l'education au Maroc:50 ans de ruine

agoram

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Encore une décennie !
LAMIA BOUZBOUZ


Enseignement de qualité

Créée pour un mandat de 5 années, la Commission spéciale de l'éducation-formation, vient de rendre son rapport concernant la réforme de l'enseignement public au Maroc. Diagnostic, projets, réalisations et propositions ont été faits par ladite Commission qui précise : les fruits de ce chantier ne peuvent être complets qu'à l'échelle d'une décennie, voire d'une génération.
A qui sait attendre...



Lorsqu'on lui pose la question sur la qualité de l'éducation au Maroc, Brahim Chedati, Enseignant-chercheur au Centre d’orientation et de planification de l’éducation, parle de "grands dysfonctionnements, de plusieurs problèmes et de déséquilibres flagrants entre les milieux rural et urbain". Ce spécialiste de l'éducation constate notamment "le niveau très bas des élèves pour plusieurs facteurs. Entre autres, le non suivi des élèves, la faiblesse de l’offre éducative, le manque de moyens de documentation, le manque d’assiduité chez beaucoup d’instituteurs, l’absentéisme des enfants surtout dans le milieu rural…".
Autant de facteurs et de lacunes qui font que l'acquisition scolaire d'une manière générale est assez faible dans les écoles publiques marocaines. Voilà maintenant vingt ans que réforme après l'autre ont été engagées dans le sens de l'amélioration du système éducatif marocain. Toutes n'ont pas eu l'effet escompté. Quelques-unes auraient même accentué la médiocrité de l'éducation nationale. La première réforme en date, celle de 1985, aurait été un ratage. Brahim Chedati explique qu' à cette période "pour faire face au surcoût de l’éducation, on a décidé de faire passer systématiquement 87% des élèves d’un niveau à l’autre jusqu'à la dernière année du collège (la 4ème année), sans tenir compte de leur niveau réel. En mettant en place cette politique, qu’on continue à pratiquer aujourd’hui encore, on accepte la médiocrité".
Et une énième réforme s'impose. C'est celle de la réforme du système d'éducation et de formation dont la première étape couvre la période allant de 1999 à 2004. La réforme dirigée cette fois-ci par une Commission spéciale de l'éducation et de formation (COSEF), une instance créée en mars 1999 pour un mandat de 5 ans, vise a priori à "établir un diagnostic du système éducatif ainsi que la méthodologie et les contours de sa réforme globale". Il a fallu d'abord reconnaître, dans un rapport qui clôture le travail de la Commission en question, que les objectifs de toutes les réformes antérieures sont restés "hors d'atteinte". Cette fois-ci serait-elle la bonne? Les moyens y sont investis, en tout cas.
Dans un rapport nouvellement publié, la COSEF livre un bilan à mi-parcours de la décennie nationale de l'éducation et de la formation. La démarche de la Commission consistait avant tout à "dépasser le discours de crise qui prévalait avant la formulation de ce projet de réforme", signale le rapport. Pourtant, il y a crise et à bien des niveaux.
S'inscrivant dans le cadre de la charte nationale de l'Education-Formation, l'action de la COSEF touche à des aspects bien définis. On commencera par arrêter et concrétiser une nouvelle politique linguistique, de nouvelles responsabilités pour le corps enseignant, une nouvelle gouvernance du système éducatif, la mobilisation des financements nécessaires pour la mise en oeuvre de cette réforme, notamment en impliquant le secteur de l'enseignement privé.
Une nouvelle architecture pédagogique
Sur les cinq années passées, le rapport dénombre certaines réalisations dans ce domaine. D'abord, la généralisation de la scolarisation des enfants de 6 ans notamment dans le milieu rural, l'introduction progressive de l'enseignement de l'amazighe dans le système éducatif national en partenariat avec l'Institut Royal de la culture amazighe. Il est notamment question de mettre en place une nouvelle architecture pédagogique de même qu'un nouveau système d'examens et de certificats pour les trois cycles primaire, collégial, secondaire et même supérieur. Ceci va de pair avec l'amélioration des capacités d'accueil et de la diversification des filières et modes de formation professionnelle via un processus de "décentralisation du système éducatif". Pour ce faire, il a été convenu de mettre en place des Académies régionales de l'éducation-formation (AREF) qui rapprocheraient l'école du citoyen. Le tout sur fond d'un effort de motivation d'un corps enseignant de plus en plus exigeant, à travers l'amélioration de son statut matériel et social. Chose à laquelle prend notamment part la Fondation Mohammed VI pour la promotion des oeuvres sociales de l'éducation-formation.
Ces projets et objectifs mis sur la table, la concrétisation ne s'avère pas toujours évidente. Des retards et déficits de tous genres entravent en effet la bonne marche de cette réforme, comme les précédentes. Le rapport de la COSEF évoque dans ce sens le retard pris par rapport à la généralisation de l'enseignement préscolaire en 2004, à l'application "encore timide" des principes de décentralisation du système éducatif et la faiblesse quasi-palpable de la procédure d'orientation des étudiants de même que le déséquilibre entre les filières de formation. Sur le plan financier, l'enseignement national manquerait d'investissement tant au niveau de la qualité pédagogique, outils didactiques et utilisation des nouvelles technologies de l'information qu'au niveau de la requalification et formation continue des enseignants. Le ministère concerné, aurait ainsi tout à gagner en engageant une collaboration dans ce sens avec l'enseignement privé. La Commission préconise tout aussi bien l'implication des entreprises, des professionnels privés et les parents d'élèves dans cette marche vers l'amélioration de la qualité de l'éducation.
Au terme de sa mission, la COSEF livre dans son rapport certaines propositions qui permettraient, dans le prochain quinquennat de ladite "décennie éducative", d'accentuer la réforme et faciliter sa mise en oeuvre. Tout en précisant que les "fruits de ce chantier ne peuvent être complets qu'à l'échelle d'une décennie, voire d'une génération", le texte du rapport pose ainsi comme première condition de réussite de la réforme son "inscription dans la durée et la multiplicité des acteurs et des intervenants". Il serait même question de l'installation du Conseil supérieur de l'enseignement, annoncé par le Souverain dans le discours du Trône de 2004. Lequel conseil constituerait un "espace pluriel de débat et de proposition" dans le sens de l'instauration d'un enseignement de qualité.


lagazettedumaroc.com
 
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