Etre amazigh, ce n'est pas être arabe : L'hypocrisie du black, blanc, beur !

Faska

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L'hypocrisie du black, blanc, beur.

Article du journal Libération ( France ).
Jeudi 13 juillet 2006 - 06:00

Depuis 1998, la France est habituée à une expression qu'elle prône comme un trophée : «black, blanc, beur». Durant cette Coupe du monde, ce triptyque est encore fiévreusement entonné par les uns, et fièrement brandi par les autres. Il faut relever une incohérence grave.
En effet, elle participe à la négation de tout une culture et de tout un pan de l'histoire de l'humanité pour, sinon complaire au discours des dictatures nord-africaines, prolonger le regard colonialiste sur les populations maghrébines (beur renvoyant uniquement aux Arabes maghrébins). En évoquant une équipe «black, blanc, beur», on réfère directement à la personne de Zinédine Zidane, qui est le seul Français d'origine nord-africaine au sein des Bleus. Or Zidane est d'origine kabyle, donc amazigh (berbère pour ceux qui tiennent aux nominations archaïques).

Voici donc un nouveau contre-sens puisque, par définition, être amazigh, ce n'est pas être arabe, bien que l'Histoire ait rapproché les deux cultures. Cette grossière erreur est révélatrice de l'état d'esprit de nos idéalistes fiers, à l'occasion, du métissage caractérisant notre société. Ces derniers déplacent les victoires des Bleus du terrain sportif et collectif vers un terrain économique et de communautés.

De facto, on reconnaît à ces Français d'origine africaine leur utilité dans la représentation internationale de la France. Suite à cette reconnaissance, on s'engage à leur rendre la monnaie de leur pièce, notamment, en évoquant, à l'intérieur du pays, leurs origines, comme pour dire cette victoire est avant tout à vous, et nous vous remercions de nous y faire participer. Une fois la monnaie rendue, on peut rentrer chacun chez soi et dormir tranquille. Car, enfin, on sait que ces Français, tant discriminés à l'emploi et au logement, pour ne citer que cela, ont trouvé un terrain où exprimer leur talent et exister dignement.
Il convient de remarquer que ceux qui relèvent le plus souvent ce triptyque sont les politiques et les médias. En d'autres termes, il s'agit là des hauts lieux de la discrimination en France.

Brandir donc ce tableau d'une France «black, blanc, beur» relève de la pure hypocrisie. Cela aboutit à la censure du moindre rappel à l'ordre par la conscience de l'individu. C'est une manière de refouler ce que l'on voit et qui dérange, car tant les politiques que les médias savent que la discrimination est mal (pour parler dans un langage d'enfant). Pour fermer les yeux sur la dangerosité de nos comportements, nous avons élaboré une belle photo d'une France qui gagne à partir de ses différences.

Cependant, force est de constater que cette France-là est une France frustrante pour une bonne partie de ses habitants. Car, enfin, où sont les Asiatiques, où sont les Américains et où sont les Nord-Africains non arabes, les Orientaux ou encore les Juifs ? Ce triptyque, aussi belle que soit sa fonction, est, à certains regards, faux, à d'autres, partiel. Il réduit la richesse culturelle de notre pays et contribue, contrairement à ce que l'on voudrait, à l'éloignement des uns des autres. L'équipe de France est une équipe faite de Français qui représentent dignement leur pays et tous ceux qui y vivent. Leur victoire n'est pas la victoire d'un Noir, d'un Maghrébin ou d'un «Français de souche», c'est la victoire de Français, des Français.

Ali Chibani, étudiant à la Sorbonne-Paris-IV
 
Faska said:
L'hypocrisie du black, blanc, beur.

Article du journal Libération ( France ).
Jeudi 13 juillet 2006 - 06:00

Depuis 1998, la France est habituée à une expression qu'elle prône comme un trophée : «black, blanc, beur». Durant cette Coupe du monde, ce triptyque est encore fiévreusement entonné par les uns, et fièrement brandi par les autres. Il faut relever une incohérence grave.
En effet, elle participe à la négation de tout une culture et de tout un pan de l'histoire de l'humanité pour, sinon complaire au discours des dictatures nord-africaines, prolonger le regard colonialiste sur les populations maghrébines (beur renvoyant uniquement aux Arabes maghrébins). En évoquant une équipe «black, blanc, beur», on réfère directement à la personne de Zinédine Zidane, qui est le seul Français d'origine nord-africaine au sein des Bleus. Or Zidane est d'origine kabyle, donc amazigh (berbère pour ceux qui tiennent aux nominations archaïques).

Voici donc un nouveau contre-sens puisque, par définition, être amazigh, ce n'est pas être arabe, bien que l'Histoire ait rapproché les deux cultures. Cette grossière erreur est révélatrice de l'état d'esprit de nos idéalistes fiers, à l'occasion, du métissage caractérisant notre société. Ces derniers déplacent les victoires des Bleus du terrain sportif et collectif vers un terrain économique et de communautés.

De facto, on reconnaît à ces Français d'origine africaine leur utilité dans la représentation internationale de la France. Suite à cette reconnaissance, on s'engage à leur rendre la monnaie de leur pièce, notamment, en évoquant, à l'intérieur du pays, leurs origines, comme pour dire cette victoire est avant tout à vous, et nous vous remercions de nous y faire participer. Une fois la monnaie rendue, on peut rentrer chacun chez soi et dormir tranquille. Car, enfin, on sait que ces Français, tant discriminés à l'emploi et au logement, pour ne citer que cela, ont trouvé un terrain où exprimer leur talent et exister dignement.
Il convient de remarquer que ceux qui relèvent le plus souvent ce triptyque sont les politiques et les médias. En d'autres termes, il s'agit là des hauts lieux de la discrimination en France.

Brandir donc ce tableau d'une France «black, blanc, beur» relève de la pure hypocrisie. Cela aboutit à la censure du moindre rappel à l'ordre par la conscience de l'individu. C'est une manière de refouler ce que l'on voit et qui dérange, car tant les politiques que les médias savent que la discrimination est mal (pour parler dans un langage d'enfant). Pour fermer les yeux sur la dangerosité de nos comportements, nous avons élaboré une belle photo d'une France qui gagne à partir de ses différences.

Cependant, force est de constater que cette France-là est une France frustrante pour une bonne partie de ses habitants. Car, enfin, où sont les Asiatiques, où sont les Américains et où sont les Nord-Africains non arabes, les Orientaux ou encore les Juifs ? Ce triptyque, aussi belle que soit sa fonction, est, à certains regards, faux, à d'autres, partiel. Il réduit la richesse culturelle de notre pays et contribue, contrairement à ce que l'on voudrait, à l'éloignement des uns des autres. L'équipe de France est une équipe faite de Français qui représentent dignement leur pays et tous ceux qui y vivent. Leur victoire n'est pas la victoire d'un Noir, d'un Maghrébin ou d'un «Français de souche», c'est la victoire de Français, des Français.

Ali Chibani, étudiant à la Sorbonne-Paris-IV
le mot "beur" est donné aux magrébins nés et vivant en france. et les français en général ont du mal à distinguer les berbères de leurs concitoyens arabes, pourtant en théorie ils savent bien ce que c'est un berbère. en réel c'est un problème de confusion tantôt consciente tantôt naîve, une confusion qu'il est temps de faire en sorte qu'elle disparaisse!..
 
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