Les berbères de France...

Re : Les berbères de France...

C'est plutôt décevant pour nos autres, pas un portrait de "marocain"...

D'aprés ce dossier les berbères de France représentent "plus d'un tiers de la population d'origine maghrébine"...Parmi eux, seulement 400000 ou 500000 "marocains" berbérophone (d' après l'Inalco)...

J'ai l'impression que ces chiffres sont plutôt en deça de la réalité?....
 
Re : Les berbères de France...

tamaynut a dit:
C'est plutôt décevant pour nos autres, pas un portrait de "marocain"...

D'aprés ce dossier les berbères de France représentent "plus d'un tiers de la population d'origine maghrébine"...Parmi eux, seulement 400000 ou 500000 "marocains" berbérophone (d' après l'Inalco)...

J'ai l'impression que ces chiffres sont plutôt en deça de la réalité?....

Ce numéro, je viens de l'acheter. Il est dans mon sac, et bizarrement, je peux déjà anticiper ce qui va s'y "dire"....

On assiste tout bonnement à ce sur quoi, j'ai longuement alerté jusqu'à perdre espoir et...laissé tomber faute de soutien massif et de prise de conscience très tiède de la part de notre communauté. Il est clair que la berbérité en France est, et restera pour longtemps, sous tutelle des kabyles.

Toutefois, n'allez pas chercher la faute chez les cousins kabyles. Ils y sont pour rien pour notre paresse et notre mollesse. Car, quand on passe du temps à longueur de journée à parler du Maroc et à tourner le dos au devenir de la berbérité en France, il est clair que l'on se montre mauvais, très mauvais stratège...

Il faut vraiment être bête pour être issu du pays où il y a le plus de berbères au monde et se faire marcher sur les pieds de la sorte...Mais, qu'est-ce que vous voulez, comme partout, on ne récoltera que ce qu'on sème...

Alors chiffre erroné ou pas, les carottes sont cuites et il y en aura pour une génération...

C'est d'autant plus affligeant que l'apparition de cet article dans ce journal précisément est loin d'être innocente d'un point de vue politique, croyez en mon expérience...
 
Re : Les berbères de France...

Anamir_n_bariz a dit:
Car, quand on passe du temps à longueur de journée à parler du Maroc et à tourner le dos au devenir de la berbérité en France, il est clair que l'on se montre mauvais, très mauvais stratège...

Je pense que ce n'est pas tout a fait une erreur de se tourner vers son pays et s'en préoccuper, ca ne doit pas empêcher de s'interesser à son devenir en France. L'erreur est certes stratégique, mais elle est dans la stratégie de communication et de méthode de travail des acteurs chleuhs en France.
Remarquez que là par exemple, il y'a une caravane de tifinagh qui arrive en france et c'est la CBF qui l'accueille à la mairie du 17eme. Ou sont les chleuhs ??? Où sont les marocains ??
Il ne faut pas perdre de temps dans les polymique de préorité et de stratégies, maroc ou france... Les deux sont indissociables. Cela ne nous mennera que vers plus de desperssion. Je pense que t'en connais plus que moi sur le sujet.
 
Re : Les berbères de France...

Peut être que nous cherchons que ce que nous avons perdu. Nous, chleuhs (insulte française envers mes voisins allemands), nous nous sentons certes du souss, 7a7a, aït ba3mran... mais aussi marocains. Les kabyles ne peuvent pas dire la même chose de leur sentiment algérien.

Mon père était berbère de Nedroma de l'ouest algérien et est venu s'installer au souss avec ma mère du haut atlas via la ville de Fès.

Ce que je dis est confus, car notre identité est confuse, entre appartenance à un territoire tribal, régional, national et tamzgha toute entière.

Je pense donc qu'un marocain a moins besoin de se bagarer par rapport à sa berbéritude (Léopold Sanghor), et dans ce forum, vous le montrez chaque jour, vous voulez construire, inventer, créer et surtout ne pas en arriver aux situations algériennes.

Le sujet est trop long, mais les berbères marocains sont là dans la culture de tout marocain, même le plus raciste envers sa berbérité d'entre eux.
 
