ajmak_wabiba
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Pour les Algériens, en général, Israël est, à coup sûr, le mal absolu érigé
en état. Pour le commun d’entre eux, il est l’émanation la plus perfide des
Chrétiens et de l’Occident, leur poste avancé dans la région, pour détruire
l’islam et le « monde arabe ».
Par conséquent, la guerre contre lui serait légitime et pourrait être
considérée comme une guerre sainte dont la finalité qui est sa destruction,
devrait aussi s’accompagner de l’extermination des Juifs.
Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer des individus regrettant qu’Hitler,
en son temps, n’ait pu aller au bout de ses horribles projections. Les
principaux responsables de cet état de fait ne sont autres que les plus
hauts dirigeants du pays qui, depuis des décennies font du matraquage
médiatique contre Israël une préoccupation de tous les instants.
C’était, je me souviens, à l’occasion de la guerre des six jours (juin 1967)
que Boumediene, en expédiant au Moyen Orient un contingent d’élite de l’
armée algérienne composé presque exclusivement de Kabyles qu’il aimait tant
envoyer au charbon, avait déclaré : « Nous sommes avec la Palestine, qu’elle
ait tort ou raison !». La messe était dite.
A partir de cette date, les propos officiels diffusés par les médias contre
Israël étaient d’autant plus redoutables qu’ils ne souffraient d’aucun
contre discours à même d’en tempérer la teneur chez nos compatriotes. C’
étaient des incitations quotidiennes à la haine des Juifs, assimilés
collectivement à « l’entité sioniste », expression par laquelle était
désigné Israël dont l’Algérie ne reconnaît toujours pas l’existence et qu’
elle accuse de tous les maux sur la terre.
Le parti unique était l’opinion unique. Sans être « psy », chacun peut
deviner les ravages que de tels messages peuvent générer comme réflexes et
attitudes négatives chez les individus et les groupes qui leur étaient
soumis.
Malgré cela, une frange de la société, particulièrement la Kabylie, et
quelques rares élites refusaient d’en être victimes.
En effet, au lendemain de l’inattendue poignée de main à Rabat entre Ehud
Barak et Bouteflika, derrière le cercueil du roi Hassan II, des journalistes
d’Alger décidèrent de se rendre en septembre 1999 en Israël. Ils voulurent
dédramatiser le contact avec ce pays et ouvrir la voie à une relation d’état
à état. L’initiative tourna court. Ce fut un tollé général dans les médias
publics et arabophones et jusqu’à la présidence de la République qui les
accusèrent de « haute trahison » suite à ce voyage chez « l’ennemi ».
En septembre 2003, en acceptant une invitation de m’exprimer sur un plateau
de TFJ, pourtant télévision française, j’avais reçu de nombreuses menaces de
mort. Comme vous le constatez, je suis toujours vivant. Hélas ! Ce n’est
plus le cas pour mon fils aîné qui a été assassiné le 19 juin 2004 à Paris
(lire l'article de Guy Millière)
En cultivant la haine du Juif en Algérie, l’état est parvenu à y instaurer
un terrorisme politique et intellectuel qu’il est encore très dangereux de
braver. Quant à la Kabylie qui est opprimée au nom de l’arabo-islamisme,
elle espérait en vain depuis longtemps un regard, une compassion de la part
de la communauté internationale, Israël compris, pour aller de l’avant,
défendre ses droits démocratiques et ses enfants. De ce fait, elle n’hésite
pas, souvent par défi au régime en place, à exprimer dans la rue son soutien
à l’état hébreu.
Le 22/12/01, lors d’une manifestation à Tizi-Ouzou, l’une des capitales de
la Kabylie, j’étais le témoin privilégié d’un événement que je croyais
jusque là impossible. Lors d’une marche de protestation contre l’arrestation
de quelques délégués populaires kabyles, un très grand carré de jeunes
manifestants qui se faisait filmer devant l’hôpital de la ville, scandait en
arabe, d’une seule voix : « Djich, chaab, maa-k a Sharon ! », c’est-à-dire,
« l’armée et le peuple sont avec toi Sharon ! ».
Dans un pays dit arabomusulman, c’était plutôt osé. Ce n’était là, bien sûr,
que la monnaie de la pièce rendue au parlement algérien qui, quelques jours
auparavant, avait observé une minute de silence à la mémoire du jeune
palestinien tué par une balle perdue de l’armée israélienne, alors que nos
députés avaient superbement ignoré la centaine de jeunes manifestants
Kabyles que les gendarmes algériens venaient d’abattre de sang froid.
