Talalit
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Agadir, Errachidia, Marrakech, Casablanca, Rabat, Taza, Meknès… Ces deux dernières semaines, les campus universitaires marocains ont été le théâtre de violents affrontements qui se sont soldés par la mort d’un étudiant. Petit problème : certaines bastons avaient des connotations ethniques. Aïe aïe aïe !
À chaque décennie, ses bastons estudiantines. Dans les années 70 et 80, les progressistes de gauche se bagarraient avec les conservateurs de l’Istiqlal. Puis dans les années 90 et le début des années 2000 est venu le tour des affrontements entre les gauchistes et les islamistes et vice-versa. Quant à aujourd’hui c’est carrément l’anarchie : Sahraouis contre Amazighs (berbères), Amazighs contre gauchistes radicaux, islamistes contre gauchistes, Sahraouis contre l’administration. Bref, il y en a pour tous les goûts et toutes les sensibilités politiques. Et les étudiants du royaume enchanté ne plaisantent pas quand ils se tabassent entre eux : ils y vont à coups de gourdins, couteaux, chaînes de vélo et jets de cocktails Molotov.
Arabisme (vs) amazighité du Sahara
Sauf que cette année, ces affrontements ont tourné au vinaigre. Sur certains campus, on s’est battu sur fond de vielles disputes ethniques. Cela était notamment le cas à Agadir où de jeunes Sahraouis se sont violement agrippés avec des militants universitaires du Mouvement culturel amazigh (MCA), faisant une trentaine de blessés. Idem à Errachidia, à l’est du Maroc, où des militants amazighs et ceux du parti d’extrême-gauche La Voie démocratique, accusés par certains berbères radicaux de soutenir les thèses du Polisario, en sont venus au gourdin. Bilan : un mort et une petite dizaine de blessés.
Plusieurs raisons sont à l’origine de ces dérives. Dans un royaume enchanté où les revendications identitaires se font de plus en plus visibles, la période qui va de la mi-avril à la mi-mai est devenue ultra-sensible. Et pour cause ! Le 20 avril, les Amazighs célèbrent le Printemps berbère qui, en Algérie en 1980, a marqué le début des manifestations exigeant l’officialisation de la langue tamazight ainsi que la reconnaissance de l’identité berbère. Et le 10 mai, c’est au tour des militants sahraouis de fêter la création du Front Polisario en 1973. Ambiance…
De façon plus structurelle, un grave problème de fond oppose depuis longtemps les Sahraouis pro-Polisario aux Amazighs : les premiers sont des partisans de la RASD, la République ARABE sahraouie démocratique hébergée par l’Algérie à Tindouf, tandis que les seconds exigent la reconnaissance de l’amazighité du Sahara occidental.
Tous unis contre le Makhzen
Mais il y a au moins un point sur lequel les deux camps s’accordent : leur détestation du Makhzen. Pour les Sahraouis, il rime avec répression coloniale et pour les Amazighs avec arabisme forcé. Résultat : chaque camp tape allègrement sur le pauvre État marocain, versant ainsi dans la récupération politique. Verbalement bien sûr, sous peine de se faire matraquer. Ainsi, un communiqué du Mouvement culturel amazigh (MCA), plutôt radical, déclame au sujet des bagarres d’Agadir : « Le système makhzénien est intervenu pour rafler et détenir massivement des militants et sympathisants du MCA. Le Makhzen corrobore encore une fois son alliance objective et absolue avec des bandes criminelles sur la base de communautarisme arabiste ». De son côté, une organisation favorable à l’indépendance du Sahara occidental, le Codesa, dénonce les « nombreuses arrestations d’étudiants sahraouis après les violentes interventions des autorités marocaines. (…) Les étudiants sahraouis appelaient au droit des Sahraouis à l’autodétermination et dénonçaient les violations flagrantes des droits de l’homme perpétrées par l’État marocain au Sahara occidental et dans le sud du Maroc. » Voilà qui promet pour les mois à venir…
La princesse enchantée (www.bakchich.info)
À chaque décennie, ses bastons estudiantines. Dans les années 70 et 80, les progressistes de gauche se bagarraient avec les conservateurs de l’Istiqlal. Puis dans les années 90 et le début des années 2000 est venu le tour des affrontements entre les gauchistes et les islamistes et vice-versa. Quant à aujourd’hui c’est carrément l’anarchie : Sahraouis contre Amazighs (berbères), Amazighs contre gauchistes radicaux, islamistes contre gauchistes, Sahraouis contre l’administration. Bref, il y en a pour tous les goûts et toutes les sensibilités politiques. Et les étudiants du royaume enchanté ne plaisantent pas quand ils se tabassent entre eux : ils y vont à coups de gourdins, couteaux, chaînes de vélo et jets de cocktails Molotov.
Arabisme (vs) amazighité du Sahara
Sauf que cette année, ces affrontements ont tourné au vinaigre. Sur certains campus, on s’est battu sur fond de vielles disputes ethniques. Cela était notamment le cas à Agadir où de jeunes Sahraouis se sont violement agrippés avec des militants universitaires du Mouvement culturel amazigh (MCA), faisant une trentaine de blessés. Idem à Errachidia, à l’est du Maroc, où des militants amazighs et ceux du parti d’extrême-gauche La Voie démocratique, accusés par certains berbères radicaux de soutenir les thèses du Polisario, en sont venus au gourdin. Bilan : un mort et une petite dizaine de blessés.
Plusieurs raisons sont à l’origine de ces dérives. Dans un royaume enchanté où les revendications identitaires se font de plus en plus visibles, la période qui va de la mi-avril à la mi-mai est devenue ultra-sensible. Et pour cause ! Le 20 avril, les Amazighs célèbrent le Printemps berbère qui, en Algérie en 1980, a marqué le début des manifestations exigeant l’officialisation de la langue tamazight ainsi que la reconnaissance de l’identité berbère. Et le 10 mai, c’est au tour des militants sahraouis de fêter la création du Front Polisario en 1973. Ambiance…
De façon plus structurelle, un grave problème de fond oppose depuis longtemps les Sahraouis pro-Polisario aux Amazighs : les premiers sont des partisans de la RASD, la République ARABE sahraouie démocratique hébergée par l’Algérie à Tindouf, tandis que les seconds exigent la reconnaissance de l’amazighité du Sahara occidental.
Tous unis contre le Makhzen
Mais il y a au moins un point sur lequel les deux camps s’accordent : leur détestation du Makhzen. Pour les Sahraouis, il rime avec répression coloniale et pour les Amazighs avec arabisme forcé. Résultat : chaque camp tape allègrement sur le pauvre État marocain, versant ainsi dans la récupération politique. Verbalement bien sûr, sous peine de se faire matraquer. Ainsi, un communiqué du Mouvement culturel amazigh (MCA), plutôt radical, déclame au sujet des bagarres d’Agadir : « Le système makhzénien est intervenu pour rafler et détenir massivement des militants et sympathisants du MCA. Le Makhzen corrobore encore une fois son alliance objective et absolue avec des bandes criminelles sur la base de communautarisme arabiste ». De son côté, une organisation favorable à l’indépendance du Sahara occidental, le Codesa, dénonce les « nombreuses arrestations d’étudiants sahraouis après les violentes interventions des autorités marocaines. (…) Les étudiants sahraouis appelaient au droit des Sahraouis à l’autodétermination et dénonçaient les violations flagrantes des droits de l’homme perpétrées par l’État marocain au Sahara occidental et dans le sud du Maroc. » Voilà qui promet pour les mois à venir…
La princesse enchantée (www.bakchich.info)