainsi m'ont-elles transmis la vertu merveilleuse
De cette baraka qui leur donne un chant,
Un chant si clair, si vibrant et si pur
Par les nuits d'été baignées de lune,
Un chant pareil à celui du cristal,
Pareil au bruit clair de l'enclume
Dans l'air plus sonore qui précède la pluie...

Et grâce au don que m'a fait Mririda
On me nomme: ... Mririda, Mririda...
Celui qui me prendra pourra sentir
Dans sa main, dans sa main battre mon coeur,
Comme souvent sous mes doigts j'ai senti
Battre le coeur affolé des rainettes...

Dans les nuits baignées de lune,
Il m'appellera Mririda, Mririda,
Le doux sobriquet qui m'est cher.
Pour lui je lancerai mes zerarit aiguës,
Mes zerarit stridentes, prolongées,
Qu'admirent les hommes et jalousent les femmes,
Et telles que jamais n'en connut la vallée...


La fibule

« Grand-mère ! Grand-mère ! depuis qu’il est parti,
Je ne songe qu’à lui et je le vois partout…
Il m’a donné une belle fibule d’argent,
Et lorsque j’ajuste mon haïk sur mes épaules,
Lorsque j’agrafe le pan sur mes seins,
Lorsque je l’enlève, le soir, pour dormir,
Ce n’est pas la fibule, mais c’est lui que je vois !
-Ma petite fille, jette la fibule et tu l’oublieras
Et du même coup tu oublieras tes tourments…
-…Grand-mère, depuis bien des jours, j’ai jeté la fibule,
Mais elle m’a profondément blessé la main.
Mes yeux ne peuvent se détacher de la rouge cicatrice,
Quand je lave, quand je file, quand je bois…
Et c’est encore vers lui que va ma pensée !
-Ma petite fille, puisse Dieu guérir ta peine !
La cicatrice n’est pas sur ta main, mais dans ton cœur »
 
tanemirt bahra irghan ultma negh Ida.
Personnellement je considère notre Mririda nationale comme la plus grande poétesse d'Afrique du Nord, une voix universelle digne d'être connue, reconnue par chacun d'entre nous.
 
iwaliwn

est ce que vous avez le texte en tamazight ?
je crois que ca doit etre plus poètique.


tanmirt
 
Il semblerait que jusqu'à aujourd'hui , personne n'ait réussi à mettre la main sur les textes originaux ( en tachelhit) de Mririda N’Aït Attik. Nous n'avons que pour seul témoignage de sa poésie les vers traduits en français par René Euloge. Quid de la retranscription des vers en tachelhit dont on nous dit qu'elle a servi de base au travail de traduction ?
si quelqu'un pouvais nous en dire un peu plus : Mririda, la poétesse de la Tassaout a t'elle réellement existé ?
 
Mririda

Azul Tazerzte

Je suis très surpris et troublé par ta remarque; tu veux dire que Mririda est un personnage fictif, inventé par René Euloge qui a rapporté ses poèmes? Pourtant il m' a bien semblé avoir lu quelque part quelques uns de ses textes en tachelhit, mais je ne sais plus sur quel site, malheureusement. Serait- ce donc des poèmes apocryphes?
Si ton hypothèse s'avérait juste, ce serait un scoop, de très mauvais goût. Il faudrait absolument éclaircir ce mystère.
Pourtant la photographie qu'on suppose de Mririda semble authentique et je suis sûr d'avoir lu sa biographie également.
Amicalement.
 
Azul Aksel,

Je comprends ta surprise.

Non cette hypothèse n'est pas de mon fait. C'est au cours d'une conférence récente tenue par le professeur A. Lakhassi à Paris et plus précisement lors d'un échange sur la notion "d'appartenance" des oeuvres dans la poésie chleuh, qu'un doute a été émis sur la production qu'attribue René Euloge à Mririda Naït Attik.

je n'en sais pas davantage, c'est pourquoi j'ai posé cette question un peu abruptement

A noter que René Euloge dans l’introduction des Chants de la Tassaout indiquait : « faut il préciser que tous les poèmes de ce recueil ne sont pas de la propre inspiration de Mririda ? Mais ceux qu’elle devait à une ancestrale tradition orale, ou plu récents, ceux du troubadour Ali d’Ibakelioun, elle me les a rapportés avec un art qui n’appartient qu’à elle dans ce dialecte... » .

Je n'ai jamais réussi à me procurer les textes originaux: c'est dommage que tu ne puisses pas te souvenir de l'endroit où tu as pu les consulter.

Amitiés
 
poezie1.jpg

Fatema Chahid (Taroudant, Maroc) a coopéré à la publication de 'Les Chants de la Tassaout' (1989).

Source:
http://www.elhizjra.nl/festival/Festival 2003/poezie.htm
 
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