Discussion très interessante à suivre sur Kabyle.com! Un extrait:
Le texte ci-dessous signé a été proposé par deux fois au journal Le Monde, en décembre 2003 et en janvier 2004, pour la rubrique "Opinions" mais il n’a jamais été publié.
Est-ce parce qu’il n’est pas suffisamment "politiquement correct" pour Le Monde ? Une chose est sûre, c’est que ce journal n’entend pas laisser la liberté de parole aux berbères, qui comptent pourtant parmi ses plus grands lecteurs.
Nous vous encourageons à protester contre cette discrimination en écrivant aux principaux responsables de ce journal :
- colombani@lemonde.fr
- plenel@lemonde.fr
- bernard@lemonde.fr
------------------------------
Sans amalgames
Dans le débat sur la laïcité, certaines approximations, les amalgames et parfois le sentiment de culpabilité, se conjuguent pour semer le doute et les hésitations, exploités sans vergogne par des organisations islamistes opportunistes dont l’agitation ostentatoire fait objectivement campagne au profit de l’extrême droite. Dans ce contexte confus, d’autres éclairages peuvent s’avérer utiles.
L’immigration nord africaine en France plus que centenaire aujourd’hui, était à ses débuts une immigration de main d’œuvre intermittente avant de devenir à partir des années 60, avec le regroupement familial, une immigration de peuplement. Si les immigrés ont fait le choix de s’installer définitivement dans ce pays, c’est que malgré le racisme et les discriminations qu’ils subissent, ils considèrent globalement la France comme un pays de liberté et de droits, ce qui est loin d’être le cas dans leurs pays d’origine. L’examen du vécu de ces immigrés fait clairement apparaître qu’ils sont surtout soucieux de leur réussite sociale et cherchent par le travail, par les études, etc, à trouver leur place dans la société française. Les revendications des jeunes générations jusqu’aux années 90 portaient essentiellement sur la nécessaire égalité des droits. Aucune demande de nature confessionnelle n’est enregistrée. Pas même des lieux de culte musulman, du fait de la faible pratique religieuse et de sa simplicité (la prière se pratique traditionnellement au domicile). L’irruption de la question de l’islam sur la scène française est donc très récente et coïncide avec l’expansion de l’islamisme, c’est-à-dire l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques. Plus ce phénomène faisait la une de l’actualité internationale, plus la parole islamiste portée ici par quelques individus d’origine moyen-orientale, membres du réseau des « frères musulmans », en encaissait les dividendes. De fait, les « revendications islamiques » en France, ne sont pas une demande sociale de l’immigration mais bien le résultat d’une pression et d’une manipulation étrangères, que la grande majorité des musulmans de France eux-mêmes ne font que subir.
Ensuite, lorsque l’on entend parler de « communauté musulmane », on pourrait naïvement croire qu’il s’agit d’une population formée de citoyens se reconnaissant une identité religieuse et souhaitant vivre tranquillement leur foi, ce qui serait tout à fait légitime. Or, rien n’est moins vrai : L’expression même « communauté musulmane » n’est apparue que très récemment et a été sciemment vulgarisée par les organisations islamistes avant de la récupérer pour les besoins de « faire nombre » afin d’appuyer leurs exigences et de leur conférer un pouvoir de négociation vis-à-vis des autorités françaises. Cette stratégie s’est ensuite trouvée confortée par la création d’un organisme officiel, le CFCM, censé représenter l’islam de France, mais dans lequel se retrouvent des organisations hétéroclites, contrôlées soit par des Etats islamiques étrangers, soit par des réseaux islamistes internationaux et défendant des idéologies et des intérêts qui n’ont rien à voir avec ceux de la France et de ses citoyens. Cet organisme n’a donc en réalité aucune légitimité et il ne saurait être question qu’il délivre ses « fatwas » rétrogrades au nom de tous les musulmans vivant en France qui n’ont rien demandé de tel. On se demande d’ailleurs comment un « imam » étranger, parachuté en France, ne parlant que quelques mots de français (ils sont très nombreux dans ce cas), peut-il prétendre représenter et défendre les droits et les intérêts moraux des jeunes issus de l’immigration ? De plus, les récentes positions de cet organisme, influencées par ses membres les plus radicaux, contre la laïcité, montre clairement qu’il est, comme toutes les organisations islamistes, un instrument au service de l’extension de l’islam en France et non de la défense d’un islam de France, respectueux des libertés et des valeurs de la République.
