Lettre de protestation d'un poète amazigh contre les Poètes du Monde

imal

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Lettre de protestation d'un poète amazigh contre les Poètes du Monde



Messieurs les responsables de Poètes du Monde,


Ali Kheddaoui
C'est avec un réel plaisir que j'ai décidé de m'associer à votre organisation.
Mais c'est avec consternation que j'ai vu que mon nom se trouve dans la rubrique "Monde Arabe". En effet, je considère que cette appellation, surtout son adjectif "arabe" qui renvoie à une ethnie bien connue, est une expression raciste qui exclut toutes les autres langues, cultures et civilisation qui vivent sur la surface géographique que recouvre cette appellation fallacieuse. Parmi ces langues, cultures et civilisations, la langue, la culture et la civilisation amazighes (berbère) d’Afrique du Nord et du Sahara Septentrional. J’appartiens de naissance à cette civilisation et j’ai pris sur moi- comme beaucoup d’autres- d’en défendre le droit de continuer à exister justement contre l'apartheid arabe, négateur des particularismes et de la pluralité. En effet, le projet des régimes « arabes » en place en Afrique du Nord, c’est l’arabisation totale des populations amazighes, donc la disparition culturelle et identitaire des populations autochtones de cette partie du monde.

En entérinant cette appellation, vous vous rendez complices d’un génocide culturel réel, ce qui contredit amplement votre « Manifeste Universel » qui commence ainsi : « Poètes du monde, l’heure est venue d’unir nos forces pour assurer la continuité de la vie ».

C'est d'ailleurs pour la même raison que j'ai du boycotter le premier Festival International de Poésie de Paris (voir le message où Mer Tetelbom -l’organisateur du Festival- me demande de représenter "le monde arabe" à la tribune du Sénat !!! ce que j’ai évidemment refusé).

Par conséquent, si vous tenez vraiment à contribuer à la paix, condition de la continuité de la vie, je vous propose de créer une autre rubrique qui se réfère à la géographie et non à une ethnie quelconque: l'Afrique du Nord, où poètes arabes et amazighes auraient leur place respective, où ils pourraient contribuer ensemble, à désamorcer la bombe que les théoriciens de l’arabisme négateur ont mise en place, et qui pourrait exploser à tout moment.

Dans le cas où il vous serait impossible de répondre favorablement à cette demande combien légitime, je vous prie- avec regret- de supprimer mon nom de la liste des poètes marocains de la rubrique "monde arabe", un monde qui n'existe que dans l'imagination des théoriciens de l'arabisme et de ses adeptes, une idéologie raciste et sanguinaire dont les Kurdes, les amazighes et autres ethnies (Darfour) n’ont cessé de faire les frais depuis des siècles.

Poétiquement votre.
Ali khadaoui



Message de Mer Tetelbom :



From: yvan.tetelbom@wanadoo.fr
To: alikhadaoui@hotmail.com
Subject:
Date: Sun, 2 Sep 2007 17:36:32 +0200
monsieur

mon message qui vous avait ete adresse est revenu
c 'est pourquoi je vous réécris
je voudrais vous faire une proposition
être parmi ceux qui seront à la triubune lors du débat au sénat
et vous representeriez le monde arabe
j'attends de vous un propos sur la paix et repondre aux questions des poètes invités

merci de votre prompte reponse car c est très urgent
sincèrement
yvan tetelbom

Auteur : Ali khadaoui

source : www.amazighworld.org
 
Re : Lettre de protestation d'un poète amazigh contre les Poètes du Monde

Réponse de "poétes du monde"

