La conjugaison, les différents temps du verbe:

Sin

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Nous vous proposons ici de discuter de la conjugaison du verbe en général, et de ses différents temps de conjugaison en particulier. Certes, nos linguistes ont gagné beaucoup de terrain sur ce sentier, mais nous pensons que pour un site AUSSI actif, tel celui-ci, il serait d'une grande utilité que chacun d'entre nous y apporte sa contribution. A vous la parole. Tanemmirt.
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

salam,
je viens juste de voir ce nouveau sujet qui a l'air tout a fait intéressant!!!!!!! Je suis tachelhite mais mes parents nous ont fait grandir dans l'arabe. Je connais la langue et j'en apprends de plus en plus mais je ne suis pas a l'aise a l'oral. Sinon je crois que je peux me permettre de dire qu'il existe comme temps de conjugaison:le présent, le futur, et l'impératif.
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

Da + verbe conjugué...


da allagh, je pleure
da tallat, tu pleures
da yalla, il pleures
da talla, elle pleure
da nalla, nous pleurons
da tallam, vous pleurez
da allan, ils pleurent
da allant, elles pleurent

Ar + verbe conjugué...

ar allagh, je pleure
ar tallat, tu pleures
ar yalla, il pleure
ar talla, elle pleure
ar nalla, nous pleurons
ar tallam, vous pleurez
ar allan, ils pleurent...
ar allant, elles pleurent....

Les deux formes sont utilisées pour le présent...
Ce que je vois comme différence (mais c'est à vérifier)...
C'est que seule la forme da + verbe est utilisée pour désigner une caractéristique propre d'une chose, personne...:
Ex:
Aydi da ithâw...le chien aboie c’est sa caractéristique...
si on dit ar ithâw Aydi: on traduirai par le chien est en train d’aboyer...

Et j'ai l'impression que la forme ar + verbe suppose qu’il y ait une action antérieure…
Ex :
Da tala : elle pleure...
Ar tala: elle pleure (suite à une autre action)...


C’est un peu confus...
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

Le Berbère, pour conjuguer ses verbes, se réfère à l’aspect du procès ( état de l’action ) et non pas à sa localisation temporelle , comme le fait le français qui situe l’action décrite dans le temps.

Les premiers berbérisants avaient, sans doute, emprunté la terminologie temporaliste du français ( passé, présent, futur ). A partir d’ André Basset, les berbérisants commençaient à adopter la terminologie aspectualiste des arabisants ( accompli, inaccompli ..., selon que l’action décrite par le locuteur est achevée ou non-achevée, ex : yuzzel, ar ittazzal = il a couru, il court ).

Aujourd’hui, les berbérisants ont fini par adopter l’aspectualisme dans leur description du système verbal berbère, mais ils ont abandonné la terminologie arabisante pour parler de trois thèmes verbaux fondamentaux : l’aoriste, l’aoriste intensif et le prétérit ( l’aoriste intensif étant l’inaccompli et le prétérit, l’accompli de la terminologie arabisante ), à ces trois thèmes, on adjoint aussi le prétérit négatif, le participe et l’impératif.

Si on doit chercher des correspondances à ces thèmes verbaux dans la terminologie temporaliste, le prétérit serait le passé, l’aoriste intensif serait le présent et le futur correspondrait au complexe ( r )ad + aoriste.
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

Voici ce que dit Salem Chaker au sujet de l’inadéquation de la terminologie dichotomique ( accompli / inaccompli ) des sémitisants :

« … On peut cependant se demander si cette terminologie est bien la mieux adaptée aux données berbères et si elle n'est, pour une large part, déterminée surtout par l'influence de la tradition sémitisante, extrêmement forte dans les études berbères.

Car au plan sémantique, l'aoriste intensif est toujours positivement marqué comme un "extensif", duratif ou itératif. La dénomination d'inaccompli, avec préfixe négatif, paraît donc plutôt malheureuse pour une forme morphologiquement et sémantiquement marquée, comparable aux formes "progressives" de l'anglais ou au complexe verbal français "(être) en train de + infinitif" : on rendrait, à notre sens, certainement mieux compte de la distinction en parlant d'opposition entre un "ponctuel" (ou non extensif) et un "extensif", comme le proposait Th. Penchoen (1973 : 43). D'autant que dans le cadre sémitique, d'où vient cette terminologie, la dichotomie "accompli"/"inaccompli" est expressément définie comme n'étant justement pas une opposition entre un "perfectif ou momentané et un imperfectif ou duratif" (M. Cohen 1924/a : 12) ; or, c'est exactement ce à quoi correspond l'opposition berbère prétérit/aoriste intensif ! L'emprunt terminologique paraît donc plutôt inadéquat. Sauf, bien sûr, à redonner à ces termes une définition spécifique au berbère et à leur faire recouvrir autre chose qu'en sémitique. Mais tout cela serait assez gratuit et plutôt source de confusion. C'est pour cela que, pour ma part, je reste fidèle à la terminologie classique d'André Basset ("prétérit, aoriste, aoriste intensif"), sachant que ces dénominations ne sont que des étiquettes, ne préjugeant pas (ou très peu) du signifié … »
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