Concernant l’importance numérique de cette « communauté musulmane », il y a un mensonge « entretenu » qui avance les chiffres fantaisistes de 5 à 6 millions de membres, sans qu’aucun recensement ni évaluation sérieuse n’aient été faits. La réalité, c’est que si l’on considère que la totalité des 4,3 millions d’immigrés (étrangers toutes nationalités confondues et les français par acquisition) sont des musulmans et si l’on y ajoute les enfants nés français de parents originaires de pays musulmans ainsi que les français convertis à l’islam, on atteindrait à peine les chiffres annoncés. Et si en revanche on retranchait à ce nombre les immigrés non musulmans, on tomberait sur moins de la moitié du nombre indiqué. Et sur ce nombre, combien sont seulement de « culture musulmane » mais non pratiquants ? Combien sont laïcs ? Athées ? Agnostiques ? Parmi les pratiquants combien sont-ils à vivre paisiblement leur foi sans bruit et sans ostentation ? En vérité, ce sont ceux-là qui constituent l’écrasante majorité de ce qui est qualifié de « communauté » musulmane. Les islamistes constituent eux, une infime minorité, que la « grande manifestation » du 17 janvier dernier, qui n’a rassemblé que 20000 personnes dans toute la France, a ramenée à sa plus juste proportion.
Par ailleurs, les errements actuels témoignent d’une réelle méconnaissance des composantes et des caractéristiques socio-culturelles de l’immigration non européenne. Concernant les immigrés et les français d’origine nord africaine, la France les considère tous comme étant des « arabes », occultant et amalgamant consciemment ou non, les 50% de berbères qui composent cette immigration. De même, elle estime qu’ils sont tous de confession islamique, leur déniant le droit d’être pluriels dans leurs croyances et de jouir comme les autres citoyens français, de la liberté de conscience. Sans parler de la distinction indispensable à faire entre l’islam délesté de ses dogmes, tolérant, ouvert, laïc, respectueux de la diversité et des libertés individuelles, tel qu’il est conçu par la « majorité silencieuse » et l’islam salafiste (des origines), rigoriste, archaïque et obscurantiste, tel que prôné par les intégristes et qui grâce à l’endoctrinement et à la violence d’une part et au laxisme dont il bénéficie d’autre part, tend à s’imposer comme seule forme « autorisée » de la pratique de l’islam.
On connaît le cas de ces jeunes filles contraintes au port du voile islamique par peur des représailles mais on parle moins de ces enfants notamment d’origine berbère, qui sont sommés dans les cours de récréation, sous peine de brimades et de violences, de taire leur propre identité et de se plier au diktat de la « mode islamique ». L’école elle-même ignore et n’admet pas que l’on puisse s’appeler Mustapha et ne pas être arabe et musulman ! Le voile islamique qui focalise l’attention n’est finalement que la partie visible de « cette violence identitaire » qui profite de l’ignorance, du désarroi et de la déréliction institutionnels.
De même, il est pour le moins incompréhensible que la France n’accorde ses grâces qu’à ceux qui sont entrain de bafouer les valeurs de liberté et de tolérance, tout en les réclamant pour eux-mêmes. Est-ce parce qu’ils savent élever la voix ? Toujours est-il que toute personne autoproclamée « prophète » et maniant la provocation est érigée en interlocuteur écouté et respecté. C’était le cas lorsque, dans une émission de télévision, le ministre de l’intérieur français a demandé son « aide » à un islamiste déclaré, promu pour l’occasion au rang de « représentant » de la « communauté musulmane » de France, tout en sachant qu’il était étranger et surtout affichant des conceptions clairement anti-républicaines et anti-occidentales ! Plus récemment, lors de la manifestation du 17 janvier à Paris, des propos racistes et antisémites ont été proférées par des responsables d’organisations islamistes, en toute impunité. Quel sens reste-t-il dans ces conditions des valeurs de respect, d’équité, de justice ?
La grande majorité de l’immigration, pour qui naturellement « la loi, c’est la loi du pays d’accueil », ne comprend pas les tergiversations et les états d’âme actuels de la France face aux attaques portées à ses fondements. Le comportement des islamistes est arrogant, souvent choquant et attentatoire à la liberté des autres. A l’école plus qu’ailleurs, cela est inacceptable. Dans ce contexte, ce serait moins une loi supplémentaire qu’il nous faudrait qu’un peu de courage politique et d’autorité afin de préserver les acquis républicains. Mais si l’instrument législatif devait rassurer et redonner confiance notamment aux professeurs dans leur difficile mission de défense de la neutralité de l’école, alors la loi sera utile.
