Le Rif et les Ameziane

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Colloque de Fès sur la culture amazighe : Hommage collectif à Leïla Mezian Benjelloun

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C'est une forme significative qu'a prise l'hommage collectif rendu, jeudi dernier à Fès au Dr. Leïla Mezian Benjelloun. Témoignages nombreux, allocutions et discours chaleureux se sont succédé dans cette salle emplie du Palais des congrès, chargée d'émotion, transformée pendant quelque temps en une sorte d'Agora où le rêve unitaire des hommes caressait la culture où la langue, les langues - puisque la cérémonie eut pour cadre un moment fort du colloque sur la "culture amazighe et le développement humain " -, ont joué le rôle de vecteur.

L'hommage à Leïla Mezian Benjelloun, en sa qualité de présidente de la Fondation BMCE Bank, et à ce titre pour son action en faveur de la promotion de la culture amazighe, tombait à point nommé dans ce colloque de trois jours, organisé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI par l'Association Fès-Saïss en collaboration avec l'université Sidi Mohammed Ben Abdallah et l'IRCAM , où se sont croisés les chercheurs, les linguistes, les économistes en développement, les historiens, les hommes de lettres et plusieurs responsables.

Que la ville de Fès ait abrité un tel événement est en soi un symbole. Capitale spirituelle, elle a ainsi libéré les énergies et les créativités. Et ce n'est pas à tort que Habib El Malki, ministre de l'Education nationale, a rappelé que " l'identité arabe de Fès était tout au long de l'Histoire, principalement une identité urbaine alors que son environnement rural était amazigh, linguistiquement, socialement et culturellement ".

Dans la grande allocution qu'il a prononcée, dans le cadre de ce colloque, le ministre de l'Education nationale n'a pas tari d'éloges sur l'engagement de Leïla Mezian Benjelloun, " une femme marocaine qui a honoré et qui honore toutes les femmes marocaines, qu'elles soient amazighes ou arabes". Puis rappelant également ses origines, son parcours, son esprit d'ouverture , d'ajouter " qu'elle est une femme de synthèse avec excellence, par la force, par les actes, les déclarations, l'engagement , son implication dans la question de l'identité nationale dans un sens constructif, civilisé et productif".

M. El Malki a ensuite indiqué, exemples à l'appui, quel était son rôle dans la promotion de l'enseignement préscolaire, notamment dans le monde rural, et la diffusion des manuels amazighes. " C'est à elle, souligne-t-il, que revient le mérite de construction de 56 complexes scolaires pédagogiques et éducatifs, spécialisés en amazighe où près de 8.000 élèves ont bénéficié des services de son projet éducatif et social ".

Mme Leïla Mezian Benjelloun qui reste, selon le ministre de l'Education nationale, " attachée à ses traditions et à ses origines, remontant aux montagnes du Rif…est une femme de l'identité, une femme de mémoire et de l'établissement des passerelles, entre passé et avenir, entre différentes composantes culturelles, linguistiques, entre le Maroc et l'Espagne, entre l'Etat et la société… ".

Mohamed Kabbaj, président et cofondateur de l'Association Fès-Saïss, a commencé pour sa part à saluer " l'initiative de Mme Mezian Benjelloun pour la restauration de l'école Bouânania de Fès, fondée en 1350 par le sultan Abou Inane Al-Marini… ", avant de rappeler qu'elle " fournit des efforts énormes pour la protection de l'héritage culturel marocain en général et amazigh en particulier et la fondation qu'elle préside est précurseur dans la mise en œuvre des manuels scolaires pour l'enseignement de la langue et de la culture amazighe".

A son tour, le verbe sincère, l'accent berbère non enrobé et chaleureux, Mahjoubi Aherdane, fondateur et secrétaire général du Mouvement national populaire, plusieurs fois ministre et surtout grande figure du nationalisme marocain, a pris la parole pour nous livrer dans la foulée un témoignage de reconnaissance à sa manière : " (…) Fès a été nommée dans le ventre du Maroc par les Amazighiens qui sont un peuple fantastique et leur langue, tamazight, mérite en vérité plus qu'on lui donne… ".

