IRCAM : Qui est contre la langue amazighe ?

brahimdebouzerz

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IRCAM : Qui est contre la langue amazighe ?
le 01/06/2005

Soutenus par le Palais, les membres de l'institut culturel berbère mis en place par Mohammed VI se plaignent de l'hostilité de l'administration.

Le 27 juin 2002, dans l'immense salle du trône du Palais royal de Rabat, une quarantaine de militants amazighs attendent d'être nommés par le roi Mohammed VI au conseil d'administration de l'Institut royal de la culture amazighe (Ircam), mis en place par le chef de l'État le même jour. Comme toutes les cérémonies officielles, la manifestation est couverte par les deux chaînes de télévision publiques. Mais, ce jour-là, ordre leur a été donné de ne pas retransmettre les nominations royales, les membres du nouvel institut ayant, tout simplement, décidé de ne pas faire le baisemain rituel au souverain.

Ce « précédent » fait la une de toute la presse écrite. Le roi, quant à lui, ne réagit pas. Il se contente de définir les missions du nouvel organisme : « la sauvegarde, la promotion et le renforcement de la place de la culture amazighe dans l'espace éducatif, socioculturel et médiatique national ». Pour les membres de l'Ircam, c'est le point de départ vers la réalisation d'un certain nombre d'objectifs : rassembler les dialectes amazighs pour faire ressortir une « langue écrite et unifiée », relire l'histoire du Maroc en y incluant l'apport de la culture amazighe, assurer l'enseignement du berbère dans les écoles... Manuels scolaires, bandes dessinées, documents sonores, etc., constituent l'armature d'un projet piloté par une centaine de chercheurs.

Financé intégralement par le Palais, le budget de l'Institut n'est pas négligeable : plus de 7 millions d'euros par an. Mais la mission académique de l'Ircam est doublée d'une dimension politique reconnue par tous les observateurs. Les membres du conseil d'administration, nommés par le roi, sont en effet, dans leur majorité, d'anciens militants associatifs.

Si l'institut royal dispose de moyens financiers suffisants pour mener un projet scientifique aussi important, les problèmes ne manquent pas : « Ils concernent surtout les rapports avec l'administration, souligne Mohamed Chafik, ancien directeur du Collège royal et figure emblématique du mouvement amazigh. On peut même parler de guerre idéologique. » Pour les membres de l'Institut, il y aurait une franche hostilité de l'administration à l'égard de leur projet. « On le vit quotidiennement lors de nos réunions avec les responsables du ministère de l'Éducation nationale, pour la diffusion et la distribution des manuels scolaires », note Ahmed Assid, membre du conseil d'administration.

En avril dernier, la grogne prend une forme plus apparente. Sept membres de l'Institut décident de se retirer. Ils seront reçus à deux reprises par Meziane Belfqih, conseiller du roi, en vain. Dans un communiqué, ils expliquent les raisons de leur geste : « Le ministère de l'Éducation nationale, qui avait établi, au terme de 2008-2009, un programme de généralisation de l'enseignement de l'amazigh à tous les élèves et à tous les niveaux de l'enseignement... continue à déclarer officiellement son attachement au "livre blanc" et à la "charte nationale", documents élaborés avant 2001 qui assignent à la langue amazighe la fonction humiliante de support d'apprentissage de l'arabe durant les deux premières années du primaire ».

Les sept démissionnaires n'ont toujours pas été remplacés, ce qui traduit une certaine lassitude du Palais. Les membres de l'Ircam restés en poste partagent les mêmes reproches à l'encontre des départements ministériels concernés - l'Éducation nationale et la Communication notamment -, mais, pour eux, la politique de la chaise vide n'est pas la meilleure solution. « La culture amazighe a été, de tout temps, marginalisée, commente Ahmed Assid. On ne peut pas tout avoir tout de suite. Il faut au moins cinq ans pour voir plus clair. C'est la première fois qu'une stratégie globale est menée, de concert, entre toutes les composantes berbérophones. » Mohamed Chafik est sur la même longueur d'ondes : « Il y a, dans l'administration marocaine, et particulièrement dans les structures de l'enseignement national, une certaine amazighophobie qui puise ses fondements dans l'Histoire. Mais rien ne justifie ces démissions. »

Autre question délicate, la constitutionnalisation de la langue. Elle fait partie d'un débat plus large sur l'opportunité ou non d'une réforme de la Charte fondamentale. Mais constitutionnaliser quoi, et comment : l'amazigh en tant que langue « officielle » ou langue « nationale » ? Ou encore, se contenter de souligner, dans la Constitution révisée, l'apport de la culture amazighe ? Les membres de l'Ircam semblent décidés à revendiquer, sous peu, la constitutionnalisation de l'amazigh en tant que langue officielle. Pour l'instant, disent-ils, il faut « la préparer, pour qu'elle soit présentable en tant que langue rationnelle, écrite et moderne ».

