AFP - Vendredi 11 avril, 15h13
RABAT (AFP) - La Banque Mondiale (BM) a demandé jeudi soir à Rabat aux pays arabes de réduire rapidement leur consommation d'eau afin d'empêcher une pénurie catastrophique.
"Il ne s'agit pas de mesures techniques qui doivent être décidées par des ingénieurs mais de réformes politiques profondes que les gouvernements de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) tardent à prendre car elles ne sont pas très populaires", a affirmé, jeudi soir à Rabat, Pier Francesco Mantovani, spécialiste en eau à la Banque Mondiale.
Pourtant, la situation est alarmante car cette région utilise plus d'eau qu'elle n'en reçoit et cela va en empirant. Selon un rapport de la BM, sous l'effet de la croissance démographique, la disponibilité de l'eau par habitant baissera de moitié en 2050, et dans le même temps les ressources en eau renouvelable, qui sont déjà les plus basses au monde, vont chuter d'au moins 20% sous l'impact des changements climatiques.
Ainsi, les ressources en eau renouvelables par habitant, qui étaient de 4.000 m3 par an en 1950, se situent actuellement à 1.100 m3, et d'après les projections elles tomberont à 550 m3 en 2050 alors que la moyenne mondiale sera de 6000 m3 par personne à la moitié du XXI e siècle.
Cela s'accompagnera de graves conséquences pour les nappes souterraines et les réseaux hydrographiques naturels déjà assez limités de la région. Déjà, la dégradation de la qualité des eaux coûte très cher: près de 3% du PIB pour l'Iran et entre 1 et 1,5% pour les autres pays de la région MENA.
"Les problèmes et les solutions sont connus mais l'avancement des réformes est lent. Il faut impérativement réduire la consommation totale à hauteur des ressources disponibles tout en offrant des services adéquats pour les besoins de la population", a souligné Julia Bucknal, principale spécialiste en gestion des ressources naturelles à la Banque Mondiale.
La BM suggère une "meilleure gouvernance" de l'eau en prenant en compte le fait que les usages domestiques, commerciaux et industriels de l'eau ne représentent que 10 à 15% des besoins en eau d'un pays et que le reste va à l'agriculture.
C'est donc sur dernier secteur qu'il faut intervenir en réduisant l'irrigation notamment en instaurant des "allocations d'eau", "ce qui implique de décider dans la transparence qui recevra de l'eau et dans quelle quantité", assure la Banque Mondiale.
Elle propose aussi, grâce à la croissance urbaine, de réduire les emplois dans l'agriculture, de permettre aux agriculteurs de s'adonner à des cultures à forte valeur ajoutée, et d'importer une part plus large des produits alimentaires pour protéger l'eau de la région MENA.
Si la plupart des pays de cette région tardent à mettre en oeuvre cette régulation de la demande d'eau, la Tunisie, la Jordanie, les Territoires Palestiniens et Israël "ont compris le caractère stratégique de l'eau et ont fait les réformes nécessaires", a souligné M. Montovani.
"Dans ce domaine, la Tunisie a quinze ans d'avance sur le Maroc et encore plus sur l'Algérie. Elle a réussi à assurer ses besoins d'eau de manière durable et au Maghreb, c'est le pays où l'eau est la moins chère", a-t-il dit.
RABAT (AFP) - La Banque Mondiale (BM) a demandé jeudi soir à Rabat aux pays arabes de réduire rapidement leur consommation d'eau afin d'empêcher une pénurie catastrophique.
"Il ne s'agit pas de mesures techniques qui doivent être décidées par des ingénieurs mais de réformes politiques profondes que les gouvernements de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) tardent à prendre car elles ne sont pas très populaires", a affirmé, jeudi soir à Rabat, Pier Francesco Mantovani, spécialiste en eau à la Banque Mondiale.
Pourtant, la situation est alarmante car cette région utilise plus d'eau qu'elle n'en reçoit et cela va en empirant. Selon un rapport de la BM, sous l'effet de la croissance démographique, la disponibilité de l'eau par habitant baissera de moitié en 2050, et dans le même temps les ressources en eau renouvelable, qui sont déjà les plus basses au monde, vont chuter d'au moins 20% sous l'impact des changements climatiques.
Ainsi, les ressources en eau renouvelables par habitant, qui étaient de 4.000 m3 par an en 1950, se situent actuellement à 1.100 m3, et d'après les projections elles tomberont à 550 m3 en 2050 alors que la moyenne mondiale sera de 6000 m3 par personne à la moitié du XXI e siècle.
Cela s'accompagnera de graves conséquences pour les nappes souterraines et les réseaux hydrographiques naturels déjà assez limités de la région. Déjà, la dégradation de la qualité des eaux coûte très cher: près de 3% du PIB pour l'Iran et entre 1 et 1,5% pour les autres pays de la région MENA.
"Les problèmes et les solutions sont connus mais l'avancement des réformes est lent. Il faut impérativement réduire la consommation totale à hauteur des ressources disponibles tout en offrant des services adéquats pour les besoins de la population", a souligné Julia Bucknal, principale spécialiste en gestion des ressources naturelles à la Banque Mondiale.
La BM suggère une "meilleure gouvernance" de l'eau en prenant en compte le fait que les usages domestiques, commerciaux et industriels de l'eau ne représentent que 10 à 15% des besoins en eau d'un pays et que le reste va à l'agriculture.
C'est donc sur dernier secteur qu'il faut intervenir en réduisant l'irrigation notamment en instaurant des "allocations d'eau", "ce qui implique de décider dans la transparence qui recevra de l'eau et dans quelle quantité", assure la Banque Mondiale.
Elle propose aussi, grâce à la croissance urbaine, de réduire les emplois dans l'agriculture, de permettre aux agriculteurs de s'adonner à des cultures à forte valeur ajoutée, et d'importer une part plus large des produits alimentaires pour protéger l'eau de la région MENA.
Si la plupart des pays de cette région tardent à mettre en oeuvre cette régulation de la demande d'eau, la Tunisie, la Jordanie, les Territoires Palestiniens et Israël "ont compris le caractère stratégique de l'eau et ont fait les réformes nécessaires", a souligné M. Montovani.
"Dans ce domaine, la Tunisie a quinze ans d'avance sur le Maroc et encore plus sur l'Algérie. Elle a réussi à assurer ses besoins d'eau de manière durable et au Maghreb, c'est le pays où l'eau est la moins chère", a-t-il dit.