Belkacem LOUNES Universitaire janvier 2004
Le texte ci-dessous signé a été proposé par deux fois au journal Le Monde, en décembre 2003 et en janvier 2004, pour la rubrique "Opinions" mais il n’a jamais été publié.
Est-ce parce qu’il n’est pas suffisamment "politiquement correct" pour Le Monde ? Une chose est sûre, c’est que ce journal n’entend pas laisser la liberté de parole aux berbères, qui comptent pourtant parmi ses plus grands lecteurs.
Nous vous encourageons à protester contre cette discrimination en écrivant aux principaux responsables de ce journal :
- colombani@lemonde.fr
- plenel@lemonde.fr
- bernard@lemonde.fr
------------------------------
Sans amalgames
Dans le débat sur la laïcité, certaines approximations, les amalgames et parfois le sentiment de culpabilité, se conjuguent pour semer le doute et les hésitations, exploités sans vergogne par des organisations islamistes opportunistes dont l’agitation ostentatoire fait objectivement campagne au profit de l’extrême droite. Dans ce contexte confus, d’autres éclairages peuvent s’avérer utiles.
L’immigration nord africaine en France plus que centenaire aujourd’hui, était à ses débuts une immigration de main d’œuvre intermittente avant de devenir à partir des années 60, avec le regroupement familial, une immigration de peuplement. Si les immigrés ont fait le choix de s’installer définitivement dans ce pays, c’est que malgré le racisme et les discriminations qu’ils subissent, ils considèrent globalement la France comme un pays de liberté et de droits, ce qui est loin d’être le cas dans leurs pays d’origine. L’examen du vécu de ces immigrés fait clairement apparaître qu’ils sont surtout soucieux de leur réussite sociale et cherchent par le travail, par les études, etc, à trouver leur place dans la société française. Les revendications des jeunes générations jusqu’aux années 90 portaient essentiellement sur la nécessaire égalité des droits. Aucune demande de nature confessionnelle n’est enregistrée. Pas même des lieux de culte musulman, du fait de la faible pratique religieuse et de sa simplicité (la prière se pratique traditionnellement au domicile). L’irruption de la question de l’islam sur la scène française est donc très récente et coïncide avec l’expansion de l’islamisme, c’est-à-dire l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques. Plus ce phénomène faisait la une de l’actualité internationale, plus la parole islamiste portée ici par quelques individus d’origine moyen-orientale, membres du réseau des « frères musulmans », en encaissait les dividendes. De fait, les « revendications islamiques » en France, ne sont pas une demande sociale de l’immigration mais bien le résultat d’une pression et d’une manipulation étrangères, que la grande majorité des musulmans de France eux-mêmes ne font que subir.
Ensuite, lorsque l’on entend parler de « communauté musulmane », on pourrait naïvement croire qu’il s’agit d’une population formée de citoyens se reconnaissant une identité religieuse et souhaitant vivre tranquillement leur foi, ce qui serait tout à fait légitime. Or, rien n’est moins vrai : L’expression même « communauté musulmane » n’est apparue que très récemment et a été sciemment vulgarisée par les organisations islamistes avant de la récupérer pour les besoins de « faire nombre » afin d’appuyer leurs exigences et de leur conférer un pouvoir de négociation vis-à-vis des autorités françaises. Cette stratégie s’est ensuite trouvée confortée par la création d’un organisme officiel, le CFCM, censé représenter l’islam de France, mais dans lequel se retrouvent des organisations hétéroclites, contrôlées soit par des Etats islamiques étrangers, soit par des réseaux islamistes internationaux et défendant des idéologies et des intérêts qui n’ont rien à voir avec ceux de la France et de ses citoyens. Cet organisme n’a donc en réalité aucune légitimité et il ne saurait être question qu’il délivre ses « fatwas » rétrogrades au nom de tous les musulmans vivant en France qui n’ont rien demandé de tel. On se demande d’ailleurs comment un « imam » étranger, parachuté en France, ne parlant que quelques mots de français (ils sont très nombreux dans ce cas), peut-il prétendre représenter et défendre les droits et les intérêts moraux des jeunes issus de l’immigration ? De plus, les récentes positions de cet organisme, influencées par ses membres les plus radicaux, contre la laïcité, montre clairement qu’il est, comme toutes les organisations islamistes, un instrument au service de l’extension de l’islam en France et non de la défense d’un islam de France, respectueux des libertés et des valeurs de la République.
