Les amazighs contestent les manuels scolaires

agerzam

Administrator
Falsification de l'Histoire du Maroc, discrimination envers les femmes et les minorités, les manuels scolaires homologués par le ministère de l'Education nationale regorgent d'aberrations…


Les militants amazighs voient rouge. Après avoir assigné en justice le ministre de l'Education Nationale (MEN) pour mensonge, falsification de l'Histoire, haine raciale et intolérance, discrimination et propagande véhiculées par le manuel d'histoire de la classe de 9ème année, ils reviennent à la charge pour stigmatiser non seulement les dérives contenues dans les manuels scolaires concernant le peuple amazigh mais aussi toute autre forme de discrimination. L'affaire des manuels scolaires ne date pas d'aujourd'hui. Déjà en 2004, quelques voix se sont élevées contre la dénaturation de certains faits historiques dans un manuel d'histoire. L'idée de poursuivre le MEN a fait son chemin et ce fut chose faite. « La plainte suit son cours, mais nous ne comptons pas en rester là », explique, l'air déterminé, Amina Ibn Cheickh, militante du Mouvement Tidaf « Vigilance » et directrice de la publication le Monde Amazigh. Le manuel destiné aux élèves de 9ème de l'enseignement secondaire, donc à des enfants de moins de seize ans, véhicule, entre autres, le vocable « Barbares » à « connotation péjorative », rejeté et dénoncé par les militants du Mouvement Tidaf. Alors qu'en parallèle, le récit présente l'Arabe, le peuple arabe, et l'unité arabe d'une manière non pas respectueuse mais sacrale », explique Amina Ibn Cheickh.

Révision du Dahir "Berbère"

Toujours est-il que c'est la goutte qui a fait déborder le vase. Ils décident d'assigner en justice le ministère de l'Education nationale. Autre constat : l'absence totale de la préhistoire et de la période anté-islamique marocaine dans les manuels à tous les niveaux. « Les textes de référence figurant dans les manuels sont pour la plupart rédigés par des écrivains ou des historiens panarabistes, l'amazighité, l'africanité et la judaïté du Maroc y sont complétement occultées », s'indigne encore Amina Ibn Cheickh. D'autant plus que la plupart des auteurs de textes sont des étrangers (le plus souvent du Moyen-Orient), ce qui ne contribue aucunement à la valorisation du patrimoine culturel national.
Le Dahir du 16 mai 1930 qui a prescrit le respect du « statut coutumier des tribus berbères » perd son statut de Dahir Chérifien. Le Mouvement Tidaf réclame une révision de l'interprétation de ce dahir. Un émir syrien, Chakib Arsalan, vivant à l'époque à Genève, inconnu au Maroc, est érigé en instigateur du soulèvement populaire pour l'indépendance du pays, occultant de ce fait le véritable rôle joué par des milliers de martyrs amazighs. Ainsi les batailles du peuple amazigh marocain - Anoual, Lehri, Aït Baâmran, Bougafer… - fêtées seulement par les populations amazighes, n'ont pas droit de cité.

Des livres phallocrates

Plus grave encore, l'image de la femme véhiculée par certains livres scolaires homologués par le MEN pour l'année scolaire 2005-2006. Le constat est alarmant. « Le manuel scolaire contient, à tous les niveaux des cycles, des orientations et des valeurs en contradiction totale avec notre projet de société moderne et démocratique », dénoncent-ils. « La discrimination homme/ femme y est largement consacrée dans ces manuels qui utilisent des images et des textes plaçant la femme dans un état d'infériorité. Cela encourage le mépris et la violence à l'encontre de la population féminine », déplorent les militants. C'est ainsi que dans un texte, on inculque aux enfants que la femme, de par sa constitution physique avec tout ce que cela englobe comme menstruations, grossesse, allaitement, ne peut, en aucun cas, être l'égale de l'homme. « Tous ces éléments perturbent le psychique de la femme, ce qui n'est pas le cas pour l'homme », peut-on lire page 66 du manuel « Kitab Attarbiya al islamia », pour la troisième année secondaire. Tout cela étayé par des versets du Coran, afin de donner plus de crédibilité à ces thèses. Dans ce même manuel page 52, on demande aux enfants de cocher ce qui est permis à la femme et ce qui ne l'est pas. Petits exemples édifiants : « Se retrouver seule avec un homme en dehors du mari, père ou frère. Exercer le métier de journaliste, présidente de Parlement. Vendre une maison en sa possession ou encore, utiliser des produits cosmétiques avec une variante : a/ à la maison, b/ dans un lieu public ». Aberrant.
Ce n'est pas la première fois que le MEN est pris en flagrant délit de misogynie. En 2004, une parente d'élève avait interpellé Habib El Malki lors d'une conférence de presse à propos d'images dans un manuel d'éducation islamique de la 1ère année du primaire, de petites filles voilées dans des situations de la vie courante. Dans un autre manuel d'éducation islamique, de 2ème année du primaire, une illustration montre la fille aidant sa mère dans la cuisine alors que le frère donne un coup de main à son père pour le rangement de sa bibliothèque. Une pétition avait été lancée, sans succès.

Image véhiculée

Même si quelques efforts ont été faits pour expurger ces manuels scolaires de ces messages d'intolérance et de ces idées rétrogrades, beaucoup reste à faire. Quelle image cherche à véhiculer le ministère de l'Education de la famille marocaine ? On se demande aussi si c'est une orientation générale ? Et quelles sortes de valeurs veut-on inculquer aux enfants ? « A travers d'autres textes, des manuels font également l'apologie de la doctrine salafiste wahabiste qui traite des sujets religieux sans aucune lecture rationnelle, appelant de ce fait à la haine et au rejet de tous les aspects modernes ou non musulmans de la société », fustige le mouvement Tidaf.
Des positions « académiques » en totale contradiction avec l'esprit de la Charte de la Commission Spéciale Education Formation (COSEF) dont l'article premier des « principes fondamentaux » stipule bien que « le système éducatif marocain participe au développement général du pays, fondé sur la conciliation positive entre la fidélité aux traditions et l'aspiration à la modernité. Il assure une interaction dynamique entre le patrimoine culturel du Maroc et les grands principes universels des droits de l'homme et du respect de sa dignité ». Et surtout que « seront respectés, dans toutes les prestations de services d'éducation et de formation, les principes et les droits reconnus à l'enfant, à la femme et à l'homme, en général, tels que les stipulent les conventions et les déclarations internationales ratifiées par le Royaume du Maroc ». On est loin du compte.


Fédoua Tounassi

Journal Hebdo
 
C'est incroyable d'être aussi incapable!
Ou alors font-ils semblant pour bien maintenir l'ignorance et la conditition du peuple.
J'obterai plutôt pour la deuxiéme hypothèse.
 
Back
Top