Honneur et patrie

Tafart

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Voici un article sur l’histoire du phénomène Harki. Les quelques accusations non fondées sur quelques sites marocaines envers le Souss – et ce n’est pas la première fois que je rencontre de pareilles accusations - m’ont poussé à chercher dans l’histoire le terme Harki. Je partage cet article avec les intéressés. Après tout, il est absolument stupide de ma part en tant que natif du Souss - au lieu de m’occuper de choses utiles - de me voir obligé à repousser des accusations d’un ignorant, à me sentir responsable des actes humains qui auraient eu soit disant lieu dans un passé lointain qui m’échappent complètement, à passer mon temps à répondre à des délires - même s’ils provoquent parfois des questions d’histoire peu connues. De même, il est tout à fait acceptable que les délires de cet ignorant ne soient ni seront les derniers en direction de toute une région et de toute une population aussi bien au Maroc qu’à la diaspora. Et il faut être conscient du fait que nous étions et sommes encore peu populaires chez certains en dehors de notre région, très probablement par manque de bon sens mais surtout par manque d’une conscience nationale qui dépasse l’état assez primitif du régionalisme chez les autres. En revanche je ne peux accepter des bémols de n’importe qui, quelles que soit leur authenticité présupposés! Il faut être conscient du fait que les préjugés anti-Chleuhs – parfois très anciens comme vous pouvez en lire dans la poésie d’Abderahmane Majdoub au 16ème siècle - sont largement admis et supportés par une frange de la population. Ironiquement, là où les autres ont du mal à s’adapter à la complexité d’une vie moderne, à résoudre leurs problèmes socio-économiques, à subvenir à leurs besoins en matière d’éducation et de l’embauche; l’essor du Souss - en voie de développement - et de ses populations dynamiques et créatives, qu’ils soient au pays ou à l’étranger, n’échappe pas aux autres. L’immigration des marocains nordiques en Europe de l’Ouest par exemple est un échec douloureux. Il y’a là un problème socio-ethique à anticiper. Il faut absolument réviser nos positions, adapter nos stratégies à des milieux parfois hostiles pour éviter les conflits, résultas de contacts intensifs et d’heurts de mentalités différentes avec les autres aussi bien au pays qu’en terre d’immigration. Il faut se redéfinir vis-à-vis des autres sans pourtant perdre son honneur et son sens de patriotisme. Il y’a là pour chacun une tâche à accomplir. Vos commentaires ou suggestions sont les bienvenues !

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Qui sont les Harkis?

Il est légitime de se demander quel peut bien être le point commun entre les Harkis et les Berbères tant ces deux termes ont des sens différents. Le premier regroupant une population qui se distingue par sou statut militaire d'abord puis par sou histoire, le second désignant différents groupes liés par une langue. Cependant, nombre de points sans communs à l'histoire de ces deux populations, qui parfois ne font qu'une.

Des définitions en kaléidoscope
Il s'agit avant tout de définir le terme exact de Harki Nous reprendrons la définition de Mohand Hamoumou :

Il s'agit de I'ensemble des personnes de souche arabe ou berbère qui out eu un comportement profrançais durant la guerre d' AIgérie, en raison duquel elles out dû quitter le pays lors de sou accession à I'indépendance en optant pour la citoyenneté française. (Mohammed Hamoumou, 1987).
Nous devons rappeler quelques éléments de définition à propos de ce jargon tout en nuances. Le terme générique de "Harkis" désigne une population qui comprend une grande diversité de cas: harkis supplétifs de l'armée, moghaznis ou mokhaznis employés par les Sections Administratives Spécialisées, Groupes Mobiles de Sécurité qui sont une police supplétive rurale et mobile, Groupes d'Auto-Défense non soldés, appelés et militaires de carrière et du contingent musulmans, notables et fonctionnaires civils; quasiment tous ces hommes out femme et enfants qui soul aussi appelés Harkis. Le colonel Méliani (1993), a eu l'idée de distinguer le terme générique par un "H" initiale majuscule des supplétifs de l'armée qui n'en sont qu'une partie (avec un "h" minuscule).

Tous les Harkis ne sont pas berbérophones même si ceux-ci représentent un
pourcentage largement supérieur à celui qu'ils occupent dans l'ensemble de la
population algérienne. En effet, il y a beaucoup de Harkis qui sont arabophones, et, bien entendu, tous les Berbères ne sont pas Harkis, déjà il faut se limiter aux Berbères algériens par définition et encore à ceux des domaines Nord. Ici nous nous limiterons seulement à nous interroger sur les effets de la berbérité, au sens d'appartenance à une unité socio-culturelle berbère, sur l'histoire des Harkis berbérophones.

