MAroc : Biodiversité en danger

agerzam

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Biodiversité: Des espèces rares menacées d’extinction · Plus d’une dizaine d’espèces d’oiseaux disparues au début du 20e siècle

· … et une trentaine d’autres en voie de disparition


· La panthère, le guépard, le porc-épic, la hyène rayée…le sont aussi


«Le dernier lion de l’Atlas a été vu en 1930 dans le Moyen-Atlas», indiquent les services du Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD).
Comme le lion de l’Atlas, d’autres espèces, qui faisaient la richesse et la fierté de la faune marocaine il y a quelques années, ont aujourd’hui disparu ou en voie d’extinction.
En effet, souligne-t-on au HCEFLCD, au cours des cinq dernières décennies, la biodiversité du Maroc a connu une altération importante induite par la dégradation des écosystèmes, habitats naturels pour de nombreuses espèces de faune et de flore. L’exploitation abusive des ressources naturelles, les défrichements, les mises en culture et le surpâturage comptent parmi les principales causes.
Selon des estimations effectuées en 1995, 31.000 ha de forêts disparaissent chaque année. La superficie défrichée annuellement est de l’ordre de 4.500 ha, en particulier dans le Rif, le Haut-Atlas, le Souss et les hauts plateaux du centre. A noter que les forêts naturelles couvrent près de 5,8 millions d’hectares, soit 8,1% du territoire national. Elles sont individualisées par des peuplements à base de cèdre, pin, chêne liège, chêne vert, arganier, thuya, genévrier rouge et genévrier thurifère.
De l’avis d’experts, l’urbanisation galopante et le développement du tourisme ont également mis en danger des espèces de faune et de flore liées à des habitats particuliers sur le littoral et au niveau des zones humides.
Dix espèces de mammifères sont donc aujourd’hui menacées de disparition. Parmi elles, la panthère, le guépard, le porc-épic, la hyène rayée, le phoque moine, le chat sauvage et l’écureuil du Sénégal. Ce qui pousse des chercheurs à tirer la sonnette d’alarme. Selon eux, le risque est grand de voir ces espèces subir le même sort que celui du lion de l’Atlas, du sevral ou encore de quatre espèces de mammifères toutes de grande taille (l’oryx algazelle, l’addax, la gazelle leptocère et le bubale), qui ont disparu entre 1925 et 1956.
La même menace pèse aussi sur le règne des oiseaux. «Au moins une dizaine d’espèces nidificatrices ont disparu depuis le début du XXe siècle», affirme-t-on au HCEFLCD. Les extinctions les plus récentes concernent l’autruche à cou rouge (1960–1980), l’erismature à tête blanche (probablement à la fin des années 50), la pintade sauvage (vers 1975), l’aigle impérial (1960–1980), la grue demoiselle (vers 1985), le vautour oricou (1955-1970), le vautour moine (1950–1975) et la guifette moustac (1950–1960).
Pis encore, une trentaine d’autres espèces d’oiseaux sont aujourd’hui menacées d’extinction. Les plus remarquables en sont l’ibis chauve, le vautour fauve, la grande outarde, l’outarde houbara ou encore le cormoran huppé.
L’herpétofaune (reptiles et amphibiens) considérée comme la plus riche et la plus variée de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée occidentale est également menacée. Cette faune comprend au moins 125 espèces et sous-espèces, parmi lesquelles on compte 22 endémiques au Maroc.
Le crocodile du Nil, présent dans les années 30 dans certaines gueltas du Bas-Draâ, est la seule espèce de reptile considérée comme définitivement éteinte au Maroc. Deux espèces de reptiles, particulièrement recherchées, sont au bord de l’extinction dans la plaine du Souss et ont déjà disparu de plusieurs autres régions.
C’est malheureusement aussi le cas pour plusieurs variétés de plantes. Sur les 7.000 espèces de plantes vasculaires qui composent la flore du Maroc (avec un taux d’endémisme d’environ 20%), environ 1.000 taxons sont menacés, soit plus de 14%. Et pas moins de 194 espèces de végétaux vasculaires supérieurs endémiques du Maroc sont classées comme rares ou en danger par l’UICN (Union mondiale de la nature).
Mais au HCEFLCD, l’optimisme reste de mise. Et pour cause: le Maroc, affirme-t-on, héberge encore une flore et une faune des plus remarquables du bassin méditerranéen notamment en termes de biodiversité des végétaux supérieurs et des vertébrés terrestres. Ces derniers ne constituent qu’une petite partie de la biodiversité globale du pays même s’ils restent les plus remarquables.

Sept espèces animales réintroduites

Pour préserver son patrimoine naturel, le Maroc s’est engagé, depuis le début des années 80, dans un programme de conservation et de gestion durable des ressources naturelles. Objectifs: maintien, développement et valorisation des potentialités naturelles et biologiques du pays.
Une étude nationale, effectuée entre 1993 et 1995, a permis d’identifier un certain nombre de sites d’intérêt biologique et écologique et d’élaborer un plan directeur des aires protégées. Cinq parcs nationaux ont été créés dans ce cadre. Ce qui porte le nombre de parcs nationaux officiellement établis à 8, en plus d’un certain nombre de réserves biologiques.
Ces aires protégées, qui englobent des échantillons largement représentatifs des grands écosystèmes naturels du pays, font actuellement l’objet de programmes de développement et de valorisation, entrepris par le HCEFLCD et appuyés par des projets dans le cadre de la coopération internationale. Il s’agit du projet GEF de gestion des aires protégées, financé par le Fonds pour l’environnement mondial, le projet Assistance à la gestion des ressources naturelles, financé dans le cadre de la coopération technique maroco-allemande et le projet de gestion des ressources naturelles dans la province de Taza, financé dans le cadre de la coopération maroco-italienne.
D’autres projets de coopération multilatérale et bilatérale sont également entrepris pour compléter les actions prévues dans la stratégie nationale.
Un programme de réhabilitation de la grande faune du Maroc a été également lancé en 1994. Il consiste, entre autres, en une opération de réintroduction. Il a concerné jusqu’à maintenant 7 espèces animales, dont certaines avaient complètement disparu de la nature. Il s’agit de l’addax, l’oryx, la gazelle dama, le cerf de Bérberie, la gazelle dorcas, la gazelle de Cuvier et l’autruche à cou rouge.

Khadija EL HASSANI
L'Economiste
 
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