Dirigeants associatifs amazigh parlent darija i tarwa-nsn

Talalit

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DES MILITANTS AMAZIGHS AMAZIGHICIDES
Quelle a été ma surprise lorsqu’on m’a chuchoté, sous le mode de la confidence, que certains parmi nos plus grands militants amazighs ne se sont pas fatigués à apprendre à leurs progéniture chérie cette langue amazighe qui est la raison de leur engagement et pour laquelle ils se démènent depuis plusieurs années, si ce n’est plusieurs décennies, au prix de beaucoup de sacrifices !

Je ne vous cache pas que j’ai été on ne peut plus choqué d’apprendre cette horrible réalité. Il faut reconnaître que je n’ai jamais imaginé une telle chose, parce que, pour moi, c’était tout simplement inconcevable. Mais la vie charrie parfois des surprises qui vous cloue le bec. Ce qui est le cas…

J’ai grandi en idéalisant presque certains de ces gens qui forçaient notre admiration et notre respect, car ils nous donnaient par leur engagement constant contre la chape de plomb arabiste beaucoup de fierté à nous, les jeunes militants amazighs.

Dans tout combat, petit soit-il, il faut toujours prêcher par l’exemple. On ne peut tout simplement pas prôner une chose et faire son contraire. Car, cela nous met en porte à faux vis-à-vis de tous les gens qui croyaient en nous et qui nous regardaient d’un œil plein d’admiration et de respect.

Dans ces conditions, à quoi bon donc de nous bassiner chaque jour avec la défense de l’amazighié, si à la maison, chez soi, avec ses enfants et sa famille, on a décidé, le plus naturellement du monde, d’occire cette même amazighité ? À quoi bon de transformer sa demeure en une tour de Babel où seul le tamazight est la grande arlésienne ? Comment certains militants doivent concilier une telle situation absurde avec leurs fonctions – surtout ceux qui sont à l’IRCAM et qui sont dans ce cas- au sein de cette même institution fondée, paraît-il, pour la réhabilitation de l’amazighité ? Je crois qu’il y a là quelque chose qui ne tourne pas rond !

Que penseraient nos jeunes militants, qui considéraient ces hommes comme des modèles presque sacrés ? Je ne préfère même pas penser à ces incidences. Il va sans dire que beaucoup d’entre eux se seraient détournés, ce qui serait une véritable catastrophe, de tout engagement militant en faveur de l’amazighité. Parce que les modèles ont été les fossoyeurs de cette même amazighité au sein de leurs familles.

Je ne vous cache pas qu’il y a dans cette attitude un gros problème d’ordre mental et psychologique que même les plus futés des psychanalystes seraient incapables de nous expliquer. Qu’on n’invoque surtout pas une quelconque raison personnelle ou familiale, car ce ne peut pas tenir ! A mon point de vue, rien ne peut justifier une telle démission voire une telle forfaiture lamentable vis-à-vis de l’amazighité.

Il fallait que ces gens – ils le savent certainement -, dont certains sont souvent accusés d’être des extrémistes, donnent l’exemple de leur amour pour l’héritage amazigh dont ils sont les plus fervents défenseurs. Et comme dans tout amour, il faut systématiquement des preuves ; il fallait que ces grands militants transmettent à leurs petites têtes brunes, s’ils en ont, non pas tout l’héritage- si c’est trop leur demander- mais juste son vecteur, à savoir la langue amazighe.

Quel sens peut-on donner à cette démarche curieuse et par trop incompréhensible ? N’importe quel Amazigh va penser que ces gens n’ont cure d’une quelconque amazighité. D’aucuns penseraient que leurs motivations sont autres que la défense de l’amazighité. Lesquelles ? Il n’y a que l’avenir qui peut nous répondre .

Il est malheureux de constater que l’amazighité est devenue, au fil des années, pour certains de ses très grands militants , une sorte de discours tellement abstrait qu’il n’a plus aucune existence réelle ou concrète. Pire, elle est devenue galvaudée si elle n’est pas devenue un slogan creux qui n’a plus aucune consistance.

C’est bien beau de dénoncer quotidiennement les Baâthistes et les Islamistes qui veulent en finir avec tout ce qui est amazigh, mais qu’on soit amazighicide, chez soi dans sa propre maison, tout en se vantant d’être un militant amazigh, je peux vous dire que cela me laisse pantois.

Ce qui nous rappelle tous ces horribles Arabistes, squatteurs éternels de l’État du Maroc, qui n’ont que la défense de l’arabe à la bouche, mais qui préfèrent que leurs propres enfants ne parlent un traître mot de cette langue en confiant leur éducation à ces multitudes de missions culturelles européennes ou carrément les envoyer, pour les plus nantis parmi eux, dans des pays où ils recevraient, selon eux, une formation au diapason avec la modernité. L’arabe, c’est pour les couches populaires même s’ils en chantent tous les bienfaits à longueur de journée.

À trop les critiquer, nos militants amazighs sont tombés dans le même travers. Pour eux, l’amazigh ce ne peut pas être pour leurs enfants. Ce qui est tout simplement pathétique, vous en conviendrez !

Source: http://news-souss.blogspot.com/

[ Edité par Talalit le 26/10/2005 1:29 ]
 
Azul Talalit.

Iadawen n Tamazight, Imazighen nit ad ten yegan.

"Psych" amzigh yehrec (yudten).

Yexessa y-agh ssebitar n "psychiatry."

Kradt imeddukkal enew gh MCA tahlen (iwin)timegharin ur yessenen Tamazight!!!!!

Tarwan enesen r-ad sawalen darija, acku tarwa ar sawalen awal n innatsen!!!!!

Mac yeqqan ed ad nemmagh, meqqar ed gigh ur yeghama ghas (ghir) yan uzsur.
 
Nddula ukan sul. Ur jju d nekki a ifhemn max aylligh nddula gh unckan.

Igh ya ucelh'i ittahel ta3rabt tarwa ar tsawal ta3rabt, igh yat tcelh'it tettahel a3rab tarwa ar dagh tsawal ta3rabt... nelkim gis ghilad igh akw acelh'i ittahel yat tcelh'it tarwa rad tsawl ta3rabt ... uddik !!

Tut-agh tagat nighd manik ??

[ Edité par Talalit le 26/10/2005 2:25 ]
 
Azul Talalit.

Ur dhe tagat ad agh yuten, tut agh "colonization" n leaqul n Imazighen, tut agh "assimilation" n kigan iseggwasen.