À l'origine des Harkis berbérophones
Un élément joue dès le départ un rôle en ce qui concerne cette relation Berbères Harkis. Il s'agit du fait paradoxal que des régions - des massifs montagneux généralement - peuplées de berbérophones aient été parmi les théâtres majeurs de cette guerre, bien qu'il ne taille pas généraliser, l' Algérois arabophone en est un aussi. La rébellion a pris sou essor dans ces régions, souvent isolée (Aurès), sur peuplée (Kabylie) et dont les populations sont souvent en difficulté économique, sans parler des conditions de vie délicates dû au climat. Et enfin, ces régions et leurs populations out eu une "histoire d'insoumission" qui marque leur identité ("conscience kabyle" liée à un développement de l'enseignement), que l'on retrouve dans leur culture à travers le souvenir de personnages mi-historiques, mi-légendaires Gugurtha, Koceila, Kahéna.. .). D'ailleurs l'administration coloniale se heurtera souvent aux révoltes (1849, 1858-1859, 1879, 1916-1920 dans l'Aurès); ce à quoi il faut ajouter la présence de bandits d'honneur (Messaoud Azelmad de 1917 à 1921, Belkacem Grine en Aurès; Arezki Ben Bachir de 1890 à 1895, Oumeri en 1945 en Grande Kabylie). Il est donc logique que ces régions, dont montagnes et forêts souvent impénétrables convenaient parfaitement aux maquis, aient été un terrain de prédilection pour la révolte. Ce fut le cas dans I' Aurès par exemple où le chef historique de la Wilaya 1, Mostéfa Ben Boulaïd*, après avoir participé à la création du FLN et à la mise sur pied de I'insurrection, organisa la "Toussaint rouge" dans sa région.

Le paradoxe apparaît clairement donc, comment des régions si propices à la
rébellion out pu être parmi les premières et les plus enclines à fournir des Harkis?
Dans le cas de I' Aurès, voici comment se sont déroulés les faits. Dès le lendemain de l'insurrection, out été recrutés les premiers supplétifs. Jean Servier, un ethnologue qui préparait sa thèse dans les Aurès, va avoir un rôle déterminant dans la ville d' Arris encerclée, il raconte :

"Il reste cinquante fusils, me dit l'administrateur. Mes instructions, en cas d'attaque, prévoient que nous devons armer les hommes valides. Le premier qui vint à nous fut l' Agha Merchi des Touabas, maïs sou geste avait une autre portée, car sou autorité s'étendait à plusieurs villages, et les hommes de sou clan vinrent le rejoindre. [...] Dans le crépuscule qui s'établissait en mauve et pourpre sur les montagnes, l' Agha Merchi, le capitaine Lakhal et moi assistions à un extraordinaire défilé de visages trous hérissés de barbes noires, de profils d'aigles rehaussés de moustache, de burnous en haillons et de djellabas déteintes sur lesquelles se détachait le ruban délavé d'une médaille militaire ou d'une croix de guerre effilochée, alourdie d'étoiles. Chaque homme se présente, reconnu par sou chef de tribu. À chacun, je donne un fusil et trente cartouches. À la
fin de la distribution, les cinquante fusils sont partis; d'autres hommes attendent encore, les mains vides et devant nous, dans un alignement impeccable se dresse la troupe qui pendant des mois devait donner la chasse aux rebelles et prendre le nom de "Harka de l'Aurés". G. Servier, 1955).

Dans les semaines qui suivent, les effectifs se gonflent. M.B., actuellement retraité à Louvrois (Nord), en a fait partie:

Moi, j'étais berger et je surveillais man troupeau quand un gays déjà engagé, vient me trouver et me dire que l'Agha Merchi me donne rendez-vous le lendemain à Arris. En fait, le caïd nous avait appelés car il avait confiance en nous. De route façon, si je ne m'étais pas engagé, j'aurai été inquiété car j'étais de la fraction de tribu de l'Agha. Pourtant dans la tribu des Touabas dont j'étais i1 y avait des maquisards - et pas des moindres : le chef Ben Boulaïd en était. A Arris, il y avait un rassemblement de 200 gays (dont de nombreux sont ici à Louvrois maintenant).