Concernant l’importance numérique de cette « communauté musulmane », il y a un mensonge « entretenu » qui avance les chiffres fantaisistes de 5 à 6 millions de membres, sans qu’aucun recensement ni évaluation sérieuse n’aient été faits. La réalité, c’est que si l’on considère que la totalité des 4,3 millions d’immigrés (étrangers toutes nationalités confondues et les français par acquisition) sont des musulmans et si l’on y ajoute les enfants nés français de parents originaires de pays musulmans ainsi que les français convertis à l’islam, on atteindrait à peine les chiffres annoncés. Et si en revanche on retranchait à ce nombre les immigrés non musulmans, on tomberait sur moins de la moitié du nombre indiqué. Et sur ce nombre, combien sont seulement de « culture musulmane » mais non pratiquants ? Combien sont laïcs ? Athées ? Agnostiques ? Parmi les pratiquants combien sont-ils à vivre paisiblement leur foi sans bruit et sans ostentation ? En vérité, ce sont ceux-là qui constituent l’écrasante majorité de ce qui est qualifié de « communauté » musulmane. Les islamistes constituent eux, une infime minorité, que la « grande manifestation » du 17 janvier dernier, qui n’a rassemblé que 20000 personnes dans toute la France, a ramenée à sa plus juste proportion.
Par ailleurs, les errements actuels témoignent d’une réelle méconnaissance des composantes et des caractéristiques socio-culturelles de l’immigration non européenne. Concernant les immigrés et les français d’origine nord africaine, la France les considère tous comme étant des « arabes », occultant et amalgamant consciemment ou non, les 50% de berbères qui composent cette immigration. De même, elle estime qu’ils sont tous de confession islamique, leur déniant le droit d’être pluriels dans leurs croyances et de jouir comme les autres citoyens français, de la liberté de conscience. Sans parler de la distinction indispensable à faire entre l’islam délesté de ses dogmes, tolérant, ouvert, laïc, respectueux de la diversité et des libertés individuelles, tel qu’il est conçu par la « majorité silencieuse » et l’islam salafiste (des origines), rigoriste, archaïque et obscurantiste, tel que prôné par les intégristes et qui grâce à l’endoctrinement et à la violence d’une part et au laxisme dont il bénéficie d’autre part, tend à s’imposer comme seule forme « autorisée » de la pratique de l’islam.
On connaît le cas de ces jeunes filles contraintes au port du voile islamique par peur des représailles mais on parle moins de ces enfants notamment d’origine berbère, qui sont sommés dans les cours de récréation, sous peine de brimades et de violences, de taire leur propre identité et de se plier au diktat de la « mode islamique ». L’école elle-même ignore et n’admet pas que l’on puisse s’appeler Mustapha et ne pas être arabe et musulman ! Le voile islamique qui focalise l’attention n’est finalement que la partie visible de « cette violence identitaire » qui profite de l’ignorance, du désarroi et de la déréliction institutionnels.
De même, il est pour le moins incompréhensible que la France n’accorde ses grâces qu’à ceux qui sont entrain de bafouer les valeurs de liberté et de tolérance, tout en les réclamant pour eux-mêmes. Est-ce parce qu’ils savent élever la voix ? Toujours est-il que toute personne autoproclamée « prophète » et maniant la provocation est érigée en interlocuteur écouté et respecté. C’était le cas lorsque, dans une émission de télévision, le ministre de l’intérieur français a demandé son « aide » à un islamiste déclaré, promu pour l’occasion au rang de « représentant » de la « communauté musulmane » de France, tout en sachant qu’il était étranger et surtout affichant des conceptions clairement anti-républicaines et anti-occidentales ! Plus récemment, lors de la manifestation du 17 janvier à Paris, des propos racistes et antisémites ont été proférées par des responsables d’organisations islamistes, en toute impunité. Quel sens reste-t-il dans ces conditions des valeurs de respect, d’équité, de justice ?
La grande majorité de l’immigration, pour qui naturellement « la loi, c’est la loi du pays d’accueil », ne comprend pas les tergiversations et les états d’âme actuels de la France face aux attaques portées à ses fondements. Le comportement des islamistes est arrogant, souvent choquant et attentatoire à la liberté des autres. A l’école plus qu’ailleurs, cela est inacceptable. Dans ce contexte, ce serait moins une loi supplémentaire qu’il nous faudrait qu’un peu de courage politique et d’autorité afin de préserver les acquis républicains. Mais si l’instrument législatif devait rassurer et redonner confiance notamment aux professeurs dans leur difficile mission de défense de la neutralité de l’école, alors la loi sera utile.
Belkacem LOUNES Universitaire janvier 2004