Re : Maroc, le mauvais élève du développement humain
Nouvelle étude de la Banque mondiale : "Se soustraire à la pauvreté au Maroc"
Décembre 2007 - L’objectif de cette étude est de comprendre quelle est la mbinaison facteurs individuels, familiaux, communautaires et nationaux qui aiderait la population à se soustraire d'une situation de pauvreté et à ne plus y retomber.
Cette étude est le fruit d’un travail d’équipe. Après avoir adapté la méthodologie développée pour l’étude internationale comparative sur le thème de la mobilité dans 15 pays intitulée: Moving out of Poverty: Understanding Freedom, Democracy and Growth from the Bottom Up, des travaux de terrain ont été réalisés par une équipe marocaine de recherche. Ces chercheurs ont utilisé une combinaison d’entretiens avec des informateurs clés, de discussions de groupes avec des hommes, des femmes, et de jeunes, et de récits individuels de vie.
Principales conclusions de l’étude :
-Les ménages pauvres s’en sortent mieux dans des communautés urbaines plus larges et/ou prospères : Les communautés plus larges et urbaines offrent plus d’opportunités et de services. La capacité des ménages à diversifier les sources des revenus dépend en grande partie de l’éventail des opportunités économiques de leur communauté, et ceci semble lié à la taille des communautés ainsi qu’à une infrastructure et des services relativement meilleurs.
-La diversification économique est essentielle à la mobilité, compte tenu de la volatilité et des moyens d’existence fondamentaux tels que l’agriculture et l’absence de filets sociaux formels : Les opportunités pour combiner un emploi saisonnier ou salarié avec d’autres sources de revenus sont corrélées à une plus grande mobilité, tandis que la dépendance aux revenus agricoles est corrélée avec une faible mobilité.
-La migration étrangère et intérieure demeure essentielle pour la mobilité des ménages et le bien-être de la communauté : Les communautés prospères ont investi dans la migration à l’étranger et bénéficié en retour d’une demande accrue pour des biens et services de la part des ménages enrichis par les envois de fonds.
-L’accès au capital, par le biais des banques, des associations de microcrédit, ou de l’héritage contribue au bien-être et à la mobilité des ménages : L’accès au crédit a permis aux familles d’investir dans des activités productives, ou d’acquérir des avoirs tels que des maisons tout autant pour la sécurité psychologique qu’économique.
-La corruption et le clientélisme affectent le secteur public et le secteur social. Ils représentent la face obscure du capital social, et sont des facteurs inhérents de discrimination vis-à-vis des ménages les plus marginalisés—ce qui limite encore davantage leurs chances de s’améliorer et de se soustraire à la pauvreté.
-L’infrastructure et les services sociaux sont importants pour le bien-être des ménages et des communautés : L’expansion des réseaux d’eau potable et de l’électricité aux communautés pauvres a nettement amélioré la perception du bien-être.
-L’éducation est centrale pour trouver un bon emploi, démarrer une entreprise à succès, et atteindre l’autonomie personnelle : L’éducation est toujours considérée comme une étape essentielle de mobilité ascendante, même si les parents sont d’avis que la qualité de l’enseignement et la motivation des enseignants a précipitamment baissé.
-Le rôle économique que les femmes jouent dans leur ménage peut avoir un impact décisif sur le patrimoine familial : Les ménages ne sont pas des unités économiques homogènes. Leurs richesses varient selon que les membres féminins du ménage jouent un rôle économique indépendant.
-Sans filets sociaux formels, rares sont les ménages qui sont immunisés contre le risque de mobilité descendante : Le manque de filets sociaux formels, sous forme d’assurance et d'assistance sociales et de soins de santé abordables, peut être catastrophique pour les ménages. Ils n’ont aucun recours en cas de maladie ou de chômage.
-La pauvreté est multidimensionnelle : Une conclusion claire de l’étude est que la pauvreté implique de multiples formes d’exclusion – des services, des réseaux sociaux, et du pouvoir, et que le bien-être ne dépend pas seulement du revenu mais du sentiment d’inclusion et de dignité.
Source: PAD-MAROC (Mohamed Hakech)