Dans l’extrait suivant, S. Chaker évoque certaines tendances temporalistes au sein d’un système verbal amazigh fondamentalement aspectualiste :


« … toutes les formes des systèmes verbaux berbères évoluent fondamentalement dans le domaine de la "qualification interne du procès", c'est-à-dire de l'aspect.
Mais, au niveau de la dynamique générale, observable à des degrés divers dans tous les dialectes, on peut émettre l'hypothèse que les oppositions verbales, d'abord exclusivement aspectuelles, tendent, du fait de la multiplication des formes, à constituer des systèmes mixtes, où coexistent deux plans d'organisation, aspectuel et temporel.

"Naissance des temps" en berbère, selon une formule de Leguil (1982), qui se produit simultanément dans bien des dialectes berbères et pas uniquement sur la base des valeurs temporelles du morphème rad du tachelhit : les thèmes d'intensif (aoriste intensif et, pour le touareg, prétérit intensif), à valeur fondamentale d'extensif ou duratif, prennent aisément des valeurs de concomitance, puis de présent actuel (pour l’aoriste intensif) ou de parfait présent (pour le prétérit intensif).

On en arrive alors à un schéma d'évolution - qui ne semble pas loin d'être achevé en chleuh et même en touareg ou en kabyle - avec une triade temporelle complète "passé" (= prétérit)/"présent" (= aoriste intensif ou prétérit intensif)/"futur" ((r)ad + aoriste). D'autant que dans les parlers particuliers (surtout au Maroc, mais aussi au Mzab et dans même certains parlers kabyles), la réorganisation du système est en fait beaucoup plus profonde avec multiplication d'auxiliaires verbaux, plus ou moins figés, à valeur le plus souvent temporelle ...

Dans bien des dialectes, au "centre" aspectuel primitif, s’est donc adjointe toute une "périphérie" temporelle par le biais de ces auxiliaires dont la grammaticalisation est souvent très avancée.

Ainsi, les descriptions temporalistes anciennes - dont on trouve une illustration achevée dans les travaux de Charles de Foucauld sur le touareg ne sont pas sans une certaine validité : tendanciellement, statistiquement, les formes du verbe berbère recouvrent effectivement très souvent des valeurs temporelles.

Seule l'importance encore très grande des emplois qui n'entrent pas (ou difficilement) dans un schéma temporel et leur caractère non-conditionné imposent l'approche aspectuelle …


Source :

http://66.102.9.104/search?q=cache:...t=clnk&cd=7&gl=fr&lr=lang_fr&client=firefox-a
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

« La conjugaison des verbes CC à voyelle alternante en Berbère », par Maarten :Kossmann.

https://openaccess.leidenuniv.nl/bitstream/1887/4157/1/1267577_042.pdf


Maarten Kossmann examine ici la conjugaison des verbes à deux consonnes en berbère.

Ces verbes sont sans voyelle pleine à l'aoriste et ont une voyelle pleine après la dernière consonne au prétérit. Il examine en particulier la variation de cette conjugaison à travers les différents parlers berbères et propose une reconstruction de la conjugaison en protoberbère.

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« Les verbes à « i » final dans les parlers zénètes » : par Maarten Kossmann :

https://www.openaccess.leidenuniv.nl/bitstream/1887/4153/1/1267577_036.pdf

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« L’inaccompli négatif en Berbère » par M. Kossmann :

https://www.openaccess.leidenuniv.nl/bitstream/1887/4159/1/1267577_044.pdf
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

Tanemmirt tamwqrant Agraw-n-Bariz ghif ineghmisn d issefri nk d awd xf tighemrin nna s g ed tuwyed mayd tennid. Nesul a nughul ghr awal-a s tudert nk, ceyy d mayd isellan.
 
Re : La conjugaison, les différents temps du verbe:

Merci Agraw-n-Bariz pour toutes ces références, même si elles nécessitent un peu de vulgarisation pour ma part...
 
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