Halte aux faux debats!
Voila un discours qui fait marche arrière. C’est dire que les sociétés humaines en dehors de l’Occident ne sont pas éprises par la justice sociale, du respect et de la sacralité de la vie humaine, l’égalité des membres de la même société, qu’ils soient femmes, enfants ou hommes. La notion de justice est un principe universel que tous les hommes poursuivent selon les moyens et les circonstances dans les quelles ils vivent. Ce genre de slogans fortement occidentalisés risque d’étouffer le discours amazigh, de le videz de son essence. Rien d’aussi faux que de dessiner notre futur à la lumière d’un projet de société bourré d’eurocentrisme bien souvent incompatible avec la réalité marocaine.
Il y’a juste un siècle, le penseur allemand Max Weber voyait dans le confucianisme l’une des raisons du sous-développement chinois. A l’époque, la Chine était pauvre, divisée, occupée partiellement par des forces étrangères et en état de guerre civile. L’élite de Pékin et Shanghai qui a étudié à l’étranger, souvent en Europe ou en Amérique, pensaient la même chose. Un siècle plus tard, l’élite chinoise actuellement au pouvoir affirme que le confucianisme est le secret derrière son miracle économique. Même si le pays est officiellement communiste, le confucianisme a été réhabilité aux annexes 80 en étant que courant spirituel principale de la culture chinoise. La Chine est désormais une puissance économique mondiale. Les spécialistes européens et américains soulignent la même conclusion. Certains sont meme des adeptes du confucionisme!
Face de ce projet de société occidentalisée que Raha prône, se trouve un model oriental qu’on est entrain d’implanter depuis 1956 par l’arabisation. C’est un model totalitaire avec ses myogènes, ces petits imams qui se comportent comme des bourreaux masochistes, ses enfers de Tazmammarts, ses corruptions et maladies mentales, ses atrocités sanguinaires, ses camps de concentration de Tindouf, ses incapacités de penser et de produire, son manque d’imagination et de créativité et sa haine héréditaire des juifs et des chrétiens. Les courants islamistes sont largement adhérents à ce projet de société. On assiste depuis 1956 à de perte terrifiantes de générations et d’énergies. C’est claire que Raha à raison à ce point.
Mais, ce serait faux de placer le mouvement amazigh comme un ennemi face aux autres courants, qu’ils soient religieux ou pas. Nier la dimension spirituelle de la culture marocaine mènera vers l’échec total. Ca veut dire aux yeux des autres que les amazighs sont des agents de l’expansionnisme occidental. Ils veulent occidentaliser la société, abolir la religion, détruire ses traditions, déraciner ses hommes et ses femmes. En sommes, des diviseurs. Imaginez l’effet de ce genre de discours aux yeux des populistes arabo-islamistes! Une polarisation basée sur un tel model conflictuel serait fatal pour tout le monde. C’est Bagdad à la marocaine.
Un autre manque terrible dans cette interview: l’absence totale d’une autocritique. On sait par exemple que le manque d’un minimum de démocratie au sein du MCA a discrédité largement ce réveil amazigh tant vanté. Ce réveil basé sur un certain retour aux «origines» veut aussi dire un retour à des formes patriarcales tombées en désuétude, un retour aux inégalités chargées d’ethnicismes ridicules entre amazigh et non amazigh, d'un seximsme instauré entre hommes et femmes. C’est aussi le retour à la risée, signe explicite d’une infaculté innée de se compromettre et de s’unir ! C’est aussi le retour du tribalisme, du populisme et de l’historicisme. Il ose par exemple parler d’une «république moderne au Rif» des annes 20.
Au Maroc, la résistance anticoloniale à cette époque n’était pas basée sur une conscience moderne de patriotisme largement partagé mais sur un sentiment religieux. C’était le musulman contre l’occupant chrétien (arumi), un vieux reflexe animé par des siècles de jihad (banditisme maritime si vous voulez) depuis la chute de l’Espagne musulmane! Par ailleurs, le chef de cette «refublik» n’était il pas largement favorable à l’arabisation et à la réislamisation de la société? N’avait-il pas accepté d’être chef de «Maghreb Arabe» en exil, entité ethniciste fabriquée de toute pièce pour la première fois dans l’histoire? Tous cela, on le passe sous silence!
Le discours amazigh de notre temps n’a strictement rien à avoir avec tous ces histoires ! Il est né dans le contexte de l’après indépendance, pas avant cette période. Le Maroc ne doit être ni oriental, ni occidental. Il doit être fidel à lui-même.