En effet, l'administration coloniale française - et c'est là un particularisme berbère qui influe sur l'origine des Harkis de l'Aurès, les premiers - a joué sur la rivalité traditionnelle qui oppose les deux grandes tribus des deux vallées de l' Aurès :

les Aït Daoud ou Touaba, de l'agha Sebti Merchi, qui out choisi un camp, sont devenus en majorité Harkis; les Ah Abdi out plutôt majoritairement rejoint les rangs de la rébellion bleu que dirigée par un Touaba, Mostéfa Ben Boulaïd. D'autre part, il est logique de trouver nombre de Harkis dans ces régions car l'origine de leur engagement est liée aux conséquences de la guerre sur les civils. Il y a donc une géographie de l'engagement Harki correspondant à celle de la guerre intensive et bleu souvent aux régions berbérophones.

La nature même de la guérilla menée par le FLN., et la riposte de l'armée française, a fait des civils un objectif dont il est prioritaire de s'attacher la collaboration; organisation politique clandestine d'un coté, section administrative spécialisées de l'autre. Les excès, compromissions out été inévitables et ils out, ainsi que les destructions, heurté le sens de l'honneur développé chez les populations berbères. Ainsi le chaoui Messaoud M. témoigne:

"Nous avons sous-estimé le FLN. Pour nous c'était normal que l'Algérie soit française. Il faut dire que la propagande nous a bernés: on nous disait qu'il fallait chasser les bandits. Mais c'était vrai aussi qu'ils se comportaient en bandits; on était pas contre l'Algérie mais contre les bandits qui égorgeaient les musulmans qui travaillaient dans l'administration (parfois de notre famille) comme des moutons. C'était vraiment injuste."

Ce sens de l'honneur si fort chez les Berbères - bleu qu'il ne soit pas leur apanage exclusif - fait aussi que la fidélité des anciens combattants à l'armée ou l'attachement affectif à un officier particulièrement admiré sont également des facteurs non négligeables.

De même dans ces régions, les déplacements de population qui retirent une certaine sécurité liée à l'enracinement traditionnel dans le terroir, aggravent des conditions de vie déjà précaires font et que des mobiles économiques peuvent être avancés pour expliquer l'engagement de ces Berbères dans l'armée française.

Enfin, en Kabylie notamment ou l'instruction est plus avancée, il nous faut signaler une certaine "élite francisée" (selon l'expression de Hamoumou, 1987) même s'il s'agit d'une minorité parmi les Harkis. Il nous faut également évoquer brièvement les Harkis de l'Ouarsenis berbérophone du Bachaga Bou Alem, vice-président de l'Assemblée nationale, qui out mirent fin au maquis communiste local.

Les Harkis berbérophones après le cessez-Ie-feu
Le 18 mars 1962, est annoncée la fin du conflit qui met les Harkis dans une position délicate, ils sont bleu souvent abandonnés, par instructions officielles, le sens de l'honneur berbère évoqué ci-dessus subit encore une entorse. C'est aussi dans les régions berbérophones les plus concernées par la guerre, nous l'avons Vil, ou les Harkis, nombreux, out le plus entravé l'action de l' A.L.N., en Kabylie surtout ou le sous-préfet d' Akbou a fait un rapport sur ces événements, qu'ils sont massacrés parfois dans des conditions à la limite du soutenable. Notons qu'en revanche, les Harkis out été relativement épargnés en Aurès et beaucoup out été rapatriés via le camp militaire de Télerghema.

Suite à ces rapatriements, berbérophones et arabophones out été mélangés dans les camps du Sud de la France (St-Maurice l'Ardoise, Rivesaltes, Bias, Larzac, camps forestiers.. .) sans tenir compte de leurs régions d'origine, leurs affinités triba1es et familiales. Aucune étude d'ensemble n'a, à ma connaissance, été réalisée sur les filières et regroupements communautaires maïs des études ponctuelles permettent d'affirmer que de nombreuses régions out vu l'installation collective de Harkis des même régions d' Algérie, souvent berbérophones. En ce qui concerne les Harkis aurasiens, "en un au, la quasi-totalité d'entre eux a quitté les villages de forestage, camps et cités d'accueil. Outre Chàteau-Renault, les Touabas (ou Aït Daoud) sant allés s'installer à Rouen (Seine-Maritime) ou ils représentent les 4/5 des réfugiés algériens de 1'agglomération, à Orléans (Loiret), Hautrnont et Valenciennes (Nord), et dans une moindre mesure en Moselle et en Meurthe-etMoselle. On compte enfin une dizaine de familles à Limoux (Au de) et quelques-unes dans l'Ariège. À Saint-Laurent-des-Arbres (commune abritant le camp de St Maurice) ne résident plus que quelques vieillards. Quand à leur rivaux Ouled-Abdi, ils sont pour une part installés à Grand Couronne (banlieue rouennaise) et pour une autre à Dreux, ou résident aussi 35 familles originaires d'Oued Labiod." (M. Roux).

