Agraw_n_Bariz
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L'historien et poète amazigh Ali Azaykou est décédé hier à la suite d'une maladie.
En lui, Tamazight a perdu l'un de ses fils les plus valeureux. Il faisait partie des militants amazighs de la première heure.
Que son âme repose en paix !
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Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, voici une petite biographie faite par Claude Lefébure :
Ali Sadki, dit "Azayko" parce que ses parents sont originaires de la tribu berbérophone des Izouyka (entre Agadir et Tiznit), est né en 1942. Sa première scolarité s'est faite à Tafinegoult, au sud du Tizi n Test, avec des maîtres français. Il a ensuite fréquenté l'ةcole du Pacha, à Marrakech, un établissement nationaliste. Vers dix-huit ans, dans le milieu de l'ةcole régionale d'instituteurs de la même ville, un peu comme sortant d'une hypnose, il se ressent "berbère". ہ la rentrée scolaire 1962, on l'envoie faire classe à Imi n Tanout.
Ayant décroché le baccalauréat en candidat libre, il intègre à la fois la Faculté des lettres et l'ةcole normale supérieure, pour obtenir en juin 1968 la licence d'histoire-géographie et le Capès. Ali Azayko enseigne alors deux ans dans le secondaire, à Rabat. La seconde année (1969-70), il participe en sus, avec Brahim Akhyat, Ahmed Boukous, Abdallah Rahmani "Jichtimi" et quelques autres à un programme de soutien éducatif pour les étudiants et les commerçants que leurs origines berbères handicapent. Abrités par la Chambre de commerce, ces cours bénévoles seront pourtant interdits au terme du premier exercice.
Azayko gagne alors Paris où il fréquente l'ةcole pratique des hautes études et l'enseignement de berbère de Lionel Galand à Langues O. De retour à Rabat, il enseigne l'histoire en Faculté et se montre actif dans le cadre de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturels (Amrec), née des cendres du programme de soutien éducatif. Sous son impulsion débute le périodique Arraten, "Scriptions" et paraît Imouzzer, "Cascades", une anthologie poétique révélant de lui quatre pièces. Car depuis sa vingt-cinquième année, Azayko a entrepris d'amener la lyrique berbère au stade de l'écrit. Autres fruits de la créativité, sa fille Tilila et son fils Ziri naissent en 1973 et 1975, porteurs de prénoms audacieux comme une novation de style.
S'étant éloigné de l'AMREC, Azayko fonde en 1981, avec Mohammed Chafik, de l'Académie royale, l'Association culturelle Amazigh où prédominent les gens du Moyen-Atlas. La conférence-débat sur la civilisation berbère organisée autour de Léopold Sédar Senghor (avec Mahjoubi Aherdane, ministre d'ةtat, Chafik, Chaouki, Moatassime, etc.) connaît un retentissement certain. L'éphémère organe de l'Association publie d'Azayko, sur la place qui devrait revenir à la langue berbère, la première partie d'une étude dont la suite, imprimée en avril 1982 dans la revue d'Aherdane, allait valoir douze mois de prison à l'historien-poète sorti du giron chleuh. Ce sera dans sa vie un tournant: il y laisse de sa santé mais la fibre poétique se renforce, des amis assidus le soutiennent; au sortir de l'épreuve, l'universitaire retrouve son poste.
Ali Sadki Azayko a publié deux volumes de vers transcrits en caractères arabes: en 1989 Timitar, "Tessères", avec 33 pièces; en 1995 Izmoulen, "Cicatrices", riche de 19 poèmes; pour ce dernier recueil, il a raté d'un souffle le Prix marocain de la création littéraire.
Une vingtaine de ses textes ont bénéficié des compositions musicales et des interprétations du refondateur de la chanson berbère marocaine, Ammouri Mbarek.
Claude Lefébure
Paris, juillet 1999
Mediterraneans / Méditerranéennes n°11
Voices from Morocco / Voix du Maroc
Winter / Hiver 1999-2000
[ Edité par Agraw_n_Bariz le 11/9/2004 9:23 ]
En lui, Tamazight a perdu l'un de ses fils les plus valeureux. Il faisait partie des militants amazighs de la première heure.
