Les années de plomb version amazighe

agerzam

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<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" width="555"><tbody><tr height="126"><td height="126" valign="top">Avant de se révéler au grand jour et d'avoir un Institut royal dédié à sa cause, le mouvement amazigh a longtemps été réprimé. Flashback en dates.


1980. “Tu l'as échappé belle, cette fois-ci”
Il est environ 1h00 du matin dans cette nuit de l'été 1980. Un 4x4 vient de percuter la voiture de Brahim Akhyat, militant amazigh, sur le boulevard Hassan II à Inezgane. “C'était le véhicule d'un capitaine de police. Ils voulaient me projeter contre un poids-lourd qui venait en face, mais je m'en suis tiré avec quelques blessures aux bras et aux
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</td> </tr> </tbody></table> <table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" width="555"><tbody><tr> <td>jambes”, raconte Akhyat, qui participait à l'époque aux travaux de la quatrième session de l'Université d'été de la culture amazighe. “Les policiers m'ont retiré mon permis de conduire et ont refusé d'établir un constat. Ils m'ont même dit : tu t'en es tiré cette fois-ci, remercie Dieu et rentre chez toi”. L'incident, enregistré sous X, a eu lieu en même temps que les événements sanglants de Tizi Ouzou, en Algérie, dans le cadre de ce qui fut appelé “Le printemps de la culture amazighe”. Directement après la fin des travaux de ladite Université d'été, Hassan II avait affirmé la nécessité de créer un comité chargé de la culture amazighe au sein de l'Académie du Royaume. “Alors que, peu avant, le roi avait formellement déclaré que le mouvement amazigh n'existait pas au Maroc”, se souvient Akhyat.

1981. Disparu pour la cause
Le militant amazigh et marxiste-léniniste, Boujemâa Habbaz, est entré dans l'appartement situé au 57, rue Melouia, à Rabat, où il habitait avec l'un de ses amis. Plus personne ne le reverra depuis ce 19 avril 1981. “On a raconté qu'il était devenu fou, qu'il s'était suicidé. Le dossier est resté un mystère, jusqu'à ce j'aie pu recueillir le témoignage de son ami Abdellatif Al Mouhtadi, le dernier à l'avoir vu avant sa disparition”, explique le chercheur Saïd Baji. Le témoignage, donné par Baji dans son livre Enlevé sans adresse, raconte comment Boujemâa a été victime d'un piège monté par X. Version officielle : Boujemaâ aurait laissé un petit mot écrit en arabe pour expliquer à sa famille qu'il “quittait le pays pour l'étranger”. Le problème, comme tous les témoignages de ses amis le confirmeront plus tard, c'est que le disparu n'écrivait jamais en arabe… Bref, Boujemaâ Habbaz disparaît à jamais et lorsque son père se présente pour signer le document attestant de sa disparition, on lui répond sèchement : “Il n'y a ni rapport à signer, ni disparition. Ceux qui ne sont pas d'accord risquent de connaître le même sort que Habbaz”. L'un des derniers témoins à avoir aperçu Habbaz vivant subit, à son tour, d'autres pressions pour garder le silence... Détail : Boujemaâ Habbaz, de son vivant, a été parmi les premiers à appeler à la constitutionnalité du tamazight et à son apprentissage à l'école. Il était titulaire d'un doctorat soutenu à la Sorbonne, où il démontrait qu'une langue (amazighe en l'occurrence) ne pouvait prétendre à la reconnaissance officielle sans la pression du contexte politique. Qui oserait aujourd'hui le contredire ?

1981. Ne le dites pas en arabe
Il est arrivé que le comité de rédaction de la revue “Amazigh” s'attaque, en langue française, à certains sujets sensibles (Histoire du Maroc, droits culturels amazighs, etc) sans être embêté par le Makhzen. Mais pas lorsqu'il le fit en langue arabe. La revue fut alors saisie et les membres du comité de rédaction arrêtés. Le fait que le directeur de la publication fut Ouzzine Aherdane, le propre fils de Mahjoubi Aherdane, un fidèle du Makhzen, n'y changera rien. L'article incriminé était signé par le célèbre poète et militant amazigh Ali Sedki Azaykou. Sans doute lui reprochait-on, alors, d'utiliser le terme “invasion” en parlant de l'entrée de l'islam au Maroc. Azaykou avait également demandé la révision de l'Histoire du Maroc et la réhabilitation du tamazight comme langue nationale. Un peu excessif, peut-être, pour une époque où le Makhzen devait faire face aux derniers gauchistes… et aux martyrs de la baguette (Chouhadae Koumira, en référence aux événements de Juin 1981 à Casablanca). Résultat : Ali Sedki Azaykou fut arrêté et condamné à un an de prison, qu'il passera au pénitencier de Rabat.

