Enseignement du berbère dans les lycées

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Le 14 février 2006 a été signée, entre le Ministère de Éducation Nationale (Direction de l’Enseignement Scolaire) et l’Inalco, une convention-cadre « pour la mise en place d’une préparation à l’épreuve facultative de berbère au Baccalauréat dans les établissements du second degré ».
Ce document fixe les conditions de l’ouverture de classes de langue berbère dans les lycées ; trois dispositions, particulièrement positives, méritent d’en être soulignées :
– La convention-cadre a un champ d'application et une validité nationales : elle sera la référence pour tous les recteurs d'académies qui auront ainsi un cadre précis.

– Elle a une durée de validité de 3 ans (reconductible), ce qui est un signe clair de l’engagement du Ministère de l‘Éducation nationale en faveur du berbère.

– Elle désigne l'Inalco comme établissement référent, au plan national, pour ces enseignements, l’élaboration des programmes et des outils pédagogiques, la validation et la formation des enseignants.

Concrètement, la convention-cadre prévoit que des classes de préparation à l’épreuve pourront être mises en place dans des établissements publics d’enseignement du second degré qui en feront la demande.

Les établissements concernés par ces expériences seront identifiés en fonction de la demande et de l’encadrement disponible, du nombre et de la concentration géographique des candidats aux épreuves de berbère au baccalauréat au cours des années précédentes.

Ces préparations pourront porter, en fonction de la demande locale, sur l’une ou l’autre des variétés de langue berbère pour lesquels un sujet est proposé à l’épreuve du baccalauréat (actuellement : kabyle, chleuh et rifain), dans la limite de 26 heures* annuelles de formation.

Les académies intéressées définiront par une convention spécifique avec l’Inalco les conditions détaillées des classes de préparation. Ces cours pourront être assurés :

– soit par des enseignants de diverses disciplines, professeurs certifies, agrégés ou maîtres auxiliaires, titulaires au moins d’une Licence ou d’un grade supérieur en langue berbère ;

– soit par des personnes proposées par l’Inalco, parmi ses étudiants avancés, ses anciens étudiants et ses collaborateurs, titulaires d’une Maîtrise de langue berbère ou d’un grade supérieur.

Désormais, un cadre de référence existe donc, qui ouvre la voie à la création de classes de berbère pour les élèves de "Terminales" dans toutes les académies où le besoin se fera sentir. La mise en place sera nécessairement progressive : nous partons de très bas – et même de rien ! Dans un premier temps, les efforts devront se focaliser sur la dizaine d’académies qui concentrent le maximum de candidats à l’épreuve du Bac : les trois académies d’Ile-de-France (Créteil, Versailles, Paris), les académie de province à forte population berbérophone : Lille, Lyon/St.-Etienne, Aix-Marseille, Amiens, Nancy, Grenoble, Toulouse, Strasbourg…

Il appartient maintenant aux élèves dans les lycées, aux parents d’élèves, aux Berbères de France, aux associations culturelles berbères de France de se mobiliser pour que ce texte connaisse, dès la rentrée 2006, la plus large concrétisation possible.

Dans cette perspective, nous vous suggérons, dès ce mois de juin et à la rentrée prochaine, en faisant référence à cette convention MEN/Inalco du 14/02/2006 :

a) d’engager, là où vous le pouvez, un travail d’information et de sensibilisation auprès des élèves et parents d’élèves concernés ; de les encourager à formuler des demandes collectives d’ouverture de classes de berbères, à adresser aux chefs d’établissements ;

b) d’en adresser copie au rectorat d’académie concerné et à nous-mêmes.

Une demande formulée par au moins une quinzaine d’élèves dans un établissement peut être considérée comme raisonnable et devrait pouvoir être suivie d’effet, du moins si une possibilité d’encadrement existe localement.

Là où un tel chiffre ne peut être atteint, il conviendra de travailler sur des secteurs plus larges et de regrouper les demandes de plusieurs établissements.

Nous vous prions de noter dès à présent que nous prévoyons une réunion de coordination avec l’ensemble des associations qui souhaiteront s’impliquer dans ce dossier le samedi 23 septembre 2006. Une confirmation vous sera adressée au plus tard en début septembre.

Dans cette étape nouvelle de mise en place, où il s’agira de favoriser l’émergence locale et la coordination sectorielle des demandes, le rôle des associations sera décisif : ce sont elles qui sont sur le terrain, qui connaissent les établissement et peuvent, quand il le faut, encourager, organiser et coordonner la demande.

La signature de la convention-cadre Men/Inalco a été le résultat de l’action tenace et convergente de l’Inalco et du mouvement associatif berbère, notamment la Coordination des Berbères de France. La consolidation et l’élargissement de ce premier succès passeront par la poursuite de cette démarche, naturellement complémentaire, qui implique que chacun, en fonction de ses responsabilités spécifiques, de ses lieux et modes d’intervention propres, et en évitant toute confusion, accepte de concourir à l’objectif commun : la consolidation du statut de la langue berbère en France.

Salem CHAKER
Professeur des Universités (berbère).

source: www.tamaynutfrance.org
 
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