Cher Poète Ali Khadaoui,
Tout d'abord je veux exprimer ma surprise de vos propos car c'est la première fois que j'entends dire une chose pareille, je veux que vous sachiez que je ne suis pas raciste, bien au contraire, je defends le droit à la vie pour toutes les races dans le monde, et bien sur, en justice et égalité.
Moi, je suis du Chili (Amérique du Sud), c'est à dire, je vis très loin de cuez vous et je ne comprends pas très bien ce que vous me dites.
Autre chose, les pays arabes sont repartis entre l'Afrique et l'Asie et c'est à la demande des poètes arabes que nous avons crée un section "Arabe" et on m'a demandé de la appeller "monde arabe". J'ai toujours pensé que le Maroc est un pays arabe et lorsque vous avez remplis le formulaire d'inscription pour adherer à Poètes du Monde vous avez bien marqué comme nationalité "Marruecos".
Enfin, je regrette beaucoup que vous aillez pris les choses comme ça.
Il y a une poète vasque qui ne voulait pas être consideré comme espagnole, et puisque le pays vasque n'existe pas dans notre liste de pays, alors je lui ai proposé de marque bien au desous de son nom (pays vasque) maintenant elle est notre representante du pays vasque.
Au Chili nous avons des problèmes ethniques avec les peuples originaires, par exemple le peuple mapuche, alors ils ont un representant pour ce peuple qui subit des injustices depuis 5 siècles, d'abord par les espagnols et maintenant par les chiliens (je suis chilien et je soutien la lutte des mapuches).
Vous pourriez être le representant du peuple amazighe, telle que notre poète Eukene Lizeaga Tamayo
[Cónsul - País Vasco] l'est pour le pays vasque.
Je vous laisse reflechir sur cette question et je reste à votre disposition pour vous rependre à d'autres questions, et si vous êtes toujours decidé à nous quitter, je ferai ce que vous me demandez: supprimer votre nom de las liste des poètes marocains.
En espérant que vous resterez parmi notre famille mondiale de poètes pour la paix et la vie, et le droit à exister de tous les peuples, je vous prie d'agréer, Cher Poète Ali Khadaoui, toute mon admiration et amitié.


luis arias manzo
Fondateur et Secrétaire Général
Movimiento Poetas del Mundo
 
Re : Lettre de protestation d'un poète amazigh contre les Poètes du Monde

Reponse de m .Mer Tetelboom

cher monsieur

je vous remercie de votre message franc et c 'est ainsi que nous pouvons dénouer les mauvaises interprétations,
je vous demande juste de m'écouter :

premièrement : j'avais demandé à Mr Kadhaoui de venir representer la poesie amazigh dans une très grande bibliothèque à Paris en ouverture du festival / il ne s 'était pas désisté/ nous l'attendions donc / toutes les publicités programmes radio televisions parlaient de lui/ nous cherchions et avions trouvé même de quoi le loger pour lui éviter des frais/ il n'est jamais venu / en tant qu'organisateur cela a été une humiliation / je n'avais jamais connu cela auparavant
il n'avait pas manqué en amont de faire sa publicité dans tous supports médias (interroger coogle en inscrivant son nom et le festival international de la poésie à paris)

quelques semaines précédent, il m'avait même mis en garde contre l'officiel institut amazigh du Maroc en ce qu'il lui parraissait non apte à assurer efficacement la révolte amazigh
c 'est pour cela que finalement je ne leur avais pas dit de venir à paris comme ils s'y étaient proposés/ je le regrette aujourd'hui


deuxiemement : si effectivement je l'avais invité à representer le monde arabe au sénat de la république française et qu'il semblait réticent à juste titre j'avais rectifié le tir en lui proposant de parler surtout de ce probleme amazigh et de se saisir de cette magnifique opportunité pour dire à la face du monde la défense justifiée du peuple amazigh et ce en totale liberté/ comme je l'avais proposé à Malika Mezzane son amie dont je dois l'idée de faire cette rencontre autour de la poesie amazigh et qui ne m'a plus jamais donné signe de vie,

occasion ratée car il y avait de nombreux ambassadeurs de differents pays et la representante de l'Unesco

j'avais donc rassuré Mr Khadaoui et il avait été d'accord

je ne connais pas les veritables raisons qui l'ont EMPECHE de se rendre à paris
c 'est son affaire, son histoire, son mystère, ses non dits

