Étienne de La Boétie (né à Sarlat le 1er novembre 1530 et décédé à Germignan le 18 août 1563) était un écrivain français.
De confession catholique, il s'intéresse très jeune aux auteurs classiques grecs et latins. En 1549, à l'âge de 18 ans, il rédige le Discours de la servitude volontaire, publié pour la première fois en 1576.
Après des études de droit à l'université d'Orléans, il devient en 1553 conseiller au Parlement de Bordeaux. À partir de 1560, il est chargé par Michel de l'Hospital, avec qui il se lie d'amitié, d'intervenir dans diverses négociations pour parvenir à la paix civile dans les guerres de religion opposant catholiques et protestants en prêchant la tolérance.
Le Discours de la servitude volontaire
Le Discours de la servitude volontaire ou le Contr'un est un court réquisitoire contre la tyrannie qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors qu'il est censé être rédigé par un jeune homme d'à peine 18 ans. Montaigne cherche à en connaître l'auteur : de sa rencontre avec La Boétie naît alors une amitié qui va durer jusqu'à la mort de ce dernier.
Le texte de La Boétie pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport domination / servitude). Les nombreux exemples tirés de l'Antiquité qui, comme de coutume à l'époque, illustrent son texte lui permettent de critiquer, sous couvert d'érudition, la situation politique de son temps.
Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle "maîtres" ou "tyrans". Quelle que soit la manière dont un tyran s'est hissé au pouvoir (élections, violence, succession), ce n'est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la sanction, c'est d'abord l'habitude qu'a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure. Ensuite vient l'idéologie (que Marx appellera opium du peuple) et les superstitions. Mais ces deux premiers moyens ne permettent de dominer que les ignorants.
Vient le "secret de toute domination": faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran donne des miettes aux courtisans. Si le peuple est contraint d'obéir, les courtisans ne doivent pas seulement obéir, mais devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude. Ainsi s'instaure une pyramide du pouvoir: le tyran en domine cinq, qui en dominent cents, qui eux-mêmes en dominent mille... Cette pyramide s'effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis.
Dans ce texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges par des partis d'allures diverses, La Boétie oppose l'équilibre de la terreur qui s'instaure entre bandits, égaux par leur puissance et qui se partagent à ce titre le butin des brigandages, à l'amitié qui seule permet de vivre libre. Le tyran, quand à lui, vit dans la crainte permanente: n'ayant pas d'égaux, tous le craignent, et par conséquent, il risque à chaque instant l'assassinat. Elias Canetti fera une peinture similaire du « despote paranoïaque » dans son chef d'œuvre, Masse et puissance.
Si La Boétie est toujours resté, par ses fonctions, serviteur fidèle de l'ordre public, il est cependant considéré par beaucoup comme un précurseur intellectuel de l'anarchisme et de la désobéissance civile.
Citations
* « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. »
* « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »
* « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »
De confession catholique, il s'intéresse très jeune aux auteurs classiques grecs et latins. En 1549, à l'âge de 18 ans, il rédige le Discours de la servitude volontaire, publié pour la première fois en 1576.
Après des études de droit à l'université d'Orléans, il devient en 1553 conseiller au Parlement de Bordeaux. À partir de 1560, il est chargé par Michel de l'Hospital, avec qui il se lie d'amitié, d'intervenir dans diverses négociations pour parvenir à la paix civile dans les guerres de religion opposant catholiques et protestants en prêchant la tolérance.
Le Discours de la servitude volontaire
Le Discours de la servitude volontaire ou le Contr'un est un court réquisitoire contre la tyrannie qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors qu'il est censé être rédigé par un jeune homme d'à peine 18 ans. Montaigne cherche à en connaître l'auteur : de sa rencontre avec La Boétie naît alors une amitié qui va durer jusqu'à la mort de ce dernier.
Le texte de La Boétie pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport domination / servitude). Les nombreux exemples tirés de l'Antiquité qui, comme de coutume à l'époque, illustrent son texte lui permettent de critiquer, sous couvert d'érudition, la situation politique de son temps.
Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle "maîtres" ou "tyrans". Quelle que soit la manière dont un tyran s'est hissé au pouvoir (élections, violence, succession), ce n'est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la sanction, c'est d'abord l'habitude qu'a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure. Ensuite vient l'idéologie (que Marx appellera opium du peuple) et les superstitions. Mais ces deux premiers moyens ne permettent de dominer que les ignorants.
Vient le "secret de toute domination": faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran donne des miettes aux courtisans. Si le peuple est contraint d'obéir, les courtisans ne doivent pas seulement obéir, mais devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude. Ainsi s'instaure une pyramide du pouvoir: le tyran en domine cinq, qui en dominent cents, qui eux-mêmes en dominent mille... Cette pyramide s'effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis.
Dans ce texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges par des partis d'allures diverses, La Boétie oppose l'équilibre de la terreur qui s'instaure entre bandits, égaux par leur puissance et qui se partagent à ce titre le butin des brigandages, à l'amitié qui seule permet de vivre libre. Le tyran, quand à lui, vit dans la crainte permanente: n'ayant pas d'égaux, tous le craignent, et par conséquent, il risque à chaque instant l'assassinat. Elias Canetti fera une peinture similaire du « despote paranoïaque » dans son chef d'œuvre, Masse et puissance.
Si La Boétie est toujours resté, par ses fonctions, serviteur fidèle de l'ordre public, il est cependant considéré par beaucoup comme un précurseur intellectuel de l'anarchisme et de la désobéissance civile.
Citations
* « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. »
* « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »
* « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »