M. Oumoloud: “Je continuerai à m’exprimer en amazigh au Parlement”

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Entretien avec Mohamed Oumoloud, député UC de la région Agadir-Inzegan : “Je continuerai à m’exprimer en amazigh au Parlement”

C’est une première! Une question, une réplique et puis des commentaires en langue amazighe lors d’une séance orale au Parlement. Audace, propagande ou simple provocation? On peut penser une chose et son exact contraire. C’est que les arguments ne manquent pas dans les deux sens. Mohamed Oumoloud, député UC de la région Agadir-Inzegan, coupe court. On ne peut pas empêcher, selon lui, un député de s’exprimer en langue amazighe sinon c’est le toucher dans sa propre identité d’autant plus qu’il a un mandat de représentativité. Plus de détails dans cet entretien avec celui qui veut ramener le combat de l’Amazigh au Parlement...


La Nouvelle Tribune: Lors de la séance des questions orales, vous avez formulé votre question en langue amazighe, alors que vous comprenez parfaitement l’arabe et vous l’avez toujours utilisé au Parlement. Peut-on savoir quelles sont vos réelles motivations aujourd’hui pour l’amazigh dans la Chambre des Représentants?
M. Mohamed Oumoloud :
D’abord, je pense que si j’avais posé ma question avec une langue étrangère, j’aurais peut-être obtenu une réponse. J’ai posé ma question en amazigh, une langue reconnue en tant qu’identité linguistique marocaine. En plus, il s’agit là de la langue d’une souche importante de la population marocaine dont je fais partie. C’est cette population qui m’a élu. Donc il est de mon devoir d’utiliser l’amazigh, la langue qu’elle comprend. Aujourd’hui, il existe chez nous tout un processus qui fait de l’amazigh une langue comme les autres. Et Sa Majesté avait donné un véritable coup de pouce pour la mise à niveau de la culture amazighe. Sincèrement, je ne vois pas où est le problème et pourquoi tant de réactions.

Justement, les partis, notamment de la majorité, ont vivement critiqué votre comportement confirmant par la même occasion que l’Arabe reste la langue officielle du Maroc ?
En ce qui me concerne, je veux que ces partis aient l’audace de dire publiquement et au Parlement que l’Arabe est la langue officielle du Maroc. Aussi, je veux bien qu’ils aient l’audace de dire qu’au Parlement, il est interdit de parler une langue autre que l’Arabe. Tant que ces derniers n’arrivent pas et n’ont pas encore l’audace de le dire au Parlement et de manière solennelle, je continuerai, de ma part, à poser mes questions en langue amazighe. Aujourd’hui, rien n’interdit juridiquement une telle pratique au Parlement. Alors pourquoi s’affoler contre la question que j’ai posée en amazigh.

Est-ce que cela veut dire que vous allez continuer à poser vos questions en langue amazigh ?
Je pense que c’est mon droit le plus ultime. Et le jour où le législateur interdira formellement l’amazigh au Parlement, je me soumettrais volontiers à la force de la loi. Actuellement, tant qu’elle n’est pas interdite par la loi, je pense qu’elle est automatiquement permise.

Mais, selon la constitution du Maroc, l’arabe est la langue officielle du Royaume?
Je ne peux pas dire le contraire. Mais là, la constitution cite l’arabe classique en tant que langue officielle, alors qu’au Parlement, Darija reste la plus parlée. Est-ce que dans ces conditions peut-on considérer l’arabe dialectal ou Darija comme langue officielle. Alors pourquoi pas l’utilisation de l’amazigh au même titre que la Darija dans l’hémicycle.

Ne serait-ce pas là de la simple instrumentalisation de la langue amazigh, voire de la propagande?
Mais il reste deux ans pour les élections communales. Le contexte d’aujourd’hui est sans enjeu électoral. Le fait de poser une question orale au Parlement en langue amazigh découle d’une conviction personnelle, à savoir la légitimité de l’amazighité dans l’hémicycle. Je vais continuer à lutter en faveur de la langue de mes racines et de ma région. Je sais qu’il y a un prix à payer pour cela, mais je suis déterminé à aller jusqu’au bout.

A suivre votre raisonnement, on risque de tomber dans une polémique ethnique inutile?
Il faut que je défende quand même mon identité. Cette fois-ci, la mobilisation va se faire au niveau du Parlement. Les gens de l’Institut n’ont pas réalisé de résultats probants. Il faut qu’ils sortent de leur mutisme et se mobilisent auprès de la société. Le vrai militantisme se fait sur le terrain. Cela fait des années que nous souffrons de l’exclusion et de l’humiliation. Nous sommes finalement des Marocains et nous devons défendre nos droits. Nous nous sommes pas là pour semer la zizanie, mais pas question de fermer les yeux sur un droit.

Finalement, c’était quoi exactement votre question et faites-nous par vous-même la traduction...?
( rire )! Ma question se rapportait à la cherté de la vie et la contradiction flagrante qu’on a pu remarquer dans les déclarations de nos responsables étatiques à tel point qu’on s’est plus à quel saint se vouer. Nous avons un Premier ministre qui nous déclare une chose et un autre ministre qui en fait une autre sur la même problématique. Chacun des ministres nous parle à sa manière de la caisse de compensation. On veut donc bien savoir de quoi il s’agit et comment comptons-nous vraiment faire face à la flambée des prix. Ma question traitait donc un peu de cette problématique. En tout cas, le Souverain est le seul à qui nous faisons confiance, car c’est lui qui travaille et qui fait tout.

Propos recueillis par
Hassan Zaatit


La Nouvelle Tribune
 
Re : M. Oumoloud: “Je continuerai à m’exprimer en amazigh au Parlement”

Comme Mohamed Abarchan 2005?
"Mohamed abarchan avait tenu un discours en Tamazight dans le parlement Marocain "
 
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