sachez tout de même qu'il ne s'est même pas, à l'heure d'aujourd'hui, excusé de son absence auprès de moi et de l'organisation de ce festival
en tout cas je n'ai rien reçu de ce monsieur dont je louais avant la personnalité, la grande culture,

croyez cher monsieur que tous mes efforts pour parler à visage découvert sans peur de quiconque, de ce problème amazigh a été fait
je portais ainsi ma contribution efficace à ce vaste problème géo -politique qui est au coeur de ma refléxion depuis toujours car je le rappelle bien que juif, je suis surtout un enfant de ce peuple, né à Azzefoun en plein coeur de la kabylie/ d'ailleurs l'AFP algérienne ne s'y est pas trompé puisque toutes la presse et la télévision algérienne on relaté, transmis l'événement qui a dépassé les frontières mêrmes du Maghreb/ mon village de naissance a fêté en grandes pompes l'évènement car je devenais leur ambassadeur
voir http://www.xakis.com/poetesaparis

quant à Poètes du Monde, je pense qu'il s'agit là d'une grande mystification manipulatrice aux intérêts multiples
cela ne tardera pas à être vérifiée

je souhaite votre réfléxion

très sincèrement
yvan tetelbom

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Réponse de ali khadaoui
à Monsieur Yvan Tetelbom, Organisateur du 1er Festival International de Paris


Monsieur,
Dans votre réponse à la lettre de protestation de Monsieur Stan Idelsen, vous faites allusion à mon absence du Festival de Paris dans des termes qui, non seulement prêtent à confusion, mais qui sont contradictoires et frôlent même le mensonge, ce qui m’oblige à vous répondre pour dissiper toute ambiguité.
Par respect pour vous et tous les autres poètes présents à ce Festival, malgré votre affront, je m’étais abstenu de toute déclaration ou commentaire quant à mon absence de votre Festival.
Sachez aussi que la correspondance que j’ai échangée avec vous est là comme preuve de tout ce que j’avance dans cette réponse qui sera à la hauteur de vos propos.
1- Ce n’est pas vous qui m’avez invité, c’est moi qui me suis porté candidat à la participation à ce Festival, à la suite de votre annonce publicitaire. Je vous ai envoyé ma cotisation comme tout le monde, j’ai accepté de prendre tous les frais à ma charge et j’ai effectué toutes les démarches jusqu’à l’obtention du visa.
Et c’est en ma qualité de poète amazighe que je l’ai fait, après des consultations avec Malika Mezzane et d’autres poètes amazighes. Comme vous l’aviez demandé, je vous avais envoyé des poèmes en langue amazighe traduits en français, et aussi des poèmes en langue française.

Contrairement à ce que vous avancez, je n’ai jamais- et je vous somme de prouver le contraire- fait quoique ce soit pour me faire de la publicité dans aucun support médias comme vous le dites. Moi aussi j’ai été surpris de voir mon nom partout dans Google. Plus grave, il y a même une publicité qui dit « achetez du Khadaoui » alors que je n’ai rien à vendre. Dans ce sens, j’en appelle à vous comme à tous ceux et toutes celles qui pourraient m’aider à intenter un proçès à ceux qui ont usurpé mon nom pour faire cette publicité. Ce dont je suis sûr, c’est que votre Festival y est pour quelque chose. Sachez Monsieur que je n’ai pas besoin de publicité et que la cause amazighe n’est pas à vendre pour l’or du monde.

