Par : Brahim Ou Ali
(Msemrir ass n 20 Ktubr 05)
La publication par les sept personnes qui se sont retirées du Conseil d'administration de l'IRCAM en février 2005 d'un deuxième communiqué signé à Fès le 16 octobre 2005, est loin d'être un événement anodin, ni banal. Les signataires, des militants amazighes de longue date, par cet acte, réaffirment le maintien de leurs revendications, déjà formulées dans le communiqué du retrait (février 2005) : reconnaissance de l'amazighe comme langue officielle, inscription dans la constitution de l'amazighité du Maroc, lancement d'une véritable politique pour le développement multiforme de l'amazighité et son intégration dans les institutions publiques…
Ce communiqué pèsera lourd d'autant plus que, sur le terrain, le gouvernement ne veut rien faire et se limite, par le biais de ses ministres, à des déclarations démagogiques. L'enseignement de l'amazighe reste aléatoire, chaotique et incertain, car il n'est pas obligatoire. Les chiffres avancés par le Ministère de tutelle ne correspondent à rien dans la réalité : on devrait plutôt parler du nombre de classes où l'amazighe est «toléré» et non d'écoles, il n'y a pas de continuité car les élèves qui ont bénéficié de cours amazighes en première année sont «éparpillés» dans plusieurs classes en deuxième année. Ne parlons pas de la formation qui ressemble à une mascarade et à une pièce de théâtre tragi-comique! Les encadreurs de l'IRCAM vivent des situations surréalistes : à leur arrivée au centre de formation supposé accueillir les enseignants, ils découvrent que ses portes sont fermées, que les instituteurs n'ont pas été avertis et que le responsable de l'académie a jugé cette formation inopportune. Souvent les instituteurs formés en amazighe n'ont pas de classe amazighe, ce qui est absurde. D'autres instituteurs sont arabophones et affirment être incapables d'assumer leur tache… A la télévision la folklorisation de l'amazighité s'accélère et l'arabisation submerge les écrans. Et à chaque fois que M. Malki prend la parole, il nous annonce que l'amazighe se porte bien, dans la meilleure des écoles possibles. Quant à Ben Abdellah, il continue à agiter des leurres pour gagner du temps : Imazighen auront droit à 10 ou 11 heures d'émission par mois et un peut moins sur 2M, c'est-à-dire, le volume horaire d'un jour par mois. Quel progrès de la part d'un Ministre progressiste!!!
La réponse donc du pouvoir au retrait des sept personnes de l'IRCAM relève de l'arrogance pour signifier aux imazighen qu'ils peuvent toujours s'agiter, la situation ne changera pas. Une manière cynique « d'envoyer balader » les démissionnaires Et ce ne sont pas les raisons qui manquent : comment pourra-t-on croire à cette opération d'enseignement alors qu'au niveau du Budget de l'Etat l'amazighe ne peut prétendre à aucune rubrique. C'est la même situation au Ministère de l'Education : l'amazighe a 00,00DH comme budget. Il en va de même pour les académies et les délégations qui ont toutes les prérogatives, comme le souligne la charte de l'enseignement qui leur sert de référence officielle exclusive, pour juger de l'opportunité ou non de prévoir ou non une ou des classes de l'amazighe. De toutes les façons, il n'existe pas de services auxquels est confié le dossier de l'amazighe dans aucun Ministère.
Le retrait des sept personnes de l'Ircam a bousculé les gardiens du temp le qui ont réagi par la vengeance qui se traduit par une arabisation surdimensionnée. Une manière « classique » pour punir les « Berbères insoumis» et dissidents qui veulent « réactiver » la « Siba » de Moha Ou Hammou, Addi Ou Bihi et Abdelkrim El Khattabi, à défaut de pouvoir organiser une Harka contre eux et les ramener enchaînés et humiliés. Que l'on ne se fasse pas d'illusions, la confrontation entre le Makhzen et Imazighen est inéluctable, tôt ou tard, Imazighen se retrouveront face à un Etat et à un pouvoir qui semblent pousser vers la confrontation ! Exprès.