Autrement, le peuple kabyle souhaite vivement que la paix se fasse entre
Israël et ses voisins.
Cependant, si Israël est un véritable bouc émissaire pour les masses arabes,
il est aussi un excellent Cheval de Troie pour leurs dictatures en place. En
manipulant leur opinion publique à travers la condamnation quotidienne du
« sionisme », ces régimes se re-légitiment en permanence et repoussent chez
eux, chaque jour un peu plus, l’échéance d’une ouverture démocratique et d’
une alternance au pouvoir.
En Algérie, il est courant de faire diversion à l’intérieur du pays en
associant Israël à la Kabylie pour légitimer la répression contre celle-ci
et contre l’émancipation du peuple kabyle. En se révoltant en 1980, la
Kabylie fut accusée d’avoir été à la solde de l’étranger et du…Mossad. C’est
ce genre de dérive qui, petit à petit, a amené l’Algérien moyen à prendre
les Kabyles pour de nouveaux Juifs et la Kabylie pour un autre Israël.
Bouc émissaire, Israël l’est aussi pour la France de ces toutes dernières
années qui estime qu’il est au service exclusif des Etats-Unis, contre les
intérêts de l’Europe en général et de l’Hexagone en particulier. C’est,
entre autres, sous cet angle de vue que l’on peut comprendre la relance de
la « politique arabe » de la France chiraquienne. Dans ce cas, la Palestine
et les Arabes ne seraient, à leur tour, que son cheval de Troie.
En fait, de notre point de vue, Israël et la Palestine sont disposés de
manière symétrique sur l’échiquier international. Quand l’un est le bouc
émissaire d’un pays, l’autre en est son cheval de Troie et inversement. Dans
l’imbroglio des intérêts géopolitiques du monde d’aujourd’hui, on fait
toujours, qu’on le veuille ou non, le jeu de quelqu’un d’autre. Tout dépend
de quel côté on se place.
Avec les très nombreuses interférences et interactions des acteurs
internationaux, il est difficile de se soustraire au statut de coupable
idéal. Celui qui parmi ces derniers détient la puissance médiatique sur un
territoire donné y désigne l’accusé et prononce la sentence.
Malgré cet état de fait, doit-on pour autant renoncer jusqu’à sa propre
existence pour ne pas encourir les foudres de guerre de ceux dont on
contrarie les desseins et à la volonté desquels on refuse de se plier ?
Pour ne pas être taxé de pion d’un côté ou désigné comme victime expiatoire
de l’autre, devrait-on se laisser faire dans un monde où il n’y a pas de
place pour les faibles ? Ne devrait-on pas plutôt regarder chaque partie d’
un conflit pour ce qu’elle est pour elle-même et non pour les autres, pour
ce qu’elle revendique et non pour ce dont on l’accuse ? Il y a certes des
« marionnettes » politiques un peu partout, dans chaque pays et à travers le
monde entier.
Mais force est de reconnaître que les acteurs qui en acceptent le rôle ne le
font que par intérêt, par diversion et rarement sous la contrainte. En
vérité, non seulement ils ne se laissent pas faire mais ce sont eux qui
manipulent le marionnettiste.
Dans cet ordre d’idées, je pense qu’Israël et la Palestine sont des acteurs
majeurs qui n’ont aucunement besoin d’aller prendre leurs ordres chez l’
Occident ou chez les pays arabes et/ou islamiques, tout comme la Kabylie qui
revendique son autonomie régionale n’est inféodée qu’à sa propre aspiration
à vivre dans la dignité, la liberté, la démocratie et la paix.
En réalité, chacun d’entre ces deux acteurs agit en fonction de ses propres
intérêts et non en fonction de ceux de ses pseudo tuteurs. Le monde
politique gagnerait énormément à se départir de ce réflexe manichéen qui
consiste à diaboliser tout adversaire ou tout acteur pour lequel on n’a pas
encore prévu de case dans laquelle il serait neutralisé.
Chaque peuple a le droit de vivre sur sa terre et d’être respecté par son
environnement dès lors qu’il respecte lui-même celui-ci. C’est de cette
façon que le monde deviendra celui de la paix à la place de celui de la
guerre, celui de la coopération et du dialogue entre les peuples plutôt que
celui des conflits et des égoïsmes, celui de l’ouverture sur les autres au
lieu de celui des replis sur soi.
en état. Pour le commun d’entre eux, il est l’émanation la plus perfide des
Chrétiens et de l’Occident, leur poste avancé dans la région, pour détruire
l’islam et le « monde arabe ».