2- Au sujet du Festival, nous avons, pendant des mois, échangé énormément d’idées, d’opinions, et vous ne pouvez pas nier l’aide que je vous ai apporté dans la conception de cette entreprise à laquelle je tenais énormément car j’y voyais une tribune pour la cause amazighe. Même que vous m’avez emprunté après avoir eu mon accord, la devise du Festival : « Poésie et paix à Paris » ou quelque chose comme ça.
Vous confirmez vous-même que je vous ai dissuadé d’impliquer l’IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazigh) dans ce Festival, mais vous ne dites pas avec quels arguments je vous ai convainvu, car tout le monde verrait alors la contradiction ! Je vous rappelle que la discussion que nous avions au sujet de cet Institut a eu lieu à la suite de l’apparition de votre première fiche de publicité, où mon nom était immédiatement suivi de : « avec la participation de l’IRCAM »! Vous saviez pourtant par mon CW que je suis un ancien membre démissionnaire du Conseil d’Administration de cet Institut, en signe de protestation contre la politique anti- amazighe du Gouvernement marocain, je vous avais tout expliqué à l’époque. Comment voulez-vous alors que je puisse démissionner de cet Institut et me retrouver face à face avec ses représentants dans votre Festival ? De plus, vous avez placé votre Festival sous le signe de « l’indépendance » des institutions oficielles, et je vous avais simplement rappelé votre propre engagement car l’IRCAM est une institution comme vous dites « très officielle». Je vous avais également dit de bonne foi que si vous mainteniez la participation de cet Institut, je serais non seulement absent du Festival, mais que vous auriez aussi sur le dos une cinquantaine d’associations amazighes qui vous reprocheraient cette affront.
Vous regrettez aujourd’hui de m’avoir écouté au sujet de la participation de l’IRCAM au Festival, et cela en dit long sur vos intentions réelles à l’égard de l’amazighité dont vous parlez avec dédain quand vous dites que « l’IRCAM lui paraissait -allusion à moi- non apte à assurer efficacement la révolte amazigh ».

3-Vous reconnaissez m’avoir proposé de représenter « le monde arabe » à la tribune du Sénat, et vous m’avez demandé de tenir des propos sur la paix (voir votre message ) et vous me dites que c’est très urgent afin de me pièger.

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From:yvan.tetelbom@wanadoo.fr
To:alikhadaoui@hotmail.com
Subject:
Date: Sun, 2 Sep 2007 17:36:32 +0200
monsieur

mon message qui vous avait ete adresse est revenu
c 'est pourquoi je vous réécris
je voudrais vous faire une proposition
être parmi ceux qui seront à la triubune lors du débat au sénat
et vous representeriez le monde arabe
j'attends de vous un propos sur la paix et repondre aux questions des poètes invités
merci de votre prompte reponse car c est très urgent
sincèrement
yvan tetelbom

Voici ma réponse à votre proposition, ce qui permettra aux lecteurs de se faire une idée de ce ali khadaoui, poète que vous avez essayé de discréditer en le dépeignant comme un révolté écervelé, même si « vous avez loué avant sa personnalité et sa grande culture ». Vous ne vous êtes pas posé la question de savoir si la personnalité et une grande culture peuvent disparaître comme ça d’un seul coup ? Soyez honnête avec vous-même.

RE: ‏
De : ali khadaoui (alikhadaoui@hotmail.com)
Envoyé : dim. 02/09/07 16:05
À : yvan.tetelbom (yvan.tetelbom@wanadoo.fr

Désolé pour le premier message que je n'ai pas eu.

Pour votre proposition, il me sera difficile de représenter le "monde arabe" auquel je n'appartiens nullement et que je ne reconnais pas comme entité légale car cette appellation raciale nie l'existence des autres cultures et identités dont la mienne: la civilisation amazighe.
Je voudrais bien accepter votre proposition si vous trouviez une autre appellation qui conviendrait mieux à une réalité multiculturelle qui engloberait le "monde arabe". Par exemple, une appellation géographique du type "Afrique du Nord-Proche Orient" ou "Méditerranée" nous éviterait les critiques des cultures autres qu'arabe.
Bien à vous

ali khadaoui
La sagesse de cette réponse ne contredit-elle pas la teneur de vos insinuations?

