Développement: une séance de travail avec les élus à Agadir

Kalaloly

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[color=6600FF]C'est une visite de travail importante que le Premier ministre, M. Driss Jettou, vient d'entreprendre ce week-end dans la région du Souss-Massa-Drâa. Entre Agadir, Tiznit et Taroudant, qui ont constitué les pôles de sa tournée, le chef de l'Exécutif est allé sur le terrain s'enquérir de visu des problèmes de ce Maroc profond qui fait office de vivier du reste du pays.
Dans la continuité des tournées qu'il a programmées, venant après Khouribga et avant Meknès la semaine prochaine, le Souss-Massa-Drâa symbolise une grande étape.

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Et la politique de proximité que tout un chacun reconnaît dans cette démarche mais que lui-même, par pudeur peut-être, n'évoque guère souvent, préférant le terrain en friche, privilégiant aussi l'action , est à présent illustrée par ce contact inédit et nouveau avec la population.

L'approche est originale, pleine d'enseignement également. Et le style du dialogue direct et franc qu'il introduit avec la population est à lui seul exemplaire. A Agadir, dans la grande salle de réunion de la wilaya, députés, membres de la Chambre des conseillers, présidents de conseil, collectivités locales, responsables de l'Administration, de la société civile, simples citoyens ont interpellé le Premier ministre pendant quelque trois heures dans un échange ininterrompu. Autour de lui se tenaient MM. Karim Ghallab, ministre de l'Equipement et du Transport; Tawfiq Hjira, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du Logement et de l'Urbanisme; Tayeb Rhafes, ministre des Pêches maritimes; Nezha Chekrouni, ministre déléguée, chargée des M.R.E; Mohamed Ali Ghannam, wali d'Agadir… En face de M. Jettou, une salle en attente, apprêtée depuis la matinée à un débat qu'il a annoncé «franc et direct», attentive aussi à ce que le chef du gouvernement, 24 heures après son discours au Parlement, allait annoncer.
Il y avait comme une suite logique entre la déclaration devant les députés, contenant à la fois les termes d'un premier bilan et les principes de la grande réforme, et les nouvelles qu'il allait annoncer à la population du Souss-Massa-Drâa, venue en prendre acte, les questions à la main.

Le tourisme et la baisse récurrente

M. Driss Jettou a ouvert le débat en soulignant la Haute sollicitude que S.M. le Roi Mohammed VI témoigne à l'égard des habitants de cette région ainsi que l'affection qu'il nourrit pour cette ville où, précise M. Jettou, il se rend souvent. « S.M. le Roi Mohammed VI, a-t-il ajouté, est avec vous plus qu'avec nous, car Agadir est sa ville… » Et d'en appeler aux participants afin qu'ils soient courts dans leurs interventions. Le député Zerdgui, lui, n'y est pas allé par quatre chemins pour interpeller vivement le ministre de l'Habitat, ce qui lui vaudra une courtoise mais ferme mise au point du Premier ministre qui a rappelé « avoir confiance totale en Tawfiq Hjira ». Simple solidarité gouvernementale ? Que non pas seulement : il ajoutera que le programme de l'habitat, axé sur l'éradication des bidonvilles et sur une nouvelle conception de l'habitat social, propose d'ores et déjà quelque 12.000 logements ! Et voilà pour la première grande nouvelle que les habitants de la région ont tout de suite captée.

Au député de Tiznit qui était venu, cahier revendicatif à la main, réclamer la construction d'une route côtière entre cette ville et Sidi Ifni, relancer le port de cette dernière dont les travaux avaient été lancés le 14 août 2000 par le Souverain et dont les investissements se trouvent aujourd'hui mis en veilleuse, demander une liaison moderne avec Guelmime ou revoir le programme PERG d'électricité ou enfin une faculté, il lui sera répondu que la volonté du gouvernement est de satisfaire toutes les revendications dans la mesure du possible, et qu'une série d'études a été lancée à la fois sur la confirmation du programme et sur le mode de son financement. Abderrahim Oumani, conseiller à la deuxième Chambre du Parlement et président de la FNIH (Fédération nationale de l'industrie hôtelière) est, quant à lui, monté au créneau en exposant un cahier de doléances du secteur hôtelier, inquiet et soumis au problème de la baisse récurrente de quelque 25 à 30% .Le félicitant pour la nouvelle politique initiée, sous l'égide de S.M. le Roi, pour accueillir en 2010 les 10 millions de touristes annoncés, il a attiré l'attention du chef du gouvernement sur la nécessité de régler les problèmes à la fois conjoncturels et structurels du tourisme à Agadir qui sera dotée d'ici 2012 de quelque 75 000 lits. « La situation actuelle, rectifie le président de la FNIH, est proprement catastrophique, les nouvelles unités construites ne dépassant pas 14% de taux d'occupation pour le mois de juin ». Et de souligner encore que « mise à part la France, qui nous est attachée pour des raisons que nous connaissons, tous les marchés subissent une régression constante ». Le marché allemand, précise-t-il encore, a perdu 30% en moins de 18 ans.