Le pouvoir et l'Etat ont eu à faire à des hommes qui ont refusé d'être achetés et qui veulent, sérieusement, traduire les décisions du Roi en actions tangibles. Ce que le pouvoir n'admet pas, car pour lui, le citoyen, à fortiori un amazighe, est un ennemi permanent qu'il faut briser, humilier et casser par tous les moyens. Le Makhzen a trébuché car il se trouve face à des « autochtones », alors que lui-même s'est toujours réclamé d'une sphère exogène, arabe et orientale. Il s'agit donc de sa légitimité qui est remise en question. Le communiqué peut se lire comme un appel à la décolonisation – légitime du reste- du Royaume !
Autrement, comment comprendre le silence du pouvoir, de l'Etat et du Makhzen après la démission de ces sept personnes? Et où sont passées les promesses et les beaux discours qui auraient été faits aux « démissionnaires » par le Conseiller du Roi Abdelaziz Meziane Belfeqqih. Il leur aurait déclaré que le Souverain adhèrerait complètement à leurs revendications. Belfeqqih a fait des mains et des pieds (et des dents disent certains mais on a du mal à imaginer comment) pour convaincre les « démissionnaires » de revenir sur leur décision. Le Makhzen réalise que l'amazighité est défendu par des hommes qu'il ne peut pas domestiquer par des méthodes malsaines. Il a pu réussir avec la « gauche » avec toutes ses ramifications en offrant à ses « militants » de haut postes, rémunérés avec largesse, dans plusieurs institutions : Instance Equité et Réconciliation, Haute Autorité de l'Audiovisuel…Il a réussi aussi à engraisser les barons de l'USFP et du PPS. Mais Imazighen (qui ne sont ni aliénés ni manilupés), imbus du principe de justice, d'équité –la vraie-, d'intégrité morale et de dignité refusent de s'inscrire dans une politique superficielle, menée par des « prédateurs» qui pensent apporter des solutions à la question amazighe par des méthodes douteuses, concoctées dans l'ombre, sans transparence aucune. Des méthodes dont le souci principal est de casser un mouvement autochtone et démocratique. Ce que le Makhzen et l'Etat ne veulent pas admettre, c'est que le Maroc a changé et Imazighen avec. Ces derniers ne cherchent pas des privilèges, ni des intérêts, ils veulent que ce pays retrouve son vrai visage amazighe, fonctionne dans la transparence et la démocratie, concrétise et respecte ses engagements vis-à-vis des textes et chartes internationaux des droits de l'homme que l'Etat a ratifié.. C'est leur pays, leur terre pour lesquels ils ont consenti tant de sacrifices. Ils savent que ses richesses sont de nature à lui garantir l'autosuffisance, que ses potentialités sont énormes et jouera un rôle prépondérant au sein des nations civilisées, à condition qu'il soit libéré du joug de l'arabisme et de la mentalité des amalgames propre au Makhzen et à ses andalous. Il faut que le Maroc soit décolonisé.
En fait, le makhzen a voulu gagner du temps, sans rien faire, juste pour préparer la contre attaque. Jouer sur le phénomène de l'usure. Voici donc comment se traitent les «questions nationales» par les « architectes » de la nouvelle ère d'un Maroc qu'on dit démocratique et moderne. Choisir la confrontation directe avec Imazighen ne nous semble pas être ni opportun ni dans l'intérêt du pays. Ceux qui poussent dans ce sens, veulent déstabiliser le Maroc et créer un climat de tension et d'incertitude. Car, ce sont ces gens des hautes sphères du pouvoir qui font tout pour saboter les décisions du Roi, banaliser et falsifier les revendications amazighes. Ils rêvent de kidnapper la monarchie, mettre un sillage autour du Roi, lui mentir ou cacher la vérité, minimiser la question amazighe qui, une fois diabolisée et sortie de son cadre naturelle , deviendra ingérable et hypothèquera le devenir du Royaume. Et surtout l'avenir de ceux qui veulent scier la branche sur laquelle ils sont assis.
On parle d'une commission qui a été constituée – par des personnes du sérail- pour trancher sur le statut à octroyer à l'amazighe. Elle serait présidée par M. Mouatassim, Conseiller du Roi. Son verdict est sans appel : la langue amazighe ne sera pas officielle au cas ou des réformes constitutionnelles seront engagées. Ce sont les conclusions de «ses enquêtes» et de ses « investigations ». C'est de cette façon qu'on peut apprécier l'humiliation et le mépris des gens du sérail pour Imazighen. Plus de trente millions de citoyens pris en otage : une poigné de personne décident à leur place du sort qui devrait être réservée à la langue amazighe. Il s'agit bien pour les amazighes d'une situation de colonisation. Et leur combat est une lutte pour la libération. Que le mouvement amazighe prenne acte : la décision de ne pas officialiser la langue amazighe est prise. Il lui appartient d'assumer sa responsabilité historique.