Ces réseaux et auto-regroupements en communautés "socioculturelles" out été nécessaires pour les Harkis qui le pouvaient pour s'appuyer sur les anciennes solidarités et c'est dans ces cas-la qu'ils sont le moins marginalisés. La question, route idéologique, est de savoir si ces regroupements, s'ils out été bénéfiques pour affronter les difficultés immédiates du début, n'entravent pas l"'intégration" dans 1e creuset français. Quoiqu'il en soit, certaines communautés de Harkis berbérophones, comme celle chaouie de la région de Maubeuge -, perpétuent leur culture (langue, religion, coutumes, cuisine...) dans des microcosmes ou l'endogamie entre chaouis prédomine encore, ou les relations sociales sont extrêmement fortes.

La berbérité de certains joue un rôle dans les associations, domaine spécifique à l'actualité des Harkis. En effet, le particularisme kabyle réunit les Harkis originaires de cette région dans des associations ; rares sont les associations ou la coexistence Arabes/Berbères se fait sans accrocs sans affaiblir par la même les représentations de Harkis. D'autre part, les associations dont les adhérents sont majoritairement Berbères jouent parfois un rôle, quoique moindre que celui des associations purement culturelles amazigh, dans la diffusion de la culture berbère (expositions, concerts...).

En définitive, il convient, de ne pas généraliser le lien entre la berbérité et l’histoire des Harkis mais intéressant parallèle se dégage, pendant la guerre où les régions berbérophones sont parmi les plus impliquées, il en résulte que les berbérophones sont sur-représentés parmi la population des Harkis.

Source:
Encyclopédie berbère. Tome XXI. PP. 3397-3401.























































[ Edité par Tafart le 13/2/2004 14:36 ]
 
Merci Tafart pour ces explications!

Ils y a des gens qui ont tendance confondre pas mal de chose!
 
Merci Tafart, très intéressant.

Il y a juste une seule chose que je n'ai pas bien saisie, c'est le lien entre région rebelle et densité de harki.
 
Bonjour,

Ce phénomèe de harki parait être mieux implanté dans les terres nordiques que chez nous. Et il y'a plus qu'un lien entre région et densités de nombres des Harkis. Il faut comprendre que la côte méditerranéenne jusqu'à vers la fin du XIXème siècle, de Tanger jusqu'à la frontière tunesienne, était - à l'exception de quelque bourgs et cites - presque toute habités de populations berbérophones. C'est là où commenca la penetration coloniale. Alger tomba en 1830. Vers 1840, les Espagnols rodaient déjà sur les côtes du Rif. Les changements dramatiques qu'ont subis jusqu'à nos jours ces populations au niveau social, culturel, linguistique et economique devaient être d'une envergure dramatique peu connus chez nous. Aujourd'hui encore, on le sait, la plus part ont perdu leur langue d'origine, un instrumenet important de son identité - et par là la perte de repères identitaires.

Ce phénomène de Harki est donc un résultat d'heurts politiques et sociaux provoqués par les nouvelles puissances coloniales installées trés tôt sur ces terres. C'est aussi logique que les Harkis seraient issues pour la plus part de ces terres soumises.
 
Le phenomne HARKI n a aps commence en 1830,il est anterieur....L Algerie est tombee sous la coupe Turco-ottomane au XVI siecle et depuis lors ces derniers ont cree les HARKIS.
Les francais apres la defaite du Bey et sa fuite ont reconduit l administration turc avec ses pachas et ses caids et ses harkis.......
Au Maroc l Etat makhzenien n avait pas de Harkis mais avait un equivalent represente par les tribus arabes installes et les Abid Alboukhari par l alaouite Smael et lautree alaouite Slimane autour de Fes et Marrakech et Tadla.
Nous avons les harkis d une auttre nature qui se mettent au service du sultan pour extraire par la force des armes la fiscalite des tribus recalcitrantes de Bled Siba( terre ou il est permis de prendre des esclaves si les taxes ne sont pas payees)
Mais les HARKIS en France sont des citoyens francais d origine algerienne qui n ont pas voulu reste au pays apres l autodetermination de 1962.
Si on fait une autodetrmination en Algerie aujourdhui ,toute la population voterait pour RESTER FRANCAISE.............
 
Tifawin,


Le mot « Harka » actuellement en usage dans la langue française n’est autre que « Lharka », comme le montre bien sa structure, est un emprunt de l’Arabe à tamazight. En effet chez les Rifains ce mot est bien en usage mais chaque région à sa manière.