Une autoroute et un TGV Agadir-Marrakech

Un problème étant lié à l'autre, Abderrahim Oumani rappelle qu'en 2004, si l'on s'en tient aux données du plan quinquennal, recevra théoriquement 1 million de touristes. Et 70% d'entre-eux se rendant normalement en excursion à Marrakech y mettent quatre heures pour y aller et quatre autres heures pour revenir. La question est donc la suivante : y aura-t-il, comme cela a été dit, une autoroute Agadir-Marrakech ? Lancinante, persistante, la question sera d'ailleurs renouvelée tout au long du débat. Et M. Driss Jettou, relayé ensuite par M. Karim Ghallab, d'annoncer que l'étude de faisabilité est avancée et que, partout où il se rend en visite officielle, le dossier de financement de l'autoroute Marrakech-Agadir se trouve entre ses mains ! Solennelement,il a annoncé que l'autoroute se fera et l'étude finale sera achevée avant 2005, relative au financement qui s'élève à quelque 11 milliards de dirhams. Un engagement a été pris d'ores et déjà par trois pays européens : la France, le Portugal et l'Espagne.

Le Premier ministre et le ministre de l'Equipement et du transport ont évoqué l'autre problème de liaison et de désenclavement de la région du Souss par le moyen d'un chemin de fer qui serait naturellement le bienvenu un jour, mais dont la réalisation est, aux dires même de M. Karim Ghallab, d'autant plus onéreux qu'il convient pour l'heure d'être réalistes. Le financement s'élève à quelque 17 milliards de DH, mais prévoit en priorité un transport de frêt et, selon lui, privilégierait la formule de TGV ( Train à grande vitesse) qui mettrait 1 heure entre Agadir et Marrakech et 2h30mn entre Agadir et Casablanca. Sauf que le plan d'investissement pour sa réalisation a retenu le montant colossal de… 25 milliards de DH qu'il faudrait trouver. Le gouvernement abordera, le 24 juillet, avec M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre français, ce montage, à l'occasion de sa visite officielle à Rabat et compte tenu de l'expérience de la France en la matière. Donc, et la plupart des personnes présentes à la séance de travail en sont convenues, le réseau autoroutier et ferroviaire pourrait démarrer, à tout le moins en termes de finalisation technique et financière, à partir de 2005, d'autant plus qu'il sera lié à l'autre question, posée crûment et avec un vif intérêt, à savoir la place d'Agadir dans les préparatifs de la candidature du Maroc au Mondial 2010. Là aussi, M. Driss Jettou qui, au passage s'est réjoui que le Hassania d'Agadir ait remporté pour la seconde fois le championnat, a laissé entendre que la capitale du sud ne sera pas absente de la perspective du Mondial 2010. C'est-à-dire qu'elle pourra accueillir aussi des équipes et abriter des rencontres, ce qui suppose l'aménagement d'un stade et…d'une autoroute forcément.

Les yeux dans les yeux, il a dialogué avec les citoyens

M. Jettou a ensuite annoncé que S.M. le Roi Mohammed VI veille personnellement et accorde une grande priorité au développement du tourisme. « Nous respecterons, a-t-il affirmé, les engagements que le gouvernement a pris lors des Assises nationales sur le tourisme, organisées en janvier dernier ici » . Abordant avec la même franchise et un brin de passion les questions sociales, il a annoncé que le problème de la faculté d'Agadir est sérieusement avancé, et que l'idéal serait non pas une faculté par discipline mais une faculté interdisciplinaire – comme il en existe partout dans le monde – qui regrouperait plusieurs disciplines. Mais, selon lui, il faudrait encourager la création de hautes écoles et d'instituts. La santé est aux premières loges du tableau des priorités du gouvernement et un CHU verra, bien entendu, le jour à Agadir parce que le Souverain tient à ce que les citoyens bénéficient des soins appropriés. La pêche, dont le ministre a exposé l'évolution dans la région, n'est pas en reste : le gouvernement respecte le calendrier et protègera les professionnels. L'eau ? Eh bien, plus que jamais elle est au cœur du dispositif gouvernemental d'assurer à la fois une meilleure rationalisation et un usage judicieux, le tout étant de pouvoir approvisionner le monde rural de manière constante.

Comme l'a dit le chef de l'Exécutif, il faudra plus qu'une séance de travail de trois heures en direct pour aborder et examiner les problèmes de la région d'Agadir. M. Driss Jettou, tout à sa volonté de tâter lui-même les problèmes, d'être à l'écoute de la population et, dans le sillage de S.M. le Roi Mohammed VI, de mobiliser son équipe pour apporter solutions et formules nouvelles, aura réussi le pari : celui du contact, celui ensuite de briser cette frontière entre l'Administration et le peuple, de rapprocher l'Etat et les citoyens et de promouvoir enfin la politique de proximité. Les yeux dans les yeux, il a dialogué avec les citoyens et pris note de leurs doléances.

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