Les protocoles archaïques et bureaucratiques imposés à la Monarchie ont pour objectifs d'isoler le Roi du peuple. Ce sont ceux qui veillent au respect absolu du cérémonial moyenâgeux qui en profitent pour humilier les citoyens et imposer leur vues en faisant croire que ce sont celles du monarque. C'est dans cette perspective que l'on peut s'interroger sur le baisemain, le costume dit « traditionnel » (tarbouch rouge turc, djellaba et pantalon) imposé comme synonymes de la tradition et emblème de la nation alors que d'une part, c'est le gagne pain et une source de revenu pour des andalous (vous imaginez bien ce que ce commerce peut apporter : il suffit de penser aux multiples cérémonies officielles) et d'autres part, c'est le symbole d'une « caste » et d'une minorité amazighophobe et arabiste! Pourquoi le véritable habit authentique amazighe n'est pas érigé en emblème de notre athenticité et imposé pour des cérémonies officielles? Sinon, éliminer carrément tous les trucs « traditionnels » et s'habiller comme des hommes civilisés endossant un costume! La même remarque est valable pour un ensemble de symboles qui sont ceux d'une caste et devenus emblèmes de la nation, arbitrairement et affiché comme arabe: pensez à la musique andalous, aux « héros » et personnalités andalous, aux « villes » andalouses…Et ces symboles de caste sont exposés à la télévision, à la radio et dans les manuels scolaires !
Ceux qui font partie des « cercles » proche du Palais, sont antiamazighes par contagion et par « hérédité », c'est-à-dire, antinationaux. Ils font tout pour perpétuer des protocoles archaïques et moyenâgeux et oublient que nous vivons au XXIème siècle. Ils exploitent leur statut de Conseiller ou proche du Roi pour intimider, imposer leur vue, s'enrichir et donner une image déformée de la volonté royale. Ceux qui vivent dans l'entourage du Roi se veulent intouchables et n'ont de compte à rendre à personne ! Il est frappant quant même de constater que les proches du monarque sont exclusivement des arabes : Rochdi Chraibi, Zoulikha Naciri, Abbas El Jirari, Abdelhaq Lemrini…Le seul amazighophone, Hassan Aourid, a fait l'objet d'attaques de la part d'une presse du sérail et amazighophobe. Il est accusé d'être amazighophone Est-ce que c'est normal que dans un pays majoritairement amazighe, ceux qui décident du destin du Royaume soient des arabes andalous ???
Le retrait de sept personnes d'une institution royal ne devrait pas, normalement, être traité de cette façon par le pouvoir. M. Belfeqqih aurait transmis les doléances des « démissionnaires » au Roi qui aurait répondu favorablement. Mais sur le terrain, rien n'est fait. Et Belfeqqih a préféré le silence et le mutisme sur un dossier considéré par l'Etat comme « hautement » sécuritaire. On a laissé le Recteur de l'IRCAM s'exprimer, mais tout le monde sait que sa marge de manœuvre est objectivement limitée : il n'a aucun pouvoir pour imposer les décisions de l'IRCAM à des Ministères gérés comme des propriétés privées par des arabistes hostiles aux Imazighen. Il ne peut non plus dévoiler tout et mette à nu les blocages orchestrés par le MEN et le Ministère de la Communication ; ce sera politiquement incorrect !
Le Makhzen pense non pas avoir résolu – cela n'a jamais été son intention- mais s'être débarrassé du « problème berbère » en créant une institution assiégée de partout. Et à présent que l'échec de la politique de l'Etat est criant, que va encore inventer le Makhzen pour expliquer aux Imazighen les raisons du fiasco ? Ira-t-il consulter des voyantes ? Cherche-t-il un alibi, par sa politique de provocation continue et son je-m'en-foutisme, à amener des réactions, qui lui permettront d'opter pour la violence et la répression comme réponses au « problème berbère ». ? Peut-on imaginer de nouvelles tazmammart ?