Mac ese t'wuri negh idusen r-ad ed nerar akal negh, r-ad yedder w-awal negh.

Ur rad nermi.
 
Ur sul sengh ghasad' is nzd'ar ad nal iguyya-ngh.

Acku menck ayad ffughn Irumin tamazirt? Kra n 50 usggwas ! Ma za skern Icelh'in? Amya !!!

Ar iyi tengha tgud'i igh ar sfladgh i ucelh'i gh Ugadir igh ar isawal s darija acku inna yak hati "isbilizi". Ma rad tennit i zund ghayan?

Nighd igh asen tennit hati ur ad tasawlt ta3rabt ar id'sa inna yak : "max ur tkit skwila"?
Acku gh ugayyu-ns tacelh'it ur tgi i lmdint, ut tgi aghar i idrarn.

Udder !!
 
Tenna Talalit: "Ar iyi tengha tgud'i igh ar sfladgh i ucelh'i gh Ugadir igh ar isawal s darija acku inna yak hati "isbilizi". Ma rad tennit i zund ghayan?"

Agrawal: "Essufs fellas:)"

Lligh nnigh "colonization" d "assimilation" ar sawalegh f tin ayt-Fes (Iarubiyen).

Ar ettinin imerrukiyen: "Beddelna elfa b elfa."
Zeama, nessebeddel Fransa s Fes.

Yenna baba lligh ed yucka Allal Elfusi ese t'mazirt enes, yesawel yan umeghar acelhi, yenna y-asen ie medden: "Rezmet imezgan nnun ad awen inigh yan w-awal. Hat nekkis alim neg en tteben."

Zund alim (s Tamazight) zund tteben (s Darija). Zund Fransa, zund Fes.
Tebda temmara negh lligh ed yesawel Allal Elfusi ssegh Misra, yesbaddel isem ie t'mazirt negh, yeg as el-meghrib.

Tamazirt negh ur yadelli tegi s isem el-meghrib, tega Merrakc.
 
Wa felgh-asn Faz ula Rbad'.

A ka sul nsunfu gh tamzirt-ngh n Sus, nettat d tcelh'it-ns.

Iqqand Icelh'in ad sawaln awal-nsn acku tamazirt n Sus tins ad tga, ad ssar urd nettni a isawaln darija gh tisuka n Ugadir !
 
il y a un an un ami m'a informé que le grand militant amazigh Mohamed Chafiq parle avec ces enfants l'arabe,et quand il leur demande l'explication de cette paradoxe il a dis qu'il fait ça en vu de perdre l'accent chleuh(bien entendu ses enfants!) et que tachlhit il auront le temps de l'apprendre par la suite(lorsqu'il perdent totalement l'accent chleuhs que la comédie makhzanienes a su ridiculiser!).
j'ai bien dis que je suis tenu au courant de cette information par un ami,mais je peux pas la confirmer tant que j'ignores la crédibilitée de source de l'information.ça rends perplex ce genres d'histoire :-(
 
talalit urd tagat adagh yutn,

iss juHn midn,

ur sul sen mani ran, wa mara sul skarn gh tudert'n't.

tarwa ur sul rin awal'n't'n,
ur sul rin tamazirt,
ur sul rin ayza,

abla l'"europe", l biza, d lbasbor.....

ghayan ay gan tamukrist ghilad,
urd tarwa li lulnin amass n bRa,
aj nawk ghwin li qamanin gh tmazirt.

Ay hdo Rbi okan,

ima bnazm ijla yass mara sul i skar...

Ight tdit s ugadir,
taftn tka taHrabss igna,,,, :-?

chacuns ses priorités dans la vie.
 
Tifawin istma d aytma. Surf at iyi igh a taragh s tfransist lahqqac ur hkemgh bahra tacelhit.

s amzwaru Talalit ayuz nnem bahra ultmanu f iwalin nnem d tirra nnem s tamazight beda gh usays ad, acku zdargh ad fhemgh kullu ma tnit d ma turit, tirra nem ad myargh bahra s ghid, tfulki ur tcqqa flati.

Hati ghrigh yad gh usays n souss com tanfult ad mi tsawal f imazighn n l'IRCAM li aysawaln taârabit ngratsen ulla d tazzanin nsen, gh tigumma nsen. Awa ma ra dinigh akwn? Tcqqa bahra tamukrist ad, hatti nssen d nttafqa, at g tachelhit tamzwarut, ay sawlt kullu ma inna acelhi ad gigh, at nsselmed i arraw ngh... Waxxa.

Mac hatti llan Imazighn gutn, ur jju sawln ulla sfeldn i tcelhi darsn, nkern d ayt darsn ad sawaln s taârabt, mghurn ngr Iâraben, ttun izoran nsen, arkigh ukan mghorn, ghakudna ibaynasen Imazighn ad gan, ran ad srurden tamagit nsen.

Zund nki nit: gh tigmi nu, d istmanu d aytmanu d tarwa nsen, d kulci lfamila nu an sawal abla s tâârabt, h'tta yan ur issen i tcelhit; abla wahdu yyi ad mmagh disen bac ad nnin hlli " hati Imazighn an ga".

Taghiyi bahra tagudi, ud'ngh wa ultma Talalit ur ssengh ad sawalgh s tcelhit. Uggar n ghayad, ttahelgh d tafransist ( ghikan at ga tuddert ), ad sawalgh dis d illi nu s krad't abla tafransist. Mac s tigmmi nu hati tamagit n timuzgha ay yqqorn, d tayri n tmazirt a yzwaren.

Ad ur qqorn ulawn nnun d imazighen zund nkki li ur bahra ssen awal n tmazight, hati ur tgi lfalta nsen, icqqa ukan bahra ad urrin i izoran nsen, ad sawaln tacelhit iqqorn zund kunni s yat twalt.

Lhorma nnun aytma d istma ad ur tqqenm taddurt n timuzgha i Icelhiyin li ur ssen tacelhit. Hati ggutn bahra, gan lmalayin, ran nit ad sawaln s tmazight, ssen mad gan izoran nsen, ad dafaên ( ad mmaghn )f tamagit nsen ghunck li zdarn, mac awal n tcelhit ay bahra icqqan fellasn.

Igh ukan tnnit asn: " awa ur tssenm i tcelhit, ur a tsawalm tcelhit, ur tgam Imazighen zund nkni! zaydat i urwas! ibrranin at gam!"
Ra drusen Imazighen, kullu Imazighen li ad sawaln s taârabt ula s tarfransist ur ssen i tcelhit ra drweln, ra dgod'in, ra d nnan " ur ngi sul imazighen, ma ra nskar d midn ad?"

Iggut wawal f tamukrist ad, ad ur td'sam, ad ur mghurn bahra ixfawn nnun, rzmat tasa nnun i istma d aytma nnun li ur ssen i taclhit, skrat disen lxatr d tawil, hati timuzgha ur tgi abla wawal, waxxa awal aygan amzwaru, timuzgha tga tayri n tmazirt, a yini yan waxxa s tafransist ulla s taârabt: " amazigh ad gigh!"

Surf at iyi bahra, aytma d istma Imazighen li ttafn zher, darsn baba tsen d inna tsen ad sawaln bedda s tacelhit gh tiguma nsen, hati ssengh tuxcen tacelhit inu, fssusn iwaliwn inu s tamazight, ur i gadda ils inu, tenghayyi taârabt ulla tafransist, mac hatti gh tozzomt n tasa nu d kullu ul inu d ixsan inu acelhi ad gigh!

myargh nki ya umazigh ur isssen i tmazight mac ili dars tayri n izoran nes f ya umazigh yad'nin ay sawal tamazight ur yaght lhem n tamagit nnes.
 
Je trouve les affirmations contenues dans ce texte complétement scandaleuses !

Si l'indignation exprimée par son auteur est vraiment sincère, et si son intention n'est pas de nuire délibérément à la cause qu'il prétend pourtant défendre, il doit impérativement prendre conscience des effets dévastateurs et destructeurs, pour cette même cause, des rumeurs qu'il colporte !

Sans rentrer dans les détails, les militants amazighes connus et dont les enfants ne parlent pas Tamazight, il y'en a que deux.

Notre auteur a évoqué le cas d'un " extrémiste ", et puisqu' appremment il le connait, il doit savoir aussi pour quelles raisons les enfants de ce militant ne parlent pas Tamazight.
Ce militant avait divorcé de sa femme lorsque ses enfants étaient en bas âge. Ayant été élevés par leur mère, qui ne portait pas Tamazight dans son coeur ( elle est pourtant rifaine ), ces enfants ont grandi sans avoir appris à la parler.

Il y a un autre cas, celui d'un militant qui n'a pris conscience de son amazighité et qui ne s'est engagé pour sa défense qu'une fois ses enfants ont grandi. Après tout, il vaut mieux tard que jamais !


En tout cas, l'attitude de l'auteur de ce texte porte un nom, cela s'appelle de l'ethnomasochisme, et c'est malheureusement ce genre d'attitude qui a causé notre perte !



[ Edité par Agraw_n_Bariz le 26/10/2005 12:05 ]
 
Depuis quand Imazighen étaient des "Hommes" libres...à votre avis pourquoi on est toujours des loosers ?

Car tous simplement les Imazighen sont des tapettes !!

On peut acheter un soussi avec un peu des Iqarriden

On peut acheter Un Rifain facilement avec un beau duiscours islamiste wahhabiste

On peut acheter un Amazigh zayan avec de la prostitution

Et enfin on peut acheter un Kabyle par un beau discours de francophonie !

etc etc etc...

Tous des loosers quoi !

[ Edité par passant le 26/10/2005 9:58 ]
 
A ce qu'il parait, c'est un phénomène encore plus accentué chez les Kabyles !
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Farida Aït Ferroukh : « La culture se pratique, se vit, se transmet mais pour beaucoup, la berbérité, c’est du discours ! »

Si je prends l’aphorisme de Cheikh Mohand parmi les plus connus et les plus simples :Win yebghan ad izur lemqam ad yezwir deg_gat wexxam « Qui veut visiter un mausolée qu’il commence par la maisonnée ! » et que je l’applique au mot « tamazight » tant galvaudé, on s’aperçoit qu’il y a tant de choses à faire d’abord chez soi puis en soi et que cet aphorisme garde toute son actualité ! En effet, aujourd’hui beaucoup s’égosillent en revendiquant la langue maternelle, s’excitent mais ne parlent pas à leurs propres enfants dans cette langue, même quand les génitrices sont parfaitement berbérophones ! Les couples en question « causent » ou se disent « je t’aime » en français ou en arabe. Il y a beaucoup de foyers berbéristes ou le berbère se fait rare !

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KabyleS.com : Pourriez-vous, Farida Aït Ferroukh, présenter votre parcours universitaire et vos ouvrages à nos lecteurs ?

Farida Aït Ferroukh : Tout d’abord, merci de prononcer correctement mon nom ! Je ne sais pas qui est cet energumène qui s’est mis à m’appeler en premier « At Froukh ».... l’instinct grégaire a fait le reste. « Froukh » (frux) en kabyle n’a aucun sens, par contre afrux oui, et il signifie « l’oiseau » or il se trouve que certains de ceux qui le prononcent ainsi se disent « berbérisants » ou « berbéristes ». Mon nom kabyle est Farida At Ufrux (le patronyme Aït Oufroukh existe aussi d’ailleurs) « francisé » et transcrit à l’état-civil en Aït Ferroukh. Mon nom est suffisamment mutilé comme ça ! Si on s’adresse à moi dans ma langue maternelle, je tiens à ce qu’on m’appelle par le vrai nom, celui légué par l’ancêtre fondateur de notre longue lignée : je revendique le « U » de l’appartenance et je refuse qu’on reconduise « la blessure du nom propre ». Cette mise au point étant faite, je réponds donc à votre question. J’ai d’abord été formée en linguistique et en littérature françaises puis en littérature générale et comparée et enfin en anthropologie avant de m’intéresser ces dernières années au Développement personnel. En 1993, Nabile Farès et moi­ même avons réuni des textes poétiques pour publier la 8ème anthologie algérienne mais la première à inclure des poèmes dans les langues populaires : berbère (chaoui et kabyle) et arabe algérien. En 1997, j’ai été sollicitée pour écrire un texte « grand public » pour le livre La Kabylie (photos d’Ali Marok et texte littéraire de feu Tahar Djaout), j’ai également relu toute l’œuvre de T. Djaout pour collecter tous les passages qui concernent la Kabylie. Les éditeurs ont fait de ce travail ce qu’ils en ont voulu : ils ont gardé, supprimé et ... surtout retravaillé le texte mais je n’ai pas eu droit aux épreuves. Conséquences : de gros anachronismes qui sont reconduits au gré des rééditions dont je ne suis même pas avisée.

Comment cela est-il possible ? L’éditeur n’est-il pas censé respecter le droit d’auteur ?

Oui, mais pour cela, il aurait fallu que j’ai un contrat. Je me suis bien fait avoir. Quant aux deux derniers ouvrages que vous connaissez, ils sont entièrement écrits par moi que ce soit Cuisine kabyle ou Cheikh Mohand. Le souffle fécond.

« Cheikh Mohand forme une concentration d’énergie, un pôle où l’on vient, de partout, puiser sa force. »
Vous avez publié une étude anthropologique et littéraire des textes de Cheikh Mohand (Cheikh Mohand, le souffle fécond, éditions Volubilis). Pourriez-vous détailler les grands thèmes de cette œuvre ?

L’ouvrage parle d’abord du contexte socio­historique dans lequel a évolué Cheikh Mohand, qui était celui de la colonisation de la Kabylie par les Français, puis du contexte spirituel c’est­-à­-dire la reviviscence des confréries notamment t_tariqa tarehmanit plus connue sous le nom de la Rahmaniya (du nom de son fondateur Sidi Abderrahman Igectulen), dont le grand Maître à l’époque était Mohand Améziane Iheddaden. Je me suis ensuite intéressée au parcours biographique et hagiographique de Cheikh Mohand autrement dit à sa formation auprès des maîtres de l’époque, à son errance spirituelle dont les motifs récurrents sont soufis. Du coup, je me suis attachée à repérer dans ses dires ce qui relevait explicitement et implicitement du soufisme et ce qui relevait de la pensée kabyle proprement dite. On ne peut séparer ces deux aspects sans prendre le risque d’atrophier les données et de mutiler son objet d’étude. Je ne pouvais pas non plus faire l’impasse sur son affrontement avec Mohand Améziane Iheddaden de même que sa rencontre avec le poète Si Moh et son duel avec lui. J’en profite pour distinguer ces deux personnages : beaucoup de gens les confondent, l’un s’appelle donc Ccix Muhend Ulhusin (Cheikh Mohand Oulhocine) et l’autre Ssi Muh Umhend (Si Moh Oumhend). Rencontre extraordinaire, unique, qui fut la première et la dernière durant laquelle ils se sont découverts et admirés. Comme deux dragons qui s’affrontent, ils se sont, à travers une joute poétique, livré combat et se sont réduit en cendres par le truchement d’une arme particulière, celle d’une imprécation double : que l’un meurt « exilé » et l’autre « dans la déshérence ». Tous deux se sont donnés en asfel (rite d’offrande) ; ils ont, en quelque sorte, détourné le malheur qui frappe la collectivité en le prenant sur eux. A ce sujet, il me semble qu’un extrait de mon livre éclaire la question mieux qu’un long discours. Le voici : « Si Moh est celui qui avoue et assume ses faiblesses ; il se livre à une certaine mise à nu et, à travers son cas, à celle de la société kabyle entière qui vit avec beaucoup d’acuité son traumatisme. Il chante comme pour exorciser l’angoisse et l’inquiétude des siens ; sa poésie devient une sorte d’exutoire, tandis que le Cheikh forme à lui seul une concentration d’énergie, un pôle où l’on vient, de partout, y puiser sa force. Tous deux sont des recours, deux « tendeurs » qui assurent l’équilibre moral, psychologique et social. Ils ont réussi, dans un contexte de situation bloquée, à faire assumer une culpabilité collective inhérente à cette même situation » (pp. 129­130).

« La pensée de Cheikh Mohand émane d’un lieu vital, celui de Taqbaylit, refuge utérin.. »
En quoi les propos de Cheikh Mohand possèdent-ils encore une actualité ? Son verbe influence-t-il encore la production artistique ou intellectuelle kabyle ?

Si Cheikh Mohand fascine encore c’est parce que c’est un agent autour duquel se sont cristallisés les sentiments et les aspirations du groupe en situation de crise et d’anomie. Mort, il devient un ancêtre et élément de l’assemblée des puissances tutélaires (agraw ) et veille sur les siens qui le sollicitent du reste constamment. Sa pensée émane d’un lieu vital, celui de Taqbaylit, refuge utérin. Sa parole est fortement empirique car Cheikh Mohand extrait une leçon de chaque situation et de chaque fait. Quel que soit l’aphorisme ou le poème de Cheikh Mohand, il nous enseigne beaucoup de choses. Si je prends le plus connu et le plus simple :Win yebghan ad izur lemqam ad yezwir deg_gat wexxam « Qui veut visiter un mausolée qu’il commence par la maisonnée ! » et que je l’applique au mot « tamazight » tant galvaudé, on s’aperçoit qu’il y a tant de choses à faire d’abord chez soi puis en soi et que cet aphorisme garde toute son actualité ! En effet, aujourd’hui beaucoup s’égosillent en revendiquant la langue maternelle, s’excitent mais ne parlent pas à leurs propres enfants dans cette langue, même quand les génitrices sont parfaitement berbérophones ! Les couples en question « causent » ou se disent « je t’aime » en français ou en arabe. Il y a beaucoup de foyers berbéristes où le berbère se fait rare ! Par contre, les grands discours enflammés, ça y va ! Cet aphorisme de Cheikh Mohand appelant à se connaître et à faire des choses pour soi et autour de soi, reste valable dans tous les domaines. Par exemple, je ne peux pas préparer une thèse sur les you you kabyles ou berbères sans que je sache en faire ou bien étudier les techniques de la poterie sans m’être sali les mains un jour ! La culture se pratique, SE VIT, se transmet mais pour beaucoup, la berbérité, c’est du Discours !

« Cheikh Mohand était évoqué partout en Kabylie »
Pour revenir à l’aphorisme de Cheikh Mohand, il peut aussi inciter à un travail sur soi quand on passe son temps à se plaindre d’autrui : faire un petit ménage dans sa tête, son mental afin de s’améliorer. A partir de cette parole oulhocinienne devenue désormais adage, on peut dégager plusieurs filons et plusieurs significations. Le sens, la sagesse ont toujours non seulement une actualité mais une utilité éternelle. N’en déplaise aux détracteurs de la tradition : « Ce qu’enseigne la tradition est toujours juste, ce sont les hommes qui n’ont pas su interpréter correctement les paroles des sages » écrit justement P. Coelho.

