
Les pays du Maghreb célèbrent, aujourd'hui mardi 17 février, le 15e anniversaire de la proclamation de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) avec l'espoir de voir le processus d'édification maghrébine redynamisé pour la réalisation des aspirations des peuples de la région à une véritable complémentarité économique et à une solidarité agissante à la mesure des potentialités et des valeurs que partagent les peuples maghrébins.
Si cet anniversaire est avant tout un moment de réflexion sur le bilan de l'action commune tendant à la concrétisation des objectifs assignés à ce groupement régional, il est permis de constater qu'au-delà des “déclarations de bonne intention” affichées ici et là pour aller de l'avant dans le processus d'édification maghrébine, le bilan reste bien en-deçà des attentes.
Depuis sa création en 1989 à Marrakech en effet, seuls six sommets ordinaires ont pu avoir lieu, dont celui de Casablanca en septembre 1991. Le 7e sommet, prévu à Alger les 23 et 24 décembre dernier, a été reporté à une date ulérieure.
Force est de constater que les engagements soucrits aux termes du traité de l'UMA qui impliquent le respect des règles de bon voisinage et l'obligation faite à chaque pays de s'abstenir de tout acte hostile ou contraire aux intérêts de l'un des partenaires de l'Union sont loin d'être honorés, ce qui est à l'origine de la léthargie qui marque le fonctionnement des structures de l'Union.
Les activités de l'UMA avaient été gelées en 1995 avant de reprendre en mai 1999 (réunion du comité de suivi composé des ministres chargés de l'UMA) et en mars 2001 au niveau des ministres des Affaires étrangères.
L'euphorie ayant accompagné les premières années de la proclamation de l'UMA, marquées par la signature de plusieurs accords et conventions embrassant tous les domaines d'activité, a vite cédé la place à une sorte de morosité qui s'est emparée de l'Union au moment où les autres ensembles, un peu partout dans le monde, se consolident et deviennent de plus en plus imposants.
Pour autant, les pays de l'UMA ne désespèrent pas de faire de cet ensemble, qualifié de “choix stratégique”, une réalité concrète et de traduire dans les faits les aspirations des peuples de la région, par la relance des activités des instances de l'Union.
L'accent est notamment mis sur la nécessité de réévaluer cette expérience et de définir aux structures de l'Union de nouveaux mécanismes d'action, tellement il s'agit d'un pari politique et économique que les pays qui la composent doivent gagner. Cette nécessité découle en effet de plusieurs facteurs dont les énormes potentialités dont disposent les pays membres, leurs relations avec l'Union européenne et les exigences d'une mondialisation de plus en plus farouche.
Pour sa part, le Maroc, par la voix du Premier ministre, M. Driss Jettou, a saisi l'occasion de la tenue, il y a une semaine à Tripoli, de la sixième session de la haute commission mixte maroco-libyenne, pour souligner à quel point le Royaume aspire à ce que les institutions de l'UMA soient redynamisées afin de donner une nouvelle impulsion à cette Union et lui permettre de surmonter les problèmes artificiels qui entravent l'édification du Maghreb arabe.
Cet objectif reste tributaire du dialogue constructif et franc, du respect mutuel et de l'attachement à l'esprit et à la lettre du traité de Marrakech instituant l'UMA, avait dit M. Jettou.
Si ce traité stipule en effet que toute agression contre l'un des pays membres est considérée comme une agression contre tous les autres Etats membres (Article 14) et que les Etats membres s'engagent à ne tolérer sur leur territoire aucune activité ou mouvement pouvant porter atteinte à la sécurité ou à l'intégrité territoriale d'un Etat membre ou à son système politique (Article 15), force est de constater qu'un pays membre voisin du Maroc s'entête dans son attitude hostile à l'intégrité territoriale du Royaume, entravant ainsi tout progrès dans l'édification de cet espace maghrébin tant souhaité.
Nonobstant cette attitude, le Maroc affiche solennellement son intention de persévérer dans ses efforts pour une Union du Mahgreb Arabe solide et agissante en mettant à profit les potentialités de ses peuples dont le nombre avoisinera 100 millions d'âmes en 2010, ce qui fera d'eux un espace offrant d'énormes possibilités d'investissement et de complémentarité économique.
Abdallah Bensmaïn