Comment interpréter la continuation du discours amazighophobe et raciste, tenu par des officiels, dont des Conseillers du Roi, après le Discours Royal d'Ajdir ? L'amazighophobie officialisée se situe justement aux antipodes de la volonté royale. Ceci ne peut s'expliquer que par ces faits : ceux qui sont chargés du dossier de l'amazighité au Palais mentent au Roi, falsifient les faits. Autrement dit, ils participent à un complot ourdi contre le Roi au niveau de ces décisions pour l'amazighité.
C'est dans ce sens que l'on analyse les propos tenus par Abdelhak Lemrini, Chef du Protocole royal, les sorties incendiaires de Abbas El Jirari, les déclarations provocatrices de Abbas El Fassi, Fassi Fihri, Himmich…Et tous ces personnages qui se disent de « haut rang » ont un point commun : la haine viscérale et héréditaire des Imazighen ! Ce sont tous des andalous, car ce sont les andalous qui occupent les postes de Conseillers du Roi. Et penser voir un amazighe occuper cette fonction – en principe neutre- relève de l'hérésie voir de l'apostasie ! Il en va de même des postes de décisions dans tous les Ministères occupés par des andalous, de même pour les ambassadeurs (le seul amazighe est un membre de l'Istiqlal, c'est un amazighe aliéné et arabocranisé). Les Imazighen jouent le rôle de figurants dans une pièce de théâtre qui se fait malgré eux.
Imazighen sont traités soit de « gangsters » comme c'est le cas pour ceux du Rif, soit de radins pouilleux comme c'est le cas de ceux du Souss ou enfin de bâtards dévoyés pour ceux du centre. Et ce sont aussi Imazighen qui composent la quasi-totalité des troupes de l'armée et des autres services de sécurité. Ce sont eux qui meurent pour défendre les institutions du pays et son intégrité territoriale et non l'engeance des andalous et autres arabistes tels les Abbas El Fassi, Elyazghi, El Gahs, Bouzoubaâ…qui se limitent à défendre notre intégrité territoriale devant des micros, dans des salles climatisées .Sauf que, encore une fois, les postes de haut rang reviennent aux andalous et autres arabes qui ont investi l'armée depuis la décapitation de cette dernière après les événement de 1971 et 1973 : dix sept généraux amazighes ont été fusillés (dont l'oncle de la mère du Souverain) et la majorité des autres officiers sont soit déportés à Tazmammart soit mis en retraite anticipée, sans parler des autres officiers tuées par les « insurgés ». J'évoque ces in formation s pour dire simplement que les actes du Makhzen vis-à-vis des Imazighen sont irresponsables et dangereux pour la stabilité du pays. Le mouvement amazighe est un mouvement armé sur le plan intellectuel. Il connaît l'histoire de son pays et le calvaire de ses ainés amazighes, la politique qui vise sa destruction en tant que peuple et nation. Il connaît les responsables aussi. Il est écoeuré de voir des traîtres et des assassins érigés en héros nationaux : le parlement vient de manifester sa compassion à Ben Berka, un arabiste mêlé à l'assassinat du chef de la résistance Abbas Mssaadi ! Et on continue à nous parler de réconciliation, de justice, d'équité et de démocratie !!!
On ne va tout de même pas nous faire croire que les « hauts » responsables du dossier amazighe (conseillers et autres) ne sont pas au courant du sabotage qui vise l'intégration de l'amazighe à l'école. Ils savent également que les médias publics renforcent la vision « primitive » et folklorique de l'amazighité. Ils connaissent très bien les obstacles qui sont dressés devant les actions de l'Ircam. Affirmer le contraire sera dangereux : ce serait la confirmation de l'existence d'un Etat dans l'Etat. Et personne ne peut croire à cette affabulation makhzenienne !
La violence ou la répression policière, l'arrogance et la suffisance du Makhzen ne feront que renforcer la ferme volonté de la mouvance amazighe d'aller jusqu'au bout, sacrifier sa vie si nécessaire pour une cause juste : l'amazighité. Les méthodes musclées, les interrogatoires, les perquisitions des sévices de tous genres, les interdictions, les tracasseries, les méthodes crapuleuses…ne feront que conforter le mouvement amazighe dans sa lutte. Imazighen sont chez eux. Ils ont le droit de décider du destin de ce pays.