Petite fille, je n’ai cessé d’entendre les paroles de Cheikh Mohand, notamment par ma grand mère paternelle que je viens de perdre et qui était un véritable maître pour moi. Plus tard, j’ai constaté la même chose sur le terrain, en Kabylie : Cheikh Mohand était évoqué, cité et sollicité partout. C’est de là qu’est partie l’idée du chapitre sept de ma thèse de doctorat lequel s’est ensuite transformé en livre sans pour autant épuiser le sujet. Ce n’est pas un hasard si Cheikh Mohand a été autant cité par les poètes et chanteurs professionnels dont Taous Amrouche, Ben Mohamed, Mohia et Lounis Aït Menguellet. Je renvoie le lecteur au livre proprement dit, c’est un peu compliqué d’en parler ici.

Certains affirment aujourd’hui que la sagesse traditionnelle kabyle, représentée en partie par Cheikh Mohand, n’est qu’un amas d’anachronismes stériles dont notre société doit se débarrasser afin d’embrasser la rationalité. Quels sont vos sentiments face à ces affirmations ?

Tout le monde sait que le cerveau humain est doté de deux hémisphères : le gauche et le droit. Le gauche, on l’appelle le conscient, c’est grâce à lui que l’homme raisonne, agit , décide et fait appel à la logique, mais il ne représente que 10 % de la totalité de notre conscience. En revanche, l’hémisphère droit appelé aussi inconscient ou subconscient - siège de la créativité, de l’intuition, des ressources, de la sagesse, de la foi.... - représente 90 % de notre conscience. Les récentes découvertes scientifiques nous apprennent que c’est là que se trouve notre être véritable et que tout se joue !

Je les VEUX moi, mes 90 % ! ! Je crois qu’il est grand temps de redonner au conscient (raison, logique) sa place et non toute la place. Sur un plan plus anthropologique, quand on dit « rationalité », de quelle rationalité parle-t-on ? Chaque culture en est dotée. Hors, là la « rationalité » dont il s’agit c’est l’occidentale : on en parle comme si elle était la seule. On se situe dans un point de vue strictement ethnocentrique.

« Jusqu’au Moyen âge, toutes les cultures du monde avaient la même conception holiste. »
La rationalité cartésienne est une parmi d’autres et non la seule et unique RAISON. Bien sûr, elle s’est imposée dans les conditions qu’on connaît et non sans dégâts. Jusqu’au siècle des Lumières, l’Occident avait une conception holistique du monde c’est-à- dire que l’homme était un tout et en fusion avec l’univers. Or, la pensée cartésienne a séparé l’homme de lui-même, des autres et du cosmos.

Je m’explique. Au XVIème siècle, l’Europe occidentale s’affranchit de l’autorité de l’Eglise et des causes transcendantes et se situe, désormais, à un autre niveau : à hauteur d’homme. Autrement dit, à Dieu, on substitue l’homme. Avec Galilée, la formule du monde est donnée par les mathématiques et les ingénieurs deviennent les nouveaux maîtres d’œuvre, on décide alors que la connaissance doit être utile, rationnelle et dénuée de sentiment. Entre le XVIè et le XVIIIè siècle naît l’homme de la « modernité » - ce mot est aussi beaucoup utilisé et constamment opposé au terme « tradition » - l’être humain est désormais coupé de lui-même (l’esprit (ou l’âme) et le corps), des autres (avènement de l’individualisme) et du cosmos. On assiste alors à la montée de la Bourgeoisie et du capitalisme naissant qui a drainé une soif de conquête et une volonté de maîtriser le monde.

« Pourquoi passer par les mêmes écueils que l’Occident ? »
L’Occident qui, comme on vient de le voir, s’est détaché de la vision holiste, est en train d’y revenir, j’en veux pour preuve tous ces mouvements spirituels accompagnés d’une sensibilisation à l’écologie planétaire. Parfois, les Occidentaux vont loin en quête de l’objet perdu : Inde, Tibet... Notre culture est en train de perdre cette dimension holistique car, nous sommes dans un constant et lamentable mimétisme vis-à-vis de l’autre que ce soit l’Occident ou l’Orient : c’est effarant, par exemple, de voir le nombre de compatriotes femmes qui décident de porter ce qu’on appelle le voile. Dans le même ordre d’idée que le port du voile, opter pour la « rationalité » exclusive c’est se mutiler d’une part importante de soi. L’Occident en a payé le prix : pourquoi passer forcément par les mêmes écueils ? Bien sûr, je ne généralise pas, il y a des exceptions. Quand mon livre sur Cheikh Mohand est sorti, beaucoup de personnes sont venues me voir pour me dire très discrètement : « je vais vous raconter quelque chose et vous n’allez pas me croire ! » puis elles m’ont fait part d’expériences qu’elles n’oseraient jamais relater en public et surtout pas à des esprits « rationnels » sans prendre le risque de se faire « étriper ». Il y a une espèce de « terreur » sournoise dans certains milieux kabyles « militants » qui dicte un peu le « bien penser », le « bien dire » et les choses en lesquelles croire. Résultat, beaucoup n’osent avouer qu’ils sont en quête spirituelle ou encore que c’est un besoin vital comme boire, manger, respirer... L’être humain est d’abord un « être avec », c’est un être en relation. Et tous les rituels raillés par certains illustrent cela. En effet, l’homme a de tous temps cherché, par le biais du rite, à s’attirer les faveurs des Forces sacrées. Celles-ci prennent forme dans l’espace environnant : une montagne, une grotte, un arbre, un mausolée...C’est une véritable fusion avec l’univers et ce n’est pas un hasard si St Augustin, Ibn Toumert, les orthodoxes et les fondamentalistes de tous bords livrent la guerre à ces pratiques rituelles. C’est en ce sens que la pensée de Cheikh Mohand peut paraître paradoxale et dans le même temps logique. Toutes les religions venues d’ailleurs ne se sont pas diffusées de manière monolithique : les cultures amérindiennes ont intégré des éléments du christianisme à leurs systèmes religieux anciens. Il en est de même chez nous. C’est pour cela qu’on dit que Dieu a créé le monde et yemma-s n ddunnit « la déesse-mère » aussi. Tout le monde connaît ou a entendu parler du poème dans lequel on raconte que Cheikh Mohand, voulant faire ses ablutions, est allé à la fontaine et l’a trouvée regorgeant de richesses. Cet épisode de la fontaine ou plus largement, le fait de trouver des richesses dans un point d’eau est un lieu commun que vivent beaucoup de mystiques qui dès lors invoquent Dieu afin de les soustraire à leur vue au profit de l’eau. Cheikh Mohand, lui, s’adresse non pas à Dieu mais à l’a&essas n tala « gardien du lieu » qui constitue avec ses Confrères l’agraw « assemblée des puissances tutélaires ».