1982. les caractères qui fâchent
Le militant amazigh Hassan Idbelkacem avait déjà connu la prison au début des années 70, pour son appartenance à l'organisation du 23 Mars. Mais il n'aurait jamais cru que ce sont les caractères tifinagh qui allaient le conduire, une nouvelle fois et une décennie plus tard, dans les geôles. En réalité, l'écriteau (en tifinagh) que l'avocat Idbelkacem avaient apposé sur la porte de son bureau, n'était qu'un prétexte pour son arrestation. “J'avais installé la pancarte depuis trois mois déjà. Si on m'a arrêté, c'était en réalité à cause d'un discours que j'avais fait sur les droits culturels des amazighs”, précise l'avocat. Cela suffisait pour que trois agents de police viennent l'arrêter dans les locaux du Tribunal de première instance de Rabat, pour l'emmener au poste de police. En signe de protestation, les avocats présents à l'audience avaient alors quitté la salle. Ideblkacem fut ensuite relâché… avant d'être de nouveau appréhendé. “Ils n'avaient pas d'accusation précise. Ils avaient mis la photo de la pancarte dans le dossier et m'avaient demandé pourquoi j'écrivais avec ces caractères. Ils m'ont aussi demandé si j'ai déjà été en Algérie et m'ont confié que l'affaire était traitée en haut lieu”, se rappelle le fondateur de l'association Tamaynut.

1994. Hassan II prend la mesure de la question amazighe
Dans une manifestation de la CDT, à Errachidia, le 1er mai 1994, un groupe de militants de l'association Tililly (Liberté) brandissent des panneaux rédigés en tifinagh, appelant à “la constitutionnalité du tamazight comme langue nationale, son intégration dans l'enseignement et dans les médias publics”. Immédiatement, Ali Ikken, Ali Harcherras, M'barek Ettaouss et Darouich sont arrêtés et présentés comme les instigateurs de la manifestation. Après un procès pour lequel l'association a mobilisé plus de 200 avocats, et qui eut un écho au-delà des frontières marocaines, les accusés furent condamnés à deux ans de prison ferme, pour “atteinte à l'ordre public”. Ils n'en effectueront que 6 mois environ, après que Hassan II a amnistié tous les prisonniers politiques en 1994. Il est clair, alors, que le monarque a définitivement pris la mesure de la “problématique berbère”. Quelques mois plus tard, le discours du 20 août est justement consacré, et pour la première fois, à la question amazighe. Dans son allocution, le défunt monarque va jusqu'à déclarer que “le sang amazigh coule dans les veines de tous les Marocains”. Il était temps.

1995. Qui a tué Cadi Kaddour ?
Peu d'informations existent autour de l'accident qui a coûté la vie au militant amazigh Cadi Kaddour. Mais certains détails semblent renforcer la théorie du complot. Ainsi, le récit officiel affirme que la voiture de Kaddour avait quitté la route dans la région de Bouknadel, dans la banlieue de Salé, avant de s'encastrer dans un arbre. Mais Saïd Baji assure que “la roue arrière avait disparu et la voiture était endommagée de l'arrière ! Ces détails rappellent l'accident qui a coûté la vie au militant amazigh Mouloud Maamri en 1989 à Aïn Defla, dans la zone frontalière entre le Maroc et l'Algérie”. Cadi Kaddour fut l'un des premiers à appeler à “l'unification et à la codification du tamazight”.