Peu importe les déclarations sous développées de quelques scribouillards andalous. Et peut importe les sacrifices qu'Imazighen devront consentir. Leur lutte est un combat pour la liberté et la libération.
www.amazighworld.org
[ Edité par agerzam le 16/11/2005 10:10 ]
(Msemrir ass n 20 Ktubr 05)
La publication par les sept personnes qui se sont retirées du Conseil d'administration de l'IRCAM en février 2005 d'un deuxième communiqué signé à Fès le 16 octobre 2005, est loin d'être un événement anodin, ni banal. Les signataires, des militants amazighes de longue date, par cet acte, réaffirment le maintien de leurs revendications, déjà formulées dans le communiqué du retrait (février 2005) : reconnaissance de l'amazighe comme langue officielle, inscription dans la constitution de l'amazighité du Maroc, lancement d'une véritable politique pour le développement multiforme de l'amazighité et son intégration dans les institutions publiques…
Ce communiqué pèsera lourd d'autant plus que, sur le terrain, le gouvernement ne veut rien faire et se limite, par le biais de ses ministres, à des déclarations démagogiques. L'enseignement de l'amazighe reste aléatoire, chaotique et incertain, car il n'est pas obligatoire. Les chiffres avancés par le Ministère de tutelle ne correspondent à rien dans la réalité : on devrait plutôt parler du nombre de classes où l'amazighe est «toléré» et non d'écoles, il n'y a pas de continuité car les élèves qui ont bénéficié de cours amazighes en première année sont «éparpillés» dans plusieurs classes en deuxième année. Ne parlons pas de la formation qui ressemble à une mascarade et à une pièce de théâtre tragi-comique! Les encadreurs de l'IRCAM vivent des situations surréalistes : à leur arrivée au centre de formation supposé accueillir les enseignants, ils découvrent que ses portes sont fermées, que les instituteurs n'ont pas été avertis et que le responsable de l'académie a jugé cette formation inopportune. Souvent les instituteurs formés en amazighe n'ont pas de classe amazighe, ce qui est absurde. D'autres instituteurs sont arabophones et affirment être incapables d'assumer leur tache… A la télévision la folklorisation de l'amazighité s'accélère et l'arabisation submerge les écrans. Et à chaque fois que M. Malki prend la parole, il nous annonce que l'amazighe se porte bien, dans la meilleure des écoles possibles. Quant à Ben Abdellah, il continue à agiter des leurres pour gagner du temps : Imazighen auront droit à 10 ou 11 heures d'émission par mois et un peut moins sur 2M, c'est-à-dire, le volume horaire d'un jour par mois. Quel progrès de la part d'un Ministre progressiste!!!
La réponse donc du pouvoir au retrait des sept personnes de l'IRCAM relève de l'arrogance pour signifier aux imazighen qu'ils peuvent toujours s'agiter, la situation ne changera pas. Une manière cynique « d'envoyer balader » les démissionnaires Et ce ne sont pas les raisons qui manquent : comment pourra-t-on croire à cette opération d'enseignement alors qu'au niveau du Budget de l'Etat l'amazighe ne peut prétendre à aucune rubrique. C'est la même situation au Ministère de l'Education : l'amazighe a 00,00DH comme budget. Il en va de même pour les académies et les délégations qui ont toutes les prérogatives, comme le souligne la charte de l'enseignement qui leur sert de référence officielle exclusive, pour juger de l'opportunité ou non de prévoir ou non une ou des classes de l'amazighe. De toutes les façons, il n'existe pas de services auxquels est confié le dossier de l'amazighe dans aucun Ministère.
Le retrait des sept personnes de l'Ircam a bousculé les gardiens du temp le qui ont réagi par la vengeance qui se traduit par une arabisation surdimensionnée. Une manière « classique » pour punir les « Berbères insoumis» et dissidents qui veulent « réactiver » la « Siba » de Moha Ou Hammou, Addi Ou Bihi et Abdelkrim El Khattabi, à défaut de pouvoir organiser une Harka contre eux et les ramener enchaînés et humiliés. Que l'on ne se fasse pas d'illusions, la confrontation entre le Makhzen et Imazighen est inéluctable, tôt ou tard, Imazighen se retrouveront face à un Etat et à un pouvoir qui semblent pousser vers la confrontation ! Exprès.