Après cet entrelacs de paroles originales sur la capitale spirituelle, M. Aherdane s'est adressé sur le mode direct qui lui est propre à la présidente de la Fondation BMCE Bank en ces termes : " Tu as beaucoup donné de ta vie, comme médecin, sur le plan de la médecine mais aussi sur le plan scolaire, en formant aussi des enseignants.

Comme ton père, le maréchal Mezian, tu es aussi combattante à ta façon , tu aides les démunis et tu le fais sans même le dire, avec beaucoup de discernement, à ta façon, car tu es la fille de ton père… Tu es la fierté de beaucoup de monde, tu as fait en sorte que les enfants de la région de Fès puissent apprendre la langue amazighe, grâce aux quatre écoles que tu y as construites…Et tu continues ".

C'est un témoignage où la sincérité ne cède le pas à nulle concession, ni non plus à la forfanterie. Le langage de Mahjoubi Aherdane est comme lui : dépouillé de démagogie et prenant, sorte de message qui peut gêner les conformistes aux entournures, mais incarne néanmoins le discours vrai qui a suscité émotion et condescendance.

Aussi, lorsque Mohamed Gharrabi, wali de la région Fès-Boulemane, enchaîne à son tour dans le même florilège, c'est une salle bouleversée qui est saisie, happée au vol par l'hommage collectif rendu à une femme engagée : " Je voudrais, a souligné le wali, saluer l'initiative de la Fondation BMCE Bank qui génère de multiples emplois au Maroc et constitue un modèle proche des citoyens et salue la restauration de la medersa Al-Bouanania.

C'est un hommage du Maroc tout entier et Mme Leïla Mezian Benjelloun est un modèle de la femme marocaine qui entreprend un travail positif et volontaire… ". Ahmed Boukous, recteur de l'Institut Royal de la culture amazigh (IRCAM) a rendu, à son tour, " hommage pour l'ensemble des actions entreprises en faveur de l'enfance et des jeunes, notamment dans le cadre de la Fondation BMCE Bank. Vous occupez une place de choix dans nos cœurs et vous êtes une grande dame…" .

Du haut d'un événement culturel majeur, qui est celui de la promotion de la culture amazighe où, ce n'est pas un paradoxe ! Loin de là, Fès assume une manière de panthéon fédérateur des composantes culturelles et linguistiques du Maroc moderne, la spécificité amazighe a été un coagulateur.

Et Mme Leïla Mezian Benjelloun, tout à son émotion, incarne à son tour ce mélange, cette synthèse du Maroc pluriel : la pudeur alliée à une certaine réserve, à la limite de la timidité, ne dissimule que difficilement une force de caractère, un esprit de résolution, une détermination à toute épreuve, dans l'humilité la plus radicale…

Sa langue maternelle, qui a bercé à Nador ses premiers pas d'enfant, elle ne l'a pas vécue plus tard comme un exil de l'esprit au motif qu'elle s'est éloignée de son terroir, qu'elle a entrepris des études et assumé une vie de femme mariée et de maman. Son destin est celui d'une militante qui assume le double défi, en somme la confluence du pluriel et du singulier.



Hassan Alaoui | LE MATIN
 
C'est bien beau tout ça...et quand est-ce que les Amazighes auront droit à des medias dans leur langue ?

Il est reconnu que l'enseignement d'une langue sans un prolongement enraciné dans la société, ce sont des coups dans l'eau.

Mais bon, félicitation quand même pour son travail.
 
incarne néanmoins le discours vrai qui a suscité émotion et condescendance.

Mdrrrrrrr, le mot est laché...condescendance !c'est le mot qui caracetrise l'attitude de tout ce joli monde à l'egard de la culture amazighe.

petit larousse condescendance:attitude hautaine plus au moins meprisante d'une personne qui accorde une faveur...


Autant de corbettes est desoleant, on sent bien que Mme mezian arrose de sa main genereuse tout ce bon monde.
 
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