Libye : Meurtres de Berbères en série
L’absurde est d’aller serrer les mains d’un dictateur encore pleines du sang d’ innocentes victimes sans avoir le courage d’évoquer devant lui la souffrance occasionnée aux familles de ces pauvres innocents. Il semble que le CMA faisse dans l’absurde en allant visiter avec une certaine complaisance les royaumes (Maroc) et les états (Libye) qui font tout pour voir disparaître les peuples qu’il est supposé défendre.
Pour illustrer la difficile vie que mènent les Berbères en Libye, nous donnerons quelques exemples de répressions subies par les populations. Ces fait sont tirés du rapport remis ce mois-ci par l’association Tamazgha aux Nations Unies et intitulé Les Berbères en Libye.
- Durant les années 1970, Ali Yaya Maa Mar, un berbère de confession ibadhite, écrivain a été assassiné dans des conditions mystérieuses. Ses positions et notamment l’un de ses livres "Les Ibadhites au marges de l’Histoire" (en 3 volumes) semblent gêner le régime libyen qui a recours à l’élimination physique pour faire taire des voix libres.
- Durant la même période, années 1970, Dr. Omar Nami, Professeur à l’Université de Tripoli, berbère originaire de Nefoussa, fut assassiné dans les mêmes conditions qu’Ali Yahia Maamar. Parmi les ouvrages qu’il avait écrit "La culture en Libye" ; dans cet ouvrage il a traité de la culture berbère (poésie, chant, ...) et de l’ibadhisme.
- En 1977 “sont condamnés au nom de la Hizbya (appartenance à des partis politiques) un nombre indéterminé de personnes arrêtés à partir de 1973 sans que qu’on sache exactement à quelle peine.” (Bessis, p. 158). En avril 1980 “28 intellectuels sont arrêtés et traduits devant la Cour criminelle en vertu de la loi sur la Hizbiya...” (Bessis, p. 169). La Libye ne reconnaît pas les pluralismes politiques et syndicaux.
- Fin 1978, une exposition de peinture à Zouara a été saccagée par le Comité révolutionnaire local.
- En février 1979 : tentative d’assassinat de l’avocat et poète berbérophone opposant, Saïd El Mahroug, dit Sifaw. En effet, victime d’un accident grave de circulation que l’on ne peut attribuer qu’aux services du régime libyen, Saïd El Mahroug a été handicapé à vie. Malgré tous les soins dont il avait bénéficié à l’étranger, il meurt en 1994 à Djerba en Tunisie.
- En 1980 : arrestation de berbérophones accusés de création de parti politique d’opposition. Cette arrestation est survenue suite aux évènements du Printemps Berbère en Kabylie dont l’écho s’est propagé dans toutes les régions berbérophones à travers l’Afrique du Nord.
- En 1982 : les étudiantes du Lycée de Zouara, toutes berbérophones, ont été réprimées parce qu’elles avaient refusé de se rendre à une manifestation en l’honneur de Kadhafi. S’en suivirent des arrestations et interrogatoires sous la torture.
- Avril 1984 : arrestation de Berbères suite à une manifestation à Zouara et à Jadou.
- 16 avril 1984 : pendaison d’étudiants berbérophones dans le campus universitaire de Tripoli.
- Le 10 juin 1985, fut assassiné Ferhat Ammar Hleb. Il a été pendu sur la place publique dans sa ville natale, Zouara. Ce jeune berbère venait de terminer ses études aux Etats Unis d’Amérique et il est connu pour ses positions favorables à la cause berbère. Le régime libyen l’accuse d’avoir des contacts avec des opposants libyens aux États-unis et le condamne à a pendaison.
- Avril 1986 : certains militants berbères venus assister aux festivités du Printemps berbère à Tizi-Ouzou en Kabylie (Algérie), furent interceptés aux frontières libyennes et depuis disparus et leurs familles n’en ont eu aucune nouvelle à ce jour.
- Les militants berbères, comme tous les opposants, sont poursuivis jusque dans l’exil où ils se font assassinés par les agents des services secrets du régime libyen. Ainsi, le 26 juin 1987 fut assassiné à Rome (Italie) Youssef Salah Kherbiche, un berbère originaire de Nefoussa.
Alors, un ami de la cause amzighe le colonel Kadhafi ? Les tombes anonymes où ont été ensevelies à la hâte les trop nombreuses victimes berbères de ce cruel dictateur sont largement suffisantes pour répondre par la négative.