Les rêves de Tanger

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Les rêves de Tanger
http://www.lepoint.fr/content/monde/article?id=185606

31/05/2007 - De notre envoyée spéciale Mireille Duteil

La ville qui a inspiré tant d’écrivains est en pleine métamorphose. Un gigantesque chantier et de grandes ambitions culturelles et économiques.

A Tanger, les jeunes filles, coiffées du hidjab, le foulard islamique, ou cheveux au vent, continuent à faire le « paseo », comme lorsque la ville était espagnole. Dans la médina, on parle plus volontiers l’arabe et le castillan que le français, que nombre de petites gens ne comprennent pas. Les anciens, parce qu’ils se souviennent encore de la présence espagnole ; les jeunes, parce qu’ils étudient en arabe et regardent les chaînes de télévision diffusées depuis la péninsule ibérique.

Jusqu’au tournant du XXIe siècle, Tanger était la mal-aimée du royaume. Oubliée par Hassan II, qui la jugeait frondeuse, elle est devenue la vitrine du nouveau Maroc et la nouvelle coqueluche des people lassés de Marrakech. Mohammed VI a décidé de faire de la ville et de son arrière-cour, le Rif, hier délaissé, le fleuron de son règne.

Tanger a la tête pleine de rêves. Le premier : abriter l’Exposition internationale de 2012. Dans le peloton des cités finalistes, elle est en compétition avec Wroclaw la polonaise et Séoul, la capitale de la Corée du Sud. Cette manifestation se tient tous les cinq ans entre deux Expositions universelles, et le verdict sera rendu à Paris, en novembre.

La cité s’y prépare d’arrache-pied. En 2005, le roi a placé à sa tête Mohamed Hassad, le wali (préfet) de Marrakech, surnommé « le bâtisseur » pour avoir métamorphosé la ville rouge. Charge à lui de sortir Tanger de sa léthargie. Dix-huit mois de travaux - et d’enfer - plus tard, le pari est réussi. Les Tangérois voient de nouveau la plage de sable fin et l’harmonieuse courbure de la baie en partie occultée par des restaurants. De grandes avenues plantées de palmiers, des quartiers populaires restaurés, une nouvelle gare d’architecture marocaine, une médina assainie qui a retrouvé ses pavés d’antan : Tanger a changé de visage. Dans les ruelles étroites de la vieille ville, les étrangers commencent à acheter des demeures qu’ils transforment en maison d’hôte. Bientôt, sur le port, au pied des escaliers de la médina, les ferries venus d’Espagne vont disparaître et laisser la place à un port de plaisance avec marina et restaurants.

L’arrivée par bateau se fera une quarantaine de kilomètres plus à l’est, dans le nouveau port de Tanger-Med. Sur cette côte méditerranéenne encore vierge, les bulldozers ont balafré les montagnes pour dessiner des autoroutes, une voie ferrée qui rejoindra le reste du pays. « Un même projet en Europe aurait demandé cinq ans de mise en oeuvre à cause des écologistes. Il ne nous a fallu qu’un an, mais cela ne durera pas », avoue le jeune directeur du port, ingénieur des Travaux publics de Lyon.

Une belle réussite technique et commerciale qui va bouleverser la région. L’objectif : utiliser la position stratégique de Tanger, au carrefour de deux mers - la Méditerranée et l’Atlantique - et de deux continents, pour devenir le premier port de transbordement des conteneurs qui relient l’Amérique à l’Asie. « L’explosion de l’économie chinoise a doublé le trafic mondial des conteneurs entre 2001 et 2005 », explique Saïd Elhadi, ingénieur des Ponts et Chaussées et jeune patron (40 ans) de l’agence Tanger-Méditerranée. Au nord du détroit, le port d’Algésiras est saturé. Tanger-Med aura une capacité un peu supérieure.

Zones franches

Mais, lorsque les bateaux vont accoster sur le premier quai en juillet (les deux autres seront mis en service en septembre), Tanger-Med sera déjà en deçà des capacités nécessaires au trafic. Ses concepteurs avaient prévu son extension pour les années 2015. Erreur. Les plus gros opérateurs maritimes se sont rués pour prendre des concessions sur le projet (1 milliard d’euros) et Tanger-Med 2 devrait commencer à sortir de terre l’an prochain. Ce second projet mixe aussi les financements publics et privés, et permettra de recevoir annuellement 8,5 millions de conteneurs, plus du double d’Algésiras.

« L’idée est de développer une plateforme industrielle et manufacturière pour l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, explique Saïd Elhadi. Mais aussi de former des jeunes. » Tanger-Med comme les entreprises qui s’installent dans les zones franches alentour (30 000 emplois créés) assurent la formation de leurs employés. A Tanger, on vous affirme qu’on commence à manquer de main-d’oeuvre. Des entreprises vont la chercher au sud, à Ouarzazate ou à Zagora. Au grand dam des vieux Tangérois, qui grincent des dents devant l’arrivée des ruraux.
 
Re : Les rêves de Tanger

« Un même projet en Europe aurait demandé cinq ans de mise en oeuvre à cause des écologistes. Il ne nous a fallu qu’un an, mais cela ne durera pas »

On sent un peu de fierté dans cette phrase; alors qu'elle sous entend en fait qu’"on" se grouille vite de construire sans se préoccuper de l'Histoire des sites ni de l'environnement avant que le peuple endormi ne se réveille...
 
Re : Les rêves de Tanger

Amalu a dit:
un média français payé pour revaloriser l' image du maroc !

C'est ce que l'on voit en lisant l'ensemble du dossier publié dans Le Point...
Aucune objectivité, une description fantasmée, loin de la réalité que l'on connait et que l'on peut voir...
Faut pas s'étonner du recul de la presse en France dans les classements internationaux...
 
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