Chez les Rifains de l’est « Iznassen, Kebdana, Beni bou Yahi, Oulad Setout et même chez Les Metalsa), le verbe « remuer », « bouger » ou « se lever en « Harka » » se dit : Harek’

Ce verbe n’est en vérité que le verbe arabe « Harraka = remuer » qui a été amazighisé.

H : Laryngale sonore spirante
K’ : Lingo-palatale sourde spirante (2ème degré à tendance chuintante càa un son proche du « ch » : ça se prononce comme le « ch » allemand dans « Ich = Je »)
T’ :Lingo-dentale sourde spirante
D’ :lingo-dentalesonore spirante



« Hrek’ » est l’impératif à la deuxième personne du singulier qui est par convetion « l’Infinitif » en Tamazight.

Le prétérit se construit comme suit :

Nec/Netc harek’egh = Je me suis levé …
Cek t’harek’ed’ = Tu t’es levé…

Neccin/Necnin/Netcin nharek’ = nous nous sommes levé …
K’enniw/K’’enniw/ Cenniw t’harek’em = vous vous êtes levé…


la forme intensive de ce verbe est : harrak’

Nec harrak’egh = Je me lève …

Neccin nharrak’ = Nous nous levons …


Chez les Ayt Waryeghel et ches les Isenhajen du Rif, le même verbe est utilisé à savoir :

Verbe à l’infinitif : Harek’’
Intensif : Harrak’’


K’’ : Lingo-palatale sourde spirante (1er degré càd un son proche du « K » comme ches nos frères du Souss »

Les Isenhajen du Rif sont quelques tribus du Ktama, Taghzout, Beni Ahmed, Beni Bchir, Beni khennous et Zarket. Ces tribus sont des Amazighs Senhaja et parlent un Amazigh proche de celui de Sous. Leur vocabulaire s’est enrichi avec du lexique zénète grâce à leur contact direct avec les zénètes de Beni Ammart.

La conjugaison est la même que chez les Rifains de l’Est sauf la prononciation du « k » change soit en « k’ » ou en « k’’ ».

Le substantif de ce verbe est comme suit :

Rifains de l’est (Iznassen, Kebdana ) : Lhark’t’

Rifains Senhaja : Lharka

Nous savons tous que les Rifains du centre et de l’Ouest transforment le « L » en « R » . C’est pourquoi les Ayt Waryeghel disent :

Rhak’’et’
Chez les Rifains du centre, c’est une autre affaire. Non seulement ils transforment le « l » en « R » mais ils n’articulent pas et transforment la voyelle « e » en « a ». Il est intéressant de noter que la consonne « r » disparaît purement et simplement à chaque fois qu’elle est précédée par la voyelle « a » avec une prononciation rallongée de cette dernière qu’on notera « aa ». Si on applique ces régles voici comment le même verbe ( remuer, bouger, se lever en « Harka » ) est prononcé :

Les Rifains du centre sont : Iqel3iyen, Ayt Sa3id, Ayt Oulichek, Tafersit, Act Touzine, Igueznayen, Tamsaman…

Infinitif :

Iznassen, Kebdana : Harek’
Waryeghel : Harek’’

Rifains du centre : Haac (prononce « c » comme « ch ».

Nec haacegh = je me suis levé
Cek t’haaced’ = tu t’es levé
….
Neccin/Necnin nhaac = Nous nous sommes levé
K’enniw/K’’enniw/ Cenniw t’haacem = vous vous êtes levé

Sa forme intensive est : Harrac . On remarque bien que puisque le « r » a été doublé, la consonne « r » réapparaît et la voyelle « a » , par conséquent » n’est pas rallongée.

Nec harracegh = je me lève
Cek harraced’ = tu te lèves
….
Neccin/Necnin nharraac = Nous nous levons
K’enniw/K’’enniw/ Cenniw t’harracem = vous vous levez


Donc chez les Rifains du centre, le substantif est : Rhaacet’

Conclusion :

Les vocables (Lharka, Lhark’t’, Rhak’’et’ , Rhaacet’ ) d ésigne chez les différentes confédératioons Rifaines la troupe levée pour une opération détérminée ou une expédition guerrière.

Chez les autres zénètes Rifains à savoir Ayt Ammart et Ibuqqayen, ils utilisent un autre vocable pour désigner la « Harka ». Ce vocable est :

Ayt Ammart : Lidaret’
Ibuqqayen : Ridaret’ . c’est le même mot où « l » est transformé en « R »


Ce vocable existe sous la forme suivante chez les arabophones Rifains à savoir « Jbala » : « Lidala » et qui veut dire l’action de fournir à tour de rôle des partisans pour une opération guerrière. Les Zénètes de Ayt Ammart et Ibuqqayen ont sûrement emprunté ce mot dans leur parler puisque les « Jbala » sont leurs voisins.

