marocain et fassi said:
marocain et fassi said:
"Ayant vécu toute mon enfance dans un milieu arabe, d'origine citadine, de Fes, prétendant avoir des " origines" médinoises, j'en ai entendu des expressions terribles sur les chleuhs ( pourtant j'en suis un), sur les Juifs, sur les Noirs..."
Voila qu'Aksel est fassi!!!
Cher M
arocain et fassi, (tu permets que je t'appelle " cher ami? tu commences à être un habitué de ce forum ) je n'ai jamais dit que je suis fassi; par contre je suis natif de la ville d'agadir, d'un père atanan ( chleuh, Haut Atlas ), qui, dans sa jeunesse s'était engagé dans l'armée, a servi à Tissa, Fes, Taounat. Il demanda la main d'une jeune fille orpheline, d'une famille fassi pauvre et cette jeune fille est devenue ma mère.
Mon père étant décédé alors que je n'avais que deux ans, j'ai grandi donc dans un milieu arabophone; mais ma mère nous emenait de temps en temps à la campagne, rendre visite à notre famille paternelle; ces derniers ( mon oncle , mes tantes, mes cousins et cousines ) venaient aussi de la campagne jusqu' à la ville d'agadir, nous rendre régulièrement visite et nous faire part de notre héritage: blé, dattes, huile, amandes, etc...
Ma mère avait appris des rudiments de tachelhit et était très aimée par sa belle famille amazighe, d'Ihahan et d' Ida U tanan. Par contre il y avait très peu de liens entre mes familles amazigh et fassis. Ces derniers étaient venus à Agadir vers 1965, après le tremblement de terre, pauvres et pleins d'espoir de recommencer une vie dans cette ville qui se reconstruisait; nous les avions hébergés dans notre petite maison d' un quarter populaire; très vite ils se sont bien débrouillés, et en quelques années se sont même enrichis, dans l'immobilier et la fonction publique.
Une fois, ils s'étaient arrêtés sur le chemin de retour vers Fes, à la campagne, dans la région d'essaouira, chez la famille de mon père: ils furent reçus comme des rois, on a abattu pour leur faire honneur un bélier, et on leur a accordé pour se reposer la plus belle pièce, comme si ils furent des princes.
Mais de la part de ma famille fassi il n y avait souvent que mépris et condescendance pour ces pauvres paysans amazighes.
Avec l'âge, et grâce à mes camarades de collège, lycée, j'ai réappris mon identité et ma culture amazighe, que je ne connaissais pas bien; je me suis rendu compte de la marginalisation de cette belle culture et de cette langue que je décidai de me réapproprier, avec fierté. Je me suis rendu compte combien les gens d' Agadir étaient petit à petit dépossédés de leur ville, de leurs campagnes, par la mafia arabophone sans scrupules, alors que les nouveaux arrivants, de fes, de rabat et d'ailleurs réussissaient, prospéraient, parce qu' ils avaient moins de honte et de timidité ( ssantiha : le front ).
Quant aux jeunes d'agadir, la plupart immigraient lorsqu' ils réussissaient leurs études ou se débrouillent pour partir au loin, à l'étranger, car ils savaient qu' ils n'obtiendraient rien en restant chez eux. Je fais partie de ces jeunes gadiris qui n'ont pas "
leur grand mère dans le maârouf" commeon dit chez nous, c'est à dire pas de connaissances haut placées pour me trouver un travail: malgré la réussite de mes études universitaires j'étais voué au chômage. C'est avec désespoir et amertume que j'ai dû quitter ma famille, immigrer en France où mes compétences furent vite reconnues et où on m' a embauché sans me demander de quelle famille ou quelle religion j'étais.
Je ne suis pas raciste, mais je me retrouve personnellement mieux dans mon milieu amazigh, plus honnête, plus simple et authentique, quoique conservateur; c'est dans la campagne amazighe, loin dela ville, que je préfère le plus passer mes vacances, pour retrouver mes racines et le coeur de mon pays. la mentalité arabophone citadine de fes, rabat, salé, est plus artificielle, emplie de détours et de circonvolutions, de politesses factices et d' un fatras " civilisé" (
hadara ) archaïque trop pesant. Un roi alaouite du 19 ème siècle avait déjà formulé cette remarque, en demandant aux gens de Fes de prendre exemple sur les Imazighens, gens droits et honnêtes.
Nous désirons un Maroc pour tous, juste et égalitaire, où la langue et la culture amazighe sont reconnues à leur juste valeur, comme le fondement de notre nation. L'amazighité de notre pays est le seul garant contre la sclérose moyen orientale qui nous empêche de progresser: hélas je constate que l'arabisation avance sans pitié, à cause de l'aveuglément et de l'entêtement des castes citadines des villes " impériales", bien introduites dans les rouages de la politique, du makhzen, de l'administration, ces trois démons ennemis du peuple marocain quelques soient ses origines, arabophone, amazighe, juif, noir...
L' amazighité en tant que voie politique est la seule alternative vraie et juste à l' échec des partis politiques de notre pays et des idéologies panarabes et islamistes qui nous menacent de sous développement et d'enfermement au monde qui avance: on a raté tant de révolutions internationales à cause de nos anciens sultans, voilà que nous ratons encore l'entrée dans le XXI siècle.