Re : Les berbères de France...

azra a dit:
Il ne faut pas perdre de temps dans les polymique de préorité et de stratégies, maroc ou france... Les deux sont indissociables. Cela ne nous mennera que vers plus de desperssion. Je pense que t'en connais plus que moi sur le sujet.

Pas d'accord du tout l'ami.
Je ne crois pas que la bataille pour la préservation et la valorisation en France du patrimoine culturel berbère dans son versant marocain, soit une perte de temps.

Si demain la France décide d'enseigner le berbère dans ses établissements scolaires, serais-tu content que l'on y enseigne exclusivement le kabyle?

Si demain on décide de valoriser l'apport des berbères dans la construction économique, sociale et culturelle de la république seras-tu content que l'on parle uniquement des travailleurs kabyles et des intellectuels kabyles ?

Demain on décide faire de Yennayer un évènement à Paris, seras-tu content que l'on dise que yennayer est Kabyle?

Demain on décide de célébrer la mémoire des immigrations, penses-tu que l'on sera de la partie quand on parlera des berbères?

la liste est longue...et je ne veux revenir sur un sujet qui m'a pris tellement d'énergie pendant deux ans..
 
Re : Les berbères de France...

Anamir_n_bariz a dit:
Car, quand on passe du temps à longueur de journée à parler du Maroc et à tourner le dos au devenir de la berbérité en France, il est clair que l'on se montre mauvais, très mauvais stratège...

Je suis totalement pas d'accord....

Si tu tournes le dos au Maroc, que tu ne te préoccupes pas du devenir de la culture amazigh dans son "berceau", alors je ne vois pas en quoi tu agis dans le long terme pour cette culture...

Alors c'est bien beau la berbèrité en France mais si il n'ya pas les bases solides au Maoroc, Algérie, ect...
 
Re : Les berbères de France...

tamaynut a dit:
Je suis totalement pas d'accord....

Si tu tournes le dos au Maroc, que tu ne te préoccupes pas du devenir de la culture amazigh dans son "berceau", alors je ne vois pas en quoi tu agis dans le long terme pour cette culture...

Alors c'est bien beau la berbèrité en France mais si il n'ya pas les bases solides au Maoroc, Algérie, ect...

Si, tu es tout à fait d'accord avec moi sinon tu te plaignerais pas de l'article :-)

Blague à part, je suis conscient du fait qu'il ne faut pas laisser faire au Maroc ni en Algérie. Mais, ce qui me révolte aussi c'est de négliger l'avenir de la berbèrité dans les nouveaux enjeux sociétaux sont propres aux sociétés européennes...

Ceci d'autant plus que si l'on est fort ici, on le sera très certainement là-bas...

Si ici on est organisé, fort d'un rapport de force en notre faveur, crois-moi que l'on saura beaucoup mieux comment alimenter la cause de l'autre côté. C'est une question de vision.
 
Re : Les berbères de France...

" Ceci d'autant plus que si l'on est fort ici, on le sera très certainement là-bas..."

Tout à fait d'accord.
 
Re : Les berbères de France...

j' ai lu le " reportage", rien de nouveau ou de bin interessant; c'est superficiel, juste un titre accrocheur; c'est vrai que l'essentiel est consacré aux associations kabyles, aux iqbyliyines en général, la partie émergente de l'iceberg ( sic) amazigh en France. Comme d'habitude les ichelhiyines, les plus nombreux, brillent par leur discrétion et laissen leurs grands frères kabyles être à la pointe de la visibilité associative, culturelle, politique, etc...
 
Re : Les berbères de France...