Enfin dans le même esprit, sachez que chez les Rifains de l’Est et surtout « Kebdana et Iznassen), il existe un autre synonyme pour « Harka ». Ils disent « Lebzu3 » .

Lebzu3 : troupe levée
Anebzu3 (pluriel : Inebzu3en) : membre de la « Harka » ie partisans locaux qui se lèvent contre les « Jiouch = armées ».




Zi_Arif

[ Edité par Zi_Arif le 14/2/2004 13:17 ]
 
L emprunt est fait a l arabe classique c est a dire celui des premiers arabes venus avec la premiere vague.
ce verbe ne signifie bouger ou remuer.
Le verbe HARAKA est un verbe transitif qui signifie couper la tete ou eteter ou decapiter quelqu un ou couper toute autre chose.

Al harik signifie la nuque et signifie aussi la criniere du cheval.......
dans le Rif il existe un autre verbe pour designer Lharka et qui s appelle IRITHEL........
et Terithelt signifie le pillage...........

Faire une HARKA c est aller COUPER les tetes.
Le terme est en usage dans tout le Nord du Maroc et a l Ouest de l Algerie et probablement il fut introduit par la dynastie des Idrissides de Zerhoun et la dynastie des idrissides de Tlemcen( tres peu connue dans l histoire du Maroc et de l Algerie......l Algerie independante ne fait meme pas mention de la dynastie idrisside de Tlemcen..c etait l oncle du roi Idriss I qui s installa a Tlemcen a la meme epoque).

extrait de Lissan al 3arab..........Tome X page 410

bien a vous

[ Edité par Adrar-n-illouz le 14/2/2004 21:35 ]
 
Avant la pénétration coloniale européenne, le phénomène Harki n’est pas présent, du moins sous sa forme connu à partir de la fin du 19eme siècle. Ce qui existait avant le colonialisme français était autre chose: soldats ou guerriers Nord Africain, peut être arabophones ou berbérophones, engagés dans la marine turque pour faire des raids contre les nations souvent non musulmanes sur la mer. Parfois ces soldats opéraient tous seuls. Certains historiens les appèlent janissaires d’autres les appèlent pirates. Ce phénomène a disparu très vite. Au Maroc – sans pourtant être occupé par les Turcs -, il y'avait eu aussi ce phénomène sur la côte du Rif et sur l'Atlantique. A Salé, une petite république a été fondée au 18eme siècle par des pirates. Cette république était soutenus par d'autres pirates européens fuyant la justice de leurs pays. Mais, vers de début du 19eme siècle, il y en avait presque plus. La Mediterranée et la côte Atlantique sont désormais devenus le domaine des navires européens techniquement plus avancés pour être pourchasses par les janissaires. Voir l’œuvre de F. Braudel: La Mediterranee et le monde mediterranien au temps de Philipe II.

Effectivement, le phénomène Harki est nettement autre chose qu’en Algérie au temps des Français. Au Maroc il n’y eu aucun mouvement armée ou organisée pendant ou après le colonialisme qui souhaite la continuité de l’administration colonial ou sa présence au pays. La pénétration coloniale au Maroc n’a pas duré assez longtemps pour que le mode de vie s’enracine et pour que les gens l’adoptent totalement et rejettent leur culture d’origine. Mais il y’avaient bien entendu des collaborateurs. Il s’agit souvent d’individus, de marionnettes installés par les autorités coloniales. C’est aussi autre chose que les assauts du pouvoir central au Maroc contre les insoumis souvent aux pays amazighs, qui refusent de payer les impôts ou reconnaître l’autorité de tel ou tel sultan. L’origine ethnique des soldats employés pendant ces guerres – qu’ils soient « arabes » ou noirs africains – n’est pas relevant pour la discussion.

Mais, ce qui est important pour moi et à part ces remarques, je voudrais bien rappeler à Zi-Arif – et par lui, comme je le constate un peu partout, à beaucoup de gens originaires du Rif; sans doute par faute d’érudition et connaissance d’histoire - de bien reconsidérer sa position, de corriger sa grave faute pour avoir prétendu que des «Chelhis harkis» (ses propres mots) ont massacré «le Rif en 1926-27» sous le drapeau français et/ou espagnol. Car si l’on ne peut pas s’entendre sur de simples vérités historiques contrôlables pour chacun, se ne serais peut être pas la peine de continuer cette discussion, à moins qu’il y aient d’autres motifs derrières des accusations non fondées et qui nous échappent tous!
 
