Les dessous d'une libération des prisonniers politiques au M

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amnistie au Maroc de quelque 25 prisonniers politiques fait partie d'un package de réformes qui permettra de faire bénéficier le pays du Millenium Challenge Account, MCA, (ndlr, programme d'aide financière pour les pays en voie de développement), ont déclaré (...) des analystes et des officiels américains". Ces lignes, c'est dans le Financial Times qu'elles ont été écrites. Au lendemain de la grâce royale, dans l'édition du 9 janvier du prestigieux F.T, en page 5, un petit article sur le Maroc apportait des précisions sur la libération, le 8 janvier dernier, de 33 détenus d'opinion. L'ouverture politique marocaine, écrit en substance le journaliste basé à Washington, s'explique par la volonté du Maroc d'être éligible au programme du Millenium. Le "tournant politique" du 8 janvier dernier avait donc sa propre logique, celle de coller aux critères d'éligibilité donnant accès au fonds d'aide au développement. Logique assez éloignée du discours officiel évoquant une raison humanitaire pour libérer les prisonniers. Car, en épluchant la documentation sur le programme d'aide au développement, présenté en mars 2002 par G.W. Bush, les pièces du puzzle finissent par se rassembler. Le timing choisi par le gouvernement marocain ne doit rien au hasard. Le Fonds a en effet pour mission de récompenser les pays dont les gouvernements seront estimés être "des dirigeants justes, favorables à l'investissement étranger et instigateurs de projets pour satisfaire les besoins de base de la santé et de l'éducation". Sous le raisonnement que la pauvreté engendre le terrorisme, Bush a même réussi à arracher au Congrès américain en octobre 2003, l'augmentation de la manne financière à destination du Fonds. Elle sera répartie entre les pays en voie de développement qui respectent les trois grands critères, bonne gouvernance, ouverture sur l'investissement étranger, et indicateurs sociaux satisfaisants. Dans la première liste élaborée par les responsables du Fonds, le Maroc ne figure pas. Affichant des indicateurs de base (santé, éducation) en deçà des critères minima, il ne répond pas aux exigences américaines. A moins, si l'on s'en réfère à la définition des modes d'attribution, qu'il ne fasse un effort sur au moins un des trois grands critères. Ce sera celui de la bonne gouvernance, mesuré, entre autres, par le respect des libertés civiques et des droits politiques. Et c'est justement au début de l'année 2004, année où le Fonds devrait être opérationnel, que le Royaume a décidé d'ouvrir les portes de ses prisons à 33 de ses détenus d'opinion. Le journaliste Ali Lmrabet, dont deux grèves de la faim n'avaient pas réussi à faire fléchir les autorités marocaines, se voit gracié. Ce même Lmrabet, qui revenait à chaque rencontre bilatérale entre le Maroc et les Etats-Unis, dont la dernière en date remonte à la visite de Colin Powell en décembre dernier. Comment donc ne pas lier les deux ? Autre indice. Le 8 janvier, Driss Jettou et Taaeb Fassi Fihri sont en visite à Washington, lorsque l'annonce tombe. Et justement, le Premier ministre doit, entre autres, convaincre les Américains que le Maroc a besoin d'argent, que démocratie et misère ne peuvent cohabiter, et que les efforts entrepris par le Royaume sur la voie démocratique méritent bien une aide financière. Encore sous l'effet de la réforme de la Moudawana, les officiels américains reçoivent l'annonce de la libération des détenus politiques et la mise en place de l'instance "Equité et Réconciliation" comme une preuve de plus. Cela devrait finir par payer. A en croire les sources du FT, le Maroc sera très bientôt éligible au MCA. Les efforts d'ouverture sont salués, par les Américains, de façon sonnante et trébuchante.