Voici l'article en question

Sur le coeur des Français règne
un Berbère. Un amour qui n’a
rien d’un coup de tête, puisque,
selon le top 50 du Journal
du dimanche, pour la sixième
année consécutive, Zinedine
Zidane reste leur personnalité
préférée. Adulé des Français, Zizou reste
l’emblème indépassable d’une communauté,
celle des Berbères de France, qu’au
demeurant nos concitoyens connaissent
plutôt mal. D’une part, encore aujourd’hui,
la majorité d’entre eux ignorent que les
Kabyles (comme Zidane) sont des Berbères
d’Algérie ; d’autre part, ils ne différencient
pas les Berbères (habitants du Maghreb
avant l’invasion arabo-islamique) des
Arabes. Et, sur ce point, les Berbères sont
très chatouilleux. Algériens, Marocains ou
Français, oui ; Arabes, non.
Elle est mal connue et c’est pourtant la
plus ancienne des immigrations maghrébines
en France. Le mouvement a commencé
dès 1871 : après l’écrasement de
l’insurrection kabyle par l’armée française,
quelques centaines de Berbères d’Algérie
avaient été « importés » en France. Mais il
est bien loin le temps où, comme en 1906,
le patronat français, très friand de cette
main-d’oeuvre soumise et laborieuse, faisait
venir des Kabyles pour briser les grèves
des ouvriers italiens dans les huileries et
savonneries de Marseille. Colonisation,
guerres mondiales, guerre d’Algérie, décolonisation
du Maghreb, Printemps berbère
(1980), assassinats terroristes : au gré des
crises économiques et des conflits, ballottés
par l’histoire quand ils ne la faisaient
pas, poussés par la nécessité de survivre
ou transportés par leurs rêves de réussite,
d’Algérie surtout mais aussi du Maroc,
par vagues successives, les Berbères sont
venus vivre en France.
En 1914, sur 13 000 Algériens en
France, on comptait plus de 10 000 Kabyles.
Aujourd’hui, selon les conclusions
d’un colloque (1) tenu à l’Institut national
des langues et civilisations orientales
(Inalco) : « On peut raisonnablement
estimer la proportion de berbérophones à
35 % de l’ensemble de la population originaire
d’Afrique du Nord établie en France
(quel que soit son statut juridique). Si l’on
retient une fourchette de 4 à 5 millions
de personnes d’origine maghrébine, on
aboutit à un total de 1,5 à 2 millions de
berbérophones en France. » Dans leur
musitrès
grande majorité, ils sont d’origine
kabyle, suivis par les Marocains (de
400 000 à 500 000) : « Il existe bien sûr des
berbérophones issus d’autres pays (Tunisie,
Libye et pays du Sahel), mais leur nombre
reste peu significatif (de quelques centaines
à quelques milliers de personnes). »
Une géographie de l’exil
Et, comme c’est le cas pour toutes les
immigrations, ils ont commencé par se
regrouper tantôt en fonction de leurs
choix professionnels, tantôt en fonction
de leurs origines géographiques. Métiers
de l’industrie et du bâtiment obligent,
on les trouvait surtout à Paris et dans le
Bassin parisien, dans le Pas-de-Calais, à
Marseille et à Lyon. Peu à peu, ils ont fait
en sorte d’habiter dans les mêmes quartiers
: par exemple, les gens de Tizi Ouzou
vont se retrouver dans les XVe, XVIIIe et
XXe arrondissements de Paris, alors que les
gens de la vallée de la Soummam vivront
dans le Ve ou le XIe.
Et même si beaucoup ont dû quitter
Paris intra-muros, il subsiste des traces
de cette géographie de l’exil, comme à
Ménilmontant, où l’on trouve plusieurs
restaurants et bars tenus par des Kabyles,
la Librairie chrétienne berbère où
l’on peut acheter la Vie de Jésus et des
dessins animés en tamazight (la langue
berbère kabyle) ou encore l’Association de
culture berbère (ACB), la plus ancienne des
innombrables associations berbères.
Un modeste local au bas d’un immeuble,
rue des Maronites, où nous reçoit son
directeur, Chérif Benbouriche, dit Bébène :
« Mon grand-père est venu en France en
1932 comme militaire, puis ce fut mon
père après la guerre d’Algérie, pour des
raisons économiques. Moi, j’avais 7 ans.
C’est seulement à mon retour du service
militaire en Algérie que j’ai eu envie de
m’occuper de la culture et de la langue