Le pouvoir et l'Etat ont eu à faire à des hommes qui ont refusé d'être achetés et qui veulent, sérieusement, traduire les décisions du Roi en actions tangibles. Ce que le pouvoir n'admet pas, car pour lui, le citoyen, à fortiori un amazighe, est un ennemi permanent qu'il faut briser, humilier et casser par tous les moyens. Le Makhzen a trébuché car il se trouve face à des « autochtones », alors que lui-même s'est toujours réclamé d'une sphère exogène, arabe et orientale. Il s'agit donc de sa légitimité qui est remise en question. Le communiqué peut se lire comme un appel à la décolonisation – légitime du reste- du Royaume !
Autrement, comment comprendre le silence du pouvoir, de l'Etat et du Makhzen après la démission de ces sept personnes? Et où sont passées les promesses et les beaux discours qui auraient été faits aux « démissionnaires » par le Conseiller du Roi Abdelaziz Meziane Belfeqqih. Il leur aurait déclaré que le Souverain adhèrerait complètement à leurs revendications. Belfeqqih a fait des mains et des pieds (et des dents disent certains mais on a du mal à imaginer comment) pour convaincre les « démissionnaires » de revenir sur leur décision. Le Makhzen réalise que l'amazighité est défendu par des hommes qu'il ne peut pas domestiquer par des méthodes malsaines. Il a pu réussir avec la « gauche » avec toutes ses ramifications en offrant à ses « militants » de haut postes, rémunérés avec largesse, dans plusieurs institutions : Instance Equité et Réconciliation, Haute Autorité de l'Audiovisuel…Il a réussi aussi à engraisser les barons de l'USFP et du PPS. Mais Imazighen (qui ne sont ni aliénés ni manilupés), imbus du principe de justice, d'équité –la vraie-, d'intégrité morale et de dignité refusent de s'inscrire dans une politique superficielle, menée par des « prédateurs» qui pensent apporter des solutions à la question amazighe par des méthodes douteuses, concoctées dans l'ombre, sans transparence aucune. Des méthodes dont le souci principal est de casser un mouvement autochtone et démocratique. Ce que le Makhzen et l'Etat ne veulent pas admettre, c'est que le Maroc a changé et Imazighen avec. Ces derniers ne cherchent pas des privilèges, ni des intérêts, ils veulent que ce pays retrouve son vrai visage amazighe, fonctionne dans la transparence et la démocratie, concrétise et respecte ses engagements vis-à-vis des textes et chartes internationaux des droits de l'homme que l'Etat a ratifié.. C'est leur pays, leur terre pour lesquels ils ont consenti tant de sacrifices. Ils savent que ses richesses sont de nature à lui garantir l'autosuffisance, que ses potentialités sont énormes et jouera un rôle prépondérant au sein des nations civilisées, à condition qu'il soit libéré du joug de l'arabisme et de la mentalité des amalgames propre au Makhzen et à ses andalous. Il faut que le Maroc soit décolonisé.
En fait, le makhzen a voulu gagner du temps, sans rien faire, juste pour préparer la contre attaque. Jouer sur le phénomène de l'usure. Voici donc comment se traitent les «questions nationales» par les « architectes » de la nouvelle ère d'un Maroc qu'on dit démocratique et moderne. Choisir la confrontation directe avec Imazighen ne nous semble pas être ni opportun ni dans l'intérêt du pays. Ceux qui poussent dans ce sens, veulent déstabiliser le Maroc et créer un climat de tension et d'incertitude. Car, ce sont ces gens des hautes sphères du pouvoir qui font tout pour saboter les décisions du Roi, banaliser et falsifier les revendications amazighes. Ils rêvent de kidnapper la monarchie, mettre un sillage autour du Roi, lui mentir ou cacher la vérité, minimiser la question amazighe qui, une fois diabolisée et sortie de son cadre naturelle , deviendra ingérable et hypothèquera le devenir du Royaume. Et surtout l'avenir de ceux qui veulent scier la branche sur laquelle ils sont assis.
On parle d'une commission qui a été constituée – par des personnes du sérail- pour trancher sur le statut à octroyer à l'amazighe. Elle serait présidée par M. Mouatassim, Conseiller du Roi. Son verdict est sans appel : la langue amazighe ne sera pas officielle au cas ou des réformes constitutionnelles seront engagées. Ce sont les conclusions de «ses enquêtes» et de ses « investigations ». C'est de cette façon qu'on peut apprécier l'humiliation et le mépris des gens du sérail pour Imazighen. Plus de trente millions de citoyens pris en otage : une poigné de personne décident à leur place du sort qui devrait être réservée à la langue amazighe. Il s'agit bien pour les amazighes d'une situation de colonisation. Et leur combat est une lutte pour la libération. Que le mouvement amazighe prenne acte : la décision de ne pas officialiser la langue amazighe est prise. Il lui appartient d'assumer sa responsabilité historique.
