Re : Carte de la continuité linguistique du Kabyle et du Chaoui(Algérie) au 19èmme
bulughin said:
Bonjour,
Vous trouverez dans ce blog la carte de la continuité linguistique Kabyle Chaoui (Algérie) au 19èmme. Document tiré de S. Chaker : Textes en linguistique berbère Edition CNRS 1984
http://fr.blog.360.yahoo.com/tamazight_assa
Azul fell-ak a gma,
Merci pour le travail formidable que tu fais sur le blog. Je t'encourage à continuer.
Par ailleurs, et en ce qui concerne la continuité linguistique entre la Kabylie et le pays Chaoui, je crois qu'il subsiste encore des traces très palpables. Premièrement, la ville de Sétif était jusqu'à un passé relativement récent (19e siècle) amazighophone. Les régions environnantes portent encore des noms amazighs, ce qui montre une arabisation récente. L'arabisation linguistique de cette région est due au brassage de populations. Selon S. Chaker (qui a publié cette carte dans le "Manuel de Linguistique Berbère" - éditions Bouchène, Alger, 1990), c'est le brassage des populations qui a arabisé la région. Avec la construction du chemin de fer d'Alger-Constantine, beaucoup de gens exogènes (arabophones d'autres régions) se sont installés dans cette région. Donc, même les amazighophones se sont arabisés. Aujourd'hui encore, Sétif est un carrefour de gens de toutes les régions de l'Est et du Centre de l'Algérie. On y retrouve beaucoup de Kabyles, mais également beaucoup de Chaouis et d'arabophones.
Cependant, les régions amazighophones de Sétif sont très proches. Près de Sétif, vers le nord-ouest, se trouve Bougaâ, encore amazighophone : c'est la porte de la Kabylie. Au sud-est, se trouve Aïn Azel, amazighophone. C'est la porte du pays Chaoui.
La langue amazighe de cette région est très interessante. En effet, tout l'amazigh de la région de Sétif et de Jijel est interessant. Il s'agit d'une région où se rencontrent trois "mircozones" de la langue amazighe :
D'une part, au nord-ouest de Sétif, on trouve le kabyle des "Zououa" : c'est le kabyle des Ayt Wertilan (Beni Ourtilane), prolongement de la Soummam.
On retrouve au nord de Sétif le kabyle "oriental". C'est le kabyle des régions de Kherrata, Bouandas et Amoucha, caractérisé par une prononciation particulière et des traits de la grammaire qui rapprochent ce parler du dialecte chaoui.
Et au sud est de Sétif, on retrouve le chaoui. Il s'agit d'un parler qui est à la fois proche du chaoui des Aurès et du kabyle.
C'est donc une région région où se rencontrent les dialectes et où il y a une "transition" d'un dialecte à l'autre. La région de Amoucha (Iâemmucen), située dans l'extrême sud-est de la Kabylie utilise déjà une forme du chaoui (et pour les chaouis, c'est une forme de kabyle).
Bien que tous ces parlers aient des spécificités qui leur sont propres (prononciation, particularités grammaticales, etc.), ils sont tous intelligibles. Dans cette région, tout le monde comprend tout le monde, et ils comprennent tous le kabyle des "Zouaoua" (Soummam et Djurdjura).
De toutes les façons, le kabyle et le chaoui sont très proches. Dans le nord de l'Algérie, les trois principaux dialctes du nord : kabyle, chaoui et chenoui sont exactement la même langue. C'est le manque de communication entre amazighophones de ces différentes régions qui donne l'impression que ce sont des dialectes si différents et "impossibles" à comprendre. Nous encourageons les amazighophones de différents dialectes à communiquer (ou essayer de communiquer) entre eux en amazigh autant que possible, en particulier les amazighophones qui parlent des dialectes très proches les uns des autres (exemple : kabyle-chaoui-chenoui-rifain).
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