Le tourisme solidaire à l' oeuvre

aksel

New Member
PARCOURS ATYPIQUE -

Bourlingueur depuis sa prime jeunesse, Etienne est tombé en amour d'un village marocain. Depuis, il oeuvre à sa sauvegarde.

Cheveux en bataille et visage buriné par les vents, Etienne n'a jamais gainé sa silhouette d'un costard-cravate. Ni enfermé sa vie entre un métro et un bureau. Ou s'il a dû s'y résoudre, il effleure à peine cette tranche de vie moins souriante à ses yeux. Son moteur, sa passion, ne peut souffrir le joug de le conformité. A dix-neuf ans, Etienne refuse déjà de suivre une voie toute tracée. Sous prétexte d'y accomplir ses études, il s'envole pour le Québec où il ne cire pas même une année les bancs de l'Université. L'appel du «dehors» est trop fort. Le jeune Français multiplie les petits boulots avant de rejoindre une équipe de journalistes passionnés, les fondateurs de Radio-Québec. Emissions, enquêtes, interviews, Etienne sue et s'éclate sur les ondes.
Mais bientôt, le démon du changement impose à nouveau sa loi. En compagnie d'un ami réalisateur, il s'embarque pour le Grand Nord à la rencontre des Inuits. Pellicules rongées par le froid, caméra bloquée par le gel, rien n'arrête ces chasseurs d'images. Pas même le phoque cru, partagé chaque soir à l'abri d'un igloo. Après le pays des neiges éternelles, c'est la Cuba post-révolutionnaire et la vie débridée des premières années castristes qui retiennent les deux acolytes. Puis le Mexique des révoltes estudiantines. «C'était une époque formidable, tout était possible. Il suffisait d'en avoir vraiment envie et on finissait par trouver un financement.»


TOURISME SOLIDAIRE

Encore quelques années de bourlingue, puis retour en France. Le récit se fait moins détaillé. Si ce n'est qu'il se réfugie sur une colline de Dordogne où il n'y a ni eau courante ni électricité, mais «où l'on peut respirer». Autres voyages, une traversée de l'Atlantique à la voile, puis une nouvelle découverte: le Maroc. Pas le Maroc vendu sur catalogue Kuoni et visité par cars entiers, mais celui des campagnes reculées, des sommets enneigée, des architectures ciselées.
Etienne tombe littéralement en amour. Dès qu'il le peut, il vient se ressourcer entre les couronnes blanchies de l'Atlas. C'est là qu'il traverse Tamnougalt, une ancienne capitale berbère sur la route des caravanes qui reliaient Marrakech à Tombouctou. Tombé en désuétude suite à la sécheresse et au départ, dans les années soixante, de la communauté juive «qui vivait en parfaite harmonie avec la population locale», le village a pourtant gardé son authenticité et sa fragile beauté. Mais pour combien de temps? Surtout que les habitants parviennent à peine à joindre les deux bouts.
Pour sauver le patrimoine culturel du village fortifié et soutenir l'économie de la région, mais aussi pour permettre de découvrir un mode de vie plus authentique, Etienne décide alors de fonder avec l'accord des villageois l'association Les Amis de Tamnougalt. «Je n'aime pas le terme tourisme solidaire, il n'est trop souvent qu'un argument promotionnel.» Mais rien de tel à Tamnougalt. Etienne accueille chaque année des petits groupes désireux de découvrir dans le respect l'autre visage de ce pays rongé par le tourisme de masse. «Je propose un voyage en images et en sensations: la rencontre avec les gens, la confection d'un pain, le bain dans un hammam traditionnel.»
Et surtout, Etienne réinjecte les bénéfices dans des microprojets: la rénovation d'une kasbah, la reconstruction avec une association locale d'un grenier à céréales, la commercialisation «équitable» de dattes et d'artisanat local... Etienne rêverait de faire classer le lieu, patrimoine mondial de l'humanité. Mais rien ne presse, il faut s'adapter au rythme du pays. «Et si j'ai déjà permis à deux gamins de ne pas traverser Gibraltar, ça me suffit.»

Note : www.tamnougalt.com
visiter le forum: http://blogs.aol.fr/infostamnougalt/LESAMISDETAMNOUGALT
 
Retour
Haut