Au Palais, on ne conçoit pas la question sous cet angle. Et on le fait savoir. Lors d'une déclaration à Beni Mellal (à 300 km à l'est de Rabat), il y a un an, le porte-parole du Palais royal, Hassan Aourid, a déclaré que « l'amazigh ne peut être considéré autrement que comme une langue nationale ».

Pourtant, et c'est là un des paradoxes du royaume chérifien, la monarchie est le principal soutien du mouvement amazigh. Les « militants » de l'Ircam, qui constituent le noyau dur de son conseil d'administration, sont convaincus, à l'instar de Mohamed Chafik, de « l'hostilité des partis politiques issus du mouvement national ». Ils procèdent, donc, par étapes : l'affirmation de l'amazigh comme langue écrite et unifiée d'abord, sa constitutionnalisation ensuite. Ceux qui n'ont pas quitté le navire se disent confiants en l'avenir.

OMAR BROUKSY
Source : Jeune Afrique
 
J'aime bien ce genre d'articles, car ils révèlent beaucoup de choses. Nous avons donc un Roi qui décide de créer l'Ircam qu'il s'approprie, un peu effrontément, en même temps en le qualifiant de "royal". Alors qu'on sait tous que la monarchie est plus qu'amazighophobe, elle est carrément amazighicide.

Le roi a même fait un dahir qui porte sur les prérogatives de cette "prestigieuse institution" dont bien évidemennt la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe. Mais le hic, c'est que des ministres qui, normalement, doivent appliquer à la lettre les ordres du chef de l'Etat rechignent à le faire . Et toutes leurs décisions sont prises en son nom. Il y a donc un problème, un gros problème.

On est donc en droit de s'interroger sur ce le refus d'appliquer les recommandations d'une institution royale. On peut même assimiler cela à un acte de désobéissance au Chef de l'Etat qui est généralement suivi, dans pratiquement tous les pays du monde, d'une démission.

Pourquoi donc ces ministres récalcitrants sont encore au pouvoir? Tout simplement, parce que Mohamed 6 est de mèche avec eux. C'est certainement lui qui leur a dit de réagir de la sorte. Par voie de conséquence, l'Ircam, par le fait même, une institution vidée de tout sens. Il faut dire qu'il n'est pas la seule dans ce cas. Passons!

Ce qu'on peut conclure, c'est que le régime au pouvoir, que certains militants amazighs essayent de dédouaner un peu maladroitement (Chafiq, Assid par exemple), est tout simplement amazighophobe et ouvertement contre toute promotion de l'amazighité. Jeter la responsabilité sur des coquilles vides, les partis politiques, est tout simplement un acte, disons, schizophrénique pour autant que le seul à même de décider au gouvernement, c'est bien le roi.

Donc, s'il y a un échec flagrant de la mission de l'Ircam, ce n'est pas à cause des partis baâthistes, mais c'est à cause du régime et à sa tête le roi. Et alors comment peut-on expliquer les déclarations mal venues de son porte parole, Hassan Aourid, et même la non remise en question de la fameuse charte de l'enseignement qui considère le langue amazighe, le plus normalement du monde, comme l'esclave de l'arabe?

Le constat que nous devons faire est tout simplement que le régime, dans sa strucutre actuelle, est incapable de percevoir l'amazighité qu'à l'aune de la suspicion. C'est un peu l'histoire equi se répète. Le régime alaoutie est en train donc de faire avec les Amazighs la même chose que ce qu'il avait fait avec les Sahraouis. C'est à dire que sa seule réponse à des revendications, qui ne doivent même pas être discutées, est le mépris, le dédain et une certaine volonté à gagner le temps en tablant sur le fait que le mouvement va s'essoufler et donc faire la prière de l'absent sur les Amazighs et leur culture.

Le régime se trompe lourdement. Les Amazighs deviennent de plus en plus conscients. Et même le mépris du régime ( le dernier en date est les 26 minutes accordées à l'amazigh à 2m) choque plus d'un. Ce qui leur démontre toute la légitimité et la justice des revendications amazighes qui risquent d'être beaucoup plus ce qu'ils sont maintenant. On remettrait tout simplement sa légitimité en question, se ce n'est déjà fait.
 
brahim boudberz
Pourtant, et c'est là un des paradoxes du royaume chérifien, la monarchie est le principal soutien du mouvement amazigh. :-o :-o :-o :-o :-o

ircam = militants ??? tda gissn tmazighte s arwass

[ Edité par Amazigh-Democratique le 1/6/2005 15:34 ]
 
Cet article lève à nouveau le voile sur les véritables volontés du palais en matière du traitement et de la place à accorder à l’amazigh : il n y a pas de doute que les Alouites, -décideurs suprêmes et dirigeants du maghzen – n’admettent le tamazight dans toutes ses composantes que tant qu’elle accepte de figurer en palette folklorique….passer à l’étape suivante dans l’aboutissement serait l’officialisation et au préalable l’intégration totale à l’éducation nationale, fait encore visiblement peur. La dessus Momo 6 et ses acolytes n’ont pas tord : il est vrai que l’homme amazigh ne se courbe pas facilement aux pouvoirs féodaux. Au refus du baise main évoqué dans cet article, ont précédé les frondes des siba amazighs, le fondement de la première rébuplique amazigh dans le tiers monde par Abdelkrim etc…
 
Amazigh-Democratique a écrit :
brahim boudberz

calmes toi mon petit
je te prie de bien écrire le pseudo, ou abstients toi de le torcher
merci

PS: cet article n'est pas écrit par Brahimdebouzerz, il a été posté par Brahimdebouzerz

il faut donc faire la différence.