« Le manque d’amour de soi est flagrant chez certains »
Encore une fois, les anciens ont pris de l’islam et du soufisme ce qu’ils ont bien voulu prendre, autrement dit, ils les ont berbérisés. C’est la raison pour laquelle il me semble ridicule de séparer le déjà-là (la berbérité) d’avec le nouveau intégré (l’islam). On assiste à une manipulation des données : certains veulent débarrasser Cheikh Mohand de tout élément exogène (c’est-à-dire islamique) et traquent tout élément endogène (berbère) jusqu’à l’inventer. Cheikh Mohand n’est plus une figure à respecter comme telle mais est appréhendé comme un personnage fictif qu’ils travaillent à leur guise : yughal asen d la pâte à modeler. Les personnes qui procèdent ainsi se font plaisir mais ne produisent pas de travail scientifiquement fiable et crédible et ces documents sont condamnés à moyen et à long terme. En même temps, c’est très intéressant car ça nous instruit sur le regard que ces auteurs portent sur leur pensée, sur eux et le manque d’amour flagrant de soi (individu) et de Soi (groupe d’appartenance). Mais ça, c’est un autre débat !

Vous voulez-donc dire que certains auteurs kabyles adoptent une démarche malhonnête ?

Tout le monde pense tout bas ce que je suis en train de vous dire : mais on préfère railler les « produits » et leurs auteurs dans les cafés ou entre copains. Il aurait fallu qu’on ait un Taine ou un Sainte-Beuve (grands critiques français du XIXe siècle) pour trier la graine de l’ivraie. Le silence est mauvais qu’il s’agisse de travaux méritants à saluer ou de « navets » à classer comme tels. Si je prends l’exemple de la chanson, il existe malheureusement des talents qui se sont laissés mourir (dans tous les sens du terme) faute d’encouragement et des « médiocres » qui s’autoproclament « diva », « star »... de la chanson kabyle. Tout le monde déplore cela, il y a même des blagues qui circulent sur X et Y et Z. Arrêtons d’en rire !

« Mohia nous a quitté à un âge où il devait normalement goûter à la gloire de la notoriété et les nouvelles générations profiter du bonheur de son enseignement ! »
Il en est de même de certains éléments parasites connus sous l’étiquette « magouilleur » « tricheur » qui doivent être neutralisés... Tout un chacun est écœuré par le profil « corniaud / escroc » et beaucoup de témoins peuvent relater des faits, apporter des preuves, taper du poing sur la table. Mais si par malheur il y en a un qui s’insurge, on l’accuse illico de « salir tamazight, Leqbayel... » Je parle de cette catégorie de personnes que feu Mohia a popularisé sous le nom de « Kabytchous » et qui l’ont poussé, par leurs vils procédés, à « quitter le bateau » et, infarctus sur infarctus, finir avec un cancer à un âge où il devait normalement goûter à la gloire de la notoriété et les nouvelles générations profiter du bonheur de son enseignement ! J’ai assisté à un débat entre un scientifique qui interpellait un apprenti-écrivant à propos de certaines données fallacieuses et fantaisistes et j’ai vu ce dernier « l’emporter » parce qu’encouragé et admiré par un modérateur un peu dépassé et une assistance dramatiquement silencieuse. Comme dit mon père : « ça me donne envie de me gratter le dos avec des cardes ! »

« Il y a un réel problème entre les hommes kabyles et les femmes kabyles »
Sur un mode plus personnel, vous êtes une femme étudiant une société encore largement patriarcale. Avez-vous le sentiment d’avoir été rejetée ou mal considérée par certains Kabyles qui pensent que cela n’est pas la place d’une femme que de mener de tels travaux ?

Tout d’abord, je tiens à dire que cela n’est pas propre aux seuls Kabyles. Si je prends le domaine de l’anthropologie en France, il y a beaucoup d’étudiantes dans les TD ou les amphis et plus on monte dans la pyramide, plus il y a d’hommes et très peu de femmes, je parle de postes et de places dans les commissions qui ont le pouvoir de décision et de recrutement. En tant que femme kabyle et chercheur, je ne dois ma survie et ma force qu’au fait d’avoir ignoré certains énergumènes. Comme disait ma grand mère : « j’ai une oreille sourde et l’autre, elle n’entend pas ». Cela dit, j’ai fini par acquérir une certaine place et je jouis d’un grand respect, n’en déplaise aux scolarisés en souffrance et en mal de reconnaissance. La grande masse, elle, est formidable ! Au début, quand j’ai commencé la recherche, on m’interpellait souvent pour me dire cette phrase qui me fait encore sourire : « tu as dit (ou écrit) ceci ou cela....., CHEZ MOI, ça n’existe pas ». No Comment. Un jour, un monsieur est venu me trouver après la publication de ma notice sur le chant kabyle dans l’Encyclopédie berbère : « Mais enfin, Farida ! Où es tu allée chercher ces histoires d’izli ? » Comme c’était un monsieur que je respectais, je lui ai répondu qu’il n’avait qu’à relire la notice en question puisque j’y prouvais par A+B que le concept izli/izlan était panberbère et pankabyle. « Mais enfin, ça n’existe pas chez moi », me dit-il, « chez toi, c’est où ? » « aux At... (suit le nom de la confédération) » « et où précisément aux At.... ? » ...en arrivant au village, je lui dis : « va voir Unetelle de telle famille, elle te parlera de l’izli chez toi » « ah, bon ! mais alors, c’est moi qui suis ignorant ». La réalité des faits a été énoncée par ce brave monsieur, beaucoup de compatriotes prennent leur ignorance pour de la connaissance. Une autre phrase qui me fait sourire, c’est lorsque j’évoque une expression, un mot, ou parle d’un fait ou autre.. et que l’interlocuteur « mâle » − beaucoup n’aiment pas ce mot − méconnaît. Au lieu d’avouer son ignorance, il rétorque avec un sourire jaune : « c’est féminin, ça », « oui, c’est les femmes qui... ». Sous titrage de ce type de remarque : « c’est de la sous-culture, c’est pour ça que je ne connais pas » ou bien « c’est pas pour moi, c’est pour les femelles ». Tout ça reste encore gentil, mais là où j’ai vécu des choses plus explicites et plus directes, c’est lorsqu’il y a un enjeu, toutefois, je ne prendrai ici que les exemples les plus anodins. Alors qu’on a demandé à un compatriote de m’inviter à une rencontre, non seulement il ne m’a rien transmis mais il s’est empressé de déclarer lorsque le public m’a réclamé : « je l’ai invité, elle a refusé de venir, je respecte sa décision », pur mensonge. Il est arrivé, par exemple, qu’on bloque mon livre et que l’éditeur change subitement d’avis sans explication parce que l’un des nôtres est passé par là. A la sortie (tout de même) du livre sur Cheikh Mohand, c’est fou le délire qu’il y a eu. Une certaine fébrilité s’est emparée de certains qui ont paniqué car ils ont vu « un homme, et l’œuvre de cet homme étudié par une FEMME ». Il a même été écrit que « n’importe qui ne peut écrire n’importe quoi sur Cheikh Mohand » là, je suis d’accord, mais l’auteur de cette phrase devrait commencer par se l’appliquer à lui-même. Des personnes m’ont interpellé, sans avoir encore feuilleté le livre, pour me dire qu’ils ont des textes « plus beaux et plus importants que les miens ». Certains se sont oubliés à parler d’eux lors d’une rencontre qui consistait à présenter Cheikh Mohand − dont c’était le centenaire − et mon livre, qui venait de paraître, et se sont mis à jouer le rôle d’un jury, il a fallu les remettre à leur place vertement.