Les protocoles archaïques et bureaucratiques imposés à la Monarchie ont pour objectifs d'isoler le Roi du peuple. Ce sont ceux qui veillent au respect absolu du cérémonial moyenâgeux qui en profitent pour humilier les citoyens et imposer leur vues en faisant croire que ce sont celles du monarque. C'est dans cette perspective que l'on peut s'interroger sur le baisemain, le costume dit « traditionnel » (tarbouch rouge turc, djellaba et pantalon) imposé comme synonymes de la tradition et emblème de la nation alors que d'une part, c'est le gagne pain et une source de revenu pour des andalous (vous imaginez bien ce que ce commerce peut apporter : il suffit de penser aux multiples cérémonies officielles) et d'autres part, c'est le symbole d'une « caste » et d'une minorité amazighophobe et arabiste! Pourquoi le véritable habit authentique amazighe n'est pas érigé en emblème de notre athenticité et imposé pour des cérémonies officielles? Sinon, éliminer carrément tous les trucs « traditionnels » et s'habiller comme des hommes civilisés endossant un costume! La même remarque est valable pour un ensemble de symboles qui sont ceux d'une caste et devenus emblèmes de la nation, arbitrairement et affiché comme arabe: pensez à la musique andalous, aux « héros » et personnalités andalous, aux « villes » andalouses…Et ces symboles de caste sont exposés à la télévision, à la radio et dans les manuels scolaires !
Ceux qui font partie des « cercles » proche du Palais, sont antiamazighes par contagion et par « hérédité », c'est-à-dire, antinationaux. Ils font tout pour perpétuer des protocoles archaïques et moyenâgeux et oublient que nous vivons au XXIème siècle. Ils exploitent leur statut de Conseiller ou proche du Roi pour intimider, imposer leur vue, s'enrichir et donner une image déformée de la volonté royale. Ceux qui vivent dans l'entourage du Roi se veulent intouchables et n'ont de compte à rendre à personne ! Il est frappant quant même de constater que les proches du monarque sont exclusivement des arabes : Rochdi Chraibi, Zoulikha Naciri, Abbas El Jirari, Abdelhaq Lemrini…Le seul amazighophone, Hassan Aourid, a fait l'objet d'attaques de la part d'une presse du sérail et amazighophobe. Il est accusé d'être amazighophone Est-ce que c'est normal que dans un pays majoritairement amazighe, ceux qui décident du destin du Royaume soient des arabes andalous ???
Le retrait de sept personnes d'une institution royal ne devrait pas, normalement, être traité de cette façon par le pouvoir. M. Belfeqqih aurait transmis les doléances des « démissionnaires » au Roi qui aurait répondu favorablement. Mais sur le terrain, rien n'est fait. Et Belfeqqih a préféré le silence et le mutisme sur un dossier considéré par l'Etat comme « hautement » sécuritaire. On a laissé le Recteur de l'IRCAM s'exprimer, mais tout le monde sait que sa marge de manœuvre est objectivement limitée : il n'a aucun pouvoir pour imposer les décisions de l'IRCAM à des Ministères gérés comme des propriétés privées par des arabistes hostiles aux Imazighen. Il ne peut non plus dévoiler tout et mette à nu les blocages orchestrés par le MEN et le Ministère de la Communication ; ce sera politiquement incorrect !
Le Makhzen pense non pas avoir résolu – cela n'a jamais été son intention- mais s'être débarrassé du « problème berbère » en créant une institution assiégée de partout. Et à présent que l'échec de la politique de l'Etat est criant, que va encore inventer le Makhzen pour expliquer aux Imazighen les raisons du fiasco ? Ira-t-il consulter des voyantes ? Cherche-t-il un alibi, par sa politique de provocation continue et son je-m'en-foutisme, à amener des réactions, qui lui permettront d'opter pour la violence et la répression comme réponses au « problème berbère ». ? Peut-on imaginer de nouvelles tazmammart ?