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Maintenant, Monsieur Tetelbom, revenons à ce qui s’est passé à Paris lors de cette grande arnaque que vous avez montée et que je vais démystifier d’expliquer aux lecteurs qui comprendront mieux que vous pourquoi j’a boycotté votre Festival.
Celle par exemple où, pour des raisons politiques évidentes, vous avez poussé Poètes du Monde à la porte, votre partenaire du début, à cause de la visite du Secrétaire Général de cette organisation à l’Iran ! A cette époque, je n’avais pas compris car vous ne m’aviez jamais dit que vous étiez juif, chose que j’apprends dans votre réponse à Monsieur Stan.Vous m’aviez seulement dit que vous aviez la langue amazighe Kabyle comme langue mère. C’est pour cela que je vous avais fait confiance et vous avais tout raconté. Confiance que vous trahissez aujourd’hui en dévoilant des conversations qui auraient du rester confidentielles. Il est clair maintenant que votre objectif- louable en soi- n’était pas ce que vous aviez avancé, mais une entreprise politique qui entre dans le cadre du dialogue israélo-arabe- entreprise que j’aurais soutenue, mais qui aurait du être explicite- d’où votre proposition à ce que je parle au nom de ce « monde arabe » où l’amazighité n’a pas d’existence.
Quelle ingratitude à l’égard de cette Kabylie dont vous dites être l’ambassadeur, comme s’il n y avait plus de Kabyles ou d’amazighs au monde.
Quelle ingratitude à l’égard de cette amazighité qui est fière d’avoir accueilli les juifs pendant plus de trois mille ans, avec cette hospitalité légendaire qui est la sienne, et dans le respect total de leur religion, à tel point même que presque tous les imazighens avaient embrassé le judaïsme, comme en témoignent encore les noms des tribus amazighes en Afrique du Nord: ait Mosusa (ceux de Moise), ait Hudi (ceux de hudi), ait Ishaq (ceux d’Isaac), ait ichou, ait Yâkoub (ceux de Jacob), etc.
Cette part importante de judaité de notre héritage, nous la revendiquons en tant que Mouvement Amazighe, ce qui nous vaut les foudres des arabistes qui nous accusent d’être à la solde des israeliens et des américains, alors que ces derniers ignorent superbement les souffrances du peuple amazighe sur sa propre terre, ce dont vous, juifs justement, êtes les témoins les plus oculaires, mais des témoins qui ne veulent surtout pas parler pour ne pas s’attirer la colère des arabes, une autre de plus, ce que je peux comprendre jusqu’à un certain point, car il s’agit du meurtre de toute une civilisation. Au diable donc ces barbares de berbères, et qui n’ont même pas la main mise sur leur pétrole. C’est un appel à l’aide que je lance ici au peuple juif et américain, car mon peuple est en passe de perdre complètement ce qui lui reste comme signes d’identification : sa langue et sa culture à cause de l’arabisation -justement soutenue par l’UNESCO et par la France du Président Sarkozy- une arabisation retenue et programmée par tous les Etats d’Afrique du Nord comme rançon à verser à l’unité arabe du Golfe à l’Océan Atlantique.
Et vous vous étonnez encore de mon absence à votre Festival en parlant de raisons mystérieuses? Ou bien vous insultez encore une fois mon intelligence, ou bien vous êtes sincère, et dans ce cas je plains votre naiveté, ce qui m’étonnerait.

