lettre CMA à Kouchner
Paris, le 14 juin 2007
M. Bernard Kouchner
Ministre des Affaires Etrangères
37, Quai d’Orsay
75007 Paris
Monsieur Le Ministre,
C’est en ma qualité de président du Congrès Mondial Amazigh (ONG de défense des droits du peuple amazigh), que j’aimerais attirer votre attention sur la grave situation qui prévaut dans les régions touarègues du nord du Niger, théâtre depuis février 2007, d’un conflit violent qui oppose les forces gouvernementales à une rébellion armée menée par le Mouvement des nigériens pour la justice (MNJ). Cette nouvelle rébellion est provoquée par le même constat qui avait déjà soulevé les populations touarègues dans les années 1990 et en 2004 : le non respect des accords conclus pour mettre fin aux révoltes répétées et tenter de remédier à la situation flagrante de paupérisation et de marginalisation des populations qui assistent impuissantes, à la spoliation des ressources naturelles de leurs territoires et la répression injuste d’une noble cause.
Comme vous le savez peut-être, le gouvernement du Niger a privilégié l’option militaire sur toute recherche de dialogue avec les responsable du MNJ. Et les actions menées par les troupes gouvernementales contre les positions des combattants du MNJ prennent des personnes touarègues civiles et innocentes dans une spirale qui ne peut que conforter le sentiment d’injustice et dégénérer en guerre civile.
D’après nos informations, le chef de l’Etat nigérien, M. Mamadou Tandja, a entrepris une démarche auprès du gouvernement français, afin de lui demander d’étendre au nord-Niger, la couverture du dispositif militaire français "Epervier" basé au Tchad. Cela signifierait que le gouvernement nigérien maintient son choix de la force comme seule solution à ce conflit. Par ailleurs, le besoin de protéger les installations de l’entreprise française Areva à Arlit n’est sans doute pas étrangère à cette décision de solliciter l’aide de la France.
A ce sujet il convient de préciser que les populations touarègues ne s’opposent pas à ce qu’Areva, qui exploite depuis 30 ans les gisements d’uranium qui se trouvent sur leurs territoires, poursuive l’extraction du minerai. Mais il n’est pas acceptable qu’Areva ne laisse aux populations locales que ses rejets hautement radioactifs qui détruisent les hommes et leur environnement.
En conséquence, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) attire votre attention, M. Le Ministre, sur les préoccupations suivantes :
Si la France entend jouer un rôle dans une résolution équitable et durable du conflit, une consultation préalable à toute intervention avec les deux parties en conflit et l’accord des deux parties nous semblent nécessaires,
Le cadre et la nature de l’intervention française devraient à notre sens se limiter à des actions et activités strictement humanitaires,
Les multiples appels lancés par les populations touarègues à l’endroit de l’entreprise Areva afin qu’elle prenne en considération leurs réclamations de mettre fin à la pollution qu’elle dégage et de réparer les dégâts qu’elle a occasionnés aux habitants et à leur environnement, devraient être entendus et faire l’objet d’une concertation. Conformément au droit international, les retombées économiques et sociales des activités extractives en faveur des populations touarègues autochtones devraient être envisagées.
Connaissant votre attachement au principe d’"ingérence humanitaire" et votre combat pour le respect des droits de l’homme et la dignité des peuples, nous sommes persuadés, M. Le Ministre, que cet appel ne vous laissera pas indifférent et que votre réaction sera à la mesure des espoirs légitimes des populations concernées.
Dans cette attente, nous restons à votre disposition pour vous apporter tout éclaircissement utile.
Veuillez agréer, M. Le Ministre, l’expression de notre parfaite considération.
P/Le bureau du CMA
Belkacem Lounes
Président
Paris, le 14 juin 2007
M. Bernard Kouchner
Ministre des Affaires Etrangères
37, Quai d’Orsay
75007 Paris
Monsieur Le Ministre,
C’est en ma qualité de président du Congrès Mondial Amazigh (ONG de défense des droits du peuple amazigh), que j’aimerais attirer votre attention sur la grave situation qui prévaut dans les régions touarègues du nord du Niger, théâtre depuis février 2007, d’un conflit violent qui oppose les forces gouvernementales à une rébellion armée menée par le Mouvement des nigériens pour la justice (MNJ). Cette nouvelle rébellion est provoquée par le même constat qui avait déjà soulevé les populations touarègues dans les années 1990 et en 2004 : le non respect des accords conclus pour mettre fin aux révoltes répétées et tenter de remédier à la situation flagrante de paupérisation et de marginalisation des populations qui assistent impuissantes, à la spoliation des ressources naturelles de leurs territoires et la répression injuste d’une noble cause.
Comme vous le savez peut-être, le gouvernement du Niger a privilégié l’option militaire sur toute recherche de dialogue avec les responsable du MNJ. Et les actions menées par les troupes gouvernementales contre les positions des combattants du MNJ prennent des personnes touarègues civiles et innocentes dans une spirale qui ne peut que conforter le sentiment d’injustice et dégénérer en guerre civile.
D’après nos informations, le chef de l’Etat nigérien, M. Mamadou Tandja, a entrepris une démarche auprès du gouvernement français, afin de lui demander d’étendre au nord-Niger, la couverture du dispositif militaire français "Epervier" basé au Tchad. Cela signifierait que le gouvernement nigérien maintient son choix de la force comme seule solution à ce conflit. Par ailleurs, le besoin de protéger les installations de l’entreprise française Areva à Arlit n’est sans doute pas étrangère à cette décision de solliciter l’aide de la France.
A ce sujet il convient de préciser que les populations touarègues ne s’opposent pas à ce qu’Areva, qui exploite depuis 30 ans les gisements d’uranium qui se trouvent sur leurs territoires, poursuive l’extraction du minerai. Mais il n’est pas acceptable qu’Areva ne laisse aux populations locales que ses rejets hautement radioactifs qui détruisent les hommes et leur environnement.
En conséquence, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) attire votre attention, M. Le Ministre, sur les préoccupations suivantes :
Si la France entend jouer un rôle dans une résolution équitable et durable du conflit, une consultation préalable à toute intervention avec les deux parties en conflit et l’accord des deux parties nous semblent nécessaires,
Le cadre et la nature de l’intervention française devraient à notre sens se limiter à des actions et activités strictement humanitaires,
Les multiples appels lancés par les populations touarègues à l’endroit de l’entreprise Areva afin qu’elle prenne en considération leurs réclamations de mettre fin à la pollution qu’elle dégage et de réparer les dégâts qu’elle a occasionnés aux habitants et à leur environnement, devraient être entendus et faire l’objet d’une concertation. Conformément au droit international, les retombées économiques et sociales des activités extractives en faveur des populations touarègues autochtones devraient être envisagées.
Connaissant votre attachement au principe d’"ingérence humanitaire" et votre combat pour le respect des droits de l’homme et la dignité des peuples, nous sommes persuadés, M. Le Ministre, que cet appel ne vous laissera pas indifférent et que votre réaction sera à la mesure des espoirs légitimes des populations concernées.
Dans cette attente, nous restons à votre disposition pour vous apporter tout éclaircissement utile.
Veuillez agréer, M. Le Ministre, l’expression de notre parfaite considération.
P/Le bureau du CMA
Belkacem Lounes
Président