« La domination masculine sévit fortement. »
A part les femmes qui ont été très enthousiastes et les sages - Abderrahmane Bouguermouh m’a envoyé un mail très encourageant après avoir lu le livre et L. Aït Menguellet a pris la parole en public et a été laudatif - la grande majorité des « Brobros » parisiens a été superbement silencieuse. Quelques uns parmi mes proches ont « parlé » avec leurs gestes en achetant plusieurs exemplaires du livre comme mon ami Ben Mohamed et Aït Menguellet pour m’encourager et d’autres encore pour me dissuader de le leur offrir, alors que j’ai été harcelée de demandes de partout pour des envois gratuits avec dédicaces. Pour revenir à l’accueil, comme dirait mon amie Malika Hachid, qui a beaucoup plus de choses que moi à dire à ce sujet, « c’est la conspiration du silence ! ». Après cela, j’ai eu entre les mains des publications où il était question de Cheikh Mohand et aucun auteur masculin ne m’a cité, comme si mon ouvrage n’avait jamais existé. Un universitaire berbérisant m’a même envoyé un mail, alors qu’il s’apprêtait à soutenir sa thèse, pour me dire qu’il ne connaissait pas mes travaux : pourtant les spécialistes de telle ou telle question se comptent à peine sur les doigts d’une main !

Quand Cuisine kabyle est paru, la préoccupation de certains a été de savoir si je prépare vraiment les plats dont je donne les recettes dans le livret.

La domination masculine sévit fortement et les relations masculin / féminin en pâtissent. En dehors du champ berbérisant et de la recherche en général, il y a un réel problème entre les hommes kabyles et les femmes kabyles. Le plus grave, c’est que les premiers nient leur machisme et ne supportent pas entendre les secondes évoquer ce problème et les culpabilisent sans retenue. Je me suis fait, il y a peu de temps, violemment incendier par quelqu’un parce que j’ai employé le mot « mâles ». Ce genre de comportement ne parle que de la personne qui l’adopte. En outre, il y en a qui ne supportent pas l’assertivité au féminin. C’est ce que j’ai vécu ces temps derniers avec un groupe de femmes avec lesquelles je travaille ... mais évoquer ces mâles qui râlent quand des femmes s’affirment et ne se laissent pas faire c’est leur accorder de l’importance ... Enfin, pour résumer, c’est tout juste si on ne nous dit pas « sois belle, bonne ménagère, bonne couscoussière et ... TAIS-toi ! ».

Ce qui compte dans tout ça c’est d’adopter une attitude de sagesse : ne pas se laisser embarquer dans l’émotion de l’autre (agressivité, violence...) autrement, j’entre dans la sphère de sa peur et de son manque d’être.

Propos recueillis par KabyleS.com - Rédaction Paris
 
ce sujet me touche personnellement, car le complexe de parler mal ma langue maternelle, originelle n'est pas un fardeau simple à porter.

Mais pour ceux qui ont la critique facile, Imazighen en particulier chez qui c'est une seconde nature d'être impitoyables avec leurs congénères, pour le moindre manquement ou la moindre faiblesse, j'aimerai vous dire que l'ostracisme ( l'exclusion, l'excommunion) des Imazighens ayant perdu le contact avec leurs racines porterait un coup mortel à l'amazighité, paradoxalement.

N'oubliez pas que l'acculturation, l'arabisation et l'alliénation de notre peuple ne date pas d'hier, mais le processus ethnocidaire a débuté il y a des siècles et il s'est prodigieusement acceléré ces dernières années, avec l'urbanisation, les mass médias, etc.

Qui en a souffert? des millions de familles amazighes, justement, qui ont perdu tout lien avec leurs racines, et qui se considèrent tout naturellement arabes.

Qui en est le premier responsable? les Imazighens eux- mêmes, par l'intermédiaire des dynasties amazighes elles mêmes, almoravides, almohades ( les pires ennemis de l'identité amazighe et les premiers à s'attaquer à l'amazighité de l'afrique du nord), les mérinides, wattassides... Les dynasties saadiennes et alaouites par la suite n'ont fait que perpétuer les traditions dynastiques amazighes en donnant la primauté à l'arabe.

Parler tamazight est- ce une condition sine qua non pour revendiquer son identité? Je ne pense pas: sinon la majorité des marocains, Imazighens à l'origine, seraient tout simplement spoliés de leur véritable identité. C'est grossir généreusement - et stupidement- les rangs des ennemis de l'amazighité, une poignée d'arabos andalous qui considèrent que tout locuteur arabophone, même d'origine amazighe, est un arabe. C'est donner raison à tous ces recensements makhzéniens bidon qui voudraient amalgamer tout locuteur arabophone dans la sphère de la population arabe.

Ce serait un coup mortel pour le peuple amazighe.

Revendiquer son identité, la manifester passe bien sûr par la langue en premier. Mais est- ce la seule condition?