Par conséquent, la guerre contre lui serait légitime et pourrait être
considérée comme une guerre sainte dont la finalité qui est sa destruction,
devrait aussi s’accompagner de l’extermination des Juifs.
Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer des individus regrettant qu’Hitler,
en son temps, n’ait pu aller au bout de ses horribles projections. Les
principaux responsables de cet état de fait ne sont autres que les plus
hauts dirigeants du pays qui, depuis des décennies font du matraquage
médiatique contre Israël une préoccupation de tous les instants.
C’était, je me souviens, à l’occasion de la guerre des six jours (juin 1967)
que Boumediene, en expédiant au Moyen Orient un contingent d’élite de l’
armée algérienne composé presque exclusivement de Kabyles qu’il aimait tant
envoyer au charbon, avait déclaré : « Nous sommes avec la Palestine, qu’elle
ait tort ou raison !». La messe était dite.
A partir de cette date, les propos officiels diffusés par les médias contre
Israël étaient d’autant plus redoutables qu’ils ne souffraient d’aucun
contre discours à même d’en tempérer la teneur chez nos compatriotes. C’
étaient des incitations quotidiennes à la haine des Juifs, assimilés
collectivement à « l’entité sioniste », expression par laquelle était
désigné Israël dont l’Algérie ne reconnaît toujours pas l’existence et qu’
elle accuse de tous les maux sur la terre.
Le parti unique était l’opinion unique. Sans être « psy », chacun peut
deviner les ravages que de tels messages peuvent générer comme réflexes et
attitudes négatives chez les individus et les groupes qui leur étaient
soumis.
Malgré cela, une frange de la société, particulièrement la Kabylie, et
quelques rares élites refusaient d’en être victimes.
En effet, au lendemain de l’inattendue poignée de main à Rabat entre Ehud
Barak et Bouteflika, derrière le cercueil du roi Hassan II, des journalistes
d’Alger décidèrent de se rendre en septembre 1999 en Israël. Ils voulurent
dédramatiser le contact avec ce pays et ouvrir la voie à une relation d’état
à état. L’initiative tourna court. Ce fut un tollé général dans les médias
publics et arabophones et jusqu’à la présidence de la République qui les
accusèrent de « haute trahison » suite à ce voyage chez « l’ennemi ».
En septembre 2003, en acceptant une invitation de m’exprimer sur un plateau
de TFJ, pourtant télévision française, j’avais reçu de nombreuses menaces de
mort. Comme vous le constatez, je suis toujours vivant. Hélas ! Ce n’est
plus le cas pour mon fils aîné qui a été assassiné le 19 juin 2004 à Paris
(lire l'article de Guy Millière)
En cultivant la haine du Juif en Algérie, l’état est parvenu à y instaurer
un terrorisme politique et intellectuel qu’il est encore très dangereux de
braver. Quant à la Kabylie qui est opprimée au nom de l’arabo-islamisme,
elle espérait en vain depuis longtemps un regard, une compassion de la part
de la communauté internationale, Israël compris, pour aller de l’avant,
défendre ses droits démocratiques et ses enfants. De ce fait, elle n’hésite
pas, souvent par défi au régime en place, à exprimer dans la rue son soutien
à l’état hébreu.
Le 22/12/01, lors d’une manifestation à Tizi-Ouzou, l’une des capitales de
la Kabylie, j’étais le témoin privilégié d’un événement que je croyais
jusque là impossible. Lors d’une marche de protestation contre l’arrestation
de quelques délégués populaires kabyles, un très grand carré de jeunes
manifestants qui se faisait filmer devant l’hôpital de la ville, scandait en
arabe, d’une seule voix : « Djich, chaab, maa-k a Sharon ! », c’est-à-dire,
« l’armée et le peuple sont avec toi Sharon ! ».
Dans un pays dit arabomusulman, c’était plutôt osé. Ce n’était là, bien sûr,
que la monnaie de la pièce rendue au parlement algérien qui, quelques jours
auparavant, avait observé une minute de silence à la mémoire du jeune
palestinien tué par une balle perdue de l’armée israélienne, alors que nos
députés avaient superbement ignoré la centaine de jeunes manifestants
Kabyles que les gendarmes algériens venaient d’abattre de sang froid.
