L'exclusion culturelle est prise en compte dans le rapport d

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Pour la première fois, le PNUD prend en compte l’exclusion culturelle dans son rapport annuel.




Article de Vittorio DE FILIPPIS (liberation.fr).

Les naufragés du développement sont partout, dans les banlieues des pays riches, dans les bidonvilles du tiers-monde, dans les réserves où survivent des ethnies en voie de disparition...

Poursuivant l’analyse engagée depuis 1990, le Pnud (programme des Nations unies pour le développement) approfondit dans son dernier rapport (1) la réflexion sur les causes de la difficulté du développement humain.

Jusqu’ici, et pour mesurer ce développement humain, « celui qui permet à chacun de s’épanouir », le Pnud ne se contentait pas de mesurer le seul revenu des individus. Il a, au cours des années, mis au point un indice de développement humain (IDH) qui prend en compte le revenu par habitant mais aussi les niveaux d’éducation, l’espérance de vie et l’accès aux soins pour déterminer où il fait bon vivre dans le monde. La Norvège se retrouve pour la cinquième fois en tête du classement IDH 2004 et la France en seizième position.

Diversité.

Mais au-delà de cet indice, les experts du Pnud ont introduit une nouvelle dimension : la prise en compte (ou non) de la diversité culturelle au sein des pays. Et montrer en quoi « l’expansion de cette liberté culturelle est un défi important pour le développement humain ». « Il ne s’agit pas, souligne la directrice du Pnud, de défis concernant quelques Etats multiethniques (...)

Mais de la quasi-totalité des 200 pays que compte le monde et qui incluent près de 5 000 groupes ethniques, des milliers de groupes linguistiques et religieux. »

Les experts du Pnud sont formels : « La volonté de vouloir construire des sociétés qui intègrent les minorités est trop souvent négligée par les responsables politiques. » Certes, difficile de tracer la carte de l’exclusion, fondée par exemple, sur un mode de vie différent des autres. Mais cela n’empêche pas le Pnud d’essayer de déterminer la portée du problème, en considérant certains « marqueurs » culturels clés comme la religion, la langue ou les pratiques cérémonielles...

Selon cet ensemble, ce sont quelque 900 millions de personnes (soit un septième de la population mondiale) qui seraient victimes de discrimination culturelle, économique et politique. Environ 518 millions d’entre eux appartiennent à des groupes qui seraient confrontés à une exclusion fondée sur le « mode de vie ». Pour étayer sa thèse, le Pnud a calculé quelques indicateurs de développement humain par groupe culturel et pour quelques pays.

Ainsi, les Roms de Roumanie ont un indicateur de développement humain bien inférieur à la moyenne roumaine. La Roumanie a un IDH qui la classe au 72e rang mondial. Mais la population rom serait classée au 128e rang. « Souvent perçus comme paresseux, malpropres (...), les Roms font de manière disproportionnée l’objet d’attaques violentes (...) qui les excluent de tout, de la santé, de l’éducation, avec une espérance de vie très inférieure à celle d’un Roumain », souligne le rapport.

Identité.

La Namibie est le seul pays qui ait calculé son indicateur de développement humain par groupe linguistique. Là encore, les différences sont stupéfiantes. Ainsi, la population germanophone de Namibie finirait devant la Norvège, alors que la population de langue San (une langue namibienne) arriverait 174 places plus bas.

Or, et c’est tout l’argumentaire du Pnud, lorsque les individus sont obligés de renoncer à leur identité, ils ne peuvent avoir accès à l’éventail des opportunités sociales et économiques... Sans lesquelles, le développement se résume à une simple variable monétaire.

(1) Rapport mondial sur le développement humain 2004 : la liberté culturelle dans un monde diversifié, éd. Economica.

Source : liberation.fr
 
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