Si la volonté d'accéder au MCA explique en grande partie la liéŽration des Chrii, Tamek et Lmrabet, la décision politique marocaine dépasse largement le simple cadre financier. Elle s'inscrit dans une logique de séduction à l'égard de l'Amérique. En jouant la carte de l'ouverture politique, les Marocains comptent bien exploiter la brèche qu'a entrouverte le bourbier américain dans la politique étrangère américaine. Car, pour arriver à sensibiliser la fibre américaine, il faut savoir se placer sur l'échiquier de ses priorités sécuritaires. Et dans les esprits des faucons de l'équipe Bush, une idée germe depuis l'automne. Elle consisterait à impliquer le Maroc dans la reconstruction irakienne. Quoi de mieux qu'un pays démocratique arabe, réputé modéré sur la scène internationale, qui a fait le choix d'un modèle économique libéral, à donner en exemple à l'Irak d'après Saddam ? Des Marocains à Bagdad, dans l'esprit américain, seraient bien mieux perçus. Et ce, à tous les niveaux : public, privé ou militaire. D'ailleurs le renforcement de la coopération militaire entre les armées américaines et marocaines, visant, entre autres, à mettre à niveau l'armée marocaine, n'ouvre-t-il pas la possibilité d'envoyer un jour des soldats marocains en Irak dans le cadre de forces de coalition internationale ?
Cette attente américaine, le Maroc l'a comprise. Et aujourd'hui, c'est la carte sur laquelle il mise. A-t-il d'autres choix ? Car, la stratégie de ces deux dernières années, qui consistait à se plier aux conditions américaines, n'a pas permis de s'assurer de la bienveillance américaine sur la question du Sahara. Sous-traitance de la torture par le FBI à la DST marocaine, soutien du Maroc à la coalition américaine en Irak dévoilée en décembre dernier par Paul Wolfovitz, le sous-secrétaire américain à la Défense, et négociation d'un accord de libre-échange n'ont pas empêché les Américains, en juillet dernier, de nous faire un bébé dans le dos. C'est John Negroponte, l'ambassadeur américain à l'ONU, qui a fait le forcing en juillet dernier pour faire imposer le plan Baker II, si vivement rejeté par le Maroc. A Rabat, une fois le choc passé, on prend conscience petit à petit d'une évidence : le lien entre l'accord de libre-échange et le Sahara n'existe que dans les esprits Marocains. Renforçant l'idée qu'au Maroc la politique se décide au gré des circonstances, la stratégie marocaine colle au besoin américain du moment. A la veille de la campagne électorale aux Etats-Unis, les besoins américains de crédibiliser aux yeux des opinions publiques, arabe comme américaine, leur politique étrangère centrée sur la démocratisation du monde arabe, se font pressants. Dés lors, les Marocains s'empressent de jouer la carte du "modèle démocratique". Pour cela, il aurait été profondément incohérent que le Royaume ne puisse pas bénéficier d'un fonds d'aide au développement, conditionné justement par les performances en matière de liberté politique, qui sera lancé cette année. D'autant que l'échec de l'intermédiation de Jacques Chirac en décembre dernier pour convaincre les Algériens de discuter avec les Marocains a définitivement montré que seuls les Américains avaient un rôle à jouer dans le règlement du conflit du Sahara. Du fait de la précipitation, la stratégie de séduction à l'égard de l'oncle Sam devait donc passer inévitablement par des symboles forts. La libération des 33 détenus politiques en était un. Si donc "tournant" il y a eu, c'est dans notre stratégie avec l'Amérique qu'il s'est opéré

Lejournal-hebdo.com
 
De la lecture de cet article il ressort que le Maroc n a pas agi pour repondre a une exigence de liberte et de respect des droits de l homme mais agi pour plaire aux americains et acceder au fonds.
Il ne s agit pas donc d une ouverture au sens politique mais d une manoeuvre machiavelique.
La liberte au Maroc demeure le privilege d un seul homme qui peut l accorder comme il veut ,quand il le veut a qui le veut.
 
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