Je pense personnellement que non: je connais de nombreuses personnes fières d'être amazighes, se proclamant ouvertement amazighes, mais ne parlant malheureusement pas un traître mot de leur langue originelle. Par contre je connais de nombreuses personnes parlant parfaitement tamazight, dans certains cas ne parlant que cette langue, mais n'ayant aucun amour ni fierté pour leurs origines. J'en connais.

D'autre part, comparons nous à d'autres " minorités" linguistiques, culturelles ou ethniques, comme vous voudrez qui vivent dans d'autres pays: bretons, basques, occitans, corses, pour ceux que je fréquente en france et qui ne parlent que le français mais qui se revendiquent selon leur identité originelle, qui manifestent un grand amour pour leur culture maternelle. C'est grâce à des Bretons ne parlant plus que le français que l'identité et la langue bretonne sont revenues sur la scène culturelle fançaise.

Ailleurs: amérindiens, kurdes, africains ( des centaines d'ethnies), israeliens, irlandais immigrés aux usa, italiens américains, polonais...

Je prend l'exemple du peuple juif, car il est très révélateur de cette problématique: la majorité des Juifs ne parlaient plus l'hébreu, leur langue ancestrale, qui n'était plus cloisonnée que dans la sphère religieuse et liturgique: tous ces immigrants juifs n'ont jamais abandonné l'amour et l'attachement viscéral pour leur identité ancestrale, bien que parlant toutes les langues du monde: ils sont reenus en Israel et ils ont reconstitué un héritage millénaire, ressuscité une langue et une écriture qui étaient sur le point de disparaître:

Quand les immigrants juifs s'étaient présentés en Israel, croyez- vous qu'on leur a demandé si elles parlaient l'hébreu? Non. Se revendiquer juif était la seule condition.

la majorité de ces gens, ces immigrés ont perdu tout contact avec leurs langues originelles, ne parlent que les langues du pays où elles habitent. Cela ne les empêche pas de se revendiquer selon les origines de leurs ancêtres et même d'être les plus ardents défenseurs de leur identité: et pour cause, ils savent mieux que quiconque la valeur des racines et des ancêtres.

Alors mes chers Imazighens pur jus de taknarit qui ont la langue facile pour éradiquer de votre propre peuple ceux d'entre vous qui ont -à cause des conditions historiques et des aléas de la vie- perdu leur langue maternelle, si vous désirez réduire notre vaste peuple à une peau de chagrin, éradiquer de notre peuple sa majeure partie, parfaire le travail propagandiste des arabos- andalous, vous avez trouvé là la pire attaque contre notre identité.
 
aksel a écrit :

Alors mes chers Imazighens pur jus de taknarit qui ont la langue facile pour éradiquer de votre propre peuple ceux d'entre vous qui ont -à cause des conditions historiques et des aléas de la vie- perdu leur langue maternelle, si vous désirez réduire notre vaste peuple à une peau de chagrin, éradiquer de notre peuple sa majeure partie, parfaire le travail propagandiste des arabos- andalous, vous avez trouvé là la pire attaque contre notre identité.


Ayuz a gwma Aksel !

Et comme tu le disais si bien, il y a aujourd'hui des milliers d'Amazighs complétement arabisés, comme il y'en a qui sont complétement francisés, mais qui revendiquent fièrement leur amazighité et la défendent beaucoup mieux que ceux, par fois, qui ne parlent que Tamazight, mais qui en ont honte et la méprisent !

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les plus fervents militants de la cause amazighe, sont souvent des amazighes citadins à moitié arabisés. Autre paradoxe, les plus grands des militants amazighes, comme Assid, Id Belkasem et Adgherni ..., sont des arabisants, c'est-à-dire, des intellectuels qui n'écrivent qu'en Arabe.
 
Ils peuvent faire un effort quand même et donner l'exemple !

L'autocritique fait souvent avncer le schmil blik
 
passant a écrit :

L'autocritique fait souvent avncer le schmil blik


L'autocritique est à double tranchant :

- lorsqu'on en use avec modération et intelligence, elle peut être féconde et faire avancer le chmilblik.

- mais lorsqu'on en abuse, elle devient alors compulsive et relève, par conséquent, de la pathologie psychiatrique, car elle mène inéluctablement à la depression et à l'autodestruction !

Ceci est valable, aussi bien, pour un individu que pour un groupe ethnique !


[ Edité par Agraw_n_Bariz le 26/10/2005 13:19 ]
 
azul my friends
The question "why some Amazigh associtives speak Arabic to their children?" may be answered like this:simply because they are not convinced of their ligitimate cause,and miltantism.in fact, many "Amazigh" associations have been created in hope to reach some special goals forexample:money,fame,authority,nearness to the royal palace,ircam,obstacls in front of the Amazigh movement...A friend of mine was disappointed when he visited the Ircam;he spoke to the secretary in Amazigh she answered him in Arabic.He met a very known Amazigh figure there and the same thing happened!!!So if Amazigh is not spoken in places where it is indicated to be promoted I wonder where we can speak it :-o in mountains, with old generation,in agdoods!!Some of these people dare say:"if we speak Arabic but we diffend Amazigh".This means our language is handicapped and cannot deffend itself.So what shall we do?we shall wait untill the arabization of all Imazighen so as to diffend and militate in favor of Tamazight :-o .In Israel Hebrew has been revived thanks to their efforts:they speak it in their every day life with their children,they imposed it in their schools and administrations....the worst is that these people (fake or weak Imazighen)blame other honnest Imazighen who speak tamazight wherever they are of being RACISTS!!!From the factors I cited above one can deduce that among imazighen there are enemies of Tamazight.so I think that these troops still need lessons in psychology and in civil rights movement throughout the world beginning from Marten Luther King who said"say it aloud I am black i am proud". :-fla
 
Agraw_n_Bariz a écrit :

Autre paradoxe, les plus grands des militants amazighes, comme Assid, Id Belkasem et Adgherni ..., sont des arabisants, c'est-à-dire, des intellectuels qui n'écrivent qu'en Arabe.
en quoi vous parait ça paradoxale!!tout simplement ils n'ont pas la chance d'apprendre le tifinagh en école!et s'il sont capable de le faire mnt qui iar le lire?!ils n'ont choix qu'entre l'arabe ou encore le français,pour le moment bien sur...
 
l'absence de tamazight dans les medias,...
nous donne ce resultat:
l'arabisation du maroc n'est qu'une questions de temp :-( :-(
 
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