Comment interpréter la continuation du discours amazighophobe et raciste, tenu par des officiels, dont des Conseillers du Roi, après le Discours Royal d'Ajdir ? L'amazighophobie officialisée se situe justement aux antipodes de la volonté royale. Ceci ne peut s'expliquer que par ces faits : ceux qui sont chargés du dossier de l'amazighité au Palais mentent au Roi, falsifient les faits. Autrement dit, ils participent à un complot ourdi contre le Roi au niveau de ces décisions pour l'amazighité.
C'est dans ce sens que l'on analyse les propos tenus par Abdelhak Lemrini, Chef du Protocole royal, les sorties incendiaires de Abbas El Jirari, les déclarations provocatrices de Abbas El Fassi, Fassi Fihri, Himmich…Et tous ces personnages qui se disent de « haut rang » ont un point commun : la haine viscérale et héréditaire des Imazighen ! Ce sont tous des andalous, car ce sont les andalous qui occupent les postes de Conseillers du Roi. Et penser voir un amazighe occuper cette fonction – en principe neutre- relève de l'hérésie voir de l'apostasie ! Il en va de même des postes de décisions dans tous les Ministères occupés par des andalous, de même pour les ambassadeurs (le seul amazighe est un membre de l'Istiqlal, c'est un amazighe aliéné et arabocranisé). Les Imazighen jouent le rôle de figurants dans une pièce de théâtre qui se fait malgré eux.
Imazighen sont traités soit de « gangsters » comme c'est le cas pour ceux du Rif, soit de radins pouilleux comme c'est le cas de ceux du Souss ou enfin de bâtards dévoyés pour ceux du centre. Et ce sont aussi Imazighen qui composent la quasi-totalité des troupes de l'armée et des autres services de sécurité. Ce sont eux qui meurent pour défendre les institutions du pays et son intégrité territoriale et non l'engeance des andalous et autres arabistes tels les Abbas El Fassi, Elyazghi, El Gahs, Bouzoubaâ…qui se limitent à défendre notre intégrité territoriale devant des micros, dans des salles climatisées .Sauf que, encore une fois, les postes de haut rang reviennent aux andalous et autres arabes qui ont investi l'armée depuis la décapitation de cette dernière après les événement de 1971 et 1973 : dix sept généraux amazighes ont été fusillés (dont l'oncle de la mère du Souverain) et la majorité des autres officiers sont soit déportés à Tazmammart soit mis en retraite anticipée, sans parler des autres officiers tuées par les « insurgés ». J'évoque ces in formation s pour dire simplement que les actes du Makhzen vis-à-vis des Imazighen sont irresponsables et dangereux pour la stabilité du pays. Le mouvement amazighe est un mouvement armé sur le plan intellectuel. Il connaît l'histoire de son pays et le calvaire de ses ainés amazighes, la politique qui vise sa destruction en tant que peuple et nation. Il connaît les responsables aussi. Il est écoeuré de voir des traîtres et des assassins érigés en héros nationaux : le parlement vient de manifester sa compassion à Ben Berka, un arabiste mêlé à l'assassinat du chef de la résistance Abbas Mssaadi ! Et on continue à nous parler de réconciliation, de justice, d'équité et de démocratie !!!
On ne va tout de même pas nous faire croire que les « hauts » responsables du dossier amazighe (conseillers et autres) ne sont pas au courant du sabotage qui vise l'intégration de l'amazighe à l'école. Ils savent également que les médias publics renforcent la vision « primitive » et folklorique de l'amazighité. Ils connaissent très bien les obstacles qui sont dressés devant les actions de l'Ircam. Affirmer le contraire sera dangereux : ce serait la confirmation de l'existence d'un Etat dans l'Etat. Et personne ne peut croire à cette affabulation makhzenienne !
La violence ou la répression policière, l'arrogance et la suffisance du Makhzen ne feront que renforcer la ferme volonté de la mouvance amazighe d'aller jusqu'au bout, sacrifier sa vie si nécessaire pour une cause juste : l'amazighité. Les méthodes musclées, les interrogatoires, les perquisitions des sévices de tous genres, les interdictions, les tracasseries, les méthodes crapuleuses…ne feront que conforter le mouvement amazighe dans sa lutte. Imazighen sont chez eux. Ils ont le droit de décider du destin de ce pays.
Peu importe les déclarations sous développées de quelques scribouillards andalous. Et peut importe les sacrifices qu'Imazighen devront consentir. Leur lutte est un combat pour la liberté et la libération.
www.amazighworld.org
[ Edité par agerzam le 16/11/2005 10:10 ]