berbères. » Avec d’autres, il fonde l’ACB
en 1978. Aujourd’hui reconnue d’utilité
publique, l’association compte environ
six permanents et des bénévoles qui dispensent
cours de langue et cours de danse
(berbères). On peut y faire du théâtre
franco-berbère ou s’inscrire au football
club berbère. En outre, l’ACB organise
des débats, des colloques, des rencontres
autour d’écrivains et des expositions. Certes,
on y traite des thèmes en relation avec
la culture berbère, mais pas seulement.« Bien sûr, notre objectif principal reste
la transmission de notre langue et notre
culture, poursuit Bébène. Mais tout ce qui
se passe en France nous concerne, l’islam
et la laïcité, les valeurs républicaines, l’intégration
de nos adhérents et les difficultés
sociales qu’ils rencontrent. » Ainsi, à l’ACB,
des bénévoles tiennent une permanence
juridique et sociale pour régler les problèmes
de papiers et de logement. Enfin, les
cours de soutien scolaire (niveau primaire
et collège), ouverts aux enfants du quartier,
remportent un franc succès.
Quand on demande à M. Benbouriche
si les Berbères sont communautaristes,
il répond sans hésiter : « Non, nous sommes
une communauté, c’est sûr, nous nous
battons pour notre culture et notre langue,
mais nous le faisons toujours en liaison
avec la République. Je ne vais pas voter
pour un candidat parce qu’il est kabyle
mais parce qu’il est de même sensibilité
politique que moi ! A mon sens, la solidité
de notre socle culturel nous permet de
mieux résister à l’islamisation. »
« Etre kabyle, pour moi, cela ne veut
dire ni enfermement ni communautarisme,
confirme Samia Messaoudi, animatrice sur
Beur FM. C’est un cumul de valeurs et de
traditions : la langue, la cuisine, la musique, la poésie, les proverbes, etc. Parfois
c’est un peu pesant, mais j’y tiens beaucoup.
Ma mère ne parlait pas un mot de
français. Nous avons toujours parlé kabyle
à la maison, même si je ne sais ni le lire
ni l’écrire. » Paradoxalement, Samia, née
à Levallois-Perret, n’a jamais demandé la
nationalité française : « J’ai grandi avec
l’idée du retour en Algérie. Mon rêve était
de devenir instit au bled. Pourtant, mon
père vit ici depuis 1937, il nous apprenait
le Laboureur et ses enfants. Mais, comme
tous les Algériens, il a longtemps rêvé d’un
retour. Et puis, à la fois ce qui se passait làbas
et le fait que ses enfants aient construit
leur vie ici, tout ça a peu à peu éteint le
rêve. L’Algérie me tient à coeur, même si
finalement il n’est plus question de retour.
Mais j’y vais souvent. »
L’enseignement de la langue
Culturalistes, sans aucun doute, et parfois
jusqu’à l’extrême, mais, dans leur majorité,
les Berbères de France souffrent moins du
complexe communautariste que d’autres
Français issus de l’immigration. Et leur
ressentiment est tout entier réservé aux
gouvernements de leurs pays d’origine,
rarement tourné contre la société française.
Seule revendication notable : que
leur chère langue, le tamazight, « une
seconde peau », disent certains d’entre
eux, soit mieux enseignée en France. Elle
l’est déjà à l’Inalco, ainsi que dans quelques
universités, mais trop peu, trop mal,
selon les plus militants d’entre eux. C’était
l’un des thèmes récurrents aux assises de
la Coordination des Berbères de France
(lire l’encadré ci-contre).
Et, bien sûr, il leur arrive de se rassembler,
par exemple pour assister
au spectacle d’un artiste kabyle comme
Fellag, ou à l’occasion de Yennayer, le jour
de l’an berbère, (mi-janvier). Et même si
les systèmes de solidarité, très actifs au
début de l’immigration, se sont effondrés,
il en reste une multitude d’associations de
village, essentiellement fréquentées par
les premières générations.
« Beaucoup de Kabyles originaires de
Guenzet, le village de ma famille, vivent
entre Levallois, Clichy et Saint-Denis,
raconte Samia Messaoudi. A partir de
1981, quand les immigrés ont eu le droit
de se grouper en association, nous en avons
fondé une d’environ 400 personnes. Ces
associations sont surtout précieuses
 
