WASHINGTON (AFP) - Le président républicain George George W. Bush a remporté un second mandat de quatre ans à la Maison Blanche, son rival démocrate John Kerry lui ayant concédé mercredi la victoire.
Se félicitant de sa "victoire historique", Bush a lancé un appel à l'unité. "Je vais avoir besoin de votre soutien et je vais agir pour l'obtenir. Je vais faire tout ce que je peux pour mériter votre confiance", a-t-il dit en s'adressant à tous les Américains. Après un mois de campagne acharnée et un succès salué par les dirigeants du monde entier, George W. Bush va maintenant retrouver ses problèmes: tenter de sortir les Etats-Unis du bourbier irakien, réconcilier son pays avec la communauté internationale et juguler le déficit budgétaire abyssal.
Alors que l'Amérique redoutait d'attendre des jours avant de connaître le nom du nouveau président en raison des décomptes dans l'Etat clef de l'Ohio, John Kerry avait dès le matin appelé au téléphone le président Bush et reconnu sa défaite, un geste "très élégant", selon la Maison-Blanche.
"Je n'abandonnerais pas ce combat s'il y avait une chance que nous l'emportions. Mais il est maintenant clair que même quand tous les votes par précaution seront comptés, nous n'aurons pas assez de suffrages pour emporter l'Ohio et donc nous ne pouvons pas gagner cette élection", a ensuite expliqué Kerry devant ses partisans dans sa ville de Boston. Avec le président, "nous avons eu une bonne conversation, et nous avons parlé du risque de division dans notre pays et de l'indispensable besoin d'unité pour trouver un terrain d'entente, nous rassembler", a-t-il souligné.
La campagne électorale, très dure, a en effet coupé les Etats-Unis en deux, entre une moitié conservatrice, religieuse et attachée aux valeurs morales, et une autre plus libérale, hostile à la guerre en Irak. Avec l'Ohio dans son sac, le président républicain pourra compter sur au moins 274 grands électeurs alors qu'il lui en fallait 270 pour rester à la Maison Blanche. Et sans même attendre que le démocrate jette l'éponge, la bourse américaine avait ouvert en forte hausse, saluant la victoire attendue de Bush. Le baril de pétrole brut a rebondi fortement sur le marché de New York, sa politique étant considérée comme favorable au maintien de cours élevés.
George W. Bush est désormais libre de savourer une victoire électorale totale après avoir rassemblé la majorité du vote populaire et accru son emprise sur le Congrès. Fort désormais d'une légitimité qui renforce son pouvoir pour entamer un deuxième mandat, le président sortant peut se targuer d'avoir rassemblé le plus de voix au niveau national, avec un peu plus de 58 millions de suffrages (51%) contre 54,5 millions à Kerry (48%), une belle revanche pour celui qui avait été élu il y a quatre ans sans majorité populaire.
Autre satisfaction pour cet homme de 58 ans: en obtenant un nouveau mandat, il a réussi là où son père avait échoué devant Bill Clinton en 1992. Cerise sur le gateau, les républicains ont aussi gardé et même renforcé les majorités dont ils disposaient déjà dans les deux Chambres du Congrès. Car lors de ce scrutin, les Américains élisaient aussi un tiers du Sénat et une nouvelle Chambre des représentants. De manière globale, l'élection aura consacré un enracinement des républicains, et une remarquable stabilité du pays puisque malgré un premier mandat marqué par les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak, la quasi-totalité des Etats n'avait pas changé de couleur politique.
George W. Bush peut se féliciter de sa stratégie électorale, insistant sur son rôle de commandant en chef et se présentant comme le seul candidat capable de mener à bien la "guerre contre le terrorisme", préoccupation numéro un des Américains selon les sondages. Sonnés, les démocrates vont devoir maintenant remonter la pente et vraisemblablement se chercher un nouveau dirigeant, certains murmurant déjà le nom de Hillary Clinton.
Le président a reçu les félicitaions de ses plus fidèles alliés comme le Premier ministre britannique Tony Blair, soulignant "l'histoire commune" des deux pays. Le président français Jacques Chirac, dirigeant européen aux relations les plus tendues avec Washington, a souhaité voir "se renforcer l'amitié franco-américaine". L'Union européenne a fait valoir les liens de "partenaires naturels et indispensables", tandis que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, opposé à Bush sur la guerre en Irak, s'est dit "déterminé" à continuer à travailler avec lui.
Source : http://www.marianne-en-ligne.fr/info_en_temps_reel/