Le droit à la culture amazighe sur les chaînes nationales

agerzam

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La télévision marocaine ne reflète pas la diversité culturelle du royaume. Un de ces exemples de ce racisme qui ne dit pas son nom, ce sont les obstacles que rencontrent les émissions d’expression amazighe (en langue berbère) : elles sont limitées à moins d’une heure par jour et renvoient une image folklorique des populations concernées. Abdellah Bouzandag est président de l’association Abaraz, pour la création artistique. Dans un entretien, il dénonce la fermeture de l’audiovisuel marocain aux berbérophones, notamment sur la chaîne 2M. Récemment, Abaraz a organisé un sit in pour protester contre cette télévision.


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Abdellah Bouzandag, photo Tafsut.fr.tc fournie par l’artiste

Pouvez-vous nous donner des exemples de musiciens amazighs indésirables à l’antenne ?
Je peux vous dire que tous les artistes amazighs (berbères) ont toujours été indésirables sur 2M, mais après un long combat des associations et des militants amazighs, on a abouti a faire « reconnaître » partiellement le droit de la culture amazighe sur les chaînes nationales. Je peux même dire maintenant que sur la chaîne 2M, tamazight (langue berbère) est toujours en situation de marginalisation. Nous n’avons le droit de voir les artistes et les programme amazighe qu’à partir de 14h00 de chaque jour. En plus, c’est juste une demie heure ou au maximum quarante-cinq minutes. Comme vous le savez, cet horaire n’est pas du tout convenable, c’est l’heure oû les citoyens partent travailler ou font la sieste..Je le répète, tous les artistes d’expression amazighe sont indésirables à l’antenne.



Cette politique de marginalisation vise a folkloriser notre culture. C’est vrai qu’il y a maintenant des émissions et des informations en tamazight, mais ces programmes donnent toujours une image folklorique de nous.. Je peux tout de même vous donner des exemple des groupes et d’artistes qui sont indésirables sur 2M a cause de leurs attachement a l’identité amazighe : le légendaire groupe Izenzaren n’est jamais passé sur cette chaîne. C’est comme si c’était un groupe étranger, et ce malgré un long parcours artistique. Il y a beaucoup d’autres cas, surtout chez la jeunes génération des talents qui veulent faire sortir la musique amazighe de la marge pour la faire connaître à l’échelle mondiale. Je peux citer des artistes de la diaspora comme Yuba, Idbassaid.... et d’autres au Maroc comme Amarg Fusion, Massinissa, Tafsut, Aza et d’autres encore.
Pour rappel, nous avons organisé en collaboration avec d’autres artistes un sit in symbolique contre cette discrimination. Nous avons appelé les artistes amazighs a participer. Mais nous connaissons toujours la même situation de marginalisation et de négligence de la chanson amazighe.


Votre association a-t-elle essayé de rencontrer des responsables de la chaîne 2M pour parler de ce problème ?
Oui, mais les portes restent toujours fermées. Nous avons envoyé des lettres, des e mails.. Mais ils restent toujours "no reply". Nous avons aussi contacté par mail d’autre institutions comme la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle), sans obtenir de réponse.


Est-ce que l’Ircam ne pourrait pas vous soutenir ou appuyer une démarche pour un meilleur accès à l’antenne ?
C’est a eux de répondre a cette question. Nous avons envoyé des mails à cette institutions l’année dernière et nous avons reçue aucune réponse. Nous allons faire la même chose cette année : ce sera à leur tour de réagir.


A votre avis, une chaîne entièrement berbère serait-elle une solution ?
Concernant la chaine amazighe, elle est nécessaire, mais n’oublions pas que nous avons aussi nos droits comme citoyens amazighs dans ces chaîne dites « nationales », parce qu’en paye a travers les taxes de l’électricité pour les médias. Nous réclamons nos droits, nous ne somme pas des mendiants qui cherchent la « sadaka » (aumône), nous somme des citoyens qui veulent leurs droits légitimes à des médias démocratiques qui respectent la diversité culturelle de notre pays. Je veux signaler aussi qu’il ne faut pas que la nouvelle chaîne amazighe démarre de la même façon que les autres créées récemment. Sa réussite est liée a la volonté politique, aux moyens que l’Etat va lui donner et aussi au professionnalisme et à la bonne foi de son personnel.


Finalement, êtes-vous optimiste sur l’avenir de la musique amazighe ?
Oui, parce que tant qu’il y a beaucoup de jeunes qui écoutent la musique amazighe. L’essentiel, c’est que la musique d’expression amazighe se développe, le future et ouvert. Il y a aussi l’émergence de cette nouvelle scène amazighe qui s’impose avec des styles modernes comme, Yuba, , Massinissa, Amarg Fusion, Imtlaa, Aza....Mon espoir est lié principalement à cette nouvelle génération d’artistes militants et à l’attachement puissant du peuple amazigh à sa musique et à sa culture.


Quelle est votre réaction concernant la vague de violences contre les étudiants berbères au Maroc ?
Nous tenons à déclarer notre soutien inconditionnel a tous les victimes de la répression makhzénienne contre les Amazighgs et les membres du MCA a travers les universités (Aagdir, Taza, Imteghren, Meknes...). Les ennemis de tamazight sont toujours là pour nous intimider., mais nous continuons de résister. N’oublions pas que le mouvement amazigh milite contre plusieurs ennemis au Maroc : le makhzen et ses alliés arabo-baathistes. Mais le peuple amazigh est connu pour sa résistance à toutes les formes de répressions et la cause amazighe gagnera certainement. Nous déclarons notre soutien sans faille aux victimes de cette répression et surtout aux militants emprisonnés.


Comment est née l’association Abaraz ?
Notre association est née pour repondre à un besoin : il manque des organisations militantes dans le domaine des arts amazighs. Pour cela, les artistes membres du groupe Tafsut Music Band et quelques comédiens amazighs du groupe Abaraz Drama se sont réunis pour essayer de répondre a ce besoin en créeant cette association. Pour cela on suit la situation de l’art amazigh et en organise des évènements pour sensibiliser les artistes sir leurs droits, pour bien les former afin qu’ils soient au niveau avec l’assistance d’autres associations amazighes militantes et les cadres du Mouvement Amazigh en general. Tanmirt (« merci » en berbère).



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