Re : Les berbères de France...

pour les parents : chaque membre verse
environ 20 e par an. Cet argent sert essentiellement
à rapatrier le corps en Algérie
après un décès. »
En dehors de ces retrouvailles occasionnelles,
les Berbères de France se sont
dispersés pour s’intégrer à tous les niveaux
et dans tous les secteurs de la société française
: ouvriers, restaurateurs (au 2e rang,
après les Auvergnats), chauffeurs de taxi,
épiciers ou maçons. Mais on les trouve
aussi dans l’enseignement, dans les
professions libérales, dans les affaires ou
dans les cabinets ministériels. Enfin, la
majorité des « Arabes » connus en France
sont en réalité des Berbères : à l’Académie
française – Assia Djebar –, dans le spectacle
– Fellag, Dany Boon, Farid Chopel, etc. –,
dans les médias – Rachid Arhab, Nacer
Kettane (président de Beur FM) –, dans
la musique – Idir, les leaders de Zebda et
des rappeurs de 113, Souad Massi, Gnawa
Diffusion, etc.). Il semble que, très tôt, ils
aient opté pour le mariage mixte puisque,
pour ne citer que les plus célèbres, d’Edith
Piaf à Alain Bashung, de Daniel Prévost à
Jacques Villeret, de la chanteuse Juliette
à Isabelle Adjani, tous sont rejetons du
mariage d’un Berbère avec une Française.
Enfin, il existe des Berbères chrétiens (une
infime minorité), juifs (beaucoup parmi
les Marocains d’origine) et, bien sûr, une
majorité écrasante de musulmans. Et
si certains d’entre eux peuvent avoir
basculé dans le fondamentalisme, c’est
parmi les Berbères de France qu’on
rencontre le plus d’individus qui, bien
que nés dans une famille musulmane,
revendiquent leur athéisme.
Plus qu’intégrés, on peut dire qu’ils
se sont incorporés à la société française.
Sont-ils élus ou militants, on les trouve
aussi bien au PS qu’à l’extrême gauche,
à l’UMP ou à l’UDF, et même au Front
national. Dirigent-ils des associations,
cela va de Ni putes ni soumises (Fadela
Amara) au Mrap (Mouloud Aounit).
Tous les Berbères vous diront que le
lien que leurs sociétés entretiennent avec
la démocratie remonte à la nuit des temps,
bien avant leur arrivée en France. Ils se
réfèrent à la tajmaat, cette assemblée
des hommes qui, dans chaque village,
édictait les règlements et rendait la justice.
Selon Mohand Khellil (2), sociologue, la
pratique avait été maintenue aux débuts
de l’immigration. Et même s’il n’était plus
question d’« édicter des règles, en revanche,
la fonction juridictionnelle, elle, perdurait.
Ainsi, les problèmes de délinquance
étaient réglés par les immigrés. J’ai trouvé
des exemples amusants où quelqu’un qui
avait été arrêté sur la voie publique en
état d’ivresse et condamné par la justice
française à quelques jours de prison a été
en plus condamné par ses camarades à
une amende parce qu’il avait enfreint les
règles de la société kabyle en exil ».
Reste un point noir : le sort réservé
aux filles dans les familles kabyles ressemble
à celui de leurs soeurs arabes.
« La seule différence, c’est qu’elles ne sont
pas voilées, tranche Samia Messaoudi.
Sinon, c’est à peu près la même chose. On
mythifie beaucoup. » Camarades berbères,
encore un effort….

F.A.
 
Re : Les berbères de France...