Autrement, le peuple kabyle souhaite vivement que la paix se fasse entre
Israël et ses voisins.
Cependant, si Israël est un véritable bouc émissaire pour les masses arabes,
il est aussi un excellent Cheval de Troie pour leurs dictatures en place. En
manipulant leur opinion publique à travers la condamnation quotidienne du
« sionisme », ces régimes se re-légitiment en permanence et repoussent chez
eux, chaque jour un peu plus, l’échéance d’une ouverture démocratique et d’
une alternance au pouvoir.
En Algérie, il est courant de faire diversion à l’intérieur du pays en
associant Israël à la Kabylie pour légitimer la répression contre celle-ci
et contre l’émancipation du peuple kabyle. En se révoltant en 1980, la
Kabylie fut accusée d’avoir été à la solde de l’étranger et du…Mossad. C’est
ce genre de dérive qui, petit à petit, a amené l’Algérien moyen à prendre
les Kabyles pour de nouveaux Juifs et la Kabylie pour un autre Israël.
Bouc émissaire, Israël l’est aussi pour la France de ces toutes dernières
années qui estime qu’il est au service exclusif des Etats-Unis, contre les
intérêts de l’Europe en général et de l’Hexagone en particulier. C’est,
entre autres, sous cet angle de vue que l’on peut comprendre la relance de
la « politique arabe » de la France chiraquienne. Dans ce cas, la Palestine
et les Arabes ne seraient, à leur tour, que son cheval de Troie.
En fait, de notre point de vue, Israël et la Palestine sont disposés de
manière symétrique sur l’échiquier international. Quand l’un est le bouc
émissaire d’un pays, l’autre en est son cheval de Troie et inversement. Dans
l’imbroglio des intérêts géopolitiques du monde d’aujourd’hui, on fait
toujours, qu’on le veuille ou non, le jeu de quelqu’un d’autre. Tout dépend
de quel côté on se place.
Avec les très nombreuses interférences et interactions des acteurs
internationaux, il est difficile de se soustraire au statut de coupable
idéal. Celui qui parmi ces derniers détient la puissance médiatique sur un
territoire donné y désigne l’accusé et prononce la sentence.
Malgré cet état de fait, doit-on pour autant renoncer jusqu’à sa propre
existence pour ne pas encourir les foudres de guerre de ceux dont on
contrarie les desseins et à la volonté desquels on refuse de se plier ?
Pour ne pas être taxé de pion d’un côté ou désigné comme victime expiatoire
de l’autre, devrait-on se laisser faire dans un monde où il n’y a pas de
place pour les faibles ? Ne devrait-on pas plutôt regarder chaque partie d’
un conflit pour ce qu’elle est pour elle-même et non pour les autres, pour
ce qu’elle revendique et non pour ce dont on l’accuse ? Il y a certes des
« marionnettes » politiques un peu partout, dans chaque pays et à travers le
monde entier.
Mais force est de reconnaître que les acteurs qui en acceptent le rôle ne le
font que par intérêt, par diversion et rarement sous la contrainte. En
vérité, non seulement ils ne se laissent pas faire mais ce sont eux qui
manipulent le marionnettiste.
Dans cet ordre d’idées, je pense qu’Israël et la Palestine sont des acteurs
majeurs qui n’ont aucunement besoin d’aller prendre leurs ordres chez l’
Occident ou chez les pays arabes et/ou islamiques, tout comme la Kabylie qui
revendique son autonomie régionale n’est inféodée qu’à sa propre aspiration
à vivre dans la dignité, la liberté, la démocratie et la paix.
En réalité, chacun d’entre ces deux acteurs agit en fonction de ses propres
intérêts et non en fonction de ceux de ses pseudo tuteurs. Le monde
politique gagnerait énormément à se départir de ce réflexe manichéen qui
consiste à diaboliser tout adversaire ou tout acteur pour lequel on n’a pas
encore prévu de case dans laquelle il serait neutralisé.
Chaque peuple a le droit de vivre sur sa terre et d’être respecté par son
environnement dès lors qu’il respecte lui-même celui-ci. C’est de cette
façon que le monde deviendra celui de la paix à la place de celui de la
guerre, celui de la coopération et du dialogue entre les peuples plutôt que
celui des conflits et des égoïsmes, celui de l’ouverture sur les autres au
lieu de celui des replis sur soi.