2006. Jamais sans mon drapeau
Le 4 novembre 2006, Sadek Abdellah, surnommé Azenzar (rayon de lumière en berbère), l'un des plus célèbres supporters du Hassania d'Agadir, se prépare à prendre le départ vers Rabat, où se tient la finale de la coupe du trône HUSA - OCK. Il est alors apostrophé par des éléments de la police qui lui arrachent… le “drapeau amazigh” qu'il a choisi comme moyen de supporter les couleurs du Hassania. Azenzar est conduit au poste de police le plus proche, où il est soumis au feu des questions traditionnelles (“Qui es-tu ? Pourquoi ce drapeau ? Où l'as-tu fabriqué ?”, etc.) avant d'être relâché. Le message, toujours d'actualité, est le suivant : “Aujourd'hui, on peut débattre de la question amazighe, mais certainement pas sur les terrains de football”. Reçu cinq sur cinq.
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Ismail Bellaouali
Tel Quel
 
Re : Les années de plomb version amazighe

Encore félicitation à Tel quel qui, une nème fois demeure le seul media marocain à montrer une telle ouverture !
 
Re : Les années de plomb version amazighe

Quelle est la date de cet artikel? Dans quel nummero a-t-il paru?
 
Re : Les années de plomb version amazighe

Maroc: Assassiné il y a quatorze ans par un islamiste, enfin, la tombe d'Aït El Jid à Tata aura une épitaphe


Le comité de soutien du martyr Aït El Jid organise les 2 et 3 mars une caravane de solidarité qui se dirigera vers le lieu d'enterrement à Tizgui Ida U Baloul, dans la province de Tata. Sa tombe aura enfin une épitaphe.
Quatorze ans après l'assassinat du militant de gauche Mohamed Benaissa Aït El Jid par un groupe d'étudiants islamistes à Fès, sa tombe est connue par sa famille, ses amis et ses camarades. Il a fallu une lutte acharnée contre les autorités qui estimaient qu'il n'était pas encore temps pour dévoiler ce secret.
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Récemment, lors d'une audience tenue avec le gouverneur de la province de Tata, la section locale de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a insisté sur la responsabilité des autorités dans cette affaire, puisque l'ambulance transportant la dépouille du défunt était devancée par les gendarmes des différentes provinces qu'elle avait traversées.
Et puis, la décision de l'enterrer à Tizgui Ida U Baloul, localité d'origine de la famille Aït El Jid (province de Tata) était celle des autorités. La famille avait été contrainte de suivre le corps de leur fils, alors même qu'il n'y avait plus de proches là-bas.
Lors de cette réunion, le gouverneur avait donné ses instructions au caïd d'Isaffen pour indiquer aux membres de l'AMDH, la tombe d'Aït El Jid, mais celui-ci n'avait pas honoré ses engagements, et, après des pressions exercées par l'AMDH, a demandé à l'un des habitants du douar de le faire à sa place.
Pour commémorer le 14-ème anniversaire de son assassinat, le comité de soutien du martyr Aït El Jid organise une caravane vers le lieu de son enterrement. Une épitaphe sera placée, pour la première fois, sur sa tombe.
Maintenant que sa tombe est, bel et bien, connue, reste à identifier les auteurs du crime. Si un élément du mouvement obscurantiste d'Al Adl wal Ihssan a été déjà arrêté, d'autres appartenant à d'autres partis circulent encore librement.
Le juge d'instruction près la Cour d'appel à Fès avait auditionné le 22 janvier dernier le chauffeur du taxi qui transportait les deux étudiants militants de l'UNEM victimes de l'agression mortelle l'après-midi du 25 février 1993.
Selon des sources fiables, les déclarations du chauffeur à l'époque avaient révélé l'existence d'une agression contre deux de ses clients par un groupe d'étudiants, tout en donnant une estimation approximative de leur nombre. Le plus important, c'est le profil d'étudiants puisque l'indication de leur apparence est significative dans ce sens. Ils étaient tous ou presque des barbus.
L'étudiant, Aït El Jid Mohamed Benaissa était responsable au sein de la commission transitoire universitaire où étaient représentées toutes les factions historiques de (l'UNEM). Ce n'était pas le premier meurtre dans lequel les islamistes étaient impliqués. Ils avaient également mis fin aux jours de l'étudiant Maâti Boumli en 1992 à Oujda.

Libération (Casablanca)
15 Février 2007
Publié sur le web le 15 Février 2007
Mehdi Siraj
 
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