Que son âme repose en paix !
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Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, voici une petite biographie faite par Claude Lefébure :
Ali Sadki, dit "Azayko" parce que ses parents sont originaires de la tribu berbérophone des Izouyka (entre Agadir et Tiznit), est né en 1942. Sa première scolarité s'est faite à Tafinegoult, au sud du Tizi n Test, avec des maîtres français. Il a ensuite fréquenté l'ةcole du Pacha, à Marrakech, un établissement nationaliste. Vers dix-huit ans, dans le milieu de l'ةcole régionale d'instituteurs de la même ville, un peu comme sortant d'une hypnose, il se ressent "berbère". ہ la rentrée scolaire 1962, on l'envoie faire classe à Imi n Tanout.
Ayant décroché le baccalauréat en candidat libre, il intègre à la fois la Faculté des lettres et l'ةcole normale supérieure, pour obtenir en juin 1968 la licence d'histoire-géographie et le Capès. Ali Azayko enseigne alors deux ans dans le secondaire, à Rabat. La seconde année (1969-70), il participe en sus, avec Brahim Akhyat, Ahmed Boukous, Abdallah Rahmani "Jichtimi" et quelques autres à un programme de soutien éducatif pour les étudiants et les commerçants que leurs origines berbères handicapent. Abrités par la Chambre de commerce, ces cours bénévoles seront pourtant interdits au terme du premier exercice.
Azayko gagne alors Paris où il fréquente l'ةcole pratique des hautes études et l'enseignement de berbère de Lionel Galand à Langues O. De retour à Rabat, il enseigne l'histoire en Faculté et se montre actif dans le cadre de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturels (Amrec), née des cendres du programme de soutien éducatif. Sous son impulsion débute le périodique Arraten, "Scriptions" et paraît Imouzzer, "Cascades", une anthologie poétique révélant de lui quatre pièces. Car depuis sa vingt-cinquième année, Azayko a entrepris d'amener la lyrique berbère au stade de l'écrit. Autres fruits de la créativité, sa fille Tilila et son fils Ziri naissent en 1973 et 1975, porteurs de prénoms audacieux comme une novation de style.
S'étant éloigné de l'AMREC, Azayko fonde en 1981, avec Mohammed Chafik, de l'Académie royale, l'Association culturelle Amazigh où prédominent les gens du Moyen-Atlas. La conférence-débat sur la civilisation berbère organisée autour de Léopold Sédar Senghor (avec Mahjoubi Aherdane, ministre d'ةtat, Chafik, Chaouki, Moatassime, etc.) connaît un retentissement certain. L'éphémère organe de l'Association publie d'Azayko, sur la place qui devrait revenir à la langue berbère, la première partie d'une étude dont la suite, imprimée en avril 1982 dans la revue d'Aherdane, allait valoir douze mois de prison à l'historien-poète sorti du giron chleuh. Ce sera dans sa vie un tournant: il y laisse de sa santé mais la fibre poétique se renforce, des amis assidus le soutiennent; au sortir de l'épreuve, l'universitaire retrouve son poste.
Ali Sadki Azayko a publié deux volumes de vers transcrits en caractères arabes: en 1989 Timitar, "Tessères", avec 33 pièces; en 1995 Izmoulen, "Cicatrices", riche de 19 poèmes; pour ce dernier recueil, il a raté d'un souffle le Prix marocain de la création littéraire.
Une vingtaine de ses textes ont bénéficié des compositions musicales et des interprétations du refondateur de la chanson berbère marocaine, Ammouri Mbarek.
Claude Lefébure
Paris, juillet 1999
Mediterraneans / Méditerranéennes n°11
Voices from Morocco / Voix du Maroc
Winter / Hiver 1999-2000
[ Edité par Agraw_n_Bariz le 11/9/2004 9:23 ]