Ces rappels, c’est pour lever tout amalgame d’antisémitisme ou autre mauvaise interprétation à l’égard du peuple juif frère. Malheureusement, et à cause de personnes comme vous Monsieur Tetelbom, intentionnellemnt ou non, cette fraternité judéo-amazighe forgée le long de siècles de coexistence par nos ancêtres commun, n’est pas encore mise en valeur dans les rencontres internationales de ce genre, parce que les arabes veillent et pèsent de tous leurs pétrodollars afin que toute voix de l’amazighité soit étouffée, croyez-moi, j’en ai fait l’expérience à plusieurs reprises.
Oui, vous avez raison de dire que l’amazighité a raté une bonne occasion pour se faire entendre. Mais c’est vous le responsable de cette exclusion de l’amazighité du Festival, car elle n’était pas dans vos objectifs, en tous cas pas dans les objectifs de ceux qui sont derrière cette rencontre qui sent les pétrodollars. Autrement, comment expliquez-vous votre demande à un poète amazighe de représenter « le Monde arabe ? » J’ai pensé un moment vous prendre au mot, venir jusqu’au Sénat français et parler au nom de la cause amazighe. Mais cette valeur ne m’a pas été inculquée par mon éducation amazighe. Je ne regrette pas d’avoir boycotté votre Festival, surtout après avoir lu vos propos mesquins, dans un français qui en dit long sur votre culture de bas étage.
Monsieur
L’UNESCO dont vous parlez comme si c’était l’ange Gabriel, connaît le combat amazighe pour le recouvrement de ses droits. Mais, déjà, cette organisation s’est discréditée en honorant un raciste anti-amazighe notoire, Mer Al Jabri, l’un des théoriciens du Baâthisme, l’idéologie au nom de laquelle Saddam Hussein a gazé les Kurdes et avait demandé au gouvernement marocain de l’époque, de faire de même avec ses berbères ! L’unesco n’a jamais présenté ses excuses aux imazighen, ni même expliqué son geste, ni même répondu aux centaines de signataires protestant contre cet hommage contraire aux idéaux même de cette organisation. Bien sûr, il est apparu que des personnalités marocaines arabistes occupent des postes très important dans cette organisation, et que c’est elles qui étaient derrière une telle bavure de l’UNESCO. Mais le pire est à craindre : on murmure déjà le nom du futur Président(Présidente) de cette organisation, et qui ne serait autre que l’une des personnes impliquées dans l’hommage rendu à un raciste et génocidaire culturel bien connu et surtout au Proche Orient dont il a clamé l’origine.
Quant aux autres participants du Festival -ambassadeurs compris-, par votre faute également, ils ont raté l’occasion d’écouter un autre discours que ce qu’on sert habituellement de manière « officielle » dans de telles rencontres, et qui n’a servi à rien jusqu’ici. Ils auraient pu entendre et voir comment la culture amazighe a pu faire coexister animisme, judaisme, christianisme et Islam pendant des centaines d’années, dans un dialogue des cultures d’une extraordinaire tolérance! Cette coexistence a continué -et continue toujours avec moins d’ampleur- Jusqu’en 1967, où le conflit israelo-arabe justement, exploité par le baâthisme nasserien de l’époque, et les inégristes arabo-islamistes d’aujourd’hui, est arrivé jusqu’à nous, et depuis fait des ravages qu’on connaît en Afrique du Nord et dans le monde.
Monsieur Tetelbom
Vous avancez que vous aviez rectifié le tir en me proposant de venir parler de la cause amazighe. Je vous somme d’apporter la preuve de ce que vous dites. En tous cas, je n’ai jamais reçu de message où une telle proposition m’est faite. Mais, de lui-même, le lecteur pourra tirer la conclusion logique qui s’impose: l’organisation de ce Festival a pris des mois. Le programme était déjà en place, imprimé, publié sur tous les sites du monde. Montrez-nous alors le Programme du Festival, avec « ali khadaoui et la question amazighe » ou au moins quelque chose comme ça. Mon nom n’apparaît que pour dire la poésie amazighe à la bibliothèque. Quant au Sénat, il n’a été question que du « Monde arabe », Ce que je considère toujours comme une insulte de vous, Monsieur Tetelbom, à tout le peuple amazighe que vous prétendez représenter, dans une tentative d’attirer la sympathie des frères Kabyles qui ne pourront pas s’y tromper.