Le phenomene harki tel qu il apparait lors de la guerre d independance de l Algerie est un cas particulier a une epoque bien determinee.
Maintenant si nous prenons ce phenomene HARKI nous cherchons a le localiser a differentes epoques et chez differentes nations nous allons bien retrouver les rapports de similitude.
Dans le phenomene HARKI il y a des autochtones qui prennent cause pour l Etat colonial et soutiennent la puissance colonisatrice ou occupatrice.
Ces autochtones se comportent comme les colonisateurs et menent une guerre fratricide contre leuirs propres congeneres.
Ce rapport se retrouve partout depuis la periode romaine jusqu a l occupation americaine de l Irak ou de l Afghanistan.
On le retrouve en France sous l occupation allemande avec ce qu on appelle les COLLABORATEURS.
On les appelle ainsi parce que ils allaient LABAORARE avec les Nazis ils travaillaient pour aider la machine allemande d ou le nom CON-LABORARE...devenu COLLABORATEUR.
Si les Nazis etaient en Afrique en Nord et avaient demande aux Nord africains de les aider dans l effort militaire ou administratif on les aurait appele les HARKIS.
Mais la France au XIX siecle avaient les Zouaves ( c est a dire les Kabyles ZWAWA) et avaient ses SPAHIS et avaient sa LEGION ETRANGERE cree a Sidi BelAbbes en 1894 afin de conquerir le Maroc.
Les Irakiens qui soutiennent les USA actuellement sont percus comme AL3AMALTOU c est a dire ceux qui font le sal tarvail des USA ..............Ils sont donc devenus des cibles legitimes pour les forces nationalistes.............d ailleurs au rythme ou les car-bombs explosent nous en avons une idee sociale de ce genre de rapports violents.
En Afrique du Nord la prise de pouvoir faites par les differentes dynsties puisaient sa legitimite dans la BAY3A tel que la pratique de Medine fut comprise a l epoque d Idriss I.......on cherche a avoir le consentement d un certian nombre de tribus pour un Imam et puis la reunion de cette association decide de FORCER les tribus qui auraient le courage de refuser d adherer...tant que cette association a la puissance pour lever les impots et taxes les choses vont bien mais des que sa puissance decline le SIBA reapparait et l Etat devient tellement insignifiant comme fut le cas en 1912 ou le Sultan n avait d epouvoir qu a l interieur d el enceinte de son Palais de Fes................
Pour les Republiques et les Tribus independantes du Maroc je crois que l Histoire n a pas ose les presenter sous l angle qu il faut.Il en est de meme pour les royaumes juifs du Maroc qui sont toujours tenus a l ombre alors qu ils ont joue un role important danms l avenement de l actuel dynastie alaouite notamment le Royaume juif de Debdou et Taza...........La premiere capitale alaouite fut Taza quand le fameux Ben Mach3al presenta sa bay3a .
Le phenomne de la COURSE est plus complexe a mon avis et les interets europeens y etaient meles.

[ Edité par Adrar-n-illouz le 16/2/2004 17:51 ]
 
Sans vouloir dévier le sujet, il serait intéressant de parler de ces royaumes juifs du Maroc dont certains comme ceux d'Ifrane de l'Anti-Atlas ou du Dra remontent à des siècles avant l'arrivée des arabes (qui devraient savoir ainsi que les juifs ont autant le droit d'être là qu'eux:) )
 
Bonjour,

Il y'a une différence claire entre le phénomène 'harki' et la collaboration. La collaboration paraît souvent être dictée par les rapports de force entre pays occupé et pays occupant. C'est en sorte une attitude mesurée née par ambition, traîtrise, conviction politique, idéologique ou tout simplement par peur de l'occupant. Le phénomène harki tel en Algérie, est provoqué par un autre facteur important: la perte de repères identitaires, l'aliénation totale au mode de vie de l'occupant et le rejet de celui d'origine. Cette attitude aboutit par loyalisme aux intérêts des occupants. On ne s'identifie plus avec les intérêts de son pays d'origine ni avec ses propres concitoyens autochtones.

Le premier phénomène de collaboration a des caractères universels. Ils se passent généralement partout où il est question de guerre et d'occupation sous des circonstances historiques qui se répètent. Le phénomène est généralement court, disparaît vite une fois la guerre finie. Au Maroc, on avait des collaborateurs de grand nom tel Glaoui.