Portraits


Habiba Djahnine, documentariste

Sa soeur, Nabila
Djahnine, a été
assassinée en 1995, à
Tizi Ouzou. Elle avait
30 ans. Cette militante
féministe se battait pour
l’abrogation du code
de la famille. En 2006,
Habiba lui a consacré un
film : Lettre à ma soeur.
« Je me suis réfugiée
en France quelques jours
après l’assassinat de
ma soeur. La France est
d’abord, pour moi, une
langue et une culture que
mes parents m’ont appris
à aimer. Mais elle reste un
pays de passage,
bien que la seule langue
dans laquelle j’écris
soit le français :
je suis arabophone
et berbérophone, mais
c’est le français que
je maîtrise le mieux,
même si la langue berbère
me colle comme une
deuxième peau.
J’ai un lien affectif très
fort avec l’identité que
les Français d’origine
algérienne se sont forgée,
mais ce n’est pas la
mienne. Un neveu né
en France m’a dit : “S’il y
a une guerre en France,
je veux m’engager pour
défendre mon pays.” Moi,
je n’ai aucune souffrance
identitaire. En Algérie,
dans ma famille, nous
étions plusieurs frères
et soeurs à militer pour
la langue et la culture
berbères, mais en
liaison avec la lutte
pour la démocratie,
jamais dans un
esprit d’enfermement
communautaire. Je ne
suis pas musulmane ; mes
parents ne nous parlaient
jamais de religion. ».
 
Re : Les berbères de France...

Assia Djebar, l'immortelle


De son vrai nom Fatma-Zohra
Imalayène, Assia Djebar, est née
à Cherchell. Cette ancienne élève de
l’Ecole normale supérieure de Sèvres
s’est fait connaître en France avec
Femmes d’Alger dans leur appartement
(éditions des Femmes, 1980).
Après une riche carrière d’universitaire,
d’enseignante et d’écrivain, elle est une
des rares femmes ayant participé à la
fondation du Parlement international
des écrivains (1993) et est élue à
l’Académie française le 16 juin 2005.
Voici quelques extraits de son discours
d’entrée parmi les immortels.
« J’écris donc, et en français, langue de
l’ancien colonisateur, qui est devenue
néanmoins et irréversiblement celle
de ma pensée, tandis que je continue
à aimer, à souffrir, également à prier
(quand parfois je prie) en arabe,
ma langue maternelle.
Je crois, en outre, que ma langue
de souche, celle de tout le Maghreb
– je veux dire la langue berbère,
celle d’Antinéa, la reine des Touareg
où le matriarcat fut longtemps
de règle, celle de Jugurtha qui a porté
au plus haut l’esprit de résistance
contre l’impérialisme romain –, cette
langue donc que je ne peux oublier,
dont la scansion m’est toujours
présente et que, pourtant, je ne parle
pas, est la forme même où, malgré
moi et en moi, je dis non : comme
femme, et surtout, me semble-t-il,
dans mon effort durable d’écrivain.
Langue, dirais-je, de l’irréductibilité.
Dire non à certaines étapes essentielles
de son parcours – et le dire quand la
langue de la première origine se cabre
et vibre en vous, en des circonstances où
le pouvoir trop lourd d’un Etat, d’une
religion ou d’une évidente oppression
a tout fait pour l’effacer, elle, cette
première langue. Cette intégrité du moi
intellectuel et moral, ce recul ni prudent
ni raisonné, bref, ce non de résistance
qui surgit en vous, quelquefois avant
même que votre esprit n’ait réussi
à le justifier, eh bien, c’est cette
permanence du non intérieur que
j’entends en moi, dans une forme et un
son berbères, et qui m’apparaît comme
le socle même de ma personnalité
ou de ma durée littéraire. ».
Dernier ouvrage paru : la Disparition de la langue
française (roman), Albin Michel, 2003.
17 au 23 février 2007 / marianne 63 62 marianne / 17 au 23 février 2007
 
Re : Les berbères de France...