Après tout cet affront fait à l’amazighité et non à ma petite personne dont je ne me soucie guère, vous vous attendiez, Monsieur Tetelbom, à des excuses de ma part! Quel culot! Et vous parlez des raisons qui m’ont empêché de me rendre à Paris, de mon mystère, de mes non-dits. Maintenant vous êtes servi. Mais avec l’esprit de justice et d’équité qui animent la culture amazighe. Car tout ce que je dis, je suis prêt à le prouver et à fournir des témoins oculaires qui ont suivi avec moi, pas à pas, le cheminement de cette histoire de participation jusqu’à la décision du boycott qui, vous l’ignorez, Monsieur tetelbom, a été prise après une large consultation des militants amazighes amis dont je fournirai les noms au besoin. Car le boycott était une décision qui concernait l’amazighité, et non ali khadaoui. Il était donc nécessaire qu’elle soit prise non par l’individu fut-il poète mais par les militants. Cela s’appelle de la discipline sans laquelle, rien ne peut être construit. Cette discipline, Monsieur Tetelbom, je l’ai acquise par plus de trente ans de militantisme sur trois fronts à la fois : artistique, militants et scientifique. Car comme le dit si bien Monsieur Salem Chaker dans « Berbères aujourd’hui », un militant-chercheur Kabyle justement, « C’est qu’être amazighe aujourd’hui et vouloir le rester, est nécessairement un acte militant, culturel, éventuellement scientifique, toujours politique ».
Ce militantisme Monsieur Tetelbom, m’a aussi appris à ne jamais entreprendre aucune action qui pourrait nuire à une cause que j’ai mise au dessus de tout, à commencer par moi-même et son égo. Si j’avais la certitude que ma présence à votre Festival pouvait avoir rien qu’un petit plus pour ma cause, je serais venu à pieds s’il le fallait. Mais demander à un militant de la cause amazighe, même sous le couvert de la poésie de parler au nom d’un monde qui l’opprime, contre lequel ce militant se bat avec des armes combien inégales, c’est quoi au juste d’après vous, une telle posture? Pour moi, et je m’excuse d’avance auprès des lecteurs pour les termes que je vais employer : c’est de la prostitution politique !
Sachez, Monsieur, qu’aucun amazigh qui se respecte, ne peut jamais faire une chose pareille. Il est certain, Monsieur, que vous ignorez jusqu’à la moindre parcelle de l’histoire des imazighen que vous voulez représenter, aussi bien l’ancienne que la récente, autrement, vous auriez su quels sacrifices les fils de Massinissa, de Thiya, de Yuguerten , de Abdelkader, de Lounès Matoub, de Moha Ouhammou Azayi (mon compatriote tribal), Abdelkrim Al khattabi, Assou Obaslam, Zaid Ouhmad, Ali Azayko, Mohamed Bahri et tant d’autres, sans oublier les milliers si ce n’est les millions de martyrs anonymes morts sur le front d’honneur et la liberté contre tous les colonialismes successifs sur Tamazgha.
C’est l’âme de ces combattants de la liberté et de la dignité que nous honorons par notre combat pour les droits amazighes sur la terre de leurs ançêtres. Et quiconque porte atteinte d’une manière ou d’une autre à cette cause, à cette mémoire, trahit ces martyrs et leur sacrifice.
Ce sont des valeurs universelles comme la liberté, la tolérance, la démocratie, la citoyenneté que nous défendons comme les défendent partout ailleurs les démocrates et les hommes épris de paix et d’égalité entre les cultures et les hommes, auxquels je lance un appel au secours et l’aide d’une belle civilisation en péril. Ce qui est loin d’être le cas de nos derniers colonisateurs dont vous m’avez demandé d’être le représentant.
Que Dieu vous pardonne, Monsieur Tetelbom, car moi, ali khadaoui, au nom de la cause amazighe, au nom de l’histoire commune, je vous ai déjà pardonné.

Poétiquement votre. Et sans rancune aucune.
Kénitra le 10-11-2007
Ali khadaoui
Poète, militant et chercheur amazighe
tel : 068015190
alikhadaoui@hotmail.com

NB : Je demeure à votre disposition pour un dialogue constructif, franc et honnête car je n’ai ni le temps ni l’esprit de la polémique.
 
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