Le 'harkisme' est autre chose. Il est apparut en Algérie sous des circonstances spécifiques qui ne se sont pas reproduites ailleurs. A signaler par exemple la longueur de l'occupation coloniale de ce pays. Dans son journal d'enfance un citoyen de Taza se souvient vers 1950: "Les Branés (tribu berbère prés de Taza à quelle il appartient) conservaient un mauvais souvenir des Algériens appelés spahirs qui furent le fer de lance de l'armée française au Maroc en 1912. Ils les considéraient comme des Français, ce qui n'était pas faux et comme des infidèles pour la consommation du vin à laquelle ils s'adonnaient en public." (1)

le ‘Harkisme’ se distingue sur plusieurs points par rapport à la collaboration généralement connu. La Harkisme est un phénomène durable qui s’étale sur des générations et englobe des classes sociales assez distinctes par leur mode de vie.
Dans cette note on lit que vers 1912 déjà, cad en moins d’un siècle d’occupation, des générations d’autochtones Algériens se sont assimilés à la culture supérieure de l'occupant et ont perdu toute référence identitaire les ralliant aux autochtones, leur vrai peuple. Mieux, ils se sont engagés dans l’appareil de répression colonial pour écraser les autres autochtones et briser toute résistance. Ils souhaitent une présence définitive de l’occupant sur la terre des autochtones. C’est plus qu’un acte de collaboration!

Dans un message précédant, j’ai écrit que les populations nord-africaines habitant la côte Méditerranéenne étaient les premières à subir vers la moitié du 19eme siècle les chocs dramatiques culturels, sociaux et économiques provoqués par le colonialisme. Leurs structures se sont effondrées. Des franges plus ou moins importantes se sont ralliés à la culture triomphante de l’occupant. Ce phénomène est presque inconnu chez les populations sudiques comme dans le Souss ou les confins du Sahara où il n’y avait pas d’occupation durable et de contacts intensifs avec la culture coloniale.

Il y’a différence entre collaboration et ‘harkisme’ !

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1- M. R. Albarnosé : Souvenirs d’enfances d’un enfant des Branés. Toppan Printing, Tokyo 1998.
 
La France avait deux strategies pour occuper le Maroc.
L une fondee sur la conquete militaire;
l autre fondee sur le ralliemenet des grands caids.
la premiere est couteuse ,la seconde est economique.
Le Nord du Maroc et les versants atlassiques furent l objet de la premiere strategie.Elle fut couteuse en vie.
La seconde fut employee dans la plaine notamment avec le ralliement de Laglawi,lamtoggui,Tamri.....Lghoujdami......etc...je ne connais pas tous les caids du sud.
Les braves amazighes fiers de leur liberte ont oppose des vieux fusils et leur corps aux balles d un ennemi mieux equipe en materiel meurtrier.

Oujda fut prise en 1906,Fes fut prise en 1912 par une cannoniere qui a remonte le Sebou jusqu au Pont afin de liberer le Roi assiege .......et les Juifs ont du evacuer le Mellah pour se tenir dans les cages proches de celle du Lion.

Le harkisme , a mon avis n est pas heriditaire,mais social.On apprend a devenir harki quand on lie ses interets avec l etranger qui domine le pays.
La bataille de Mazagran en Algerie ou les marocains ont assieges 123 francais sous le commandement du capitaine Lelievre du 3 au 6 fevrier 1840 et qui furent delivres par les Harkis ZWAWA......alors beaucoup de marocains sont revenus raconter leur mesaventure au Maroc.
Spahis et Zouaves ont constitue le fer de lance pour l ouverture de la route Oujda Fes.
Lors de la guerre d Abdelkrim les contingents harki ont joue le plus grand role pour debusquer lers rifains.
La derniere tache de resistance est celle des ait Waraine a taffert ou jusqu en 1935 ils etaient en guerre..........les harkis ont fait le bouleau........
les harkis n ont pas de spiritualite politique comme nous en avons maintenant et pas d education capable de leur donner la hauteur de vue.
Il s agit de gens qui pensent a leurs interets avant l interet de la collectivite a laquelle ils appartiennent.
le Maroc a l independance fut repris par les fils des caids et collaborateurs du pouvoir colonial.........
Les fils de ceux qui ont laisse leur vie sur le champ de bataille arme a la main ont du se contenter des bribes quand ils n etaient pas bastonnes a loisir.....
La politique a ete un sale travail et ce n est pas demain que nous allons avoir un Etat qui reconnait les citoyens par leur merite.........
le nepotisme et le clientelisme a une longue vie .
Bien a vous

[ Edité par Adrar-n-illouz le 16/2/2004 23:29 ]
 
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