Lounès, cuisinier


On le rencontre souvent au Tizi
Ouzou, un restaurant kabyle
du IIIe arrondissement de Paris
où ils sont plusieurs à se retrouver
régulièrement, en souvenir du pays
et de leurs débuts en France.
« Je viens ici depuis vingt-cinq ans,
depuis que le restaurant existe. A
l’époque, il y avait beaucoup de
Kabyles dans les hôtels du IIIe, c’était
pas cher. Je suis venu tout seul en
France, à 18 ans, je ne parlais
pas un mot de français,
je n’avais que l’adresse d’un hôtel
et un peu d’argent. C’est comme
si on lâchait un Parisien dans
le désert… A l’époque, les Français
étaient beaucoup plus accueillants
avec nous. Il faut dire que les
immigrés étaient moins nombreux.
Beaucoup de Berbères habitaient
seuls dans des chambres d’hôtel.
Ils travaillaient dans le bâtiment et se
faisaient à manger dans une gamelle.
J’ai préféré la restauration. Je suis
cuisinier dans un restaurant de
spécialités niçoises et j’habite Paris.
J’y tiens, je n’irais jamais vivre dans
le 93 à cause des enfants. Il faut les
pousser, les éduquer et les surveiller.
Dans une cité, c’est impossible.
Mes enfants sont français, mais moi,
j’ai fait quatre fois la demande,
et plus ça va, plus c’est compliqué,
questions papiers à fournir.
J’ai passé des périodes noires de
solitude. Un jour mon père a voulu
que j’aille vivre en Kabylie, je pouvais
y gagner bien ma vie. Mais j’ai choisi
la liberté. Une fois qu’on l’a goûtée,
ici, on ne peut plus revenir à la vie
d’avant. Ici mes enfants sont libres
et ma femme n’est pas voilée.
 
Re : Les berbères de France...

La laïcité au coeur


Samedi pluvieux et froid
du 16 décembre 2006, au centre
Georges-Pompidou de Vincennes :
la Coordination des Berbères
de France (CBF) tient ses assises
nationales. Thème : « Lutter contre les
discriminations pour faire République
ensemble ». Dans la salle, environ
500 personnes, délégués ou membres
des 67 associations composant la CBF.
Pas une femme voilée dans l’auditoire
et sur l’estrade ; au fil des tables
rondes résonnent les mots « laïcité »
et « intégration ». Laurent Lafon, maire
de Vincennes, et Claude Pernès, maire
de Rosny-sous-Bois, tous deux UDF,
sont là. Les principaux candidats
à la présidentielle ont été conviés :
ils se contenteront d’envoyer leurs
émissaires. Seul François Bayrou
se déplacera. Son discours est
plutôt convenu, mais le salut
prononcé en berbère pour conclure
lui vaut une ovation du public.
Yazid Ikdoumi, président de la CBF
nous explique le sens de ces assises.
« Lors de nos premières assises, en 2004,
la CBF rassemblait 15 associations.
Aujourd’hui, elles sont 67. Et nous
comptons 30 000 adhérents. Notre
mouvement n’est pas communautaire.
Pour nous, les valeurs républicaines
et les valeurs berbères n’ont rien
d’antinomique. Nous les défendons
ensemble. Nous défendons la diversité
qui renforce la République.
Notre objectif, c’est que la langue
et la culture berbères appartiennent
au patrimoine national français.
Nos seuls représentants sont les élus
français. Longtemps, nous avons été
regardés comme des étrangers de
passage. Nous voulons être considérés
comme les citoyens français que nous
sommes. Nous inscrivons l’identité
berbère dans un pays de liberté,
la France, pas dans un pays
indépendant mais pas libre : l’Algérie.
Nous sommes là pour interpeller les
candidats sur l’intégration, l’emploi et
l’éducation, mais aussi sur la laïcité :
nous y sommes attachés, ne serait-ce
que parce que c’est une valeur
que la tradition berbère partage avec
la République. C’est pourquoi nous
sommes inquiets à l’idée qu’on puisse
réviser la loi de 1905. Organiser le culte
musulman, pourquoi pas, tant que la
foi restait une affaire privée, mais il
semble que cela déborde sur le public :
le communautarisme se développe
toujours sur un terreau religieux,
jamais sur un terreau culturel.
Or nos enfants vivent aussi dans
des cités et ils sont parfois les proies
de mouvements prosélytes de nature
sectaire. ».Propos recueillis par F.A.
 
Re : Les berbères de France...

J'ai plus l'impression que ce genre d'article est destiné à la politique franco-algérienne...tu m'ennuies, je t'ennuies.
 
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