Merci Waggag pour cette analyse.
 
Selon vous, est-ce que le Makhzen et le Roi pourraient subir des pressions de l'extérieur ?
Je parle bien sûr de certains financements et autres soutiens venus d'Arabie ou autres pays du coin ...?
 
agerzam a écrit :

Selon vous, est-ce que le Makhzen et le Roi pourraient subir des pressions de l'extérieur ?
Je parle bien sûr de certains financements et autres soutiens venus d'Arabie ou autres pays du coin ...?


Ces pressions peuvent existées mais je ne pense pas qu'elles puissent etre si insistantes que ça car elles n'ont pas besoin de l'etre le syteme en lui meme secrete naturellement une certaine amazighophobie (non pas necessairement une hane de ce qui est amazigh mais plutot une peur de l'amazighité).....nos rebvendications sont encore trop timide,trop culturelle,il faut leur donner une coloration plus politique,il faut qu'elles fassent peur;qu'elle menacent clairement la stabilité de systeme et sa perennité sinon on en tiendra jamais compte (il suffit de ragarder ce qui se passe au sahra pour le comprendre)
 
waggag a écrit :
J'aime bien ce genre d'articles, car ils révèlent beaucoup de choses. Nous avons donc un Roi qui décide de créer l'Ircam qu'il s'approprie, un peu effrontément, en même temps en le qualifiant de "royal". Alors qu'on sait tous que la monarchie est plus qu'amazighophobe, elle est carrément amazighicide.

Le roi a même fait un dahir qui porte sur les prérogatives de cette "prestigieuse institution" dont bien évidemennt la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe. Mais le hic, c'est que des ministres qui, normalement, doivent appliquer à la lettre les ordres du chef de l'Etat rechignent à le faire . Et toutes leurs décisions sont prises en son nom. Il y a donc un problème, un gros problème.

On est donc en droit de s'interroger sur ce le refus d'appliquer les recommandations d'une institution royale. On peut même assimiler cela à un acte de désobéissance au Chef de l'Etat qui est généralement suivi, dans pratiquement tous les pays du monde, d'une démission.

Pourquoi donc ces ministres récalcitrants sont encore au pouvoir? Tout simplement, parce que Mohamed 6 est de mèche avec eux. C'est certainement lui qui leur a dit de réagir de la sorte. Par voie de conséquence, l'Ircam, par le fait même, une institution vidée de tout sens. Il faut dire qu'il n'est pas la seule dans ce cas. Passons!

Ce qu'on peut conclure, c'est que le régime au pouvoir, que certains militants amazighs essayent de dédouaner un peu maladroitement (Chafiq, Assid par exemple), est tout simplement amazighophobe et ouvertement contre toute promotion de l'amazighité. Jeter la responsabilité sur des coquilles vides, les partis politiques, est tout simplement un acte, disons, schizophrénique pour autant que le seul à même de décider au gouvernement, c'est bien le roi.

Donc, s'il y a un échec flagrant de la mission de l'Ircam, ce n'est pas à cause des partis baâthistes, mais c'est à cause du régime et à sa tête le roi. Et alors comment peut-on expliquer les déclarations mal venues de son porte parole, Hassan Aourid, et même la non remise en question de la fameuse charte de l'enseignement qui considère le langue amazighe, le plus normalement du monde, comme l'esclave de l'arabe?

Le constat que nous devons faire est tout simplement que le régime, dans sa strucutre actuelle, est incapable de percevoir l'amazighité qu'à l'aune de la suspicion. C'est un peu l'histoire equi se répète. Le régime alaoutie est en train donc de faire avec les Amazighs la même chose que ce qu'il avait fait avec les Sahraouis. C'est à dire que sa seule réponse à des revendications, qui ne doivent même pas être discutées, est le mépris, le dédain et une certaine volonté à gagner le temps en tablant sur le fait que le mouvement va s'essoufler et donc faire la prière de l'absent sur les Amazighs et leur culture.

Le régime se trompe lourdement. Les Amazighs deviennent de plus en plus conscients. Et même le mépris du régime ( le dernier en date est les 26 minutes accordées à l'amazigh à 2m) choque plus d'un. Ce qui leur démontre toute la légitimité et la justice des revendications amazighes qui risquent d'être beaucoup plus ce qu'ils sont maintenant. On remettrait tout simplement sa légitimité en question, se ce n'est déjà fait.

[size=medium][color=0000FF]comme il a dit lui[/color][/size] :-D :-D
 
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